Roger Establet
roger.establet@gmail.com
Professeur honoraire, sociologie - lames‑mmsh – Université de Provence - 5, rue du château-de-l’Horloge – 13094 Aix‑en‑Provence
Professeur honoraire, sociologie - lames‑mmsh – Université de Provence - 5, rue du château-de-l’Horloge – 13094 Aix‑en‑Provence
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NOTES ARTICLE
Depuis un demi‑siècle, le
taux de suicide en Inde est orienté à la hausse. Grâce aux données
recueillies chaque année depuis 1967 par le National Crime Records Bureau,
on peut établir des relations étroites entre le taux de suicide et les
différentes dimensions de la croissance économique. La situation de
l’Inde rappelle celle des sociétés européennes étudiées par Durkheim :
le suicide a partie liée à la modernité. Le Recensement de 2001 permet
de construire directement les taux qui se rapportent au niveau
d’instruction et à la profession. Aux deux extrêmes de l’échelle des
formations, le suicide est au plus bas : ceux qui doivent faire valoir
des qualifications incomplètes ou incertaines sur le marché du travail
sont les plus exposés au risque suicidaire, qui épargne les illettrés et
les titulaires de diplômes universitaires complets. Un examen des taux
de suicide par profession permet de relativiser l’importance du suicide
des agriculteurs, dont certains médias ont voulu faire le paradigme du
suicide dans l’Inde moderne. Le suicide est, avant tout, un fait social
urbain. Rien jusque-là qui eût surpris Durkheim. Un phénomène pourtant
distingue l’Inde : la faible protection dont bénéficient les femmes,
spécialement dans les âges qui correspondent aux débuts de la vie
conjugale. Par là, l’Inde se rattache à l’Asie, où l’installation dans
la famille du mari (virilocalité) rend les premières années de l’épouse
très difficiles.