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lundi 17 octobre 2022

Vienne : des sentinelles formées à l'écoute des agriculteurs en détresse

Vienne : des sentinelles formées à l'écoute des agriculteurs en détresse

Publié le 17-10-2022 m.centre-presse.fr*
Le comité départemental dédié au mal-être agricole s'est réuni le 12 octobre pour identifier les mesures à poursuivre, comme la formation de sentinelles, formées à l'écoute des agriculteurs.
Sept agriculteurs se sont donné la mort depuis le début de l'année dans la Vienne. La Mutuelle sociale agricole de la Vienne et des Deux-Sèvres porte, elle, ce chiffre à dix. Une semaine après l'observatoire de l'agribashing dans le département, la préfecture a rassemblé le premier comité de pilotage dédié au mal-être agricole, mercredi 12 octobre.
« Les agriculteurs se plaignent peu » « Les agriculteurs subissent la multiplicité des crises : sanitaires, climatique, énergétiques et financières, a rappelé Jean-Marie Girier, préfet de la Vienne. Il faut rester humble sur l'efficacité de ce que l'on propose, devant les difficultés professionnelles et personnelles qu'ils rencontrent. » Fin 2021, le gouvernement avait dressé une feuille de route invitant chaque département à créer un comité selon trois axes : humaniser les mesures et actions proposées, aller vers les agriculteurs dans le besoin et prévenir les risques psychosociaux. Ce diagnostic devrait conduire, d'ici quelques mois, à la création d'un plan d'action.
Le comité compte s'appuyer sur un réseau de sentinelles déployées dans le département. Formés sur deux jours, ces volontaires (au nombre de 140) sont chargés de maintenir une relation avec l'agriculteur et de détecter les signes d'une détresse le plus précocement possible. « Sur le millier d'exploitations dans la Vienne, ce maillage fort est primordial pour prévenir le risque suicidaire », relate Jean-Marie Gautier, président de la MSA (Mutualité sociale agricole) du Poitou. Karyn Thaudière, vice-présidente de la chambre d'agriculture de la Vienne et agricultrice, a fait cette formation sentinelle. « C'est important pour moi de pouvoir agir collectivement, c'est très difficile de détecter tôt un mal-être et les agriculteurs se plaignent peu de leurs conditions de travail. »
Faire connaître ces aides « L'isolement des agriculteurs est à prendre en compte, avec parfois un refus d'être aidé, note Karyn Thaudière. Il faut qu'on travaille notre communication pour montrer que ces aides existent et qu'une écoute est prêtée à qui le demande. »
À la MSA, sept agents font de la prévention en aidant les agriculteurs à améliorer leurs conditions de travail. « Nous apportons aussi une aide aux agriculteurs qui ne savent pas à quels droits ils peuvent prétendre, ajoute Jean-Marie Gautier. Un numéro unique existe pour ceux ayant des problèmes financiers, à qui l'on peut proposer un échéancier de paiement. C'est très simple à mettre en place. » Cette année, la MSA a distribué 233 aides et conduit 91 soutiens psychologiques.
Quatorze jours de répit De même, le comité Fertil, qui rassemble plusieurs acteurs du monde agricole (banques, associations, coopératives), aide à évaluer la situation des agriculteurs. « On va organiser cinq à six rendez-vous avec l'exploitant, par téléphone puis en présentiel, afin de proposer des solutions après un audit agricole et une Area (Aide à relance des exploitations agricoles). » Le comité suit actuellement 48 agriculteurs du département. Il propose aussi une aide au répit, soit 14 jours de disponibilité pour les exploitants et les salariés grâce au service de remplacement de la MSA. « Ces remplaçants sont essentiels pour permettre aux agriculteurs de pouvoir souffler, d'aller en vacances. Au total, 87 salariés ont pu bénéficier de cette aide au répit depuis le début de l'année. »