lundi 28 octobre 2024

MEDIA PRESSE Comment L’union et L’Ardennais traitent les affaires de suicide

Comment L’union et L’Ardennais traitent les affaires de suicide

ON VOUS EXPLIQUE. Le suicide n’est pas traité comme les autres faits divers dans nos colonnes. Voici pourquoi.
Journaliste web

Informer d’un suicide n’est pas chose aisée. Les médias, lorsqu’ils relaient ces drames, portent effectivement une réelle responsabilité. On vous explique les enjeux liés à ces informations et les choix faits par les rédactions de L’union et L’Ardennais.

1. Un geste, de nombreux facteurs

Il est souvent aisé de faire le lien entre un élément de la vie de la victime et son passage à l’acte : maladie, rupture, dette, perte d’un proche…

Mais, comme le rappelle le programme Papageno de prévention du suicide, il s’agit là de facteurs déclencheurs. Ils s’ajoutent à d’autres, comme les facteurs de risques individuels (addictions, isolement social…), de risques familiaux (violences, abandon, abus dans l’enfance…) ou encore les pathologies mentales.

Les causes d’un suicide ou d’une tentative de suicide sont multiples et leur traitement médiatique ne peut être simpliste.

2. Effet Werther contre effet Papageno

La façon dont les médias traitent du suicide est importante : de nombreuses recherches montrent que, mal couverts, ces événements peuvent en entraîner d’autres. C’est ce qu’on appelle « l’effet Werther » : comment la couverture médiatique d’un fait suicidaire risque d’induire une augmentation du suicide chez les personnes vulnérables.

Cet effet est particulièrement visible lorsque sont relayés les suicides de célébrités. À la mort de Marilyn Monroe en 1962, une hausse de 10 % des suicides a été constatée chez les femmes aux États-Unis.

Autre exemple plus récent : en 2014, le suicide de Robin Williams par pendaison a été suivi d’une hausse de 10 % des suicides chez les hommes américains de 30 à 44 ans, dont +32 % par asphyxie.

« Bien que relativement modeste au regard des autres facteurs de risque psychosociaux et psychiatriques, la responsabilité des médias en ce qui concerne le suicide est considérée comme non négligeable », souligne le programme Papageno.

Ce dernier tient d’ailleurs son nom de l’effet Papageno, référence au personnage de l’opéra de Mozart La Flûte enchantée, dans laquelle Papageno renonce au suicide.

Plusieurs études ont démontré cet effet : le taux de suicide peut baisser dans la zone géographique où l’audience d’un média est la plus importante lorsque celui-ci met l’accent sur la façon dont les individus peuvent faire face à une crise suicidaire.

3. Les choix de L’union et L’Ardennais

Les rédactions de L’union et L’Ardennais ont fait le choix de suivre les recommandations du programme Papageno dans leur façon de traiter du suicide.

Nous réfléchissons d’abord systématiquement à l’opportunité de relater un suicide sur nos sites et dans nos colonnes. Nous évitons ensuite d’entrer dans les détails qui pourraient faciliter le recours à la même méthode par des personnes vulnérables, gardons en tête la complexité et la multiplicité des causes qui mènent à une tentative de suicide, et sommes particulièrement attentifs aux mots utilisés.

Nous nous efforçons également d’informer sur les crises suicidaires, les alternatives possibles et rappelons systématiquement le numéro de prévention du suicide : le 3114.

https://www.lunion.fr/id654052/article/2024-10-24/comment-lunion-et-lardennais-traitent-les-affaires-de-suicide