Agonistes du GLP-1 et risque de comportement suicidaire : l’EMA lance une investigation
Amsterdam, Europe — L'EMA a débuté, le 3 juillet dernier, l’examen de données suggérant un risque possible de pensées suicidaires et d'automutilation associées à la prise d’agonistes des récepteurs du GLP-1[1], médicaments utilisés pour la perte de poids et le traitement du diabète de type 2.
L’alerte a été déclenchée par l'agence islandaise des médicaments à la suite de rapports faisant état de pensées suicidaires et d'automutilations chez des personnes utilisant les médicaments liraglutide (Saxenda®) et semaglutide (Ozempic®, Wegovy®). L’agence précise que les médicaments à base de liraglutide et de semaglutide sont largement utilisés, avec une exposition de plus de 20 millions de patients-années[2].
« À ce jour, les autorités ont récupéré et analysent environ 150 rapports concernant des cas possibles d'automutilation et de pensées suicidaires », indique l’EMA qui ajoute qu’ « il n'est pas encore clair si les cas rapportés sont liés aux médicaments eux-mêmes ou aux conditions sous-jacentes des patients ou à d'autres facteurs ». Les conclusions de l’EMA sont attendues pour novembre 2023.
Pour rappel, Saxenda et Wegovy sont autorisés dans le contrôle du poids, en association avec un régime et une activité physique adaptés, chez les personnes obèses ou en surpoids présentant au moins un problème de santé lié au poids. Et Ozempic est autorisé pour le traitement des adultes atteints de diabète de type 2 insuffisamment contrôlés, en complément d'un régime et d'une activité physique adaptés, mais il a été utilisé hors AMM pour la perte de poids.
Selon l’agence Reuters, aux États-Unis, la notice de Wegovy recommande déjà que les patients soient surveillés en cas d'idées ou de comportements suicidaires en raison des risques associés à d'autres médicaments utilisés auparavant pour perdre du poids, Aussi d’après le tableau de bord public de la Food and Drug Administration Adverse Event Reporting System (FAERS) des États-Unis, au moins 60 rapports d'idées suicidaires ont été signalés (mais non vérifiés) depuis 2018 par des patients sous semaglutide ou leurs professionnels de santé.
A noter que lors des essais cliniques évaluant Ozempic et Saxenda, les personnes ayant des antécédents de troubles psychiatriques ou un comportement suicidaire récent ont été exclues.
En parallèle de cette nouvelle investigation, l’enquête lancée par l’EMA sur un possible surrisque de cancers de la thyroïde lié aux agonistes de GLP1 poursuit son cours.