La Réunion-société : Un suicide tous les 3 jours - Le Journal de l’île de la Réunion. 08/13/12 sur www.lexpress.mu/
En moins de dix ans, le suicide est devenu la 2e cause de mortalité de la population masculine. Sur la centaine de suicides par an à la Réunion - un tous les 3 jours en moyenne - 80 % concernent les hommes. Le problème inquiète.
Entre 7 et 10 : c’est le nombre de tentatives de suicides par jour dans l’île, selon l’Association Prévention Suicide. En 2009, il y a eu 99 suicides selon le Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc)- INSERM. Un chiffre sous-estimé de 20 %, selon l’ORS (Observatoire régional de la Santé-La Réunion), en raison notamment des morts par intoxication non classifiés dans les suicides. On serait donc plus proche de 120 suicides par an, soit, en moyenne, un tous les 3 jours. Un chiffre supérieur au nombre de tués sur les routes de l’île.
Des données rendues publiques en septembre
Plusieurs structures viennent de mettre en place cette année un groupe de travail "suicides et tentatives de suicides"… Piloté par l’ARS et l’ORS, cette instance recueillera des données auprès des urgences, des associations d’écoutants, des psys, afin d’avoir des indicateurs. Les premières données seront rendues publiques en septembre, lors de la journée mondiale du suicide. Un travail plus conséquent paraîtra en février 2013.
À la Réunion, depuis 2000, la tendance est à la hausse. On assiste d’ailleurs à une surmortalité masculine. Une analyse par tranche d’âge montre que les suicides augmentent de 48 % chez les 45-54 ans et de 64 % chez les 65-74 ans, entre 2000 et 2009. L’Observatoire régional de la Santé de la Réunion relève surtout que 80 % des décès par suicide concernent les hommes. Il note aussi que, pour la période 2000-2002, le suicide représente la 4e cause de décès chez les hommes après les accidents de circulation, les cardiopathies ischémiques (infarctus) et l’alcool. Il passe à la 2e place pour la période 2007-2009. Chez les femmes, la part des décès attribuables au suicide est moins importante (6e cause de décès), depuis 2000. Les enfants ne sont pas épargnés. En 2010, 3 jeunes âgés entre 12 et 13 ans se sont donnés la mort. Il y en a eu deux autres en 2011.
Au hit-parade des suicides, les policiers en première place
La pendaison est le mode de suicide le plus fréquent chez les hommes. Les dames choisissent l’auto-intoxication (médicaments) et le saut dans le vide. L’arme à feu est utilisée localement par 7 % des hommes (0 % de femme). Au hit-parade des suicides, les policiers sont en première place. En 2e position, il y a les médecins, note Dr Marie-Andrée Xiste-d’Abbadie, psychiatre à la Clinique des Flamboyants, au Port.
La prévention du suicide constitue l’une des priorités de santé́ publique. À La Réunion, l’Association prévention suicide (APS) et SOS Solitude accompagnent anonymement au téléphone les personnes souffrantes. Selon l’APS, "90 % des appels proviennent de personnes blessées, violées qui vivent un cumul de situations intolérables. Elles ne sont plus dans un état de lucidité et veulent que leurs souffrances s’arrêtent".Bien souvent, des signes précurseurs interviennent comme l’anorexie, la boulimie, les fugues ou encore un changement de comportement (nervosité, apathie, addiction...).
Selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé, environ un million de personnes meurent par suicide chaque année dans le monde et le phénomène ne cesse globalement d’augmenter. Ce fléau touche tous les pays, à des degrés divers. Les taux de suicide varient pour les hommes de 0,5 pour 100 000 à la Jamaïque à 75,6 en Lituanie. En France métropolitaine, avec plus de 12 000 décès par an, le suicide est plus meurtrier que les accidents de la route. Sans oublier les 160 000 tentatives qui sont autant d’appels au secours.
Source : Juliane Ponin-Ballom/Le Journal de l’île de la Réunion.