Adolescent, orientation sexuelle et risque de suicide
- Nathalie BARRÈS
- Résumé d’article
À retenir
- L’enquête française « Portraits d’adolescents », réalisée en 2013 auprès de plus de 14.000 adolescents, apporte des données sur de nombreuses variables dont l’attirance sexuelle et les tentatives de suicide.
- Le risque de tentative de suicide serait plus que doublé chez les adolescents LBG (lesbiennes, gays, bisexuel.les) par rapport à ceux hétérosexuels, le soutien des proches constituant un facteur de prévention important dans les deux populations
- Les auteurs précisent qu’il serait intéressant de « renforcer les efforts de prévention en identifiant les différences d’orientations sexuelles au sein des adolescents français ».
Pourquoi est-ce important ?
Le suicide est la seconde cause de mortalité chez les 15 à 29 ans à travers le monde. Selon une enquête européenne, 9,5% des lycéens français auraient déjà fait au moins une tentative de suicide au cours de leur vie. Cette enquête apporte des données nouvelles sur le risque de tentative de suicide chez les jeunes adolescents LGB en France.
Méthodologie
Cette enquête a été menée par l’INSERM (Institut national de santé et de la recherche médicale) et d’autres experts. Les sujets ont été recrutés dans les Hautes-Alpes (zone semi-urbaine), le Val de Marne (zone urbaine) et en Poitou-Charentes (zone rurale).
Au global, 134 écoles et 730 classes ont participé.
Principaux résultats
La population étudiée était constituée de 14.265 adolescents français âgés de 13 à 20 ans (52,2% de femmes). Parmi eux, 4,5% se sont définis comme LGB. Parmi ces jeunes, 30,7% rapportaient avoir fait une tentative de suicide (vs 10,6% des adolescents hétérosexuels), soit un odds ratio (OR) de 2,59 (2,11−3,18 ; p<0,0001). Sur l’ensemble de la population, 88,7 % ont déclaré avoir plus de cinq amis, 12,2% souffraient de dépression, 21,4% fumaient de manière importante, 9,1% buvaient régulièrement, 19, 9% consommaient régulièrement du cannabis et 12,1% consommaient d’autres drogues. Les jeunes hétérosexuels étaient plus enclins à boire régulièrement de l’alcool alors que les jeunes LGB étaient plus susceptibles de consommer régulièrement du cannabis.
Plus de 6 adolescents sur 10 (62,2%) rapportaient bénéficier d’un support de la part de leurs parents et plus de la moitié d’un support de la part de leurs amis.
Plusieurs facteurs de risque significatifs de suicide ont été identifiés : le sexe féminin, l’orientation sexuelle LGB, le jeune âge, l’habitat en milieu rural, le fait de ne pas passer en classe supérieure, la perte d’au moins un des deux parents, la séparation des parents, la participation à des jeux dangereux et le fait de considérer l’adolescence comme une période difficile.