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lundi 20 janvier 2025

MàJ Description des personnes écrouées décédées par suicide en France sur la période 2017-2021. Interprétation de données de surveillance par Santé publique France.

Actualités de l'Urgence - APM

15/01/2025 * https://www.sfmu.org*

EN PRISON, LE TAUX ANNUEL DE SUICIDE 10 FOIS PLUS ÉLEVÉ POUR LES HOMMES ET 40 FOIS POUR LES FEMMES

SAINT-MAURICE (Val-de-Marne), 15 janvier 2025 (APMnews) - Le taux annuel des suicides est de 17 pour 10.000 personnes chez les hommes et de 23 pour 10.000 chez les femmes, soit à âge égal respectivement 10 et 40 fois plus élevé qu'en population générale, selon un rapport publié mercredi par Santé publique France (SPF).

Sur la base de ces données de surveillance, l'agence "considère que le taux de mortalité par suicide chez les personnes détenues constitue un point d'attention et met en avant l'importance de renforcer le déploiement des dispositifs de prévention du suicide en milieu carcéral".

Cette synthèse s'appuie sur une étude menée par Alexis Vanhaesebrouck dans le cadre de sa thèse de doctorat en santé publique.

Sur la période 2017-2021, 627 personnes écrouées sont décédées par suicide (par pendaison dans 90% des cas) dont 598 personnes détenues. Ces dernières étaient écrouées dans 144 établissements pénitentiaires différents, soit environ les trois quarts des établissements français.

Le taux de suicide était de 17,5 cas pour 10.000 personnes sur un an pour les personnes détenues, contre 4,8 pour les personnes écrouées non détenues.

Il était deux fois plus élevé pendant la détention provisoire, pendant laquelle sont survenus près de la moitié des cas. Plus des trois quarts des cas sont survenus en maison d'arrêt ou en quartier maison d'arrêt, soit un taux de suicide multiplié par 1,7 par rapport aux autres types d'établissement.

Les données de santé étaient disponibles pour 78% des cas, ces derniers étant représentatifs de l'ensemble des personnes détenues pour toutes les caractéristiques sociodémographiques, pénales et carcérales.

Les comparaisons avec les études menées en population carcérale générale indiquent que les troubles psychiatriques ne seraient pas plus fréquents, voire le seraient moins, en cas de suicide. Cela s'explique probablement par une sous-estimation des troubles psychiatriques dans la présente étude, concernant 64% des personnes.

Il apparaît que 46% des personnes qui se sont suicidées avaient déjà tenté de le faire une ou plusieurs fois, avant ou pendant l'incarcération. La semaine qui a précédé le suicide, un événement marquant a été retrouvé pour 61%, et 60% avaient consulté à l'unité sanitaire. Au moment du suicide, un risque suicidaire avait été repéré par l'administration pénitentiaire pour 44% des cas.

Un suicide sur neuf a eu lieu la première semaine de détention, soit un taux de suicide six fois plus élevé que pour le reste de la détention, et les deux tiers la première année de détention. Le risque suicidaire a tendance à être plus modeste la dernière semaine avant la libération.

De manière surprenante, les personnes décédées par suicide au cours des trois premiers mois présentaient un meilleur état de santé avant et pendant l'incarcération, et notamment par une fréquence moins importante de consommation de substances addictives et de certains troubles psychiatriques, que celles s'étant suicidées après plus de trois mois de détention. Des explorations complémentaires seraient nécessaires.

Globalement, le taux de suicide des personnes détenues a diminué d'environ un tiers au tournant des années 2000 mais il est stable depuis une quinzaine d'années. L'écart avec la population générale se creuse en raison de la diminution du taux de suicide en population générale, observe SPF, rappelant que la France a l'un des taux de suicide en prison les plus élevés du monde.

Cette étude exhaustive à l'échelle nationale est la première sur les suicides des personnes détenues à regrouper des données issues à la fois de l'administration pénitentiaire et des unités sanitaires. Ces résultats ont fait l'objet de retours auprès des parties prenantes, notamment la direction générale de la santé (DGS) et la direction de l'administration pénitentiaire (DAP) du ministère de la justice.

Des échanges pilotés par la DGS, en lien avec la Caisse nationale de l'assurance maladie (Cnam), ont par ailleurs eu lieu pour évaluer la faisabilité de l'utilisation du système national des données de santé (SNDS) pour décrire le recours aux soins et la mortalité chez les personnes écrouées, ajoute SPF.

SPF, "Description des personnes écrouées décédées par suicide en France sur la période 2017-2021. Interprétation de données de surveillance par Santé publique France"

Alexis Vanhaesebrouck, "Le suicide des personnes détenues en France. Etat des lieux, facteurs de risque et enjeux pour la prévention", thèse de doctorat

ld/nc/APMnews

https://www.sfmu.org/fr/actualites/actualites-de-l-urgences/en-prison-le-taux-annuel-de-suicide-10-fois-plus-eleve-pour-les-hommes-et-40-fois-pour-les-femmes/new_id/70244

 

INFO +


Suicides en détention : un trouble psychiatrique repéré dans 64% des cas

Le taux annuel de suicide en prison est 10 fois plus élevé pour les hommes et 40 fois plus pour les femmes, selon cette étude de Santé publique France, qui s’attache à en décrire les circonstances. Les risques sont par ailleurs très élevés en début de détention et en quartier disciplinaire.

Les personnes détenues sont identifiées comme une population vulnérable au suicide. Cette étude de Santé publique France vise à décrire les circonstances et caractéristiques de ces actes, afin de dégager des pistes de prévention. Elle porte sur les suicides de personnes écrouées survenus sur la période 2017-2021, en partenariat avec la Direction de l’administration pénitentiaire (DAP) et les unités sanitaires en milieu pénitentiaire (USMP). Elle met en évidence sur la période un taux annuel de suicide de 17 pour 10 000 personnes chez les hommes et de 23 pour 10 000 personnes chez les femmes. Il était ainsi, à âge égal, 10 fois plus élevé pour les hommes et 40 fois plus élevé pour les femmes en prison qu’en population générale.

Concernant les caractéristiques médicales, on relève qu’un trouble psychiatrique a été rapporté pendant la détention pour 64 % des cas, principalement troubles anxieux et dépressifs, et près d’un tiers des personnes concernées n’avait pas d’antécédent psychiatrique connu avant l’incarcération. Des chiffres qui comportent toutefois un biais, puisque ces troubles ont été systématiquement recherchés en détention et non en soins courants avant l’incarcération. Le lien avec les conditions de détention est souligné. Par ailleurs, le suicide avait été précédé d’une ou de plusieurs tentatives de suicide pour 46 % des cas avant ou pendant l’incarcération.

Dans les circonstances du passage à l’acte, l’étude pointe qu’un événement marquant avait été retrouvé au cours de la semaine précédente pour 61 % des personnes et que 60 % avaient consulté à l’unité sanitaire. Au moment du suicide, un risque suicidaire avait été repéré par l’administration pénitentiaire pour 44 % des cas.

Par ailleurs, un suicide sur neuf a eu lieu la première semaine de détention, soit un taux de suicide 6 fois plus élevé que pour le reste de la détention, et les deux tiers la première année de détention. Par rapport aux personnes décédées par suicide après plus de trois mois de détention, les personnes décédées par suicide au cours des trois premiers mois étaient caractérisées par un meilleur état de santé avant et pendant l’incarcération, et notamment par une fréquence moins importante de consommation de substances addictives et de certains troubles psychiatriques.

La concentration des suicides en début de détention témoigne de la rupture avec le milieu libre, mais aussi probablement des événements éprouvants qui ont le plus souvent précédé l’incarcération (arrestation, garde à vue, audience judiciaire). Ce « choc carcéral », qui nécessiterait un accompagnement spécifique, a été pointé également par une étude récente de la Fédération régionale de recherche en psychiatrie et santé mentale Hauts-de-France (F2RSM Psy), sur l’épreuve psychique que constitue l’entrée en prison.

Par ailleurs, 14 % des suicides ont eu lieu en quartier disciplinaire, dont la moitié dans les premières 24 heures, des tendances confirmées par d’autres études. Les placements au quartier disciplinaire avaient été motivés par des violences contre le personnel pour 41 % des placements parmi les personnes décédées par suicide, contre 15 % parmi l’ensemble de la population carcérale. Plus de 90 % des décès par suicide sont consécutifs à une pendaison

Santé publique France conclut que cette problématique « constitue un point d’attention et met en avant l’importance de renforcer le déploiement des dispositifs de prévention du suicide en milieu carcéral. »

Description des personnes écrouées décédées par suicide en France sur la période 2017-2021. Interprétation de données de surveillance par Santé publique France. Données de surveillance, A. Vanhaesebrouck, Santé publique France, janvier 2025. A télécharger en pdf.

https://www.santementale.fr/2025/01/un-trouble-psychiatrique-repere-pour-64-des-suicides-en-detention/

 

1er post 16/01/25