Au-delà des bénéfices sur la santé d’un point de vue physiologique, l’activité physique joue également un rôle majeur dans la prévention du suicide, grâce à de nombreux bienfaits sur la santé mentale, la socialisation et l’estime de soi. De nombreuses études mettent en avant l’impact positif du sport et plus largement de l’exercice physique sur la réduction des comportements suicidaires.
Les bienfaits de l’activité physique dans la prévention du suicide
L’activité physique agit sur plusieurs leviers pour prévenir le risque suicidaire. De la régulation des émotions au renforcement des liens sociaux, en passant par l’amélioration de l’estime de soi, chaque mécanisme joue un rôle clé dans la protection de la santé mentale.
1. Réduction des comportements suicidaires par l’activité physique
L’impact de l’activité physique sur la prévention du suicide est de plus en plus mis en avant par les chercheurs et les professionnels de la santé mentale. En effet, au-delà de ses bienfaits physiques, elle joue un rôle essentiel dans la régulation des émotions et la gestion du stress.
Plusieurs études ont ainsi démontré que la pratique régulière d’une activité physique peut réduire considérablement les comportements suicidaires, mettant en avant une diminution des tentatives de suicide de près de 80 % chez les personnes souffrant de troubles mentaux ou physiques [1]. Ces effets sont comparables à ceux des traitements traditionnels comme les antidépresseurs et la thérapie cognitivo-comportementale. C’est en stimulant la production de neurotransmetteurs tels que la dopamine et la sérotonine que l’exercice favorise une meilleure régulation de l’humeur et réduit les pensées négatives.
2. Amélioration de la santé mentale
L’exercice physique contribue à la diminution des symptômes dépressifs et anxieux, souvent en lien avec un risque suicidaire accru. Il favorise également une meilleure régulation du sommeil, un facteur essentiel pour la stabilité émotionnelle [2]. En effet, un sommeil de qualité permet de réduire la fatigue mentale et d’améliorer la résilience face aux difficultés de la vie. Des pratiques comme la course à pied, le vélo ou la natation favorisent la relaxation et le bien-être psychologique en libérant des endorphines, aussi appelées « hormones du bonheur ».
3. Renforcement des liens sociaux
Pratiquer un sport en groupe ou en club permet de créer et d’entretenir des relations sociales solides. Ce sentiment d’appartenance est un facteur protecteur clé contre l’isolement et le risque suicidaire. L’isolement social étant un élément déclencheur de la détresse psychologique, l’intégration dans une équipe ou un collectif sportif peut aider à restaurer un équilibre mental. Les interactions sociales générées par le sport favorisent le partage d’expériences, le soutien mutuel et la construction de relations de confiance.
4. Augmentation de l’estime de soi et interruption des pensées négatives
Atteindre des objectifs sportifs, observer des progrès physiques et améliorer ses performances personnelles renforcent l’estime de soi. Or, une faible estime de soi est souvent associée à des idées suicidaires. La pratique sportive permet d’acquérir une meilleure perception de son corps et de ses capacités. De plus, elle favorise l’auto-discipline et la persévérance, des qualités essentielles pour surmonter les périodes de doute et de difficulté [3].
L’activité physique aide également à détourner l’attention des ruminations anxieuses et dépressives. Elle favorise le sentiment de contrôle et d’auto-efficacité, renforçant ainsi la capacité à faire face aux difficultés. Lorsqu’une personne traverse une période de stress ou d’angoisse, l’effort physique offre une échappatoire en favorisant la concentration sur le moment présent et sur les sensations corporelles. De plus, les sports d’endurance ou à intensité modérée, comme le yoga ou la danse, sont particulièrement recommandés pour apaiser l’esprit et renforcer l’équilibre émotionnel.
Comment intégrer l’activité physique dans une approche globale de prévention du suicide ?
Un maître mot : le plaisir. De manière générale, l’exercice physique doit être adapté aux capacités et aux préférences de chacun pour éviter toute pression excessive ou risque de blessure. Les activités douces comme la marche, le yoga ou la natation peuvent être une première approche accessible. Il est également important de choisir un sport qui amène du plaisir afin d’assurer une régularité dans la pratique. La variété des disciplines permet à chacun de trouver l’activité qui lui correspond et qui s’intègre naturellement dans son mode de vie. C’est pourquoi sur Bretagne Sport Santé, vous trouverez un large panel d’activités physiques adaptées, allant de la gymnastique au Taïso en passant par le longe-côte ou le rugby.
Si le sport est un outil puissant, il doit s’inscrire dans une prise en charge globale intégrant un accompagnement médical et psychologique lorsque cela est nécessaire. Il est recommandé d’associer l’exercice physique à des thérapies comportementales ou à un suivi médical pour maximiser ses effets positifs. Les professionnels de santé peuvent orienter vers des activités adaptées et proposer un encadrement personnalisé selon les besoins individuels.
Intégrer le sport dans la routine quotidienne, choisir une activité qui procure du plaisir et s’entourer d’un environnement bienveillant sont des clés pour maintenir une pratique sur le long terme. La mise en place d’objectifs progressifs et atteignables est essentielle pour maintenir la motivation et favoriser un engagement durable. Une prise en charge pluridisciplinaire, notamment au sein des Maisons Sport Santé, est une aide précieuse.
Conclusion
L’activité physique est un levier puissant dans la prévention du suicide. En favorisant la santé mentale, le lien social et l’estime de soi, elle contribue à réduire les comportements suicidaires. Intégrée à une prise en charge globale, elle peut devenir un outil essentiel pour accompagner les personnes en détresse psychologique.
Si vous ou un proche ressentez un mal-être profond, n’hésitez pas à en parler à un professionnel de santé. Des solutions existent, et vous n’êtes pas seul(e).
[1] : Fabiano N, Gupta A, Fiedorowicz JG, Firth J, Stubbs B, Vancampfort D, Schuch FB, Carr LJ, Solmi M. The effect of exercise on suicidal ideation and behaviors: A systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials. J Affect Disord. 2023 Jun 1;330:355-366. doi: 10.1016/j.jad.2023.02.071. Epub 2023 Mar 4. PMID: 36871911. –> lire l’article en entier
[2] : Sommeil et activité physique : le sport peut-il aider à mieux dormir ?
[3] : Doré I, Caron J. Santé mentale : concepts, mesures et déterminants. Santé mentale au Québec 2017/1 Vol. 42 –> lire l’article en entier