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jeudi 25 octobre 2012

ARTICLE PRESSE Des psychologues pour les forces de l'ordre

Des psychologues pour les forces de l'ordre



Les blessures dont souffrent policiers et gendarmes ne sont pas que physiques. Elles sont aussi psychologiques, et des mesures sont prises pour les aider à surmonter des scènes pénibles ou des situations difficiles.

Face aux risques inhérents à des missions chaque jour plus complexes et ­périlleuses, le ministère de l'Intérieur cargue les voiles. Pour panser les traumatismes et les bleus à l'âme dans la police, un Service de soutien psychologique opérationnel (SSPO) a été mis en place en 1996. Une soixantaine de cliniciens y animent une permanence reliée à un numéro vert fonctionnant sept jours sur sept, 24 heures sur 24.
«Ces experts n'y traitent pas que de bobologie mais de réelles pathologies présentées par des fonctionnaires qu'il ne faut pas laisser seuls», prévient Pascal Garibian, porte-parole de la Direction générale de la police nationale (DGPN).

«Mal-être du policier»

En toute confidentialité, ces psychologues animent des groupes de parole dans les services confrontés à des scènes de crime particulièrement pénibles ou des épisodes sordides ou déstabilisants. «Le SSPO traite le mal-être du policier, mais aussi, plus largement, celui de son entourage familial», précise Pascal Garibian.
Cette démarche est impérieuse dans une profession en proie au burn out, où le taux de suicide est de 36 % supérieur à la moyenne nationale. L'année dernière, 43 policiers ont mis fin à leurs jours, en utilisant leur arme de service dans la moitié des cas. «Les risques psychologiques de chaque policier, du gardien au commissaire, sont évalués dès le recrutement, note-t-on à la DGPN.
Des praticiens établissent le profil des candidats et identifient les failles éventuelles pour obtenir des recrues stables émotionnellement.» En théorie, le suivi se fait tout au long de la carrière où les policiers peuvent désormais bénéficier de stages de «gestion du stress» en cas d'attaques ou de guets-apens.
Les gendarmes, de leur côté, ont fait monter en puissance un véritable réseau de soutien depuis 1990. Recrutant des psychologues civils au grade d'officier, la section Psychologie soutien intervention (PSI) déploie ses antennes dans chaque région pour soigner les militaires en difficulté.
«Les cauchemars, angoisses, réactions anormales ou les difficultés à se concentrer font systématiquement l'objet d'une thérapie, précise le colonel Pages Xatart Pares, sous-directeur accompagnement du personnel. Les prises en charge s'inscrivent sur le long terme, sachant que les blessures psychologiques reviennent parfois plus de six mois après les faits.»

Bureau de reconversion

En cas de tragédie, comme celle qui a coûté la vie d'un major à Nice, des renforts en blouse blanche sont dépêchés sur place pour aider les collègues, mais aussi les proches endeuillés.
En outre, quand un gendarme blessé est hospitalisé loin de son foyer, sa famille est hébergée à proximité le temps de la convalescence pour une durée de 21 jours renouvelable. La gendarmerie finance aussi des aides ménagères pour garder les enfants ou fournir des équipements adaptés dans les domiciles où vivent des militaires ayant subi un handicap.
«Notre philosophie est de réintégrer le maximum de personnels dans nos rangs, précise le colonel Pages Xatart Pares. Pour ceux dont les blessures entraînent une inaptitude définitive, un bureau de reconversion leur propose des emplois dans le privé avec un taux de réussite de 85 %.» Enfin, la maréchaussée multiplie les propositions de médailles. Un signe de reconnaissance qui participe souvent à la guérison autant physique que mentale.