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lundi 3 juin 2024

SUISSE TEMOIGNAGE REFLEXION Crise suicidaire, un tournant vers la résilience?

Crise suicidaire, un tournant vers la résilience?

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 Crise suicidaire, un tournant vers la résilience? [Depositphotos - nicoletaionescu]Crise suicidaire, un tournant vers la résilience?

Si le suicide reste un sujet tabou, il illustre également pourquoi les troubles mentaux sont parfois des maladies mortelles. Avant de passer à l'acte, une personne traverse ce que l'on appelle une crise suicidaire. Heureusement, la majorité de ces crises ne se solde pas par un suicide. Dans certains cas, cet événement peut constituer une opportunité de transformation sous certaines conditions.

Dans le podcast "Dingue", Bettina, pasteure et mère de deux enfants, raconte comment l'accompagnement qu'elle a entrepris en 2018 pour régler ses problèmes d'insomnie lui a révélé un état dépressif sous-jacent.

"Je surrégulais complètement mes émotions. Je n'étais même pas capable de nommer mes émotions. C'est un peu comme si j'avais tout le temps roulé avec le frein à main tiré en contrôlant les émotions et à un certain moment, j'ai desserré le frein à main, mais je ne savais plus utiliser le frein." Après quelques mois de suivi, Bettina traverse un trouble dépressif majeur et commence à avoir des pensées suicidaires.

Crise suicidaire et hospitalisation

Une nuit de mars 2019, les pensées de Bettina deviennent plus précises: "dans ma tête, ça tourne, ça tourne et c'est comme une spirale qui me tire vers le bas. D'abord, c'est assez concret: 'cette personne m'a dit ça, ça m'a fait de la peine'. Ensuite, je me dis que tout le monde irait mieux si je n'étais pas là. Et finalement, je réfléchis. Comment est-ce que je pourrais mettre fin à ma vie?".

Le lendemain, Bettina appelle son psychiatre, qui lui propose une hospitalisation en intervention de crise, ce qu'elle accepte. Elle sera hospitalisée pendant huit jours: "les deux, trois premiers jours, c'était terrible. Je pleurais énormément. Il y avait aussi le fait que je ne pouvais pas tellement appeler les enfants en pleurant. Je ne voulais pas leur infliger ça. Mais le fait de pouvoir disposer de mon temps, de faire la sieste si j'en avais envie, de sortir courir si j'en avais envie, de ne faire attention qu'à mes besoins, c'était finalement une expérience positive. Parfois, je suis presque un peu nostalgique de ces jours passés dans ce service."

>> Ecouter le podcast : La crise suicidaire, un tournant vers la résilience ? / Dingue / 35 min. / le 27 mai 2024 https://www.rts.ch/info/sciences-tech/2024/article/crise-suicidaire-un-tournant-vers-la-resilience-28523358.html

La crise suicidaire vue par les soignants

Paco Prada, chef du service de psychiatrie de liaison et d'intervention de crise aux Hôpitaux Universitaires de Genève, explique avec des mots simples l'objectif d'une hospitalisation dans son service: "ce que l'on aimerait, c'est permettre aux patients de se découvrir eux-mêmes à l'aide d'une rencontre avec quelqu'un qui a une curiosité et une disponibilité pour vraiment explorer avec eux ce qui leur arrive. Cette découverte-là, elle doit permettre d'explorer qui je suis, pourquoi j'en suis là et comment je peux être autrement. C'est ça l'ouverture après la crise que l'on souhaite."

Une crise suicidaire apparaît généralement après un événement déclencheur. Schématiquement, la personne concernée passe – contre sa volonté – d'une situation A à une situation B, et ne peut pas se projeter, s'imaginer vivre dans la situation B. La rupture amoureuse, bien qu'elle ne soit - de loin - pas à l'origine de toutes les crises suicidaires, est un exemple emblématique d'événement déclencheur. Paco Prada précise: "il y a beaucoup de risques, le premier, c'est quand même que la vie s'arrête là, donc c'est vraiment un risque dramatique. Mais en même temps, ce que ça veut dire, c'est que ce n'est pas possible de poursuivre comme ça. Donc c'est aussi positif d'en arriver à cette conclusion que quelque chose peut changer, doit changer. Les gens sont capables d'adaptation bien plus grande que ce qu'on se représente."

Après la crise, le long chemin vers la résilience

À travers son parcours, Bettina a enrichi sa carrière professionnelle. Elle est notamment devenue formatrice 'ensa' en premiers secours en santé mentale. Son expérience l’a également confrontée aux préjugés et même à des discriminations professionnelles. Elle traverse encore des épisodes dépressifs, mais comme le dit Paco Prada, parlant du rétablissement après une crise suicidaire : « Les belles histoires mettent du temps à s’écrire."

Sans conteste, Bettina se sent plus empathique aujourd'hui qu'elle ne l'était avant le début de ce parcours. Par ailleurs, elle explique : "Je fais beaucoup plus attention, chez mes enfants, à valider leurs émotions. Et j'essaie aussi de les prendre – de manière très consciente – dans les bras alors que ce sont des ados ; ils ne m'encouragent pas, forcément ! Mais de tenir bon."

Adrien Zerbini

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Sur internet:

Pour la promotion de la santé mentale dans les cantons latins: santépsy.ch

Pour les enfants et les personnes adolescentes: ciao.ch

Pour les 18-25 ans: ontécoute.ch

Pour la prévention du suicide des jeunes: stopsuicide.ch

Le Groupe Romand de Prévention du Suicide: preventionsuicide-romandie.ch

L'Unité Malatavie des HUG pour les adolescent·e·s en crise: malatavie.ch ou par téléphone (24h/24): 022 372 42 42

Par téléphone:

147: Pro Juventute – Ecoute et conseils pour les jeunes (147.ch)

143: La Main Tendue – Ecoute et conseils pour les adultes (143.ch)

144: Ambulances – Urgences

 

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