Christophe Regina
Histoire moderne UMR TELEMME
Histoire moderne UMR TELEMME
p. 107-123 dans Rives méditerranéennes n° 44-2013 - Expériences du corps, récits de soi, constructions du savoir
l'auteur : Christophe Regina Histoire moderne UMR TELEMME
Résumés
Tout un chacun est un jour conduit à
faire l’expérience d’une souffrance ou de la douleur. Les façons d’y
faire face peuvent emprunter différentes manières, de la plus simple à
la plus radicale. Le suicide peut-être à ce titre perçu comme
l’expression paroxystique d’une souffrance inexpiable qui ne trouve de
fin que dans la mort salvatrice. Cette expérience de l’extrême peut
parfois être partagée avec ceux et celles qui restent par le biais d’une
ultime lettre laissée pour s’excuser ou pour expliquer le choix de la
mort et du silence plutôt que celui de la vie. L’article propose
d’étudier la pratique du suicide à Marseille au XVIIIe siècle
en focalisant son attention sur la lettre laissée par Simon Gasc à ses
proches pour tenter de donner du sens à son geste, ultime récit du soi
souffrant. Cette lettre est éclairée et contextualisée à la lumière
d’autres affaires de suicides, permettant de saisir les enjeux d’une
pratique officiellement frappée par la plus grande sévérité judiciaire
mais, officieusement, objet de compréhension voire d’indifférence,
laissant le masque de la folie parer le visage du suicide.
Plan
La souffrance comme itinéraire vers la fin de soi
La souffrance verbalisée par l’écriture : étude de la lettre d’un suicidé
Simon Gasque et les autres suicidés, profils de la souffrance
Les causes de la souffrance livrées confiées à la plume (mélancolie, folie, pression sociale)
Les façons d’abréger ses jours