Le chiffre du jour. En Belgique, les tentatives de suicide se multiplient parmi les demandeurs d’asile
Délais d’attente interminables, absence de perspectives, établissements surpeuplés, violence : en cinq ans, le nombre de demandeurs d’asile qui ont tenté de mettre fin à leurs jours a triplé dans les centres d’accueil, rapporte “De Standaard”.
En Belgique, les tentatives de suicide se multiplient parmi les demandeurs d’asile.En 2021, on en recensait 68.
“Le sujet est délicat.” De Standaard s’était déjà enquis du nombre de tentatives de suicide dans les centres pour demandeurs d’asile en Belgique, sans obtenir de réponse du secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration. Voilà que celui-ci communique, à la demande de son prédécesseur, aujourd’hui député d’opposition. Et les résultats sont édifiants, au point que le journal flamand de référence en fait son sujet de une ce 20 juin.
Fedasil, l’agence responsable de l’accueil des demandeurs d’asile, a commencé à recenser les gestes désespérés dans ses centres en 2017. Depuis, ils ont plus que triplé. De 21 tentatives de suicide en 2017, on est passé à 68 en 2021. Quant aux cas d’automutilation, on en comptait 40 l’an dernier contre une dizaine en 2017.
De son côté, l’agence signale que ces données doivent être prises avec précaution, le nombre total de demandeurs d’asile ayant augmenté sur la même période, passant de 17 788 à 27 676. Reste que “l’augmentation du nombre d’incidents est plus forte que celle du nombre de demandeurs d’asile”, oppose De Standaard. Et qu’“en 2020, année qui, pandémie oblige, a vu moins de dépôts de demandes d’asile, le nombre de tentatives de suicide a tout de même augmenté en Flandre – en Wallonie, il a baissé légèrement”.
Incertitude et désespoir
Plus de 20 000 personnes attendent actuellement une réponse à leur demande d’asile, souligne le quotidien. Si les facteurs de souffrance psychique sont multiples, la longueur de ces délais et l’incertitude qu’elle génère jouent un rôle évident dans la détresse des candidats à l’asile, comme l’explique un membre de Médecins sans frontières, évoquant un homme qui s’est récemment immolé par le feu devant un centre Fedasil, tandis qu’un autre s’est jeté par la fenêtre après avoir vu sa demande déboutée.
À cette absence de perspectives, il faut ajouter la barrière de la langue, écrit encore le journal, ainsi que “le stress quotidien que suscite la vie dans un centre, le manque d’intimité et de contrôle par exemple”, comme l’indique une chercheuse de l’université de Gand. Sans compter que, parallèlement aux gestes désespérés, les conflits ont aussi grimpé en flèche dans les centres surpeuplés, ajoutant au mal-être des résidents.
Courrier international