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jeudi 19 septembre 2024

Recommandations européennes : Prise en soin des problématiques suicidaires

En cette rentrée 2024, la section SECS ( Section d'Etudes des Conduites Suicidaires) de l’AFPBN L’Association Française de Psychiatrie Biologique vous propose trois vidéos traitant des recommandations européennes pour la prise en charge des problématiques suicidaires. Ces vidéos mettent en lumière les recommandations les plus récentes, offrant des outils concrets pour améliorer l’accompagnement des personnes en détresse. Elles sont conçues pour soutenir les professionnels de la santé mentale et sensibiliser aux bonnes pratiques, afin d’apporter une réponse efficace et humaine à cette problématique cruciale

1 – L’EVALUATION

2 – LES SOINS

3 – L’APRES

à regarder sur https://www.afpbn.org/recommandations-europeennes-prise-en-soin-des-problematiques-suicidaires/


En savoir plus
Recommandations sur l’évaluation et la gestion de la crise suicidaire
Consensus européen d'experts


Publier le 26 août 2024 par Cortin Clara - Actus
Recommandations basées sur un consensus d’experts européens

La section SECS de l’AFPBN a le plaisir de vous présenter les recommandations sur l’évaluation et la gestion de la crise suicidaire. Cette étude, publiée dans le Spanish Journal of Psychiatry and Mental Health, vise à élaborer un ensemble complet de lignes directrices pratiques pour l’évaluation et la gestion des crises suicidaires en 3 étapes : L’évaluation, L’Attention Immédiate et la Transition vers le long terme.

Pourquoi des recommandations?

• Les patients ayant des idées et des comportements suicidaires représentent la moitié des visites aux urgences psychiatriques.
• Une crise suicidaire peut être difficile à vivre, tant pour la personne qui la traverse que pour le personnel qui doit prendre des décisions sur les soins appropriés.
• Nous manquons de données sur la manière d’évaluer et de traiter les personnes en crise suicidaire.
• Objectif : élaborer des recommandations pragmatiques pour l’évaluation et le traitement des patients présentant des idées suicidaires aiguës ou une tentative de suicide récente.
Pour découvrir ces recommandations, cliquez-ici !
https://www.afpbn.org/recommandations-sur-levaluation-et-la-gestion-de-la-crise-suicidaire/



AFPBN
L’AFPBN est une association scientifique sans but lucratif qui a pour objectif de promouvoir l’étude scientifique des affections psychiatriques, de leur prévention et de leur traitement. Elle s’intéresse également à la Neuropharmacologie.


USA CRITIQUE DEBAT Est-il temps de mettre en place un dépistage universel du suicide ?

Est-il temps de mettre en place un dépistage universel du suicide ?

d'apres Medscape Medical News Is It Time for Universal Suicide Screening? Eve Bender

  Les taux de suicide aux États-Unis ont atteint des niveaux alarmants, les données des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) montrant une augmentation de 37 % entre 2000 et 2022. Près de 49 000 personnes se sont suicidées rien qu'en 2022, ce qui correspond à un décès toutes les 11 minutes. 

Cette augmentation a suscité des appels en faveur d’un élargissement du dépistage universel du suicide, dans le cadre duquel toutes les personnes dans des établissements médicaux ou de santé mentale sont examinées pour déterminer leur risque de suicide, quel que soit le motif de leur visite. Mais le domaine psychiatrique est divisé sur la question, certains experts citant des faux positifs et un manque de ressources en matière de soins de santé mentale pour les personnes considérées comme à risque.

En 2022, lorsque le groupe de travail des services de prévention des États-Unis a publié ses recommandations sur la prévention du suicide, d’abord chez les enfants et les adolescents , puis chez les adultes , les auteurs ont déclaré qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves pour soutenir le dépistage universel du suicide. 

Les partisans de cette pratique ont repoussé cette conclusion, affirmant que le dépistage universel du suicide pourrait aider à identifier les personnes à haut risque qui, autrement, pourraient ne pas être diagnostiquées, conduisant à une intervention plus précoce, potentiellement vitale.

Alors, quels sont les arguments pour et contre le dépistage universel ?


Donner l'alerte

L’introduction du dépistage universel a été motivée par une confluence de facteurs, à commencer par un rapport de 1999 du médecin-chef des États-Unis, David Satcher, suivi en 2016 par un rapport de la Commission mixte sur la détection et le traitement des idées suicidaires, qui appelait les organisations de soins de santé à améliorer la détection et le traitement des idées suicidaires dans tous les contextes de soins de santé. 

Les données de l’alerte ont montré qu’un nombre important de personnes décédées par suicide avaient consulté un médecin avant leur décès. La moitié d’entre elles avaient consulté un médecin un mois avant leur décès ; près de 30 % avaient consulté un médecin la semaine précédente, sans qu’aucun risque accru de suicide ne soit détecté. 

C’est ce genre de constat qui a conduit le Parkland Health and Hospital System de Dallas à devenir le premier hôpital américain à mettre en œuvre un dépistage universel du suicide. Depuis le lancement du programme en 2015, le système a examiné plus de 4,3 millions de patients dans son service des urgences, ses unités d’hospitalisation et ses 20 cliniques de soins primaires.

« Depuis le début du programme, nous avons réalisé entre 40 000 et 50 000 dépistages par mois », a déclaré à Medscape Medical News Kimberly Roaten, PhD, directrice adjointe de la qualité et de la sécurité pour la santé comportementale chez Parkland Health. 

Les cliniciens de Parkland utilisent les questions de dépistage du suicide en cinq points pour évaluer l'intention suicidaire, un outil couramment utilisé qui a été développé à l'origine pour être utilisé dans les services d'urgence pédiatriques. L'outil, qui prend environ 20 secondes à administrer, a depuis été validé chez les enfants et les adultes. 

En fonction de la réponse du patient, un système d’aide à la décision clinique intégré au dossier médical électronique classe le risque de suicide comme nul, modéré ou élevé.

Les patients identifiés comme présentant un risque modéré se voient proposer une évaluation plus approfondie par un clinicien en santé mentale, bien que la participation ne soit pas obligatoire, a déclaré Roaten. Les personnes à risque élevé bénéficient d'une évaluation plus approfondie.

La proportion de patients des urgences de Parkland dont le test de dépistage d'une intention suicidaire est positif est restée constamment à environ 7 %, et à 2 % dans les cliniques de soins primaires, a-t-elle déclaré.

Pour mieux comprendre l'impact du programme sur la prévention du suicide, Roaten dirige une étude financée par le National Institute of Mental Health pour relier une décennie de données sur la mortalité de l'État du Texas aux données des patients de Parkland Health. Les enquêteurs analyseront les informations sur les patients identifiés comme présentant un risque de suicide, les caractéristiques de ces patients et les personnes qui se suicident.

Le dépistage universel s'étend

D’autres systèmes de santé ont adopté le dépistage universel du suicide, notamment l’ Indian Health Service et la Veterans Health Administration des États-Unis . Le dépistage universel du suicide est également en place dans un nombre croissant de cabinets de soins primaires et d’hôpitaux aux États-Unis et sera obligatoire pour les patients âgés de ≥ 12 ans dans tous les hôpitaux de soins actifs de Californie à partir de 2025.

Des efforts sont également faits pour que le dépistage universel soit coordonné par les pouvoirs publics locaux, étatiques et fédéraux, les organisations à but non lucratif et le secteur privé. La National Action Alliance for Suicide Prevention est chargée de faire avancer la stratégie nationale de la Maison Blanche pour la prévention du suicide de 2024, un plan sur 10 ans visant à combler les lacunes en matière de prévention du suicide aux États-Unis. 

Sarah Brummett, JD, directrice du comité exécutif de l'Alliance nationale d'action pour la prévention du suicide, a déclaré à Medscape Medical News que le dépistage universel du suicide faisait partie de la stratégie 2024. « Nous savons qu'il existe des obstacles au dépistage universel, et il est donc important de les identifier pour pouvoir les surmonter », a déclaré Sarah Brummett.

Les obstacles peuvent inclure un personnel adéquat ou un système en place pour trier les patients dont le test est positif. 

À Parkland, les coûts et la charge de travail ont été minimes, a déclaré Roaten. « Nous avons mis en place un modèle qui consacre uniquement nos ressources les plus précieuses aux patients les plus à risque. »

Elle a également noté que des mesures d'allègement pourraient être prises pour les systèmes de santé où le coût constitue un obstacle au dépistage universel et aux interventions ultérieures. « Des efforts sont déployés au niveau fédéral pour augmenter le financement de l'évaluation du suicide et de la réponse aux crises », a-t-elle déclaré. 


Résistance au dépistage universel

Le dépistage universel du suicide a ses détracteurs, notamment des critiques qui affirment que son expansion n’est pas susceptible de réduire les taux de suicide.

« Le problème avec les idées suicidaires est qu’elles sont très dynamiques. Les idées suicidaires changent très rapidement, parfois en quelques heures », a déclaré Craig Bryan, PsyD, professeur de psychiatrie et de santé comportementale à l’Ohio State University à Columbus, Ohio, à Medscape Medical News

Le dépistage universel peut également conduire à des faux positifs, lorsqu’un patient dont le test de dépistage des idées suicidaires est positif n’a pas réellement l’intention de tenter de se suicider, ce qui peut créer des inquiétudes et une charge inutiles sur les ressources de santé, a noté Bryan. 

« Que faites-vous de tous ceux dont le résultat est positif ? », a demandé Bryan. « J'ai parlé avec les dirigeants de nombreux systèmes de santé aux États-Unis, et ils sont opposés au dépistage universel parce qu'ils n'ont pas suffisamment de ressources en santé mentale pour gérer tous les cas. »

Le dépistage du suicide ne permet pas non plus de prédire qui mourra par suicide, a ajouté Bryan. Il ne permet d'identifier que les personnes prêtes à révéler leurs pensées suicidaires. Il existe un nombre important de personnes sans maladie mentale qui ne consultent jamais de médecin, donc « les signes avant-coureurs que nous apprenons aux gens à reconnaître – dépression, anxiété et toxicomanie – pourraient ne pas être évidents chez ces personnes », a-t-il déclaré.

« La vie les prend soudainement à revers, et ils passent de 0 à 60 ans… et ils peuvent avoir accès à une méthode [de suicide] hautement mortelle qui transforme ce moment de désespoir en arme », a déclaré Bryan. Aucun dépistage ne pourrait prédire ce type de suicide, a-t-il ajouté. 

Paul Nestadt, MD, professeur associé de psychiatrie et de sciences du comportement à la Johns Hopkins School of Medicine, est d'accord avec Bryan et a noté qu'il n'y a pas de forte corrélation entre les idées suicidaires et la mort par suicide.

« Les pensées suicidaires sont très courantes, mais le suicide est un événement rare », a-t-il déclaré à Medscape Medical News. 

Il a cité une étude qui a montré que deux tiers des personnes décédées par suicide avaient nié avoir eu des pensées suicidaires lorsqu'on leur avait posé la question, et que la moitié d'entre elles étaient décédées dans les deux jours suivant ce déni. D'autres recherches suggèrent que jusqu'à 98 % des personnes qui expriment des idées suicidaires ne se suicident pas, a déclaré Nestadt. 

Un problème de santé publique

Si le dépistage universel n’est pas la solution pour prédire et prévenir le suicide, quelle est la solution ? Une solution serait de considérer le suicide comme un problème de santé publique, a déclaré Nedstadt. 

« Comment avons-nous réduit le taux de mortalité des conducteurs de véhicules motorisés ? Nous n'avons pas testé le temps de réaction de chaque conducteur au volant », a-t-il déclaré. « Au lieu de cela, nous avons adopté une législation sur les ceintures de sécurité et les airbags, mis en place des limites de vitesse fédérales et, par conséquent, le nombre de décès dus aux véhicules motorisés a diminué. »

Nestadt est partisan d’une législation plus stricte sur la sécurité des armes à feu, qui s’est avérée efficace pour réduire les taux de suicide. Une étude publiée cette année a montré que les États dotés de lois sur la prévention de l’accès des enfants aux armes à feu, de lois sur le stockage négligent et de périodes d’attente obligatoires pour l’achat d’armes à feu ont signalé moins de décès par suicide que ceux qui n’en avaient pas.

D'autres mesures pourraient être appliquées dans les cas de risque individuel extrême de suicide, notamment des ordonnances de protection contre les risques extrêmes, également appelées lois « d'alerte », a-t-il ajouté. Ce type de législation permet aux forces de l'ordre de retirer temporairement les armes à feu des personnes qui présentent un risque pour elles-mêmes ou pour autrui. 

« Ces mesures se sont révélées très efficaces pour sauver des vies », a déclaré Nestadt.

Nestadt et d’autres utilisent également des modèles d’apprentissage automatique pour prédire le risque de suicide. Les personnes identifiées comme à haut risque peuvent être signalées dans leur dossier médical électronique. Idéalement, lorsque l’algorithme deviendra plus précis pour prédire le suicide, toute personne traitant ce patient pourra alors décider si une action est nécessaire, a déclaré Nestadt. 

Dans le cadre de son travail avec des militaires suicidaires, Bryan et ses collègues ont mis au point une forme brève de thérapie cognitivo-comportementale (TCC) pour aider les participants à remettre en question leurs distorsions cognitives et à élaborer des stratégies d’adaptation pour faire face à des sentiments intenses de détresse. Les données montrent que la TCC a réduit de 60 % les tentatives de suicide chez les soldats en service actif par rapport au traitement standard de santé mentale. Il a depuis été démontré qu’elle fonctionne également chez les civils. 

Bryan étudie également les fluctuations du désir de vivre par rapport au désir de mourir l'un par rapport à l'autre et cartographie la trajectoire des états de risque en cours de route. 

L’objectif est que ces stratégies de prévention du suicide et d’autres actuellement étudiées par son équipe et d’autres contribuent à endiguer l’augmentation des décès par suicide.

« Dans l’ensemble, nous devons former les professionnels de la santé mentale à mettre en œuvre des thérapies de prévention du suicide et à établir des programmes de prévention du risque suicidaire », a déclaré Bryan. « Mais tant que nous n’aurons pas mis en place une de ces interventions de prévention du suicide à grande échelle, nous mettrons la charrue avant les bœufs. »

https://www.medscape.com/viewarticle/it-time-universal-suicide-screening-2024a1000goa?

CANADA ETUDE RECHERCHE Comprendre les expériences de mauvais traitements non physiques infligés pendant l’enfance au Canada : quels sont les liens avec les idées suicidaires et les troubles de santé mentale?

Rapports sur la santé
Comprendre les expériences de mauvais traitements non physiques infligés pendant l’enfance au Canada : quels sont les liens avec les idées suicidaires et les troubles de santé mentale?

par Danielle Bader et Kristyn Frank https://www150.statcan.gc.ca*

Date de diffusion : le 18 septembre 2024

DOI: https://www.doi.org/10.25318/82-003-x202400900002-fra Sur cette page

Résumé
Contexte

La violence physique et sexuelle subie pendant l’enfance est associée aux idées suicidaires et à des troubles de santé mentale. Or, on en sait peu sur les types de mauvais traitements non physiques. La présente étude traite donc des liens entre les types de mauvais traitements non physiques infligés pendant l’enfance (p. ex. la violence psychologique, l’agression interpersonnelle, l’exposition à de la violence physique entre partenaires intimes et la négligence psychologique ou physique) et les idées suicidaires et les troubles de santé mentale.
Données et méthodologie

Les données de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés de 2018 ont permis d’estimer la proportion de personnes âgées de 15 ans et plus au Canada qui ont été victimes de mauvais traitements non physiques pendant leur enfance. Des analyses de régression multivariées ont été utilisées pour examiner les liens entre cinq types de mauvais traitements non physiques infligés pendant l’enfance et les idées suicidaires et les troubles de santé mentale.
Résultats

Dans l’ensemble, l’agression interpersonnelle a été la forme de mauvais traitement non physique la plus courante (45,7 %), suivie de la violence psychologique (40,4 %) et de la négligence psychologique (20,0 %). Les personnes ayant été victimes d’une forme quelconque de mauvais traitement non physique pendant leur enfance étaient plus susceptibles d’avoir des idées suicidaires au cours de leur vie, comparativement aux personnes n’ayant jamais subi de tels traitements. Les personnes ayant été victimes de violence psychologique, d’agression interpersonnelle et de négligence psychologique étaient plus susceptibles de recevoir un diagnostic de trouble de l’humeur que celles n’ayant jamais subi ces types de mauvais traitements. Par ailleurs, comparativement aux personnes n’ayant jamais subi l’un ou l’autre des mauvais traitements à l’étude, celles ayant été victimes de violence psychologique, d’agression interpersonnelle ou de négligence psychologique ou physique étaient plus susceptibles de recevoir un diagnostic de trouble anxieux. Enfin, les diagnostics de troubles de stress post-traumatique étaient plus probables chez les personnes ayant été victimes de négligence psychologique et physique que chez celles n’ayant jamais subi ces types de mauvais traitements.
Interprétation

Il y a un lien entre les mauvais traitements non physiques infligés pendant l’enfance et les idées suicidaires et les troubles de santé mentale. Les résultats de la présente étude font ressortir l’importance d’inclure les types de mauvais traitements non physiques infligés aux enfants dans les enquêtes basées sur la population afin de différencier les liens avec les résultats en matière de santé mentale, permettant ainsi une meilleure harmonisation des interventions et des politiques.
Mots-clés

Exposition à de la violence entre partenaires intimes, idées suicidaires, mauvais traitements infligés pendant l’enfance, négligence durant l’enfance, troubles de santé mentale, violence psychologique
Auteurs

Danielle Bader et Kristyn Frank travaillent à la Division de l’analyse de la santé à Statistique Canada.

 A lire sur https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/82-003-x/2024009/article/00002-fra.htm

ETUDE RECHERCHE ITALIE Évaluation du risque suicidaire en pratique courante

Évaluation du risque suicidaire en pratique courante

À retenir

  • Une étude italienne a évalué la validité de l’échelle visuelle analogique de la douleur physique et psychique (Psychological-Physical-Pain Visual Analogue Scale, PPP-VAS) pour mesurer la souffrance psychique chez des sujets atteints de différentes pathologies psychiatriques.
  • Cette échelle utilise une seule et même question pour évaluer la souffrance psychique sur 3 items à l’aide d’une échelle visuelle analogique à 10 points.
  • Elle possède des propriétés psychométriques suffisantes pour mesurer la douleur psychique, comparativement à d’autres échelles déjà validées.
  • Les auteurs considèrent qu’elle représente un outil facile à utiliser pour repérer les patients à risque de suicide en pratique courante.

La douleur psychologique est un élément central pour identifier les patients à risque de suicide. Plusieurs échelles ont été validées pour la mesurer, comme l’échelle de Holden, Psychache, à 13 items ou l’échelle de douleur mentale de Orbach et Mikulincer à 44 items (Orbach et Mikulincer Mental Pain, OMMP). Cependant, elles sont peu adaptées à la pratique clinique. L’échelle PPP-VAS a été développée par Olié et al. en 2010 et, plus facile à mettre en œuvre, propose d’évaluer la douleur psychique en une seule question sur seulement 3 items grâce à une échelle visuelle analogique allant de 0 à 10 et prenant en compte la douleur moyenne et maximum au cours des 15 derniers jours. La convergence de cette échelle avec celles bien validées n’avait cependant encore jamais été testée. Une équipe italienne l’a fait.

Mesure de la douleur par l’échelle PPP-VAS par comparaison à d’autres échelles précédemment validées

Cette étude multicentrique a recruté 1 618 adultes psychiatriques italiens à risque élevé de suicide, hospitalisés ou non, et a évalué la validité du construit de l’échelle PPP-VAS, c’est-à-dire dans quelle mesure elle était capable d’évaluer avec précision la douleur psychique (pour être valide une échelle doit mesurer réellement le construit qu’elle se propose de mesurer). Pour cela, l'étude a comparé les résultats obtenus avec l’échelle PPP-VAS à ceux obtenus par l’échelle OMMP et Psychache de Holden pour mesurer la douleur psychologique. L’état psychiatrique, les antécédents de tentative de suicide, la douleur physique, la dépression et le désespoir ont également été évalués. 

Un outil validé pour la pratique clinique et la recherche

La population de l’étude était composée de 60 % de femmes atteintes de différentes pathologies psychiatriques. Soixante-huit pour cent des participants étaient en consultation externe et 42 % d’entre eux avaient des antécédents de tentative de suicide.

À partir d’un modèle par équations structurelles, l’équipe a pu montrer que l’échelle PPP-VAS était un outil valide pour mesurer la douleur psychologique, tant dans un cadre clinique que de recherche, et que ses résultats convergeaient avec ceux des échelles validées, y compris dans leur version courte, montrant ainsi qu’elle mesurait le même construit.

En revanche, la relation entre les résultats de l’échelle PPP-VAS et le niveau de dépression, de désespoir et de douleur physique ne s’est pas montrée suffisamment forte pour être considérée comme mesurant un même construit. 

Cependant, la douleur psychique mesurée sur cette échelle était significativement associée aux idéations suicidaires chez tous les participants (Odds ratio (OR) 1,07 [1,05-1,09]) et aux tentatives de suicide récentes chez les sujets souffrant de dépression modérée à sévère (OR 1,01 [1,02-1,03]).

ETUDE RECHERCHE Résultat de l’étude “Regards croisés sur le suicide et les conduites suicidaires en Guyane”

Résultat de l’étude “Regards croisés sur le suicide et les conduites suicidaires en Guyane”

Rapport d’étude et d’enquêtedu 09-16-2024

En 2020, la FNORS – conjointement aux ORS de la Guadeloupe, Martinique, La Réunion, Mayotte et de la Guyane – répondait à l’appel à projet de la DREES (Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques) sur “Le suicide et sa prévention”.

Cet appel à projet comprenait 3 axes dont le premier consistait à disposer de connaissances sur les « Spécificités des conduites suicidaires dans les Départements et Régions d’Outre-Mer (DROM) et Collectivités d’Outre-mer français ».

Le travail réalisé résulte d’analyses qualitatives, quantitatives, et d’entretiens, mais également d’une recherche bibliographique et documentaire

Cette réponse commune avait pour objectif de mettre en relief les spécificités des conduites suicidaires dans les territoires d’outre-mer français, afin d’y adapter les moyens de prévention, et ainsi susciter des projets de recherche sur les particularités identifiées.

En ce mois de septembre et dans la continuité de la Journée Mondiale de la Prévention du Suicide, le rapport final est disponible.

Dans cette fiche territoriale dédiée à la Guyane, il s’agit tout d’abord de s’intéresser à la diversité du contexte anthropologique (multiculturalisme, multiethnicité, etc.), géographique (isolement, etc.), démographique (immigration et migration, natalité, etc.), socio-économique (taux de chômage, système éducatif, structure familiale) et sanitaire (insuffisance de l’offre de soins, turnover des professionnels de santé), dans le but d’enrichir l’analyse croisée de ces données et d’identifier les similitudes et les différences avec d’autres départements d’outre-mer.

Vous trouverez également un bilan des facteurs de risque de suicide spécifiques au territoire guyanais, qui font l’objet de recommandations en termes d’action à mettre en place pour prévenir les conduites suicidaires.

Pour consultez la fiche thématique Guyane : Rapport_Suicide_DROM_Guyane

Pour consulter le rapport complet croisé avec les autres DROM : cliquez ici

Télécharger le document

source https://www.ors-guyane.org/publication/resultat-de-letude-regards-croises-sur-le-suicide-et-les-conduites-suicidaires-en-guyane/

lundi 16 septembre 2024

ETUDE RECHERCHE CANADA L'intelligence artificielle au service de la prévention du suicide

Université Laval https://nouvelles.ulaval.ca*
10 septembre 2024

L'intelligence artificielle au service de la prévention du suicide

Une analyse approfondie de données en santé a permis de mieux comprendre les facteurs, individuels ou collectifs, qui influencent les risques de suicide 
Par : Raymond Poirier, collaboration spéciale
 

Des équipes de recherche de l'Université Laval, de l'Université Dalhousie et de l'Université de Montréal ont conçu des modèles liés à l'intelligence artificielle (IA) pour l'analyse et la prédiction des risques de suicide. Grâce à la collaboration avec l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), les chercheuses et chercheurs ont eu accès à une montagne de données.

«Ce premier grand projet constitue ainsi une belle démonstration de l'apport potentiel de l'IA à la prévention en santé mentale et en dépendances», indique Christian Gagné, professeur à la Faculté des sciences et de génie de l'Université Laval et directeur de l'Institut intelligence et données.

Fatemeh Gholi Zadeh Kharrat, stagiaire postdoctorale à l'Université Laval, a intégré des données écologiques, liées à la démographie ou à l'environnement, et des données anonymisées d'individus, répertoriées entre 2000 et 2019. Elle a analysé des statistiques liées à la population, à l'assurance médicament, à l'accessibilité des systèmes de santé et bien plus. 
Comprendre pour mieux prévenir

L'initiative a permis de confirmer des hypothèses déjà existantes sur le sujet, en plus de faire émerger de nouvelles connaissances. «Par exemple, on a vu que les gens qui avaient eu un suivi en santé mentale dans les 60 jours qui précèdent avaient un risque accru de suicide. Idem pour la consommation de drogues. C'est le genre de relation qu'on s'attendait à voir, mais l'analyse par apprentissage automatique nous a montré clairement leur incidence», indique Christian Gagné, qui a travaillé étroitement avec Alain Lesage, professeur à la Faculté de médecine de l'Université de Montréal.
« C'est donc une relation claire entre les niveaux d'investissement public en santé mentale et en dépendances et le risque de suicide qui a été établie. À l'inverse, si on augmente le financement, alors il y a un effet réel sur la réduction de ce risque. »

— Christian Gagné, d'après l'analyse des données

Les modèles utilisant l'IA ont aussi montré que les troubles de santé mentale et de dépendance sont des facteurs importants de la prédiction du suicide. Ils ont aussi mis de l'avant l'effet cumulatif de facteurs de risque, tant lié à l'individu qu'au contexte dans lequel il évolue. Ce qui se passe sur le plan individuel est aussi déterminé par des facteurs d'ordre écologique, comme le budget régional en santé mentale et en dépendances. 

Les analyses ont d'ailleurs montré que le taux de décès par suicide chez les hommes est plus élevé dans les régions où le budget par habitant pour les situations liées aux dépendances est plus bas. «C'est donc une relation claire entre les niveaux d'investissement public en santé mentale et en dépendances et le risque de suicide qui a été établie. À l'inverse, si on augmente le financement, alors il y a un effet réel sur la réduction de ce risque», souligne le professeur Gagné.
Quelque 600 variables étudiées

Ce type de relation a pu être mis de l'avant grâce à l'apport d'une quantité importante de variables. Situation sociodémographique, diagnostics et hospitalisations, antécédents de santé physique ou mentale, budget régional de santé mentale, c'est quelque 600 variables cliniques ou sociétales qui ont été considérées. «Nous avons pu voir à quel point les données portées par l'INSPQ étaient riches!», raconte Fatemeh Kharrat.

Deux modèles d'IA se sont rapidement imposés, définis en fonction du genre. «La différenciation des facteurs de risque féminins et masculins, c'est quelque chose qui est déjà bien compris par le milieu clinique. En développant des modèles par sexe, ça nous a permis de mettre de l'avant d'autres variables d'intérêt, voire d'identifier des variables qui seraient spécifiques selon le sexe», note Christian Gagné.

 Au fil des simulations, l'équipe a mesuré l'impact des différentes variables pour cibler les facteurs avec le plus d'influence. «Si on joue avec la défavorisation sociale du quartier où demeure la personne, ça a quel effet sur les facteurs de risque?, illustre Fatemeh Kharrat. On a pu comprendre les relations entre les variables et leur effet sur le niveau de risque.»

Pour l'interprétation des résultats, les chercheuses et chercheurs ont travaillé avec des spécialistes du domaine. «Ils pouvaient vérifier si la relation existe ou est probable d'un point de vue clinique», ajoute Christian Gagné.

Ce projet, soutenu par un financement du programme Nouvelles frontières en recherche des trois conseils de recherche du Canada, a fait l'objet de publications scientifiques dans les revues PLOS One et JMIR Public Health and Surveillance.

https://nouvelles.ulaval.ca/2024/09/10/lintelligence-artificielle-au-service-de-la-prevention-du-suicide-a:b7115809-4788-4511-b0ae-e8b8fe7060eb

MANIFESTATION 54e Journées du GEPS se tiendront à Saint-Etienne du 9 au 11 octobre 2024

54èmes journées du Geps : du 9 au 11 octobre 2024

Le prochain congrès du GEPS se tiendra à Saint-Etienne du 9 au 11 octobre 2024.

Journée de pré-congrés : 9 octobre 2024

"Génération Z, la prévention du suicide à l’épreuve des jeunesses contemporaines"

programme, Inscriptions et informations

PARUTION Souffrance psychique : dans les coulisses d’une ligne d’écoute


Souffrance psychique : dans les coulisses d’une ligne d’écoute

À l’occasion de la journée mondiale de la prévention du suicide le 10 septembre, l’association Suicide Écoute publie l’ouvrage “Au fil de l’autre - dans les coulisses d’une ligne d’écoute”. Fruit d’un travail collectif mené par un groupe d’écoutants, ce livre témoigne de l’expérience de l’association, qui fête cette année ses 30 ans d’existence.

À travers les témoignages et les récits personnels des écoutants qui se mettent chaque jour au service d’appelants anonymes, l’ouvrage explore l’éthique et la spécificité d’une écoute singulière, centrée sur l’accueil et la disponibilité, sans objectif, dans une présence à l’autre jour et nuit. Les recueils de paroles d’appelants donnent également la voix à ceux qui ont le courage de composer ce numéro d’appel, de parler de leurs souffrances et de chercher de l’aide.

Serge Hefez, psychiatre et psychanalyste français, a rédigé la préface de l’ouvrage. Il témoigne : “Cet ouvrage s’aventure courageusement dans les profondeurs de la réalité bouleversante du suicide, avec l’intention de prévenir et de sensibiliser. Il n’a pas pour ambition de fournir des réponses simples à une question aussi complexe que le suicide. Au contraire, il aspire à ouvrir un dialogue sans jugement sur un sujet souvent évité.”

Fabrice Jollant, professeur de psychiatrie à l’Université Paris-Saclay, signe la postface : “Tout le monde n’a pas une oreille attentive ou une main aidante à disposition dans son entourage en cas de coup dur. On peut être véritablement isolé. On peut être aussi honteux ou coupable. On peut avoir le sentiment que son entourage ne comprendra pas, ou nous blâmera, ou nous culpabilisera, ou minimisera le problème, ou le dramatisera de manière pénible. On peut craindre de blesser ses proches ou de les mettre en difficulté. On peut aussi avoir été exposé à de précédentes expériences négatives d’aides inappropriées ou de demandes d’aide non entendues. Savoir qu’il y a toujours quelqu’un pour écouter celui ou celle qui est dans le besoin, quelle formidable idée !”

Environ 10 000 décès par suicide et 200 000 tentatives de suicide sont enregistrés chaque année en France. Cela équivaut à une personne qui se suicide toutes les heures et à 550 tentatives de suicide par jour, en moyenne. Si les taux de suicide augmentent avec l’âge, les tentatives sont plus fréquentes chez les jeunes et les adolescents : environ un tiers d’entre elles concernent des personnes de moins de 25 ans. Le suicide est ainsi la principale cause de mortalité (hors maladies) chez les jeunes adultes en France. Les tentatives de suicide sont deux à trois fois plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes. Mais les trois quarts des décès par suicide concernent des hommes, qui sont moins souvent demandeurs d’aide.

Suicide Écoute est une ligne d’écoute, non surtaxée, accessible au 01 45 39 40 00 24h sur 24 et 7j sur 7. L’écoute, anonyme, s’adresse aux personnes qui ont des idées suicidaires, aux proches démunis devant la situation ou endeuillés, ainsi qu’à toute personne ayant besoin d’une écoute attentive pour soulager une forte angoisse, rompre une solitude et apaiser un mal-être profond.

 

Contact presse :  Pascale Dupas pascale.dupas@wanadoo.fr