Pages

vendredi 28 novembre 2014

LE BRETON David Adolescence et conduites à risque

Adolescence et conduites à risque
info repérée sur http://resodochn.typepad.fr/resodochn/2014/11/adolescence-et-conduites-%C3%A0-risque.html

 

Sans titreLE BRETON David
Adolescence et conduites à risque
Yapaka, 2014-10, 57 p.
Les conduites à risque sont des manières ambivalentes de lancer un appel aux plus proches, à ceux qui comptent. Elles témoignent de la résistance active du jeune et de ses tentatives de se remettre au monde. En dépit des souffrances qu’elles entraînent, elles possèdent un versant positif, elles favorisent la prise d’autonomie du jeune, la recherche de ses marques, elles sont un moyen de se construire une identité. Elles n’en sont pas moins douloureuses dans leurs conséquences à travers les blessures ou les morts qu’elles entraînent. Mais la souffrance est en amont, perpétuée par une conjonction complexe entre une société, une structure familiale, une histoire de vie. Ces épreuves que les jeunes s’infligent répondent à cette nécessité intérieure de s’arracher à soi-même et de renaître meilleur. Ce sont des rites intimes, privés, autoréférentiels, insus, détachés de toute croyance et tournant le dos à une société qui cherche à les prévenir.

FORMATION CHARTRES 28 Les 23 et 24 mars 2015 + 13 octobre 2015

Les 23 et 24 mars 2015 + 13 octobre 2015 à Chartres – Formation « Personnes ressources, repérage et gestion de la crise suicidaire »
source info http://www.frapscentre.org/les-23-et-24-mars-2015-13-octobre-2015-a-chartres-formation-personnes-ressources-reperage-et-gestion-de-la-crise-suicidaire/


Le Comité d’Éducation pour la Santé d’Eure-et-Loir (CESEL) organise une nouvelle session de la

Formation « Personnes ressources, repérage et gestion de la crise suicidaire »
sur 3 jours en 2015

Informations pratiques

► Dates : 23 et 24 mars 2015 + 13 octobre 2015
► Lieu : Centre Régional Jeunesse et Sports à Chartres.

À télécharger

Programme de la formation
Bulletin d’inscription (en ligne)

CANADA : Enjeux autour de la responsabilité du geste suicidaire en institution carcérale Analyse des enquêtes du coroner de Montréal entre 1892 et 1950


Vol. XI | 2014 : Parentalités enfermées/Objets et enfermement/Probation française

Varia

Enjeux autour de la responsabilité du geste suicidaire en institution carcérale

Analyse des enquêtes du coroner de Montréal entre 1892 et 1950

Patrice Corriveau, Jean-François Cauchie et Isabelle Perreault


Résumés

Au Québec, une enquête du coroner est entreprise dès qu’une mort survient sur le territoire afin d’établir si celle-ci est due à des causes naturelles ou non. C’est le cas lors des décès dans les institutions carcérales. Dans le présent article, nous étudierons plus spécifiquement comment le suicide en prison devient ce que les acteurs sociaux et les rapports officiels en disent dans l’enquête du coroner. Nous disposons à cet effet d’un corpus empirique de première main : les enquêtes des coroners du district judiciaire de Montréal qui ont conclu à des décès par suicide entre 1892 et 1950. Notre étude permet de saisir comment les diverses explications du suicide en institution carcérale se construisent au fil de l’enquête des coroners, par les informations qu’ils colligent et notent dans leurs rapports, mais aussi par les témoignages qu’ils recueillent et les mots utilisés par les uns et les autres pour décrire les événements entourant la mort (et le mort). Nous verrons notamment qu’un « suicide » peut connaître des interprétations différentes selon les acteurs sociaux appelés à le commenter et l’expliquer, de même que selon la période dans laquelle il est nommé. Nous constaterons aussi que les verdicts de suicide dans les institutions carcérales montrent que le statut de détenu comme paria rend concevable la « volonté suicidaire » aux yeux du coroner (et de ses témoins), alors que ce n’est pas le cas pour les verdicts touchant la population générale. 

Mots-clés :
suicide, enquêtes, coroner, Montréal, institutions carcérales, prisons, prison

Plan
Introduction

I - Mise en contexte de la problématique du suicide en prison

II - L’enquête et les dossiers du coroner comme source empirique

III - À qui la faute…

1) La faute aux institutions, à son personnel ou au détenu lui-même ?

2) La faute à l’alcool, mère de tous les maux ?

3) La faute à un « moment de folie » ?

Pour conclure

jeudi 27 novembre 2014

MANIFESTATION Colloque «Expression et créativité, les médiations artistiques dans l’accompagnement thérapeutique». les 16 et 17 janvier 2015, PARIS



«Expression et créativité,
les médiations artistiques dans l’accompagnement thérapeutique».
Un tour d’horizon de ces pratiques dans le champ du soin.
VENDREDI 16 ET SAMEDI 17 JANVIER 2015
Journées Organisées par le Centre Popincourt, la Cité de la Santé, et la FFAT (Fédération française des art-thérapeutes)
Cité de la santé, Cité des Sciences et de l’Industrie : 30 avenue Corentin Cariou
75019 Paris, Niveau -1, amphithéâtre : Jean Painlevé.



Ces journées viseront à donner la parole aux praticiens des médiations et à apporter un regard sur
la richesse et la diversité des actions dans ce domaine, contribuant ainsi à enrichir nos connaissances
mutuelles. Elles ouvriront des espaces d’informations et d’échanges autour de la :
•diversité des pratiques (art thérapie, médiations artistiques, sociothérapie,...),
•diversité des champs d’intervention (psychiatrie, santé, médico-social, social,...),
•diversité des publics accompagnés (enfants, adolescents, adultes, personnes âgées,...).
RETROUVEZ TOUTES LES INFOS : PROGRAMME, INSCRIPTION, AFFICHE
http://centrepopincourt.fr/13901/colloqueexpression2015.htm

Avec une intervention •«Spécificité du travail d’art-thérapie au Centre Popincourt : isolement et prévention
du suicide
», I. Katz-Mazilu (artiste plasticienne, art-thérapeute). 





N’hésitez pas à relayer l’information de ces journées dans votre réseau.


CENTRE POPINCOURT
CENTRE THERAPEUTIQUE SPECIALISE
Lutte contre l’isolement et prévention du suicide
6 rue de l’Asile Popincourt
75011 Paris
Tél : 01 42 78 19 87
centrepopincourt@orange.fr
http://centrepopincourt.fr

MANIFESTATION OLONNE SUR MER (85) Conférence / Gestion du mal-être chez les adolescent 30/01/2015

Conférence / Gestion du mal-être chez les adolescent
Le 30/01/2015
à 20:30
Adresse Service enfance jeunesse
Centre de Loisirs
Rue des anciens combattants AFN
85340 OLONNE SUR MER
Tél : 02 51 95 10 23
http://www.olonnesurmer.fr

2éme conférence :
Intervenant : Madame PICARD - Maison des Adolescents

Entrée libre
Prise en charge gratuite des enfants par une équipe d'animation

Organisée par la Mairie d'Olonne sur Mer (service Enfance Jeunesse)

Source info : http://www.lessablesdolonne-tourisme.com/Fiche/Detail/13057/Decouvrir~Agenda-Evenements~Agenda-de-la-Ville/conf%C3%A9rence-gestion-du-mal-%C3%AAtre-chez-les-adolescent/%28page%29/5

mardi 25 novembre 2014

LIBAN "Le suicide au Liban, un phénomène-fléau social réversible " CAMPAGNE DE PREVENTION

Le suicide au Liban, un phénomène-fléau social réversible
24/11/2014 http://www.lorientlejour.com/article/897535/le-suicide-au-liban-un-phenomene-fleau-social-reversible.html


Le rocher de Raouché, symbole de suicides au Liban, a été choisi il y a quelques mois pour le lancement d’une campagne nationale contre les suicides.

Se supprimer alors qu'on a encore la vie devant soi reste non seulement une énigme pour l'entourage d'une personne qui vient de se suicider, mais un sujet difficilement abordable. Selon les statistiques du département de psychiatrie et d'Embrace de l'AUBMC, une personne se suicide tous les trois jours au Liban. Cause de décès évitable, la prévention ne devient-elle pas un enjeu majeur de santé publique ?
Marlène AOUN FAKHOURI | OLJ


À travers le monde, le suicide tue plus que les guerres, les actes de terrorisme et les homicides. Selon les estimations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), huit cent mille personnes mettent fin à leurs jours chaque année: environ une personne toutes les quarante secondes.

Le Liban est particulièrement touché. L'Orient-Le Jour mène l'enquête. «Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux, c'est le suicide. Et il n'y a vraiment qu'un problème psychiatrique vraiment tabou, c'est le suicide», disait Camus. Les spécialistes de l'association Embrace pour la lutte contre le suicide estiment, dans une étude qu'ils ont fait paraître récemment, à 15% le nombre de jeunes Libanais(es) de 13 à 15 ans ayant sérieusement envisagé de se donner volontairement la mort au cours des douze derniers mois, ou ayant tenté de passer à l'acte. Ce passage fatal à l'acte interroge nos conceptions de la vie, notre environnement social, les relations entre générations. À l'heure actuelle, il est regrettable de constater que le taux de suicide demeure aussi élevé, notamment chez les jeunes. Quelles raisons peuvent pousser un être à avoir plus peur de la vie que de la mort? Cette situation alarmante n'est-elle pas la marque d'un profond malaise, d'une maladie qui remue notre société de fond en comble et détruit les plus faibles? Comment comprendre une tentative de suicide? Le point avec le Dr Sami Richa, chef du service de psychiatrie à l'Hôtel-Dieu de France.

«Chez les jeunes, la tentative de suicide est souvent impulsive. Elle intervient dans un contexte difficile: conflit avec les parents, conflit amoureux, difficultés scolaires. Ce geste est souvent considéré comme "un appel au secours" qu'il ne faut surtout pas banaliser. Il faut le prendre au sérieux, et apporter le secours demandé», explique le psychiatre. «Dans 90% des suicides, les adolescents ont tenté de parler de leur mal-être, de mettre en garde leur entourage, d'interpeller leurs proches. Mais le message n'est pas passé, par manque de communication ou de disponibilité», ajoute-t-il, avant de recommander: «Il convient donc d'être attentif à ces signaux éventuels et de les prendre au sérieux, savoir écouter un jeune qui exprime des signes de détresse, l'encourager à parler en confiance et l'orienter efficacement.»

Chez les personnes plus âgées, le geste est plus prémédité, selon le Dr Richa qui précise à ce sujet: «Ce geste est aussi lié à des difficultés personnelles: divorce, dépression sévère, difficultés professionnelles. C'est un acte préparé, planifié. La personne s'isole avec un moyen hautement létal, et fait en sorte de limiter l'arrivée des secours. L'intention de mourir est très forte. Toujours est-il que le geste suicidaire n'a pas pour objectif la recherche de la mort, mais plutôt celui d'échapper à une souffrance devenue intolérable. C'est un isolement progressif, où les idées de suicide deviennent de plus en plus fortes, et les solutions pour sortir des problèmes de moins en moins nombreuses, jusqu'au passage à l'acte.»

Difficultés ou maladies

À la question de savoir quels sont les facteurs de risque, le psychiatre indique qu'«il existe une vulnérabilité spécifique chez certaines personnes». «Bien sûr, on retrouve dans toutes les tentatives de suicide des difficultés interpersonnelles, des problèmes sociaux, financiers (crise économique...) ou encore judiciaires, précise-t-il. Mais le plus souvent, le risque est lié à une maladie psychiatrique: dépression, anxiété, mis à part le problème de dépendance à la drogue ou à l'alcool. Heureusement, toutes les personnes dépressives ne font pas des tentatives de suicide. C'est pour cette raison que nous pensons qu'il existe une vulnérabilité, une prédisposition spécifique due à des facteurs biologiques, génétiques et personnels», estime-t-il. Et le Dr Richa de souligner la nécessité de la vigilance, car près de la moitié des «suicidants» récidivent, selon lui, «d'où l'importance de s'assurer que la personne est bien prise en charge, et de la protéger du contexte qui l'avait amenée au passage à l'acte».

Prévenir un acte suicidaire ?

«Le suicide n'est pas une fatalité, alors que de nombreuses personnes pensent à tort qu'il n'y a rien à faire pour les personnes suicidaires», poursuit le psychiatre qui développe l'état d'âme d'une personne souffrant de dépression. «S'il y a une dépression, il faut la soigner, relève le Dr Richa. Il faut être vigilant face à quelqu'un qui en parle, l'aider, être à l'écoute et l'amener à consulter, à accepter un suivi. La dépression est une véritable maladie qui peut être combattue, à condition d'être diagnostiquée. Ce que vit le malade est extrêmement pénible : il a le plus souvent l'impression de stagner dans un univers glacial, insécurisant, sombre et presque irréel. Il garde le plus souvent une perception du monde extérieur, mais rien ne peut le détourner de sa souffrance. Il se sent paralysé, anesthésié psychiquement, affectivement et physiquement. Il se sent et se sait différent, s'en veut, en a honte, culpabilise et souffre.»

«Accepter sa dépression et consulter reste une démarche difficile», estime le Dr Richa, qui indique que «50 à 60% des dépressifs ne sont pas traités, ou sont mal traités». Des chiffres inquiétants, «surtout quand on sait que la dépression affecte aussi largement l'entourage proche du malade». «Mais les gens consultent toujours très tard, déplore le psychiatre. Le plus souvent parce qu'ils ont honte et n'osent pas rompre le silence, parce qu'ils ignorent que 20% de la population est sujette à des troubles psychiques, plus précisément à des dépressions, au moins une fois dans la vie.» «Il est très difficile de reconnaître que l'on peut craquer nerveusement, qu'on a les nerfs qui lâchent», ajoute-t-il.

«Mais ce que beaucoup prennent pour une faiblesse n'est autre qu'une maladie qui peut toucher tout le monde. Sauf qu'il s'agit d'une maladie psychique, "un tabou", et cela fait peur. Une maladie physique rassurerait presque, car bon nombre de gens pensent que l'on peut poser un diagnostic, identifier la bactérie, la tumeur, le microbe, définir le traitement et enrayer le mal. Une maladie physique, on peut parfois la voir, sur les radios ou au scanner. Pas la dépression, pas l'angoisse: elles sont impalpables et restent au niveau d'un concept que l'on subit. La dépression n'est pas objectivable. Aucun examen paramédical ne permet de prouver qu'il y a une dépression. Et pourtant, plus on la soigne tôt, plus rapide sera la guérison. Un état dépressif aigu peut guérir dans 80% des cas. De nos jours, un traitement bien adapté, un solide suivi psychothérapique, une "bonne dose d'amour" et d'écoute permettent d'atténuer les effets ravageurs de la dépression, notamment quand il y a des comportements à tendances suicidaires, puis de la guérir en quelques semaines», affirme le spécialiste.
Voir aussi Embrace, pour mieux comprendre les maladies mentales


***

Liban 
II - Embrace brise le silence et les tabous dans sa lutte contre le suicide
Selon le Dr Ziad Nahas, le suicide est évitable.
http://www.lorientlejour.com/article/897786/ii-embrace-brise-le-silence-et-les-tabous-dans-sa-lutte-contre-le-suicide.html
 
Société
Le suicide est un fléau, mais pas une fatalité. Une association a décidé de prendre le taureau par les cornesMarlène AOUN FAKHOURY | OLJ  25/11/2014

Agir ensemble contre l'isolement, la solitude, la dépression, le suicide, tel est le défi majeur de l'association Embrace qui, en étroite collaboration avec l'AUBMC (Centre médical de l'Université américaine de Beyrouth), a mené une enquête auprès de jeunes étudiants et lancé récemment une première et importante campagne de sensibilisation dans le but d'attirer l'attention de la population sur l'ampleur de la problématique du suicide des jeunes, tout en l'outillant pour faire face au risque suicidaire .
« Le suicide est un sérieux problème de santé publique qui touche toute la communauté », déclare le Dr Ziad Nahas, président du département de psychiatrie de l'AUBMC, également fondateur et président de l'association Embrace. « Le phénomène est présent partout dans le monde et touche des individus à n'importe quel âge. C'est aussi la deuxième cause de décès chez les jeunes entre 15 et 29 ans. Sur une vingtaine de personnes qui tentent de mettre fin à leur vie, une seule en meurt. Dans son dernier rapport sur la lutte contre le suicide, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a signalé 43 décès survenus au Liban en 2012 alors que 107 cas ont été officiellement recensés dans les registres libanais. Force est de constater dès lors que dans notre société, une personne se suicide tous les trois jours !

Toutefois, les experts pensent fermement que ce chiffre ne correspond pas au nombre exact de tentatives, soigneusement camouflées pour des considérations d'ordres social, religieux et juridique », explique le psychiatre. Par ailleurs, des études récentes menées par le département de psychiatrie à l'AUBMC mettent l'accent sur le taux élevé d'idées suicidaires chez les jeunes et soulignent l'urgence de lutter contre ce phénomène, de mieux le prévenir. « Le suicide est évitable, insiste le Dr Nahas. 90 % des cas sont le résultat d'une pathologie mentale. La majorité de ceux qui passent à l'acte sont atteints de troubles psychiques curables (dépression, usage de drogue, dépendance à l'alcool, schizophrénie...). Selon les données de terrain depuis le début de 2014, on estime que le taux de suicide augmentera de 25 % par rapport aux années précédentes. »
« Tous ceux qui se suicident ne veulent pas mourir effectivement, ils se donnent la mort car ils souffrent tellement que la vie leur devient insupportable », signale-t-il. Selon le Dr Nahas, au Liban, « une personne sur quatre souffre d'un trouble mental, mais seule une minorité accepte de le reconnaître et de suivre un traitement ».
Le psychiatre considère que « l'État devrait agir au niveau de la prévention ». « Le suicide n'est pas uniquement le problème du suicidé, mais aussi celui de toute la société, de l'État, de la structure politique, économique et sociale dans un pays, d'où la nécessité de l'adoption d'un programme adéquat pour la prévention contre le suicide. »

« Bien sûr que je me réveillerai »
« En parler, c'est recommencer à vivre ! » poursuit le Dr Nahas. « Embrace brise le silence, le tabou et s'engage à travers sa campagne nationale à informer, à sensibiliser le grand public afin de faire face à "ce fléau", de venir en aide aux personnes les plus vulnérables ainsi qu'à leurs proches, de solliciter des fonds pour couvrir les frais des traitements psychiatriques pour les maladies sévères et secondaires qui ne sont pas couvertes par les assurances au Liban », explique le Dr Nahas avant de souligner que « la campagne de prévention contre le suicide a été axée d'abord sur la conception et la diffusion d'un important matériel de sensibilisation et de communication : un spot télévisé avec le ministre de la Santé publique, Waël Bou Faour, des panneaux publicitaires, des affiches ».

Elle a ensuite tablé sur l'organisation d'événements publics pour « une prévention plus visible et pour rappeler qu'un Libanais tente de mettre fin à sa vie tous les trois jours. "Akid ra7 fee2" (Bien sûr que je me réveillerai) était le titre de la campagne menée pour encourager le public à participer à la marche qui a eu lieu il y a quelques mois, à 5 heures du matin, sur la corniche surplombant le rocher mythique de Raouché. Ce titre a été choisi non seulement parce que la marche était trop matinale, mais aussi parce que c'était l'aube d'une nouvelle vie. Les fonds recueillis seront destinés au financement d'une "hotline" pour venir en aide aux personnes qui songent au suicide et qui cherchent d'autres solutions que la mort pour surmonter leurs problèmes ».

 ***

Le suicide au Liban, un phénomène-fléau social réversible 24/11/2014 http://www.lorientlejour.com/article/897536/dans-leglise-catholique-les-suicides-des-personnes-dans-la-detresse.html

Dans l’Église catholique, les suicidés, des personnes dans la détresse
Père Richard Abi Saleh : Le suicide est aussi inacceptable que l’homicide. OLJ
«Le suicide est l'acte délibéré de mettre fin à sa vie. C'est un acte d'autodestruction. L'Église le condamne car la vie est un don gratuit de Dieu concédé à l'homme.» En quelques mots, le père Richard Abi Saleh, curé de la paroisse Saint-Maron, à Gemmayzé, résume la position de l'Église catholique par rapport au suicide.
«Dieu est le maître de la vie et de la mort. La vie humaine est sacrée et l'homme ne peut détruire ce qu'il n'est pas capable de créer. Elle est une valeur en soi, indépendante de toute contingence. Ainsi, le suicide, considéré comme péché par l'Église, est aussi inacceptable que l'homicide. Il constitue de la part de l'homme un refus de la souveraineté de Dieu et de son dessein d'amour. Mettre fin à ses jours, du point de vue objectif, est un acte gravement immoral, parce qu'il comporte le refus de l'amour envers soi-même, bien que certains conditionnements psychologiques, culturels et sociaux puissent pousser à ce geste qui contredit l'instinct inné de chacun à la vie », explique père Abi Saleh. « Pendant longtemps, l'Église catholique a refusé les obsèques religieuses aux personnes suicidées. Actuellement, les choses ont changé», signale-t-il.
«L'Église se considère interpellée par les suicides. Nous, les vivants, nous sommes alors mis ou remis devant le mystère, c'est-à-dire la réalité profonde de cette personne qui, à un certain moment, a accompli l'acte suicidaire pour des raisons qui nous dépassent et qui la dépassaient sans doute elle-même: incapacité de faire face à des difficultés insurmontables, un sentiment écrasant d'indignité ou de culpabilité, des brisures personnelles et familiales, et bien d'autres
situations dramatiques », poursuit le père. Les suicidés, dès lors, peuvent être admis aux funérailles religieuses. Ce qui ne signifie nullement, selon père Abi Saleh, une approbation du suicide, « mais plutôt l'expression d'une difficulté à discerner les motivations qui ont poussé à un tel acte ainsi qu'à en mesurer le degré de responsabilité, et le désir de confier celui qui l'a commis à la miséricorde de Dieu. Aujourd'hui, l'Église parle essentiellement des suicidés comme de personnes "dans un état de détresse".»
«Ce changement d'attitude montre bien que le développement de la psychiatrie a pu modifier le jugement qui était porté sur eux. C'est bien pourquoi l'entourage d'une personne suicidée ne cesse de s'interroger sur sa part de responsabilité par rapport à l'acte. La société se doit de se préserver de la mort, de lutter contre ce qui la cause. C'est son devoir, ainsi que celui de l'Église, plus précisément à une échelle pastorale, de fortifier dans l'individu le désir de vivre. De ce point de vue, le suicide est un échec de la société et de l'Église. D'où la nécessité de mobiliser toutes les énergies, toutes les institutions pour supprimer l'envie du suicide. La question qui demeure est de savoir ce qui peut donner l'envie de vivre, de s'accrocher; ce qui peut donner de la valeur et du sens à la vie, pour que l'élan vital l'emporte sur le pessimisme, la morosité et le désespoir», conclut le père Abi Saleh.

DANEMARK RECHERCHE sur les effets à courts et longs termes de la therapie axée sur la prévention du suicide

Le risque de suicide tombe considérablement après une thérapie par la parole
Date: 24 novembre 2014

d'après article Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health. "Suicide risk falls substantially after talk therapy." ScienceDaily. ScienceDaily, 24 November 2014. <www.sciencedaily.com/releases/2014/11/141124074741.htm>.

Une nouvelle étude suggère que Les tentatives de suicide
répétées et décès par suicide étaient à peu près 25 pour cent plus faibles chez un groupe de personnes volontaires danoises qui ont subi un soutien psychosocial à court terme après une tentative de suicide,

Les résultats sont soupçonnés d'être les premiers à montrer que la thérapie par la parole axée sur la prévention du suicide fonctionne réellement, pour éviter de futures tentatives de suicide dans cette population à très haut risque. Bien que
seulement six à dix séances de thérapie ont été fournis, les chercheurs ont trouvé des avantages à long terme: Cinq ans après que les consultations soient terminées, il y avait 26 pour cent moins de suicides dans le groupe ayant reçu un traitement par rapport à un groupe qui n'en a pas fait.
EVALU
Une étude sur les résultats a été publiée en ligne le 24 novembre dans la revue Lancet psychiatrie.

«Nous savons que les personnes qui ont tenté de se suicider sont une population à risque élevée et que nous devons les aider. Toutefois, nous ne savions pas ce qui allait être efficace en termes de traitement», dit le chef de l'étude, Annette Erlangsen, DPHprofesseur agrégé adjoint au département de la santé mentale à l'école Johns Hopkins Bloomberg de santé publique. "Maintenant, nous avons la preuve que le traitement psychosocial - qui fournit un soutien, pas de médicaments - est en mesure de prévenir le suicide dans un groupe à risque élevé de mourir par suicide."

Les chercheurs disent que leurs résultats suggèrent qu'il pourrait être utile de mettre en œuvre globalement des programmes de thérapie pour les personnes qui ont tenté de se suicider dans le passé.

Au Danemark, qui a des soins de santé gratuits pour les citoyens, les 
premières cliniques de prévention du suicide ont été ouverts en 1992 pour les personnes à risque de suicide,

mais ne nécessitant pas d'hospitalisation psychiatrique. Les cliniques ont été ouvertes à l'échelle nationale en 2007.

Pour l'étude multi-centre, les chercheurs ont analysé les données danoises de santé de plus de 65 000 personnes au Danemark qui ont tenté de se suicider entre le 1er janvier 1992 et le 31 décembre 2010. De ce groupe, ils ont regardé 5678 personnes qui ont reçu une thérapie psychosociale dans l'un des huit centres de prévention du suicide. Les chercheurs ont ensuite comparé leurs résultats dans le temps avec 17,304 personnes qui avaient tenté de se suicider et se ressemblaient sur 31 facteurs, mais n'avaient pas suivi de traitement par la suite. Les participants ont été suivis pendant 20 ans.

Les chercheurs ont constaté que pendant la première année, ceux qui ont reçu la thérapie étaient 27 pour cent moins susceptibles de tenter de se suicider à nouveau et 38 pour cent moins susceptibles de mourir de toute cause. Après cinq ans, il y avait 26 pour cent moins de suicides dans le groupe qui avait été traité après leur tentative. Après 10 ans, le taux de suicide pour ceux qui avaient eu la thérapie était de 229 pour 100 000, comparativement à 314 par 100 000 dans le groupe qui n'a pas eu le traitement.

La thérapie elle-même modifiée en fonction des besoins individuels du patient de sorte que les chercheurs ne peuvent pas dire exactement  quel a été le «principe actif»
. Bien qu'il soit possible que ce soit simplement la fourniture d'un endroit sûr, et confidentiel pour parler, les chercheurs disent qu'ils envisagent de recueillir plus de données sur les types spécifiques de traitement qui ont pu avoir travaillé mieux que d'autres.

Elizabeth A. Stuart, Ph.D.,  co-auteur de l’étude, professeur agrégé au Département de la santé mentale de l'École Bloomberg, dit que, avant cela, il n'était pas possible de déterminer si un traitement spécifique de prévention du suicide fonctionnait. Il n'est pas éthique de faire une étude randomisée certains reçoivent la thérapie de prévention du suicide tandis que d'autres ne le font pas, dit Stuart. Le fait que les cliniques danoises ont pu être déployées lentement, que la participation soit volontaire, et que la vaste base et  données de suivis à long terme étaient disponibles sur un grand groupe de personnes, ont pu permettre aux chercheurs de recueillir ce genre d'information.

"Nos résultats fournissent une base solide pour recommander que ce type de thérapie être considéré pour les populations à risque de suicide," dit-elle.

Références article cité :
Annette Erlangsen PhD a b , Bertel Dam Lind MSc d, Elizabeth A Stuart PhD b c, Prof Ping Qin PhD e, Elsebeth Stenager PhD f, Kim Juul Larsen MSc g, August G Wang DMSc h, Marianne Hvid h, Ann Colleen Nielsen Cand Psych i, Christian Møller Pedersen Cand Psych j, Jan-Henrik Winsløv MSc k, Charlotte Langhoff Cand Psych l, Charlotte Mühlmann Cand Psych j, Prof Merete Nordentoft DMSc a Short and long term effects of psychosocial therapy provided to persons after deliberate self-harm: a register-based, nationwide multicentre study using propensity score matching. The Lancet Psychiatry, November 2014 DOI: http://www.thelancet.com/journals/lanpsy/article/PIIS2215-0366%2814%2900083-2/abstract

a Research Unit, Mental Health Centre Copenhagen, University of Copenhagen, Copenhagen, Capital Region of Denmark, Denmark
b Department of Mental Health, Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health, Baltimore, MD, USA
c Department of Biostatistics, Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health, Baltimore, MD, USA
d Clinic of Suicide Prevention and Treatment for Adults, Department of Psychiatry, Region of Southern Denmark, Denmark
e National Centre for Suicide Research and Prevention, University of Oslo, Oslo, Norway
f Department of Psychiatry, University of Southern Denmark, Odense, Region of Southern Denmark, Denmark
g Department of Child and Adolescent Psychiatry, Clinic of Suicide Prevention and Treatment for Children and Adolescents, Region of Southern Denmark, Denmark
h Competence Centre for Suicide Prevention, Amager, Capital Region of Denmark, Denmark
i Competence Centre for Suicide Prevention, Copenhagen, Capital Region of Denmark, Denmark
j Clinic for Suicide Prevention, Aarhus University Hospital Risskov, Aarhus, Central Denmark Region, Denmark
k Unit for Suicide Prevention, Aalborg University Hospital, North Denmark Region, Denmark
l Clinic for Suicide Prevention, Herning, Central Denmark Region, Denmark
Corresponding Author Information Correspondence to: Annette Erlangsen, Research Unit, Mental Health Centre Copenhagen, DK-2400 Copenhagen, Denmark

REACTIONS ACTU Fin de vie / euthanasie / mourir dans la dignité / homicides- suicide/ suicide des personnes âgées

REVUE DE PRESSE DES RÉACTIONS : 
Fin de vie : mourir vraiment dans la dignité
Par Eugénie Bastié
Mis à jour le 24/11/2014 http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2014/11/24/31003-20141124ARTFIG00081-fin-de-vie-mourir-vraiment-dans-la-dignite.php

FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Le suicide d'un octogénaire qui a tué son épouse atteinte d'un cancer incurable relance le débat sur l'euthanasie. Pour Damien Le Guay, auteur du Fin mot de la vie, contre le mal mourir en France, l'urgence n'est pas de légiférer sur la mort mais de remettre le malade au cœur de l'hôpital.




Damien Le Guay, philosophe, président du comité national d'éthique du funéraire, membre du comité scientifique de la SFAP, enseignant à l'espace éthique de l'AP-HP, vient de faire paraitre un livre sur ces questions: Le fin mot de la vie - contre le mal mourir en France, aux éditions du CERF.

FIGAROVOX: Un homme de 84 ans s'est donné la mort ce dimanche à l'hôpital Ambroise Paré de Boulogne-Billancourt. Juste avant, il a tué d'une balle son épouse hospitalisée pour un cancer incurable. Les partisans de l'euthanasie demandent une loi pour «éviter ce genre de drames». Que pensez-vous de ce «droit à mourir dans la dignité» qu'ils invoquent?
Damien LE GUAY: Il faut toujours remettre en cause l'idée selon laquelle il y aurait d'un côté une mort «digne», celle, choisie, de l'euthanasie, et, de l'autre une mort indigne, car «subie». Il faut contester à l'ADMD (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité) la «dignité» qu'ils revendiquent et qu'ils confisquent au détriment des autres. Il y a des dignités différentes, voilà tout. Le droit à mourir dans la dignité est mis en œuvre jour après jour par les innombrables bénévoles en soins palliatifs bien plus que par l'ADMD.
Un constat s'impose: aujourd'hui, on meurt mal en France. Certains avancent une solution: ne pas appliquer la loi Léonetti, ne pas améliorer les soins palliatifs et légaliser l'euthanasie. Or, la légalisation de l'euthanasie serait un mal pire que les maux qu'elle prétend résoudre.

Pourquoi? N'est-elle pas simplement l'expression d'une «ultime liberté»?
Il y a deux euthanasies. D'une part l'euthanasie-liberté qui est celle, par exemple, d'André Comte-Sponville. Il pense l'euthanasie dans le prolongement du suicide avec la noblesse d'une «ultime liberté» face à toutes les contraintes, les lassitudes. Il est possible de discuter de ces motivations - acceptables jusqu'à un certain point. D'autre part: l'euthanasie économique. Plus sordide, moins avouable. Il y a un an un vice-premier ministre japonais (avant de faire machine arrière) avait fait le constat que 50% des dépenses de santé de son pays intervenaient dans les dernières semaines de la vie. Ce qui est vrai au Japon l'est aussi en France. Il avait suggéré que, par devoir civique, les japonais «devraient» avancer de quelques semaines leur mort. Ainsi l'Etat ferait de considérables économies. Les deux euthanasies sont distinctes et en même temps, la seconde n'est pas loin de la première. Les coûts de la santé sont collectifs. Une pression sociale existe, implicitement. La dérive est possible. Et ceux qui, sans le dire, veulent diminuer les dépenses de santé par une «économie» de quelques semaines sur la durée de vie, font des partisans de l'euthanasie-liberté des «idiots utiles» de ce débat.
96% des Français se disent favorables à l'euthanasie. Peut-il y avoir encore débat avec de tels sondages ?
Oui. Encore faut-il savoir pourquoi les Français veulent l'euthanasie? Avant tout, ils craignent l'hôpital! Ils n'ont pas envie de mourir seuls, abandonnés, face à des machines, réduits à leurs maladies et incapables de comprendre la logique toute puissante des médecins. Ils savent qu'ils vont perdre leur autonomie physique mais surtout leur autonomie de décision. Ils ne seront plus maîtres du jeu. N'auront plus leur mot à dire. De guerre lasse, ils préfèrent «l'euthanasie» sans savoir qu'ils réclament bien des droits qui sont déjà acquis. Quand on demande aux Français s'ils ont le droit de demander l'interruption des soins, ils répondent non! Alors que c'est le cas depuis la loi de 2002! Toute cette ignorance et cette peur se convertissent en une revendication indistincte et incertaine de rejet de l'hôpital plus que d'adhésion à l'euthanasie. Ne faudrait-il pas améliorer «l'offre palliative», la place centrale de l'humain, l'écoute, l'humanité des relations, la modestie du curatif! C'est une question de volonté politique. Avant de se poser la question de l'euthanasie, posons-nous d'abord la question du confort, de l'accompagnement, des conditions de la mort en France. Il y a tant et tant à faire!

L'euthanasie, serait une solution de facilité, c'est ça?
Oui. On nous fait croire que le progrès est ce côté-ci, que la liberté «moderne» est de ce coté-ci, que l'euthanasie va régler tous les problèmes. Et inversement on nous dit qu'une mort bavarde, la moins inconfortable possible, la plus accompagnée, serait «archaïque», trop «chrétienne» - comme si le travail de l'ultime parole, des derniers gestes, de la conscience seraient religieux avant que d'être humains. Le rapport Sicard, demandé par le gouvernement socialiste pour, en principe, mettre en œuvre l'engagement 21 de François Hollande nous le dit bien: l'euthanasie n'est pas la solution. De nombreux aménagements sont nécessaires pour améliorer la fin de vie de 150 000 personnes qui meurent mal en France - sur un total de 550 000 décès. Alors que l'euthanasie, si elle était légalisée, concernerait 6 à 7 000 cas par an. Ne faut-il pas penser au plus grand nombre, plutôt que répondre à des cas particuliers, de situations souvent très spécifiques - montées en épingles par les médias dans des «affaires» -? Là est le sens de la justice. Là est la responsabilité des politiques.
Que signifie l'expression «mourir mal»? La mort n'est-elle pas de toute façon une tragédie?
Il n'y a pas de «bonne mort», de mort pacifiée, facile. Que feront-nous une fois confronté à cette échéance ultime? Mystère. Chacun doit y faire face, l'envisager dans la solitude, une solitude fondamentale. La question n'est donc pas celle de résoudre l'angoisse de la mort individuelle mais celle d'améliorer l'accompagnement, d'entourer les personnes, de les considérer comme des personnes, de faciliter les ultimes aménagements familiaux, les ultima verba qui peuvent permettre à la famille de mieux vivre après.
Comment faire pour que les gens «meurent mieux» en France?
Première question: faut-il mourir à l'hôpital? Aujourd'hui 70% des Français meurent dans une structure hospitalière, parfois dans des conditions indignes et de temps à autre, dans des circonstances sordides. Pensons à ces personnes âgées «envoyées» à l'hôpital parce que la maison de retraite ne veut pas payer les coûts du transport funéraire. Or, n'est-il pas plus «confortable» de mourir chez soi? Oui. Au début des années 1960, 70 % des français mourraient chez eux. Dans d'autres pays européens, 70 % des gens meurent chez eux. Alors, pourquoi pas chez nous? C'est une question politique, une ambition de santé publique. Un objectif concret. Cela conduit à développer les équipes de soins palliatifs, les soins à domicile, les équipes mobiles de soins, et plus largement de refonder la manière dont nous envisageons la médecine des dernières semaines.
D'autres questions peuvent aussi être abordées: la formation des médecins en éthique - qui est nulle. D'autre part, le rapport Sicard dit que 80% des médecins ne sont pas formés aux techniques actuelles de soulagement de la souffrance. Là aussi, il est urgent d'agir. En ce qui concerne les soins palliatifs, seuls 20% des personnes susceptibles d'y accéder passent par eux. Les séjours en unité de soins palliatifs sont court. La diffusion de la «culture palliative» est faible….
Tout cela coûte cher, et en des temps de disette publique…
Ce n'est pas une question de moyens financiers mais de volonté des pouvoirs publics. Le rapport Sicard précise que les énormes économies budgétaire qui pourraient être faites en limitant l'acharnement thérapeutique devraient servir pour l'accompagnement, la qualité du mourir et les soins palliatifs. Les constats sont faits. Les solutions sont là. C'est maintenant une question de choix, de décisions politiques, d'orientations de la politique de santé. Tout devrait être fait sans tenir compte des revendications survalorisées de lobbies minoritaires.

Au delà de ces améliorations bien réelles, n'est-ce pas toute une refondation de la médecine techno-scientifique qu'il faut ambitionner?
Refonder. Réorienter. L'ambition est claire: remettre le malade au cœur de l'hôpital. Le rapport Sicard a très bien montré ce glissement de la médecine d'une culture palliative à une culture curative. Le glissement est dégradant: les personnes deviennent des patients, les patients des malades, les malades des maladies, des maladies des organes malades. Les médecins (depuis la «tarification à l'acte») sont incités à poursuivre des «actes», des prescriptions, des traitements quand bien même ils savent, in petto, que tout cela ne sert plus à rien.
Et puis, le discours médical a envahi les derniers moments. Il est omniprésent au point de ne pas trop laisser de place aux espaces de paroles personnelles. Espaces où naissent les derniers mots, les dernières paroles, les regards au bord de l'abime, les gestes d'adieu. Refonder. Réorienter. Disions-nous. Il s'agit-il d'une révolution multiculturelle qui permettrait d'ajuster la culture palliative (qui protège et réconforte la personne humaine) avec les exigences de la culture curative - qui guérit le corps, soulage la douleur, donne le confort biologique. Cette mixité des approches passe aussi par une humilité des mots, expressions et discours curatifs. Les malades ne sont pas des maladies dans un corps, mais le corps souffrant d'une personne humaine. Ne faudrait-il pas retrouver le sens d'un mot oublié, désuet, «ringard» et pourtant essentiel: le «mourant»? Il est obligé de prendre patience, Il doit désormais cohabiter avec sa mort imminente, il se dit et est reconnu à l'article de la mort, à l'articulation de la vie et de la mort.
Il semble que la médecine, enivrée par son propre progrès, crée elle-même des situations inextricables où l'euthanasie puisse devenir la seule issue…
La médecine souffre d'une démesure (hubris) technicienne. Emportée par ses moyens, ses outils, ses médicaments, elle n'arrive pas à poser ses propres limites. Non pas ses limites de soins (ils sont infinies et c'est tant mieux) mais, au contraire, ses limites d'arrêt de soins, quand il n'y a plus rien à faire et qu'il faut l'accepter. Sachez que dans les hôpitaux 50% des décès sont liés à une décision. Désormais la mort «naturelle» n'existe plus. Personne n'irait blâmer les avancées de la médecine. Ses progrès sont formidables. Mais à un certain moment, dans certaines circonstances, «l'acharnement thérapeutique» est inhumain, la poursuite des traitements vaine pour ne pas dire «barbare» - barbare au sens de ce qui empêche la parole humaine de naitre, de s'échanger. Si la médecine ne doit jamais s'arrêter ; les médecins eux, doivent mieux appréhender, cette limite entre l'efficacité et «l'obstination déraisonnable». Il faut alors laisser toute la place aux soins spirituels, psychologiques, familiaux, affectifs, religieux. Cette limite est mal appréhendée. Bien des médecins semblent incapables de mettre un frein au «tout médical» au profit d'une impuissance assumée. Quand la mort est toute proche, laissons le corps en roue libre. Alors seul compte l'invisible des mémoires familiales, des âmes en ouverture, des transmissions à faciliter.
S'ils comptaient moins sur leurs habitudes techniques et jugeaient plus «en âme et conscience», ils trouveraient le courage (qui est difficile) de convoquer le malade pour lui expliquer qu'il n'est plus malade mais mourant. Mais les médecins ne sont pas formés à cela. Les cours d'éthique n'existent pas (ou si peu) dans le cursus de médecine. Comment doivent-ils accepter ce surcroit d'humanité, cette impuissance de la médecine, ce face-à-face avec une personne livrée à la mort? Comment changer leur regard? Cela suppose une injection éthique dans leurs manières d'envisager un malade. En soi, cela n'est pas compliqué mais changerait tout.

Vous mettez en avant dans votre livre le «rôle salutaire de la parole échangée» au moment de la mort. Pourquoi la parole est-elle si importante?
Sommes-nous avant tout notre corps ou surtout un certain «poids d'amour» dont parle St Augustin? Ce «poids» est soupesé par chacun aux derniers jours. En avons-nous fait assez vis-à-vis de ceux que nous aimons? Qu'allons-nous laisser d'amour à nos enfants? Tout est là. Et dans ce grand maelstrom des derniers instants, la séparation d'avec ceux que nous aimons est essentielle. C'est pourquoi, nous disent les statistiques, la moitié des dépressions sont liés à des deuils mal faits. Quelque chose se passe ou ne se passe pas à ce moment là, qui non seulement engage la paix de celui qui meurt, mais de ceux qui restent et vont demeurer, les survivants. Dans les derniers moments, la parole sauve ou détruit. Elle libère ou emprisonne. Elle allège ou condamne. Tout intervient dans ce travail de la conscience sur elle-même en lien avec les personnes aimées. Les modernes ont tendance à considérer que la conscience individuelle pilote le corps, contrôle les mouvements, nous informe et nous guide dans notre solitude nécessaire. Là est la logique de l'autonomie moderne. Dès lors, en fin de vie, il faudrait quitter cette vie comme on coupe la lumière avant de quitter la pièce et refermer la porte à tout jamais. Or, me semble-t-il, la conscience est d'une autre nature, plus archaïque, plus spirituelle, pleine de ressources insoupçonnées, traversées de culpabilités croisées et de dettes humaines. Elle nous tient plutôt que nous ne la contrôlons.
Vous faites dans votre livre la distinction entre le «deuil» moderne et le «chagrin» archaïque. Quelle est la différence?
Le deuil est «moderne» ; le chagrin archaïque. Je tiens mon deuil ; le chagrin me tient. Car, dans l'idée moderne du «deuil» je l'organise, le contrôle. Dans le manuel de psychologie américain qui fait référence (le DSM IV) il est dit que le deuil devient «pathologique» à partir de trois mois. Lors de la mort de son père, on n'a pas le droit d'être triste plus de trois mois. Sinon, ça devient de la «dépression». Le «chagrin» lui est d'une autre nature, plus profond, plus abyssal - aussi profond et abyssal que ma mémoire affective et spirituelle. Proust nous le dit bien lors de la mort de sa grand-mère. N'en déplaisent aux «modernes», les sentiments de culpabilité, de dépendance, les blessures affectives, les fantômes mémoriels existent. Il nous faut «faire avec», vivre avec. Nous sommes dépendants de ceux qui nous ont aimés comme de ceux que nous aimons.
Deux conceptions de l'humanité s'opposent. L'une individualiste, moderne. L'autre qui laisse à supposer que nous sommes travaillés par un immense souci de responsabilité - comme nous le dit E. Lévinas. Nous ne sommes pas auto-constitués, plein de nous seuls, mais, tout au contraire, saturés d'altérités successives, éducatives, affectives, familiales. Flottons-nous à la surface de nous-même ou, au contraire, sommes-nous dans l'océan de nos engagements, de nos vies partagées, de nos envies d'aller plus loin pour les autres? Bien entendu, notre souci de transmission domine. Il nous faut l'aménager dans les derniers moments. Et cela est rendu difficile, parfois même impossible, dans notre société qui a perdu le sens de la parole.

 ***

Un octogénaire tue sa femme et se suicide : un geste de désespoir plus que d'amour

LE PLUS. Dimanche 23 novembre, un homme âgé de 84 ans a tué sa femme hospitalisée pour un cancer incurable à Amboise-Paré, avant de retourner l’arme contre lui. Pourquoi les homicides- suicides touchent-ils surtout les personnes âgées ? Explications de Margueritte Charazac-Brunel, psychanalyste et auteur de "Suicide des personnes âgées" (Édition Eres, 2014).
Édité et parrainé par Louise Auvitu
Projection de l'œuvre de Vincent Van Gogh, "Au seuil de l'éternité" (1890), lors d'une exposition à Tel Aviv. (J. GUEZ/AFP)

Ce qui est survenu à l‘hôpital Ambroise-Paré de Boulogne Billancourt est ce qu’on appelle un "homicide-suicide".

À ma connaissance, il n’existe aucune étude statistique en France sur les homicides-suicides de personnes âgées. Pourtant elles constituent une population à haut risques de suicides létaux, et les homicides-suicides ne sont pas rares.

L’homicide-suicide n’est pas un geste d’amour

Auprès des plus de 60 ans, il n’existe pas de réelle prévention pour éviter ce drame. La prévention du suicide de l’adolescent est désormais assez bien structurée et implantée dans les institutions. Ainsi une tentative de suicide d’un jeune est heureusement rarement létale, le passage à l’acte d’une personne âgée, lui, est le plus souvent fatal.

Pourtant, il a des répercussions importantes : les adolescents qui ont un grand-parent décédé par suicide passent plus facilement au passage à l’acte que les autres. Le suicide des grands-parents représentent donc un facteur incitatif.

L’homicide-suicide a été très bien décrit par le film "Amour". Bien que ce long métrage soit très intéressant d’un point de vue clinique, il ne faut pas oublier qu’il ne s’agit pas là d’un acte d’amour mais d’un geste de désespoir.


Le terme "amour" valorise et banalise ce geste. Pour l’expliquer, il existe plusieurs facteurs suicidogènes :

1. L’annonce d’une maladie incurable

Le diagnostic d’une maladie incurable chez l’un des deux époux – comme c’est le cas chez ce couple d’octogénaires – peut être un élément déclencheur. Une annonce sans trop de précaution provoque un vécu violent chez le conjoint. Ce vécu de sidération ou d’effondrement, parfois les deux, nécessite un accompagnement et une prise en charge du couple âgé.

Car le conjoint peut avoir des réactions de désinvestissements massifs, une somatisation grave mais aussi passer à l’acte dans un homicide-suicide ou euthanasier dans la clandestinité, de façon active et parfois douloureuse son conjoint.

Il se dit qu’il ne sera peut-être pas capable d’accompagner son épouse jusqu’au bout, qu’il va falloir lui trouver des structures pour l’accompagner, et se demande souvent si ses possibilités financières vont lui permettre d’assurer des conditions de fin de vie dignes. Ces angoisses sont très fréquentes.

Avant de se préoccuper de vouloir aider les personnes âgées à mourir dignement, il serait plus souhaitable de les aider à vieillir dans la dignité et la tendresse.

Aujourd’hui, les politiques sont davantage préoccupés par l’euthanasie active que par la reconnaissance de la souffrance et le désespoir qui mène au suicide des personnes âgées.

2. La dépression, un mal fréquent

Une accumulation de traumatismes, ou un seul important, sont des éléments qui engendrent un état dépressif grave, mal qui touche un grand nombre de personnes âgées. Malheureusement, la dépression est souvent négligée ou mal repérée.

Quand un patient apprend qu’il a une maladie incurable il s'effondre, tant sur le plan physique que psychique. Ce phénomène est aussi bien vécu par le malade que par son compagnon-aidant.

En France, la douleur physique fait l’objet d’une évaluation : les soignants la numérotent sur une échelle de 0 à 10. Mais la souffrance psychique n’est guère considérée et la prise en charge psychologique auprès des personnes âgées en grande souffrance reste rare.

3. Le phénomène de "clivage"

En psychologie, il existe ce qu’on appelle le "clivage", c’est cette capacité à vouloir oublier et effacer tout au long de sa vie des traumatismes.

Confrontées à des malheurs ou à des difficultés, des personnes peuvent penser qu’il est préférable d’oublier, de ne pas y penser, ou même de les dénier. Mais avec l’âge, l’accumulation des traumatismes clivés forme un noyau de condensation traumatique qui, au cours du vieillissement, devient une véritable bombe à retardement.

Une fois entré dans le troisième âge, il arrive que la désagrégation progressive du tissu social et l’angoisse de l’approche de la mort mettent  brusquement en échec ce clivage ; ceci provoque un passage à l’acte destructeur très violent.

Ce genre de phénomène peut pousser à un suicide imprévisible. Aucun proche ne s’imagine que la personne puisse passer à l’acte et pourtant, c’est ce qui arrive dans un trop nombre de cas.

4. Une soudaine proximité avec la mort

À partir d’un certain âge, la proximité avec la mort et l’absence de projet peut susciter de très nombreuses remises en question :

"À quoi bon se battre puisque la fin est proche ?"

Il n’y a plus de projet, le sentiment d’être "utile" se restreint à l’aide du conjoint. Si on lui enlève cette possibilité, l'éprouvé se soude à l’angoisse d’un sentiment d’impuissance. Cette collusion risque d’entraîner la mort des deux membres du couple par l’homicide-suicide.

Il est intéressant de constater que les jeunes enfants n’ont pas peur de parler de la mort – dans la mesure où leurs propres parents n’ont pas de réticences à échanger avec eux sur ce sujet. Dès l’âge de cinq ans, ils peuvent questionner leurs proches pour comprendre pourquoi une personne est décédée.

Nous avons tendance à vouloir occulter cette fin. Ne pas oser parler de la mort et des craintes qu’elle suscite accroît le niveau d’angoisse et ferme dans un mutisme ; la mort ne peut plus être représentée, et comme tout ce qui ne peut pas être représenté, elle provoque des passages à l’acte impulsifs et violents.

C’est pourquoi, pour des personnes âgées qui vivent une confrontation directe avec la mort (un ami, un proche), cela peut s’avérer un facteur déclencheur pour un passage à l’acte.

5. L’isolement social

Des études montrent que les hommes ont souvent plus de difficultés à supporter les changements et la maladie de leur compagne. Les difficultés et souffrances provoquées par le vieillissement renforcent ce que j’appelle dans mon livre : l’"encordage affectif".

C’est comme si en faisant de l’escalade, tout d’un coup votre proche, celui avec qui vous êtes "encordés" depuis des années, tombait soudainement. Une telle chute peut aussi vous faire basculer dans le précipice.

Quand un conjoint décède, il n’est pas rare de constater la mort de l’autre dans l’année qui suit.

6. La peur de devenir un poids pour ses proches

Aujourd’hui, l’autonomie financière a pris une importance considérable au sein de notre société. Les personnes âgées n’ont pas envie d’être un poids financier ni pour leurs enfants ni pour leurs petits-enfants.

Elles se sentent parfois inutiles. Cette crainte devient encore plus forte quand elles appréhendent que leur maladie pèse sur les générations suivantes.

7. Des facteurs facilitateurs

Il existe des d’éléments qui peuvent pousser en suicide : la présence d’armes à feu et l’alcool figurent en haut de cette liste. Ici, l’octogénaire a choisi de tuer sa femme et de retourner son arme contre lui.

Parmi les facteurs facilitateurs, une idéologie de la banalisation du suicide peut s’associer à la destruction de la vie. Cela se retrouve dans des médias, des jeux, des écrits ("La dernière leçon" de Noëlle Châtelet) qui tendent à valoriser le suicide des personnes vieillissantes.

Comment repérer les signes suicidaires ?

- Au moindre doute, il est important de poser la question : "est-ce que vous avez envie de mourir ?" Bien que simples, ces interrogations permettront d’établir un dialogue sur un sujet tabou. Les personnes âgées en seront soulagées.

- Dans mes travaux, je me suis intéressée à l’analyse graphologique des lettres de suicidants. Une signature peut très facilement révéler des tendances suicidaires.

- Il faut savoir que la plupart des personnes âgées qui pensent au suicide préparent leur mort et en parlent avec leur entourage, un médecin, un soignant dans les trois mois avant de passer à l’acte.  

- Des personnes âgées peuvent se renseigner sur les concessions de cimetière, commencer à distribuer leurs biens et argent, s’inquiéter de savoir qui s’occupera de leur animal familier, etc. Ces démarches normales peuvent être préoccupantes si elles prennent place sur une période relativement courte et surtout si elles sont accompagnées de propos tels que : "Vous serez bientôt soulagés de ma présence".

- Des conduites de désinvestissements peuvent aussi être des indices : négligence dans la toilette et la présentation, dans la prise de médicaments, l’alimentation, l’isolement de la famille, l’abandon d’activités ou de loisirs habituellement appréciés. Une prise en charge médicale et psychothérapique par un tiers extérieur à la  famille devient indispensable.

Se faire aider pour être soigné

Si des signes suicidaires sont observés, il est indispensable d’accompagner la personne chez un psychothérapeute pour que la dépression soit prise en charge par un professionnel. Mais ce suivi sera d’autant plus efficace s’il concerne les deux membres du couple.

Il faudra également permettre une prise en charge à domicile, sur le plan psychologique ainsi que des aides à domicile extérieures à la famille pour assister le couple dans les tâches ménagères et surtout dans les soins. Cette aide est souvent refusée par le conjoint-aidant âgé car l’époux non malade s'y sent obligé.

Le conjoint malade devient son "objet" que personne ne doit lui retirer, ni s’approcher dans un mouvement affectif où l’encordage est ressenti comme étant vital pour le conjoint-aidant. Il est difficile pour l’aidant de renoncer à son rôle qui devient pour lui sa raison de vivre et d’assurer son dernier lien.

Propos recueillis par Louise Auvitu


***

REACTION A L'ACTU : INTERVENTION DE VINCENT LAPIERRE

Du 24/11/2014 13:40 sur Le magazine de la santé

LES INVITES 
Invité du journal Vincent Lapierre, psychologue au centre de prévention suicide Popincourt à Paris 
A visionner http://www.allodocteurs.fr/le-magazine-de-la-sante.asp

A partir de 5 minute 30