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vendredi 24 août 2018

ETUDE RECHERCHE NORVEGE : La question des efforts de normalisation de la prévention en question dans une étude

Mourir ou ne pas mourir: une étude qualitative de la suicidalité des hommes en Norvège
titre original : To die or not to die: a qualitative study of men’s suicidality in Norway
Department of Mental Health, Norwegian University of Science and Technology, NO-7491 Trondheim, Norway

BMC Psychiatry 2018 18:263
Published:

Contexte

Des recherches antérieures ont montré que les hommes qui adhèrent aux croyances traditionnelles sur la masculinité présentent des risques accrus pour la santé par rapport à ceux qui ne le font pas. L'état matrimonial célibataire, le chômage, la retraite et les maladies physiques sont des facteurs de risque connus pour les comportements suicidaires chez les hommes. La plupart des hommes aux prises avec ces facteurs de risque ne sont toutefois pas suicidaires. Pour en savoir plus sur ce qui rend certains hommes vulnérables au comportement suicidaire, les facteurs de risque doivent être analysés à la lumière des antécédents de vie des hommes et du contexte social dans lequel ils vivent leur masculinité.

Méthode

Nous avons mené des entretiens qualitatifs approfondis semi-structurés avec 15 hommes (20-76 ans) admis à l'hôpital après un acte suicidaire. Nous avons analysé les données au moyen d'une analyse de contenu qualitative avec une approche dirigée. L'analyse a été dirigée par les rapports des participants indiquant s'ils souhaitaient mourir ou non au moment de l'acte suicidaire. Sur cette base, ils étaient divisés en deux groupes: un groupe «mourir» et un groupe «ne pas mourir». Nous avons ensuite analysé chaque groupe séparément avant de les comparer.

Résultats

Dans les deux groupes, la raison principale ou le déclencheur de l'acte suicidaire étaient des problèmes dans les relations intimes. Ces problèmes étaient complexes et liés à la masculinité vécue par les hommes, allant de la honte ou de l'honneur masculin souillé,  à la prise de responsabilité en tant qu'homme pour la femme. Certains hommes ont indiqué la douleur et l’ennui comme des raisons ou des déclencheurs de leur acte suicidaire. Seul un membre du groupe «ne pas mourir» a assumé l'entière responsabilité de l'acte suicidaire, alors que tous sauf un ont fait de même dans le groupe «mourir». Les hommes ne mentionnant pas une responsabilité ont décrit l'acte suicidaire comme étant involontaire à cause de l'alcool ou d'une sorte de "black-out". Ne pas assumer la responsabilité de l'acte peut être un moyen de préserver l'identité masculine.

Conclusion

Les problèmes relationnels sont la principale raison ou le déclencheur de l'acte suicidaire pour la plupart des participants, mais de manières très différentes, reflétant la masculinité vécue. La conclusion la plus frappante est le caractère unique de chaque histoire, mettant en question l'utilité des efforts normalisés de prévention du suicide.