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lundi 16 mars 2015

RECHERCHE USA ACCES AUX ARMES A FEU, ADOLESCENT, ET RISQUE SUICIDAIRE


Des armes à feu pour des adolescents suicidaires ou non

Publié le 13/03/2015 http://www.jim.fr/medecin/actualites/medicale/e-docs/des_armes_a_feu_pour_des_adolescents_suicidaires_ou_non_150978/document_actu_med.phtml
Le suicide constitue la seconde cause de mortalité parmi les adolescents, aux États-Unis. Et comme ce pays a une législation très libérale (pour ne pas dire permissive) en matière d’armes à feu, leur disponibilité représente un important facteur de risque pour le passage à l’acte suicidaire.
Une enquête réalisée sur une population de plus de 10 000 jeunes âgés de 13 à 18 ans a eu pour objectif d’examiner les possibilités d’accès à des armes à feu chez les adolescents avec ou sans troubles mentaux. Les auteurs constatent que près d’un jeune sur trois (29,1 %) déclare « vivre dans une maison avec une arme à feu. » Plus inquiétant encore : près de la moitié de ces adolescents (40,9 %) ont déclaré « avoir un accès facile à cette arme et la possibilité de tirer avec. »
Lorsqu’une arme à feu est présente au domicile familial, certains facteurs sont (de façon statistiquement significative) susceptibles de faciliter son accessibilité (et donc son usage éventuel) par un adolescent, comparativement aux jeunes ayant un accès moins commode à une arme en possession de leurs parents : un âge plus élevé (15,6 ans versus 15,1 ans) ; l’appartenance au sexe masculin (70,1 % versus 50,9 %) ; certains critères d’appartenance ethnique (86,6 % versus 78,3 %) ; un revenu familial plus élevé (40,0 % versus 31,8 %) ; un habitat en zone rurale (28,1 % versus 22,6 %) [p < 0,05 pour tous ces facteurs].
D’autre part, comme on pouvait le craindre a priori, les adolescents ayant un accès à une arme à feu sont aussi, comparativement aux jeunes n’y ayant pas accès, ceux avec les antécédents les plus marqués de dépendance à l’alcool (10,1 % versus 3,8 %) [p < 0,001] ou d’addiction à une drogue (11,4 % versus 6,9 %) [p < 0,01]. Pour noircir encore le tableau, les adolescents avec une maladie mentale sans antécédent suicidaire, comme ceux ayant connu une tentative de suicide antérieure (avec ou sans antécédent de maladie mentale) signalent plus souvent la présence d’une arme à feu accessible au domicile familial que les jeunes ne présentant pas ce contexte d’affection psychiatrique ou de tentative de suicide.
Cette enquête confirme que la disponibilité d’une arme est identique chez les adolescents avec ou sans risque de suicide, et que la diminution effective de la mortalité par suicide ne pourra venir que d’une limitation sérieuse de l’accès aux armes à feu. Une gageure utopique, dans une société où la détention d’une arme passe encore, trop souvent, pour un « acquis », un « droit constitutionnel », une marque de « liberté » ?
Dr Alain Cohen
Référence
Simonetti JA et coll.: Psychiatric comorbidity, suicidality, and in-home firearm access among a nationally representative sample of adolescents. JAMA Psychiatry, 2015; 72: 152–159.http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25548879