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vendredi 19 octobre 2018

ETUDE RECHERCHE Afrique du sud Tentatives de suicide au cours de la grossesse, peut-être pas si rares

Tentatives de suicide au cours de la grossesse, peut-être pas si raresPublié le 17/10/2018 www.jim.fr*
Donnant un bon aperçu de la psychiatrie en Afrique du Sud, The South African Journal of Psychiatry évoque ainsi la question des tentatives de suicide pouvant émailler une grossesse. L’auteur rappelle que les recherches sur ce thème sont « limitées », car on considère généralement le suicide comme un phénomène « rare durant la grossesse. » Or cette étude (concernant toutes les patientes admises à l’hôpital de Durban pour une tentative de suicide durant une année choisie au hasard (en l’occurrence, l’année 2014) montre qu’il semble s’agir d’une idée reçue, et que le risque de comportement suicidaire « n’est pas rare pendant la grossesse », du moins pas aussi rare qu’on le croit.

L’auteur recense ici 9 états de grossesse, parmi 27 patientes hospitalisées pour une tentative de suicide, soit exactement une femme sur trois. A priori inattendue, cette proportion élevée confirme le bien-fondé de la politique d’hospitalisation établie dans cet établissement sud-africain : elle consiste à demander systématiquement « l’admission, l’évaluation et la prise en charge par des psychologues cliniciens, dans les 24 à 48 heures après son arrivée » aux urgences de tout sujet avec un comportement suicidaire. Dans le profil global de cette population, on note un âge moyen de 23,4 ans (± 5,9 ans) lors de cette tentative de suicide, avec un âge fœtal moyen de 22,7 semaines (7 à 38 semaines).

Un contexte particulier

Si la notion de trouble dépressif majeur (diagnostiqué ici une fois sur trois) apparaît, sans surprise, de même qu’une situation de « conflit avec le partenaire, relatif à son infidélité ou à un refus d’assumer sa paternité », un autre constat semble plus spécifique au contexte sud-africain[1] de cette étude : la fréquence importante (4 patientes sur 9, soit 44,4 % des cas) d’une séropositivité pour le VIH.

Certes, le faible effectif de l’étude peut compromettre sa généralisation à d’autres populations, mais elle suggère pourtant, indique l’auteur, que la grossesse « n’est pas toujours un facteur protecteur contre les tentatives de suicide », contrairement à une idée courante, et que des recherches approfondies à ce propos sont nécessaires, « sur des populations plus vastes, et en diversifiant les origines ethniques et les profils socio-économiques. »
 
[1] Rappelons qu’à la fin du XXème siècle, une controverse obscurantiste sur l’origine du Sida partagea l’Afrique du Sud et fut même relayée au plus haut niveau de l’état (https://fr.wikipedia.org/wiki/Thabo_Mbeki#Controverses_sur_le_sida). Pourtant médecin elle-même, la ministre de la Santé de l’époque affirma que « les remèdes traditionnels ne devaient pas s’enliser dans des essais cliniques », et rejeta l’« utilisation des protocoles occidentaux dans la recherche et le développement en Afrique. » Comme elle prétendait aussi combattre le Sida avec des « traitements alternatifs », notamment « la betterave, l’ail et le citron », les opposants à ces sornettes lui attribuèrent alors, avec humour, le surnom pittoresque de « Docteur Betterave. »
 
Dr Alain Cohen