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vendredi 11 août 2017

CRITIQUES DEBATS Etude américaine utilisant google trend

REVUE DE PRESSE

13 Reasons Why aurait changé la perception du suicide aux États-Unis


La série de Netflix continue de faire douter les parents : est-ce vraiment un show recommandable pour un ado ? Après la polémique, les premières conséquences du phénomène culturel apparaissent. Un groupe de chercheurs croit avoir décelé, notamment grâce au web, une attention nouvelle autour du suicide.
La méthode est peut-être un peu légère —  s’appuyer sur des données Google Trends — mais la volonté des chercheurs américains de prévenir les parents est réelle : depuis la diffusion en mars dernier de 13 Reasons Why, l’intérêt des internautes pour le suicide est en croissance selon eux.

Plus inquiétant pour les chercheurs : les recherches qui visent à trouver des méthodes pour mettre fin à sa vie sont elles aussi en croissance. À ce titre, les Américains s’alignent avec les recommandations formulées par l’OMS concernant la prévention du suicide dans 13 Reasons Why  : les chercheurs regrettent en effet les scènes de suicide à l’écran ainsi que l’absence de numéro hotline à chaque épisode.
Toutefois, reconnaissant que leurs données sont incomplètes, le groupe ouvre un débat autour de la notion de prévention et de perception : si le suicide intéresse plus qu’hier grâce à la série, ce n’est pas toujours dans le sens d’une idéalisation de l’acte. Au contraire, 13 Reasons Why comme ont pu affirmer certains jeunes et associations, éclaire un tabou adolescent. La série conduit-elle pour autant au suicide ? La précaution doit être de mise lorsque l’on parle de données Google Trends, et non de véritable évaluation du désir de se donner la mort.

À l’avenir, le collectif américain aimerait travailler avec les hotlines qui justement, sont les caisses de résonance du désir suicidaire qui peut traverser une génération. Notons toutefois, que le lendemain de la sortie de 13 Reasons Why sur Netflix, aux États-Unis, il y avait déjà une croissance de 19 % des requêtes concernant le suicide. Pour John W. Ayers, spécialiste de l’épidémiologie des données, la croissance extraordinaire de ces requêtes élimine de facto toutes autres causalités.
* http://www.numerama.com/pop-culture/279968-13-reasons-why-aurait-change-la-perception-du-suicide-aux-etats-unis.html
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La série « 13 Reasons Why » associée à des pensées suicidaires

Une étude démontre que la série 13 Reasons Why est associée à une augmentation des pensées suicidaires. Les recherches en ligne sur le suicide ont augmenté après la diffusion de la série.

Si vous n’avez pas entendu parler de la série télévisée « 13 Reasons Why » de Netflix, alors demandez simplement à l’adolescent le plus proche. Il vous dira que c’est une série immensément populaire parmi les jeunes adultes. 13 Reasons Why dépeint l’angoisse et le suicide d’une adolescente qui a enregistré 13 raisons de se suicider dans des cassettes audio. La série montre un ami qui écoute ces cassettes au fil des épisodes. Les implications de la série ont déchainé les débats. Certains ont salué la série pour son contenu provocant tandis que d’autres ont affirmé que 13 Reasons Why représentent une idée idéale de suicide que les téléspectateurs pourraient imiter. Une nouvelle étude publiée dans JAMA Internal Medicine dirigée par le professeur John W. Ayers de l’Université de San Diego State a utilisé l’historique des recherches en ligne aux États-Unis dans les jours qui ont suivi la série et il a constaté que les requêtes pour le suicide et la façon de se suicider ont augmenté après la diffusion de l’émission.

L’identification des tendances
Ayers et ses collègues ont utilisé les données de Google Trends qui est des archives publiques de recherches globales sur Internet. L’équipe s’est concentré sur les recherches provenant des États-Unis entre le 31 mars 2017, la date de sortie de la série et le 18 avril avril, une date sélectionnée pour éviter que le suicide de l’ancien joueur de la NFL, Aaron Hernandez, contamine les tendances.
Toutes les recherches contenaient le mot « suicide », à l’exception de celles accompagnées du mot « Squad » pour éviter d’inclure les recherches du film « Suicid Squad » publié à la même époque. De plus, pour comprendre comment l’évolution du contenu de la recherche, les chercheurs ont analysé des recherches spécifiques liées au suicide.
L’équipe a ensuite comparé la fréquence de recherche de ces phrases au cours de ce délai avec un scénario hypothétique sans la série « 13 Reasons Why » en fonction des prévisions utilisant les tendances de recherche historiques. Cette stratégie nous permet d’isoler l’effet « 13 Reasons Why » sur la façon dont le public a pensé au suicide selon Benjamin Althouse, chercheur à l’Institute for Disease Modeling et co-auteur de l’étude.
Les résultats montrent que toutes les questions liées au suicide avaient augmenté de 19 % suite à la diffusion de la série. Une partie de cette augmentation provenait de chiffres plus élevés sur des phrases comme « hotline suicide » (12 %) ou « prévention du suicide » (23 %). Mais un pourcentage alarmant provient également de phrases comme « comment se suicider » (26 %), « se suicider » (18 %) et « comment vous tuer » (9 %).
En termes relatifs, il est difficile de déterminer l’ampleur de la série « 13 Reasons Why«  selon Mark Dredze, co-auteur de l’étude et professeur d’informatique à l’Université Johns Hopkins. En fait, il y avait entre 900 000 et 1 500 000 autres recherches liées au suicide par rapport aux estimations pendant les 19 jours suivants la publication de la série.

Un défi de santé publique
On ignore si ces recherches ont mené directement au suicide selon Ayers, mais des recherches antérieures ont révélé que l’augmentation des recherches sur Internet pour les méthodes de suicide est en corrélation avec les suicides réels.
Même s’il est encourageant que la série « 13 Reasons Why » soit conforme à une prise de conscience accrue du suicide et de sa prévention, comme ceux qui cherchent la « prévention du suicide », nos résultats démontrent les pires craintes des critiques de la série. 13 Reasons Why a pu inspirer des gens sur des pensées suicidaires en recherchant des informations sur la façon de se suicider selon Ayers.
L’équipe note que certains des dommages potentiellement liés à la publication de la série auraient pu être évités en suivant les normes existantes des médias. L’Organisation mondiale de la santé a élaboré des directives pour les médias afin de prévenir ce type de problème selon le co-auteur Jon-Patrick Allem, chercheur de l’Université de Californie du Sud. Il est essentiel que les producteurs suivent ces lignes directrices. Par exemple, ces directives découragent le contenu qui s’inscrit dans le suicide. 13 Reasons Why a consacré 13 heures à une victime de suicide en allant jusqu’à montrer les détails horribles du suicide.
Ces problèmes sont exacerbés à cause de l’intemporalité des médias en ligne. Cela signifie que de plus en plus de personnes sont exposées aux dangers potentiels de la série jusqu’à aujourd’hui selon Eric Leas qui co-auteur de l’étude. Nous appelons Netflix à supprimer la série ou à modifier son contenu pour être conforme avec les normes de l’Organisation mondiale de la santé avant de la publier selon Ayers. De plus, la seconde saison planifiée et tous les suicides relayés par les médias doivent être analysés avant leur diffusion afin d’empêcher que ce type de contenu bien intentionné produise des résultats involontaires.
Source : JAMA Internal Medicine (http://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/10.1001/jamainternmed.2017.3333)

https://actualite.housseniawriting.com/science/2017/07/31/la-serie-13-reasons-why-associee-a-des-pensees-suicidaires/22869/ 

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Suicide: "La série 13 Reasons Why peut être le catalyseur d'un passage à l'acte"
  Propos recueillis par Iris Peron, publié le 05/08/2017 www.lexpress.fr*

  Hannah Baker est l'héroïne de la série "13 reasons why". Elle se suicide après avoir été victime de harcèlement.

Depuis la diffusion de la série, le nombre de recherches sur le suicide est en hausse inquiétante. Certains ados vont jusqu'au passage à l'acte, atteste un pédo-psychiatre.

"Comment se suicider?", "Comment mettre fin à ses jours?". Ces requêtes effectuées sur la version américaine de Google, se sont multipliées depuis la sortie de la série phénomène 13 Reasons Why, Les 13 raisons, en français, diffusée en avril dernier sur la plateforme Netflix.

Cette fiction retrace la fin morbide d'Hannah Baker, une lycéenne américaine qui met fin à ses jours après avoir été victime de harcèlement à l'école et sur les réseaux sociaux. Dans 13 cassettes audio envoyées à ses tortionnaires après sa mort, l'adolescente explique les raisons de son geste.

Si en France, il n'est pas constaté de hausse similaire sur les moteurs de recherches, certaines personnes déjà fragiles s'identifient trop à l'héroïne et passent à l'acte, note le docteur Robin Fender, pédo-psychiatre au CHU de Lyon.

Quel est votre avis de professionnel sur la série?

Robin Fender: Je regrette, en tant que professionnel, que le lien de causalité entre harcèlement scolaire et suicide soit si direct. On parle habituellement de "contexte favorisant" le passage à l'acte suicidaire, plutôt que d'une cause précise pouvant expliquer, en totalité, ce geste. De plus, la série néglige un pan important: celui de la santé mentale de l'héroïne, chez qui tout allait visiblement bien avant son harcèlement.

On voit certes qu'Hannah Baker présente des symptômes dépressifs à certains moments, notamment quand elle parle avec son conseiller d'orientation, ou des symptômes de stress aigu, par exemple après son viol, lorsqu'elle a tous les symptômes du stress aigu, mais il y aurait eu besoin de davantage de nuances, de précisions, tout au long de la série. Les scénaristes auraient dû mettre plus de mots là-dessus, afin d'avoir des effets préventifs.

Et puis le scénario ne prend jamais véritablement en compte les autres facteurs potentiels de vulnérabilité qui entourent la jeune fille, comme ceux liés à son environnement familial... Cette série a pourtant une utilité pour certains publics, qui peuvent être sensibles à la dimension de prévention. Elle ne va pas pousser quelqu'un en bonne santé sur le plan psychique, à mettre fin à ses jours, mais chez les personnes les plus fragiles, elle peut être le catalyseur d'un passage à l'acte.

Et puis cette fiction permet aussi de sensibiliser sur quelque chose de nouveau: le cyber-harcèlement. Cela met l'accent sur le fait qu'un événement en apparence anodin, peut avoir un impact émotionnel important via le web, comme ici la diffusion de photos compromettantes, les rumeurs, les diffamations...

La façon dont le suicide est mis en avant dans cette série est-elle dangereuse?

Cela dépend vraiment du public qui reçoit le message. On trouve deux positions: certains professionnels estiment que 13 Reasons Why peut avoir un impact positif sur les téléspectateurs, qu'elle représente une bonne vitrine pour sensibiliser l'audience, et d'autres pensent qu'elle peut encourager un suicide, qui est rendu "glamour" à l'image.
 

Plusieurs études ont été effectuées sur la manière dont un suicide est relaté dans les médias. D'un côté on a ce qu'on appelle, l'Effet Werther, phénomène étudié par un sociologue américain, qui a mis en évidence une majoration du taux de suicides suivant la parution dans les médias d'un cas de suicide.

Le nom "Werther", étant inspiré par une vague de suicides s'étant produite en Europe lors de la parution du roman de Goethe, Les Souffrances du Jeune Werther. Son inverse, l'effet Papageno, correspond à l'impact positif, préventif, que peuvent avoir les messages médiatiques, sur les personnes suicidaires.

La scène du suicide dans la baignoire est importante par exemple. Selon certains, elle montre la souffrance physique de la jeune femme, ce qui peut avoir un effet préventif. Pour d'autres, la scène est trop esthétisée, elle est lente, longue... Ces images peuvent avoir un impact sur la vulnérabilité et le mal-être de certains. Le simple fait de représenter à l'écran le suicide de l'adolescente est sujet à controverses

Dans votre unité, avez-vous été confrontés à des adolescents qui ont regardé la série?

J'ai pu rencontrer des patients qui se sont sentis très impliqués émotionnellement dans 13 Reasons Why, et certains d'entre eux ont effectué un passage à l'acte en miroir avec celui d'Hannah Baker. C'est-à-dire qu'ils ont employé le même mode opératoire [Elle s'est taillé les veines dans sa baignoire]. Ils ont expliqué s'être sentis familiers avec les événements vécus dans la série par Hannah Baker. L'héroïne est une victime. Elle attire l'empathie et d'entrée de jeu, on se met dans la peau de la victime. L'identification des jeunes, surtout ceux qui comme elle ont été ou sont harcelés, est donc forte.

Si cette fiction se passe dans un lycée, les patients ayant commis un geste suicidaire que j'ai rencontrés étaient plutôt des collégiens, âgés entre 12 et 16 ans et il s'agissait plutôt de filles. Mais l'empathie envers Hannah Baker n'est pas impossible non plus chez les garçons.

Il est difficile d'estimer le nombre de patients touchés, car on ne parle pas de cette fiction avec tous. Lorsqu'on rencontre un adolescent qui a fait un passage à l'acte suicidaire, on ne va pas forcément évoquer avec lui la série, sachant qu'il y a un risque qu'il la regarde ensuite et qu'elle ait un effet négatif sur lui.

Quelles sont vos recommandations pour les parents dont les enfants regardent la série?

Je dis aux parents qui savent que leurs enfants regardent 13 Reasons Why, de ne pas la leur interdire. Mais il faut aussi une éducation et un contrôle des parents, car la maturation cérébrale n'est pas encore achevée chez les adolescents. Ils ont besoin d'avoir un discours accompagnateur: en demandant à leurs enfants ce qu'ils ont compris de la série, comment ils se sentent... Il faut agir de la même façon lorsque les adolescents jouent à des jeux vidéo violents.

La Haute autorité de Santé a d'ailleurs formulé des recommandations sur l'exposition des enfants aux écrans. L'accès au virtuel ou à la télévision pour les enfants est une boîte de Pandore: c'est un outil qui peut être incroyable s'il a un effet de prévention, mais qui peut être parfois néfaste dans certains cas. Le gouvernement devrait demander à Netflix de mettre un lien vers une plateforme anti-suicide et un logo "interdit aux moins de 12 ans" serait le minimum syndical.
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/fait-divers/suicide-la-serie-13-reasons-why-peut-etre-le-catalyseur-d-un-passage-a-l-acte_1932691.html 


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Données extraites dans la presse
Pour l'étude, menée par le chercheur de santé publique John Ayers de l'Université d'Etat de San Diego, l'équipe a analysé les données fournies par Google Trends pour examiner la fréquence à laquelle les termes de recherche relatifs au suicide ont été entrés dans Google dans les 19 jours suivant la sortie de 13 Raisons Pourquoi . Les membres de l'équipe ont limité leurs données à une période de 19 jours parce qu'un suicide de haut niveau a eu lieu le 19 avril et aurait pu influencer le comportement de la recherche. Ils ont comparé le volume de recherche réel au volume prévu, qu'ils ont estimé en utilisant les données recueillies avant la sortie de la série.
Leurs résultats sont en ligne avec leurs prédictions.
D'après leur étude et corrélations, après la publication de 13 raisons , la recherche du terme «suicide chez l'adolescent» a grimpé de 34% par rapport au volume de recherche attendu. Les recherches pour "comment se suicider" ont augmenté de 26 pour cent, "se suicider" ont augmenté de 18 pour cent, et "comment se tuer soi meme" a augmenté de 9 pour cent. Les questions relatives à la prévention du suicide ont également augmenté. Le terme de recherche «numéro de hotline du suicide» a augmenté de 21 pour cent, la «hotline de suicide» a augmenté de 12 pour cent et la «prévention du suicide» a augmenté de 23 pour cent.
Dans l'ensemble, l'équipe a trouvé entre 900 000 et 1,5 million autres recherches relatives au suicide de que ce qui aurait été prévu si la serie n'avait pas été diffusé.
Selon les chercheurs, les résultats indiquent non seulement une augmentation de la curiosité au sujet du suicide, mais aussi une prise de conscience accrue des ressources de prévention du suicide.