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vendredi 16 août 2024

Jura Suicide : un groupe de soutien pour les proches créé à la rentrée

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Suicide : un groupe de soutien pour les proches créé à la rentrée 

Actu | jura et région, jeudi 15 août 2024  Le Progrès (Lyon)
Edition du Jura

Nathalie Bertheux

Le centre hospitalier spécialisé Saint-Ylie Jura ouvre un groupe de soutien pour les personnes endeuillées par suicide. C’est une première dans la région, le dispositif s’ouvre aux habitants du Jura, du Doubs, de la Côte-d’Or et de la Saône-et-Loire. Encadré par des psychiatres et une psychologue, le groupe accueillera les participants, tous les quinze jours, à partir de septembre, à l’espace santé à Dole.

Comment vivre après la survenue brutale de la mort d’un être cher par suicide ? Pour venir en aide aux proches, dans ce deuil si particulier, le centre hospitalier spécialisé (CHS) Saint-Ylie Jura met en place un groupe de soutien.

« Les groupes s’adressent aux personnes endeuillées par suicide, mais ne seront pas soignants, déroule Céline Alberici, psychologue clinicienne et psychothérapeute au CHS du Jura. Le but est d’offrir un lieu de partage où les participants pourront rencontrer des gens qui ont vécu comme eux cette épreuve. »

Colère et culpabilité

« Ils ont des questions qui sont un peu les mêmes, appuie la psychologue. Pourquoi il/elle s’est suicidé ? Pourquoi je n’ai rien vu ? Qu’est-ce que j’aurais pu faire ? »

« Ce que l’on a tous en commun, nous les parents qui avons perdu un enfant du suicide, c’est la culpabilité de ne pas avoir vu ou compris », témoigne Marie-Hélène Fourtier. La retraitée qui habite la région lédonienne, a écrit un livre après le suicide de sa fille. Claire a mis fin à ses jours en février 2020. Elle avait 29 ans. « La culpabilité, on l’a au fond de soi, surtout quand on perd un enfant, parce que quand on le met au monde, on pense instinctivement qu’on va le protéger toute sa vie et là, c’est loupé. »

« Il y a de la colère aussi, pourquoi elle ne nous en a pas parlé ? », poursuit Marie-Hélène Fourtier. « "Elle n’a pas pensé à nous, à ce qu’elle nous ferait subir ?" C’est ce que dit l’un de ses trois frères. »

Difficile de percevoir les fragilités

« La mort brutale vient questionner le sens, la culpabilité, détaille Céline Alberici. Pour trouver du sens, on a besoin de trouver un coupable, mais souvent, il n’y a pas un événement unique qui va générer une crise suicidaire, c’est une combinaison de facteurs. » « Quand on est pris dans une relation affective avec quelqu’un, il est difficile de percevoir les fragilités », replace la psychologue clinicienne.

Les psychiatres et la psychologue ont donc choisi de créer un groupe pour les personnes qui « vivent cette épreuve difficile et déroutante ; parce qu’il est normal de se poser des questions et de chercher du soutien. »

Les personnes endeuillées par suicide doivent aussi subir le regard de la société. « Ça marque à vie, la société n’a pas le même regard sur les décès par suicide [que par une autre cause]. Plus on ose en parler, plus on voit que ça peut arriver dans toutes les familles, décrit Céline Alberici. Plus notre société sera éduquée, aura une meilleure connaissance de tout ça, mieux on entourera les gens endeuillés par suicide. »

Pour intégrer le groupe d’écoute, « il faut avoir subi un décès depuis plus de six mois avant le début du groupe. Parce qu’il y a déjà un cheminement un peu différent que si ça vient de se passer ». Marie-Hélène Fourtier, pour sa part, est engagée dans une autre démarche. Elle qui a compris que sa fille vivait une relation amoureuse toxique, s’est engagée dans une démarche judiciaire. « Ma thérapie, c’est mon livre », estime-t-elle en outre.

Illustration(s) :

Un groupe de soutien se tiendra à Dole dès le mois de septembre.

https://www.leprogres.fr/societe/2024/08/14/suicide-un-groupe-de-soutien-pour-les-proches-cree-a-la-rentree