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jeudi 10 mars 2022

Invitée de l’émission Canal Rugby Club, Noélie Michallet est revenue sur le suicide de son mari Jordan pour briser le tabou de la santé mentale dans le rugby, et plus largement dans le sport.

Après le suicide de Jordan Michallet, sa femme alerte sur la santé mentale dans le rugby
Invitée de l’émission Canal Rugby Club, Noélie Michallet est revenue sur le suicide de son mari Jordan pour briser le tabou de la santé mentale dans le rugby, et plus largement dans le sport.
Par Lola Uguen
07/03/2022 https://www.huffingtonpost.fr/*

SANTÉ MENTALE - C’était il y a un mois et demi. Le rugbyman Jordan Michallet, demi d’ouverture du club de Rouen, se suicidait en chutant d’un immeuble en construction le mardi 18 janvier 2022.

“Aucun geste, aucune parole, aucune action ne pouvait présumer à ce tel geste parce que, vraiment, ce geste représentait l’inverse de Jordan”, a déclaré sa femme Noélie, invitée de l’émission Canal Rugby Club dimanche 6 mars. Elle s’est confiée dans un entretien disponible sur Canal + sur le décès de son mari avant de “dénoncer toutes les souffrances que les joueurs peuvent ressentir tout au long de leur carrière ou même après”.

“Impensable de lâcher l’équipe”

Jordan Michallet, qu’elle décrit comme quelqu’un de solaire, “traversait une petite semaine avec une baisse de moral, comme ça peut arriver à tout le monde” éclaire Noélie. Mais “il avait toujours ce sourire sur lui”, souligne-t-elle, notamment à l’idée qu’il allait devenir père.

“Très fatigué moralement et physiquement”, le demi d’ouverture n’a pas osé s’accorder une pause. “Il m’avait dit: “je n’ai pas le droit de lâcher l’équipe”. Pour lui, c’était impensable d’avoir ne serait-ce quelques jours de repos. Ça le rendait malade d’être affaibli, fatigué. Pour lui, c’était impensable de devoir abandonner ses coéquipiers, son équipe”, explique Noélie.

Si elle regrette que son mari n’ait pas osé en parler, elle souligne que “malheureusement un joueur a toujours honte d’avouer ses faiblesses, a toujours honte de dire qu’il va mal, a toujours honte de dire qu’il est fatigué. Je pense que, vraiment, il a eu peur du jugement”.
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“Aucun joueur n’ose en parler”

Depuis la disparition de son époux, Noélie a reçu de nombreux témoignages de sportifs, français comme étrangers. “Pas un ne m’a dit qu’il n’avait pas eu une dépression dans sa carrière”, insiste-t-elle, avant de poursuivre: “aucun joueur n’ose en parler [...] C’est un milieu où l’on doit toujours être fort, on doit toujours donner le meilleur de soi-même. On peut jouer avec des blessures mais on continue de jouer, on peut avoir des douleurs extrêmes pendant les matchs mais on ne s’autorise pas à sortir du match”.


Pour elle, il est “essentiel d’avoir dans tous les clubs des personnes qui accompagnent, non pas pour avoir encore plus de performances, mais pour prévenir ce genre de drames”. Elle ne considère pas la dépression comme une faiblesse.

Les témoignages lui ont permis de comprendre “qu’il y n’a pas eu que Jordan et j’ai pu ressentir vraiment le mal-être de certains joueurs”. C’est en ce sens qu’elle souhaite à présent s’engager: “Si je peux trouver comme combat d’améliorer la santé morale des joueurs et que ça puisse m’aider à me lever tous les matins alors je le ferais”, conclut-elle.
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La santé mentale des sportifs de plus en plus mise en avant

Le témoignage de Noélie Michallet résonne avec d’autres déclarations. Au mois de juin 2021, la joueuse de tennis Naomi Osaka s’était retirée de Roland-Garros, pour se remettre de “longues périodes de dépression”. C’était ensuite la championne de gymnastique Simone Biles qui avait renoncé à plusieurs épreuves des Jeux Olympiques de Tokyo à l’été. “Pour évoquer à nouveau la question de la santé mentale, je pense qu’il faudrait en parler beaucoup plus, surtout avec les athlètes”, avait-elle déclaré. Plus récemment, c’est le tennisman australien Nick Kyrgios qui a confié avoir eu “des pensées suicidaires” sur Instagram.


Fin 2020, une enquête menée par le Comité Ethique et Sport a montré que 80% des 1200 sportifs interrogés avaient déjà ressenti un manque d’énergie, de la tristesse ou un manque de confiance. La prise en compte de la psychologie dans le sport reste encore inégale en France. Dans un entretien au HuffPost en décembre 2021, le joueur de basket-ball Gary Florimont et la volleyeuse Myriam Kloster confiaient que “tout reste à faire” dans l’Hexagone.

L’ancien footballeur Thierry Henry appelle, lui, à définitivement briser le tabou dans les pages de L’Équipe ce lundi 7 mars: “On est en 2022, il faut s’ouvrir. Si un joueur a un problème mental ou autre, qu’il le dise [...]. Quand tout s’accumule, c’est très dur. Il faut que ce ne soit plus tabou. Parlez! ‘Je n’ai pas peur’, ‘je n’ai pas mal’, ce n’est pas vrai, ça n’existe pas”, affirme-t-il.

https://www.huffingtonpost.fr/entry/apres-le-suicide-de-jordan-michallet-sa-femme-alerte-sur-la-sante-mentale-dans-le-rugby_fr_6225c911e4b0bd1df76e497a