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mardi 13 mai 2014

VIENNE : LUTTE CONTRE l'HOMOPHOBIE ET PREVENTION DU SUICIDIE

Vienne - Société Au collège, les jeunes sont plus agressifs
12/05/2014 http://www.lanouvellerepublique.fr/Vienne/Actualite/Economie-social/n/Contenus/Articles/2014/05/12/Au-college-les-jeunes-sont-plus-agressifs-1904486



Lisa Moulinat, chargée de mission académique contre l'homophobie.

Depuis octobre 2013, Lisa Moulinat est chargée de mission académique pour la lutte contre l'homophobie au sein du rectorat de Poitiers.

Pourquoi l'académie a-t-elle créé ce poste ?

« Le recteur, Jacques Moret, est très sensible à la lutte contre l'homophobie. Quand il est arrivé, trois suicides avaient eu lieu. Il fallait agir. »

Quels sont les dispositifs mis en place dans les établissements ?

« Nos missions se divisent en plusieurs axes : la prévention, la sensibilisation et le soutien au personnel des établissements scolaires. Nous avons établi des partenariats avec différentes associations du réseau LGBTI (NDLR : Lesbien, gay, bisexuel, transgenre ou intersexe), comme Adheos, Cids, Out'rageantes, En tous genres et Contact.
Nous allons nous rapprocher les services hospitaliers de prévention des risques suicidaires. Il est nécessaire de faire de la prévention, notamment auprès des parents pour déterminer des comportements à risques. »

Comment se traduit l'homophobie chez les adolescents ?

« C'est un phénomène qui se révèle dans les cours d'établissement, en particulier dans les collèges. Au lycée, la différence est perçue comme une force et les jeunes ont plus de maturité.
Au collège, les élèves sont en recherche d'un bouc émissaire, mais ils n'ont pas conscience de la portée de leurs actes. C'est pour cela que l'on doit intervenir en classe, sans pour autant stigmatiser les homosexuels. »

Pourquoi est-ce plus difficile dans les établissements ruraux ?

« Les adolescents sont plus facilement isolés. Ils n'ont pas accès aux permanences des associations et ne peuvent pas se confier. Nous allons former le personnel pour justement permettre une écoute plus facile dans les zones rurales. »

Que conseillez-vous à un jeune victime d'homophobie ?

« Ils doivent trouver une personne de confiance, pas forcément la famille. Cela peut être un ami ou un psychologue scolaire.
Par exemple, il n'est pas conseillé de faire son coming out si les parents ne sont pas réceptifs à l'homosexualité. Cela peut les fragiliser. »

www.ac-poitiers.fr


Vienne : " Être jeune et homosexuel reste un combat difficile "
12/05/2014 05:38 http://www.lanouvellerepublique.fr/Vienne/Actualite/Economie-social/n/Contenus/Articles/2014/05/12/Etre-jeune-et-homosexuel-reste-un-combat-difficile-1904515



Christophe Malvault, vice-président de « En tous genres », constate une recrudescence d'agressions homophobes à Poitiers depuis le mariage pour tous.

Alors que débute “ La semaine des visibilités ”, les agressions homophobes persistent. Notamment chez les adolescents où les séquelles sont graves.

La lutte contre l'homophobie n'est pas encore gagnée. Les mots de Christophe Malvault, vice-président de l'association poitevine « En tous genres », sont durs mais réalistes. « Certaines personnes pensent malheureusement que les homosexuels sont faits pour êtres des victimes », ajoute-t-il.

Un jeune gay a sept fois plus de risques de se suicider

Dans la Vienne, un département rural, il n'est pas évident pour un jeune de vivre son homosexualité, notamment quand la puberté débute. Une étude récente démontre qu'un adolescent homosexuel a sept fois plus de risques de se suicider qu'un hétérosexuel.
« Depuis les événements du mariage pour tous, nous avons remarqué plus d'agressions verbales et physiques envers les jeunes homosexuels », explique Jocelyne Tranchant, présidente de Contact à Poitiers.

Au collège, les discriminations sont plus nombreuses

Et paradoxalement, les dénonciations de ce type d'agressions sont plus nombreuses. « Ce n'est plus tabou, notamment dans les lycées où les jeunes sont plus enclins à défendre leurs camarades », raconte Christophe Malvault.
Là où les associations rencontrent le plus de difficultés, ce sont dans les collèges. Plus les victimes sont jeunes et plus elles sont fragiles. « Les enseignants n'en parlent pas car ils ont peur que les parents leur tombent dessus », souligne le vice-président de « En tous genres ».
A l'âge de 12-13 ans, l'identité se forge et le plus dur des rejets reste celui des parents. Des psychologues sont pourtant présents dans les établissements scolaires mais les jeunes poussent rarement la porte de leur bureau. « Au collège, les élèves sont beaucoup plus sévères face à un comportement différent. Ils vont s'attaquer à un garçon qui s'habille de manière plus efféminée sans qu'il soit gay pour autant », précise Christophe Malvault.

Les filles harcelées les garçons agressés

Un autre phénomène est la différence des agressions selon s'il s'agit d'une fille ou d'un garçon : « Quand c'est un garçon, les agresseurs vont en venir aux mains peut-être plus facilement. Les filles, quant à elles, sont harcelées en permanence. »
Malheureusement, dans la plupart des cas, les jeunes victimes changent d'établissement pour retomber dans l'anonymat et restent marquées à vie.

www.entousgenres.org www.assocontact.org

à savoir

La législation

L'homophobie est une circonstance aggravante de certaines infractions et alourdit la peine encourue, selon l'article 132-77 du code pénal.
De plus, l'homophobie peut être réprimée en tant qu'infraction spécifique. La provocation à la haine ou à la violence ou aux discriminations fondées sur l'orientation sexuelle est passible d'un an d'emprisonnement et de 45.000 € d'amende.

www.legifrance.gouv.fr

la phrase

« Si l'on peut sauver une vie, c'est déjà une belle avancée. »

Ce sont les mots du recteur de l'académie Jacques Moret, à propos de la lutte contre l'homophobie. Juste avant son arrivée, trois jeunes se sont suicidés, victimes parce qu'ils étaient homosexuels. Depuis sa nomination en 2012, Jacques Moret a fait de la lutte contre les discriminations, une priorité. De multiples dispositifs ont été mis en place, notamment la création d'un poste de chargée de mission contre l'homophobie, une première en France.
Aurore Ymonnet