Cyberharcèlement chez les jeunes : 49 % des victimes ont déjà pensé au suicide
08/11/2022
Par Le HuffPost avec AFP
Selon une étude, 60 % des jeunes adultes de 18 à 25 ans ont déjà subi du cyberharcèlement, avec des conséquences parfois très graves sur leur santé mentale.
Plus d’un jeune adulte sur deux a déjà été victime de cyberharcèlement.
HARCELEMENT EN LIGNE - Les chiffres font froid dans le dos. Selon une étude financée par la Caisse d’Epargne et publiée par e-Enfance mardi 8 novembre 2022, plus d’un jeune adulte sur deux (60 %) a déjà été harcelé sur Internet. « Une proportion énorme », souligne auprès de l’AFP Justine Atlan, la directrice générale de cette association de protection de l’enfance sur internet. D’autant que parmi les victimes, 49 % ont déjà pensé au suicide.
L’étude, réalisée par l’institut Audirep auprès d’un échantillon de 1 209 jeunes âgés de 18 à 25 ans, montre les conséquences « lourdes » du cyberharcèlement sur la santé physique et mentale des victimes : 69 % d’entre elles déclarent avoir subi des insomnies, des troubles de l’appétit ou ressenti du désespoir, et 51 % ont failli tomber dans des comportements d’addiction à l’alcool ou à la drogue.
Le phénomène peut prendre plusieurs formes, comme des insultes, des moqueries ou le partage de photos sans le consentement de la personne concernée.
Par ailleurs, la majorité des victimes y ont été confrontées pour la première fois avant 21 ans. « Il s’agit d’un âge où les jeunes sont parfois très seuls et se trouvent dans une situation précaire. Pour autant, ils ont besoin de socialisation de cet âge, ce qui les amène à prendre des risques » en ligne, explique Justine Atlan, alors que la journée nationale de lutte contre le harcèlement aura lieu dans deux jours, jeudi 10 novembre 2022.
Une activité de plus en plus intense sur les réseaux
« Les usages continuent à s’amplifier, les jeunes ont plusieurs messageries, s’inscrivent sur différents réseaux sociaux, ce qui multiplie le facteur de risque de subir du cyberharcèlement », décrit Justine Atlan. Les plateformes les plus utilisées sont celles où l’on dénombre le plus de signalements pour du cyberharcèlement. « Pour cette tranche d’âge, ça va être plus TikTok que Facebook », indique-t-elle, alors que les jeunes déclarent avoir en moyenne un compte sur huit réseaux sociaux différents.
90 % des jeunes adultes estiment d’ailleurs que leur temps passé sur internet et les réseaux sociaux a augmenté, dont 59 % « beaucoup plus », à cause du développement massif des réseaux sociaux, de la crise du Covid et des différents confinements. Cette période a également facilité l’augmentation de conduites à risques sur internet et les réseaux sociaux, et 64 % des jeunes estiment s’y exposer.
L’étude ne permet en revanche pas de définir un profil type de victime, à cause de leur nombre très important. Elle relève toutefois qu’un peu plus d’hommes, de non diplômés, inscrits sur un plus grand nombre de réseaux sociaux et à des jeux en ligne, sont concernés.
Comment lutter ?
Afin de lutter contre le cyberharcèlement, 62 % des jeunes adultes interrogés veulent la mise en place d’un suivi psychologique renforcé pour les victimes. Ils sont aussi 52 % à souhaiter avoir accès à de l’aide ou de l’information de la part d’une association qui lutte contre les cyberviolences.
Parmi lesquelles E-Enfance, qui a commandé cette étude. L’association gère le 3018, numéro national pour les victimes de violences numériques. Il a connu cette année une hausse des cas traités : environ 25 000 de janvier à septembre 2022, contre 19 000 sur l’ensemble de l’année 2021, selon Justine Atlan.
L’autre numéro d’écoute, le 3020, s’adresse aux familles et aux victimes d’une situation de harcèlement scolaire entre élèves. Il a également connu « une nette progression des appels traités » cette année, a indiqué à l’AFP Murielle Cortot Magal, directrice générale de l’association EPE-IDF (École des parents et des éducateurs d’Île-de-France), qui gère cette plateforme téléphonique.
Cette année, le numéro a enregistré 22 000 appels jusqu’à septembre 2022, contre 17 000 sur l’ensemble de l’année 2021. Les cas traités émanant majoritairement de parents, avec un fort taux d’appels pour des élèves de CM1, CM2, 6e et 5e.
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