Maltraitance infantile : 7 facteurs de risque identifiés
40 % des maladies
mentales seraient directement attribuables à la maltraitance subie dans
l’enfance, d’après une étude parue dans le JAMA. Les campagnes
universelles de prévention étant peu efficaces, l’identification des
facteurs de risque est essentielle pour mettre en place des
interventions plus ciblées.C’est chose faite grâce à un travail d’une
équipe française publié dans le Lancet.
20 % des dépressions et 40 % des suicides seraient directement attribuables à la maltraitance subie dans l’enfance
Dépression, anxiété, addiction, tentative de suicide… De nombreuses maladies mentales, ou comportements en résultant, sont liés à des traumatismes vécus durant l’enfance. Toutefois, la part de causalité entre ces événements infantiles et des affections mentales présentes à l’âge adulte reste inconnue.
- l’Australian Child Maltreatment Study (ACMS, 2021), qui estimait la prévalence de la maltraitance infantile dans le pays (54 %) grâce à l’interrogatoire d’un échantillon représentatif de 8 500 participants âgés de 16 ans et plus (auto-déclaration de diverses maltraitances subies pendant l’enfance, validée par des psychologues) ;
- le National Study of Mental Health and Wellbeing (NSMHW, 2020 – 2022), qui renseignait sur le nombre de cas de diverses pathologies psychiatriques en Australie ;
- enfin, l’Australian Burden of Disease Study de 2023, qui renseignait sur le fardeau des maladies psychiatriques en termes de morbidité et mortalité.
Quelles mesures de prévention ?
- la précarité économique de la mère, qui double le risque par rapport à un revenu maternel d’au moins 2 000 €/mois : aHR = 1,91(IC95 % : 1,67 - 2,18) ;
- un âge maternel < 20 ans, qui multiplie le risque par 7 par rapport à un âge entre 35 et 40 ans : aHR = 7,06 (IC95 % : 6,00 - 8,31) ;
- des troubles de l’usage des substances chez la mère : aHR = 1,85 pour l’alcool (IC95 % : 1,48 - 2,31) et aHR = 1,90 pour les opioïdes (IC95 % : 1,41 - 2,56) ;
- les violences conjugales : aHR = 3,33 (IC95 % : 2,76 - 4,01) ;
- un diagnostic chez la mère (avant, pendant ou après la grossesse) de pathologie psychiatrique (aHR = 1,50 ; IC95 % : 1,14 - 1,97) ou somatique chronique (aHR = 1,55 ; IC95 % : 1,32 - 1,83), ou un antécédent d’hospitalisation pour pathologie psychiatrique (aHR = 1,88 ; IC95 % : 1,49 - 2,36) ;
- grande prématurité (< 32 SA) : aHR = 2,15 ; IC95 % : 1,68 - 2,75) ;
- diagnostic de trouble neurocognitif sévère chezl’enfant, qui multiplie le risque par 14 : aHR = 14,37 (IC95 % : 11,85 - 17,44).
Encadre
Recommandations de l’Académie pour améliorer la prise en charge des enfants maltraités
Pour en savoir plus
Grummitt L, Baldwin JR, Lafoa’i J, et al. Burden of mental disorders and suicide attributable to childhood maltreatment. JAMA Psychiatry, 8 mai 2024.
Blangis F, Drouin J, Launay É, et al. Maternal, prenatal and postnatal risk factors for early child physical abuse: a French nationwide cohort study. Lancet Regional Health Europe, 14 mai 2024.
Académie nationale de médecine. Maltraitance physique chez l’enfant. Améliorer le repérage, le diagnostic et la prise en charge dans le secteur de la santé. Rapport adopté le 30 avril 2024.
Blangis F, Drouin J, Launay É, et al. Maternal, prenatal and postnatal risk factors for early child physical abuse: a French nationwide cohort study. Lancet Regional Health Europe, 14 mai 2024.
Académie nationale de médecine. Maltraitance physique chez l’enfant. Améliorer le repérage, le diagnostic et la prise en charge dans le secteur de la santé. Rapport adopté le 30 avril 2024.