Le suicide représente en France près de 10 000 décès par an. Ce mercredi 10 septembre se déroule la journée mondiale sur la prévention contre le suicide. Aussi, Edgar Mermet a voulu y consacrer un documentaire. Pour lever le tabou, national sur le sujet, et surtout promouvoir la prévention face à ce fléau. Car, dans une société d'images, la prévention du suicide en manque cruellement. Il explique auprès de ELLE son projet.

Lutter contre les idées reçues pour mieux informer

« J'ai eu des idées suicidaires dès l'enfance. Je suis allé voir un pédopsychiatre quand j'avais 6 ans. Après, ça m'a poursuivi pendant mon adolescence, pendant ma vie de jeune adulte aussi. Comment ça se manifestait ? Par des envies de se faire du mal, par ce qu'on appelle des scénarisations d'idées suicidaires. J'étais tout seul, je n'avais pas d'informations et en fait, je n'étais pas tout seul, mais je croyais que je l'étais.

Du coup, j’ai réalisé un documentaire. Je l'ai fait aussi un peu pour moi parce que le tabou, c'est le silence et l'isolement. C'est un sujet qui est compliqué à aborder puisqu'on parle de la mort, il n'y a pas beaucoup d'informations. Vu qu'il y a peu d'informations qui circulent, il y a beaucoup d'idées reçues et en même temps ; il y a beaucoup de honte.

« En 2025, année de la grande cause de la santé mentale, le suicide reste tabou »

La première idée reçue qui va vraiment à l'encontre de la prévention du suicide, c'est le fait qu'en parler provoquerait des suicides. C'est vraiment scientifiquement faux. Il faut parler du suicide pour le prévenir. En revanche, il faut le faire avec les bons mots et pour le coup, ça, ça ne s'improvise pas.

Ce n'est pas facile, il faut avoir les informations, il faut donc de la formation. Pour ça, il faut que toute la société s'en empare puisque le suicide, c'est quelque chose de dur à porter à la fois pour les familles et pour les personnes qui sont en souffrance.

Quand on a envie de mettre fin à ces jours, on n'a pas envie de le dire à ses parents qui se battent toute leur vie pour nous. On n'a pas envie de le dire à ses frères ou à ses sœurs si on en a parce que ça pourrait les inquiéter. Pareil pour ses proches, pareil pour ses amis. On a du mal à en parler à la fois dans la famille et dans les sociétés.

Déstigmatiser le mot même de « suicide »

En France, on est à plus de 9 000 suicides par an. Ça représente un peu moins de trois fois le nombre de morts sur les routes pour donner une comparaison. Pour les morts sur la route, on a tous vu des campagnes télévisées avec “Sam c'est celui qui ne boit pas”. Il y a eu beaucoup, beaucoup de travail de prévention qui a été fait. Pour le suicide, on n'a rien. Nous sommes en 2025, l'année dont la grande cause est la santé mentale. Pour autant, on voit que le suicide reste tabou.

Le mot “suicide” reste encore difficile même à prononcer. On manque de campagnes politiques d'envergure sur le sujet du suicide. Mais on a des gens qui sont quotidiennement engagés sur le sujet. Donc, le langage est important parce que c'est aussi important de déstigmatiser. Et donc, c'est pour ça qu'on ne parle plus de fou.

« La seule solution, c'est la parole »

On ne parle plus de malade mental. On parle de troubles psychiques. On parle de personnes qui vivent avec des troubles psychiques. Mais c'est important que le langage évolue pour le respect des personnes et pour la déstigmatisation en général.

La crise suicidaire, ça va être vraiment un pic où, pour le coup, la personne ne voit qu'une seule solution qui est le suicide. Alors qu'évidemment, c'est faux. La seule solution, c'est évidemment la parole. Et le fait de partager ça, d'appeler le 3114, d'appeler des associations. Parce que le message, c'est ça. C'est qu'il y a des ressources qui existent. »