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lundi 7 février 2022

MàJ Suicides des policiers : le directeur de la police a reçu des syndicats et des associations

Suicides dans la police : le ministère de l’Intérieur veut augmenter le nombre de «Sentinelles»
- 5 février 2022, https://actu17.fr*

Le ministère de l’Intérieur souhaite, par cet intermédiaire, détecter plus facilement les fonctionnaires en difficulté. 41 « Sentinelles » ont été formées en 2021, la place Beauvau veut qu’il y en ait 2000 d’ici la fin 2022.

Douze policiers ont mis fin à leurs jours depuis le 1er janvier. Onze hommes et une femme. [...] Face à cette situation dramatique, le ministère de l’Intérieur a décidé de réagir à en développant son réseau de « Sentinelles ». Il s’agit de policiers formés à détecter leurs collègues fragilisés.

Ce vendredi, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a reçu les syndicats et associations spécialisées, en compagnie du directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux. Le ministre a notamment annoncé le lancement d’une mission confiée à l’Inspection générale de l’administration (IGA) pour renforcer « la médecine de prévention » et le « réseau de psychologues » de la police, a fait savoir la place Beauvau.

Gérald Darmanin doit également envoyer la semaine prochaine un courrier à tous les policiers pour leur témoigner son « soutien » et appeler l’encadrement à la « vigilance » face aux « signaux faibles de ces situations ». Le DGPN avait déjà réuni le 20 janvier les acteurs concernés.
Un « rôle visible », « au cœur » de leur service

Le déploiement des « Sentinelles » va donc être accéléré afin de détecter plus facilement les fonctionnaires en difficulté. « Cela peut être quelqu’un qui va être plus discret, un peu plus négligé, fatigué, qui va perdre du poids, être cynique et faire des allusions à des intentions suicidaires ou avoir des retards inhabituels », a déclaré l’un de ses fonctionnaires, à l’AFP. En 2021, 41 d’entre eux ont été formés et l’objectif est d’en avoir 2000 d’ici la fin de l’année 2022. Ces personnes sont choisies parce qu’elles occupent un « rôle visible », « au cœur » de leur service ajoute ce même fonctionnaire.

« Cela fait vingt-cinq ans qu’on a 45 suicides par an en moyenne, il est temps d’essayer de nouveaux chemins », a appuyé le porte-parole de l’association PEPS SOS Policiers en détresse, Christophe Girard. Composée de 26 policiers, l’association a reçu plus de 6000 appels d’agents l’année dernière a-t-il ajouté. Christophe Girard a reçu le « feu vert » du DGPN, Frédéric Veaux, afin de se rendre prochainement au Canada, qui a utilisé des « Sentinelles » pour faire chuter drastiquement le nombre de suicides dans les rangs de sa police. Entre 1997 et 2008, le nombre de suicide a été réduit de 79%, ramené à quatre cas.
Vingt psychologues supplémentaires

Gérald Darmanin a par ailleurs annoncé l’arrivée de vingt psychologues supplémentaires au sein du service de soutien psychologique opérationnel (SSPO), portant leurs effectifs à 120 pour les 145 000 policiers de France. Une structure créée en 1996 à la suite des attentats parisiens de 1995, notamment pour prendre en charge les syndromes de stress post-traumatiques des membres des forces de l’ordre. 
 

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Suicides dans la police : "La médecine préventive ou les psychologues sont sous-dimensionnés", selon Unité SGP Police FO

"Les suicides, c'est la partie apparente du mal-être de la police", pointe le secrétaire national du syndicat. Les "burn out" ne sont pas comptabilisés, selon lui.
Article rédigé par
franceinfo
Radio France

Publié le 05/02/2022

"Tous nos services de support, que ce soit la médecine préventive ou les psychologues sont sous-dimensionnés", réagit samedi 5 février sur franceinfo Jean-Christophe Couvy, secrétaire national Unité SGP Police FO après la rencontre de la veille avec Gérald Darmanin au sujet des suicides dans la police. Le ministre de l'Intérieur a annoncé le recrutement d'une vingtaine de psychologues dans les endroits les plus difficiles de la police nationale. Depuis le 1er janvier, douze policiers se sont donné la mort. "Ça va être un travail long", selon Jean-Christophe Couvy.

franceinfo : Est-ce que vous avez le sentiment d'avoir été vraiment entendus, compris, et qu'on va sérieusement vous aider sur ce sujet ?

Jean-Christophe Couvy : On a la confirmation déjà que la place Beauvau ce n'est pas Poudlard [un pensionnat pour jeunes sorcières et sorciers, dans l'univers de Harry Potter]. D'un coup de baguette magique, on ne peut pas changer les choses. On a expliqué d'où venait notre ressenti sur le mal-être de la police. On sait que ça va être un travail long. Mais on n'a pas l'impression non plus qu'on a une révolution managériale. On voit qu'il y a des avancées, les choses essaient de bouger un tout petit peu. Ce n'est pas ce qu'on attend non plus. On attend de retrouver cet esprit de famille qui représente la police. La police, depuis des années, a été sclérosée. C'était la course du chiffre. Il y a encore des indemnités de résultats de performance.

"On voit une police qui, normalement, est un service public et qui devient maintenant un objet de performance et de production."

Jean-Christophe Couvy, secrétaire national Unité SGP Police FO

à franceinfo

Au sujet des changements concrets, qu'on vous a promis, il y a d'abord une mission de l'Inspection générale de l'administration, des consignes de vigilance, courriers de soutien, mais aussi 20 psychologues de plus pour le service de soutien psychologique opérationnel, donc, ça va faire 120 psychologues pour 145 000 policiers. Qu'en pensez-vous ?

Le ratio est faible. On voit bien effectivement que c'est sous-dimensionné. Tous nos services de support, que ce soit la médecine préventive ou les psychologues sont sous-dimensionnés par rapport au nombre que nous sommes. Les policiers, tous les jours, accumulent les petits traumatismes et, à un moment donné, il y a le traumatisme de trop qui nous fait passer à l'acte. Il y a aussi tous les burn out qu'on ne comptabilise pas parce que les suicides, c'est la partie apparente du mal-être de la police. Il faut vraiment travailler sur du long terme et aller dans la matière. Dans le fond.

Un autre dispositif mis en place, c'est celui des sentinelles. Des policiers qui sont formés pour repérer les "signaux faibles". L'objectif, c'est 2 000 sentinelles fin 2022. On n'en est pas là du tout pour l'instant. Il y a une quarantaine de personnes à titre expérimental. C'est ça ?

Bien sûr, c'est expérimental. On en voudrait 2 000 mais il en faudrait presque 20 000. Il faut s'inspirer des modèles par exemple en Israël ou au Québec. Ce sont des policiers qui sont formés. Mais attention, on ne va pas faire du e-learning [enseignement à distance]. Il faut que ce soit des professionnels qui nous forment à détecter les signaux faibles. Donc, tout ça, ça prend du temps. On a lancé la machine et c'est en cours. Ça va être un travail long. Moi, je pense à toutes ces familles endeuillées chaque année. On a passé un recrutement lors du dernier quinquennat de 10 000 policiers. Mais combien vont se suicider ? Est-ce que les jeunes qui rentrent dans la police savent qu'ils ont une chance malheureusement d'un jour de suicider à cause du métier ? Donc il faut changer les choses. Il faut changer ce paradigme. Il faut justement retrouver cet esprit de famille, de cohésion.

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« On porte encore l’uniforme comme une carapace » : des policiers veulent « libérer la parole » sur les cas de suicides
Juliette Bénézit Le Monde (site web)
societe, vendredi 4 février 2022  https://www.lemonde.fr*

Face au nombre de suicides dans la police, qui a connu un pic en janvier, des associations se sont constituées pour prévenir le phénomène et aider les collègues en difficulté.

Il était policier, comme elle. Le 24 mars 2018, le mari de Vanessa [qui n’a souhaité donner que son prénom] a mis fin à ses jours au domicile familial, avec son arme de service. Sa vie et celle de ses deux petites filles, alors âgées de 5 et 8 ans, a basculé en un instant. Au choc de l’événement ont succédé une douleur profonde et un sentiment de culpabilité qui s’enracine, qui ronge. « Je n’ai pas vu qu’il n’allait pas bien », dit Vanessa pudiquement. Depuis quatre ans, la policière se démène pour « redonner un équilibre à [ses] filles ». A la maison, on parle de ce papa qui « manque beaucoup ».

« C’était un père et un mari exemplaire. La seule chose que je lui reprochais, c’est qu’il ne disait rien quand ça n’allait pas et c’est ce qui l’a tué. »

Le week-end dernier, Vanessa a emmené ses filles au ski pour la première fois. Mais, « vu l’actualité », elle a eu du mal à lever la tête de son téléphone. Sur le seul mois de janvier, 12 policiers se sont donné la mort. Sombre bilan. Ils étaient 35 sur l’ensemble de l’année 2021. Derrière son écran, la fonctionnaire scrutait notamment les messages postés sur le groupe Facebook tenu par l’association dont elle est trésorière, PEP’S-SOS Policiers en détresse, une structure de prévention du suicide créée en 2018. Vanessa est l’une des administratrices de cet espace virtuel de « libération de la parole » sur le mal-être des policiers. Aider les collègues pour tenter de guérir : « On a tellement souffert, si on peut l’éviter à d’autres… », confie-t-elle.

Le nombre de suicides dans la police est supérieur de 36 % à 41 % à celui constaté dans l’ensemble de la population active

De façon publique ou anonyme, les policiers qui le souhaitent peuvent exprimer leurs doutes au sein du groupe, demander un conseil et, s’il le faut, passer un appel à l’aide. « On prend aussi les devants : on identifie ceux qui n’ont pas l’air d’aller bien, on prend contact avec eux », explique Christophe Girard, porte-parole de cette association qui compte 26 « aidants ». Ces policiers bénévoles sont devenus les oreilles attentives d’une institution meurtrie : depuis plusieurs années, le nombre de suicides dans la police est supérieur de 36 à 41 % à celui constaté dans l’ensemble de la population active française.

Dispositif « Sentinelles »

Vendredi 4 février, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a reçu les syndicats et les associations de prévention pour évoquer le sujet. Dès le 21 janvier, Frédéric Veaux, le directeur général de la police nationale, a annoncé le renforcement du dispositif « Sentinelles », prévoyant la formation de près de 2 000 policiers dont la mission est de repérer et d’orienter leurs collègues fragilisés vers des structures appropriées.

A la fin de janvier, le ministre de l’intérieur a, quant à lui, annoncé le renforcement du service de soutien psychologique opérationnel (SSPO), avec le recrutement de 20 psychologues supplémentaires, portant leur nombre à 120 pour un total de 146 000 agents. Ces mesures viennent s’ajouter à celles mises en place depuis plusieurs années, comme la création d’un numéro vert anonyme, gratuit et confidentiel (0805 230 405), la signature de partenariats avec les professionnels de santé ou encore le développement d’une e-formation.

Depuis 2018, à l’instar de PEP’S, d’autres jeunes associations principalement composées de policiers bénévoles, comme Alerte police en souffrance (APS) ou Assopol, ont pris les devants sur le sujet. Avec les moyens du bord : pour entrer en contact ou assurer le suivi d’un collègue, les discussions se font sur les réseaux sociaux, par messages privés, par e-mail ou sur les lignes téléphoniques personnelles de chacun, souvent jusque tard dans la nuit ou très tôt le matin. Selon la situation, parfois, un coup de fil suffira. En cas de crise suicidaire, il faudra déclencher une intervention en urgence. L’accompagnement pourra alors durer plusieurs mois, voire plusieurs années.

Lien de confiance « entre policiers qui parlent à des policiers »

« On n’est pas thérapeutes », répètent néanmoins tous les bénévoles interrogés. Pour qu’une libération de la parole soit amorcée, l’enjeu est d’instaurer un lien de confiance « entre policiers qui parlent à des policiers » : « On a souvent vécu des expériences similaires », explique Cyril Cros, cofondateur d’AssoPol. C’est tout le principe de la « pair-aidance ».

Lui-même a « failli avoir un geste malheureux », il y a quelques années. « Je ne parlais pas de ma situation, livre ce père de deux enfants, affecté à la direction départementale de la sécurité publique de Gironde. J’ai été hospitalisé et personne n’a rien vu venir. Quand je suis sorti, je suis revenu dans mon service et deux jours après, une collègue mettait fin à ses jours. » « J’ai perdu plus de copains qui se sont suicidés que lors d’interventions difficiles, alors que j’ai fait vingt-trois ans en BAC », rapporte Christophe Girard, aujourd’hui enquêteur à la brigade des stupéfiants :

« Quand vous passez la nuit à patrouiller avec quelqu’un, que vous pensez que tout va bien, et que deux jours plus tard, il met fin à ses jours, vous vous posez des questions. Et puis, à un moment donné, il y a la tentative de trop. Il fallait faire quelque chose. »

« Voir la violence, physique ou sociale, au quotidien, on n’en sort pas indemne »

Si les causes du mal-être dans les rangs de la police nationale sont toujours « multifactorielles », les associations identifient des récurrences, comme le stress post-traumatique par accumulation et le manque de préparation des effectifs aux effets de l’exposition à des événements traumatiques. « Un policier commence sa carrière avec un sac à dos qui va se remplir au fur et à mesure des choses qu’il voit sur le terrain, d’intervention en intervention, rapporte Grégory Joron, porte-parole du syndicat SGP-Police FO. Mettre un fœtus issu d’un viol sous scellé, ramasser les parties du corps de quelqu’un qui s’est jeté sous un train, voir la violence, physique ou sociale, au quotidien, on n’en sort pas indemne, explique Vincent (le prénom a été modifié), un policier qui s’est spécialisé sur la question des suicides. La culture du débriefing est trop absente. »

Lui se souvient d’une bagarre générale à laquelle il avait assisté et qui avait fait plusieurs blessés graves. Impossible de dormir pendant trois jours. Cyril Cros cite, quant à lui, l’exemple d’un collègue qui l’a contacté par téléphone, au petit matin. Pendant sa vacation de nuit, il avait été appelé sur un accident mortel et devait contacter la famille des victimes. « Ça faisait écho à un accident qu’il avait eu avec ses enfants et qu’il n’avait pas évacué, explique Cyril. On a discuté ensemble, il va prendre rendez-vous avec un psychologue avec qui on travaille. »

« Libérer la parole, c’est prévenir le suicide », résume Vincent. L’enjeu est de taille dans une institution où il ne fait pas bon avoir des états d’âme. « Quand je suis rentrée dans la police il y a quinze ans, on me disait “tes soucis, tu les laisses chez toi”, se souvient Vanessa. En parlant, il y a la peur d’être jugé, d’être mis à l’écart par les collègues du service, qu’on dise “celui-là, il ne tient pas le coup”. Il faut casser ces barrières. » « On porte encore l’uniforme comme une carapace », explique Vincent. L’agent parle aussi d’une « culture “viriliste” » dans la police :

« Il y a le mythe selon lequel un homme fort n’exprime pas ses émotions, sa tristesse… Pourtant, dire que ça ne va pas n’est pas un aveu de faiblesse, au contraire. »

« Méfiance vis-à-vis de la hiérarchie »

L’autre crainte est celle du désarmement. Tout un symbole. « Ça veut dire ne plus aller sur le terrain, ne plus pouvoir aider les collègues sur la voie publique », explique Cyril Cros. Alors, même si les professionnels du SSPO, rattaché à la direction générale de la police nationale, ont reçu près de 10 000 agents en 2020, un certain nombre de policiers redoutent de prendre contact avec eux, de peur que leurs supérieurs ne soient mis au courant de leurs difficultés. « Il y a une méfiance, voire une défiance vis-à-vis de la hiérarchie », rapporte Vincent. D’après les associations, le harcèlement et l’organisation du travail sont l’une des principales causes de mal-être dans les rangs.

Depuis leur création, les associations de policiers bénévoles se sont professionnalisées et ont tissé des liens étroits avec des psychologues, psychiatres, infirmières et cliniques spécialisées. Récemment, les équipes de PEP’S ont été formées à la méthode d’intervention israélienne dite « 6C », qui permet d’apporter les soins de « premiers secours psychologiques » à une personne en détresse. Elles plaident pour la diffusion du dispositif en France. En mai 2021, PEP’S et APS ont signé un protocole avec la direction générale de la police nationale visant à favoriser une collaboration efficace sur le sujet. Elles demandent désormais l’organisation d’un grand diagnostic sur les causes du suicide chez les policiers.

Au quotidien, Vanessa a souvent du mal à décrocher de l’association. « On est tout le temps sur notre téléphone, sauf quand on est au travail, en intervention, résume-t-elle. Parfois mes filles me font la remarque quand ça n’arrête pas de sonner. Je leur ai expliqué ce que je faisais. »

Pour tous ces policiers bénévoles, l’investissement physique et psychologique est colossal. Des formes de supervision collective et individuelle ont été mises en place. « Ce qu’on dit aux collègues, on se l’applique à nous-mêmes, rapporte Christophe Girard. Au moins une fois par semaine, je vais voir une psychologue. Et parfois, je l’appelle trois fois dans la semaine ! » Les histoires des uns et des autres peuvent se croiser, raviver des moments difficiles, alors il faut « évacuer ». Comme fil rouge de son engagement, Vanessa, elle, garde en tête les mots d’un policier qui n’allait pas bien et qui a fini par lui dire : « Grâce à toi, mon fils aura un papa pour grandir. » Cet article est paru dans Le Monde (site web)
https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/02/04/on-porte-encore-l-uniforme-comme-une-carapace-comment-des-policiers-veulent-liberer-la-parole-sur-le-mal-etre-dans-leurs-rangs_6112318_3224.html
 
 
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Le ministère des Solidarités et de la Santé fortement engagé en faveur de la prévention du suicide
publié le 04.02.22
Communiqués et dossiers de presse
https://solidarites-sante.gouv.fr*

A l’occasion de la journée nationale dédiée à la prévention du suicide le 5 février 2022, le ministère des Solidarité et de la Santé rappelle que la prévention du suicide est un enjeu majeur de santé publique et vous invite à prendre connaissance des outils mis à la disposition de tous.


La prévention du suicide est une priorité pour le ministère des Solidarités et de la Santé qui l’a inscrite dans sa Feuille de route santé mentale et psychiatrie de 2018.

Dès l’automne 2020, Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, prenait en compte le rôle de la crise sanitaire comme catalyseur des problèmes de santé mentale en France, notamment chez certains publics spécifiques comme les jeunes, mettant en exergue la nécessité de porter une attention soutenue à cette problématique de santé.

Annoncées dès janvier 2021 par le Président de la République, les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie fin septembre 2021 ont permis de dresser un état des lieux partagé de la promotion et de la prévention en santé mentale, de l’offre de soins en psychiatrie et de l’accompagnement proposés aux Français.

Les études épidémiologiques des dernières années ont permis d’identifier des actions permettant de diminuer la mortalité et la morbidité suicidaires de façon efficace : le suicide est en grande partie évitable.

Le ministère des Solidarités et de la Santé poursuit ainsi le renforcement de sa politique de prévention pour mettre œuvre de façon concrète et coordonnée un ensemble d’actions dans les territoires :

Le maintien du contact avec la personne qui a fait une tentative de suicide, grâce au dispositif Vigilans.
Créé en 2015, le dispositif est un système de recontact et d’alerte qui organise autour de la personne ayant fait une tentative de suicide un réseau de professionnels de santé pour garder le contact avec elle. En février 2022, VigilanS est déployé dans 17 régions dont 4 régions d’Outre-mer. L’objectif en 2022 consiste à compléter la couverture territoriale avec notamment au moins un dispositif actif par région.

Des formations au repérage, à l’évaluation du risque suicidaire et à l’intervention de crise auprès des personnes en crise suicidaire.
Ces formations rénovées en 2019, avec des contenus adaptés aux rôles et compétences des personnes formées, depuis les citoyens volontaires sentinelles jusqu’aux professionnels de santé, ont pour objectif de créer des réseaux de personnes ressources dans chaque région.

Des actions ciblées pour lutter contre le risque de contagion suicidaire, notamment grâce au programme PAPAGENO.
Les personnes exposées directement ou indirectement à un événement suicidaire sont plus à risque d’avoir des idées suicidaires, ou même de passer à l’acte. Au niveau individuel, être exposé à un suicide multiplierait de 2 à 4 le risque de geste suicidaire. Exemples d’actions mises en œuvre : identification des zones à risque (hot-spots suicidaires) pour permettre des mises en sécurité de ces lieux ; formation des journalistes et interventions dans les media, pour éviter un effet d’identification et faire, au contraire, du traitement médiatique d’un suicide une occasion de prévention.

La mise en place depuis le 1er octobre 2021 du 3114, le numéro national de prévention du suicide, annoncé par Olivier Véran dans le cadre du Ségur de la santé.
Gratuit, accessible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 sur l’ensemble du territoire (métropole et Outre-Mer), ce numéro d’appel permet d’apporter une réponse immédiate :
Aux personnes en détresse psychique et à risque suicidaire,
A l’entourage des personnes à risque suicidaire,
Aux endeuillés par suicide,
Aux professionnels en lien avec des personnes suicidaires qui souhaitent obtenir des avis, conseils spécialisés.

Le 3114, c’est déjà 11 centres répondants en régions (de nouveaux centres viendront renforcer le dispositif en 2022), 169 professionnels hospitaliers spécifiquement formés (infirmiers et psychologues) placés sous la supervision d’un psychiatre, et plus de 34 000 appels cumulés depuis l’ouverture.

« Nous avons créé le 3114 pour permettre à toutes les personnes en grande détresse de trouver à l’autre bout du téléphone une oreille attentive et professionnelle pour les écouter, les orienter et parfois même leur venir en aide en urgence. Chaque jour, nous constatons encore d’avantage à quel point ce numéro unique est utile, et à quel point il est un pilier majeur de notre lutte contre le suicide et en faveur de la santé mentale de nos concitoyens », a déclaré Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé
En complément de ce nouveau service hospitalier de prévention, de nombreuses associations sont impliquées et proposent un soutien aux personnes en souffrance. Tous ces services d’écoute et d’accueil, partenaires de la Stratégie nationale de prévention du suicide sont anonymes et gratuits. Certains contribuent à la réponse donnée dans le cadre du numéro vert Covid : 0 800 130 000.

Si le taux de suicide en France reste l’un des plus élevés des pays européens, on observe depuis 2000 sa baisse régulière. Osons parler de santé mentale et soyons attentifs aux signes de détresse de notre entourage.

Contact presse :

Direction générale de la santé
presse-dgs@sante.gouv.fr - 01 40 56 84 00

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Confrontée à une vague de suicides, la police mise sur ses "Sentinelles" 
 
Par Alexandre HIELARD
Vendredi 4 février 2022


Paris (AFP) - Au terme d'un mois de janvier noir marqué par douze suicides dans ses rangs, la police cherche à anticiper les passages à l'acte en développant son réseau de "Sentinelles", des policiers formés pour repérer leurs collègues fragilisés.

Mickaël H., 50 ans, brigadier-chef à la police aux frontières (PAF) de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, s'est donné la mort dimanche dernier dans son pavillon de Saint-Martin-Longueau (Oise). Il est le dernier de la liste déjà longue des policiers qui ont mis fin à leurs jours depuis le début de l'année.

Douze au total: onze hommes et une femme. Deux de plus qu'en janvier de 2019, dernière année noire dans l'institution avec 59 suicides. En moyenne, de 30 et 60 fonctionnaires de police mettent fin à leurs jours chaque année.

Vendredi, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a reçu les syndicats et associations spécialisées, en présence du directeur général de la police nationale (DGPN) Frédéric Veaux.

Le ministre a notamment annoncé le lancement d'une mission confiée à l'Inspection générale de l'administration (IGA) pour renforcer "la médecine de prévention" et le "réseau de psychologues" de la police, a indiqué le ministère de l'Intérieur.

Gérald Darmanin doit également envoyer la semaine prochaine un courrier à tous les policiers pour leur témoigner son "soutien" et appeler l'encadrement à la "vigilance" face aux "signaux faibles de ces situations".

Le DGPN, "impliqué pour que les choses changent" selon un connaisseur du dossier, avait déjà réuni le 20 janvier les acteurs concernés.

Une décision a déjà été prise: accélérer le déploiement des "Sentinelles", des policiers formés à la détection des signaux faibles des difficultés de leurs collègues.

"Cela peut être quelqu'un qui va être plus discret, un peu plus négligé, fatigué, qui va perdre du poids, être cynique et faire des allusions à des intentions suicidaires ou avoir des retards inhabituels", détaille à l'AFP une de ces "Sentinelles".

- "Nouveaux chemins" -

Une première phase expérimentale a permis d'en former 41 en 2021. L'objectif est de disposer d'un vivier de près de 2.000 de ces policiers fin 2022.

"Aidantes par nature", ces personnes sont choisies parce qu'elles occupent un "rôle visible", "au c?ur" de leur service, "soit au secrétariat, soit parce qu'elles sont chefs d'une brigade, soit parce qu'elles font partie des plus anciens", précise la "Sentinelle".

"Cela fait vingt-cinq ans qu'on a 45 suicides par an en moyenne, il est temps d'essayer de nouveaux chemins", exhorte le porte-parole de "Peps SOS Policiers en détresse", Christophe Girard.

L'association, composée de 26 policiers, a reçu plus de 6.000 appels d'agents l'année dernière.

Frédéric Veaux lui a donné le "feu vert", dit M. Girard, pour se rendre au printemps au Canada, un pays pionnier dans la prévention du suicide dans la police. Grâce à ses "Sentinelles", la police de Montréal avait réduit de 79% le nombre de suicides dans ses rangs entre 1997 et 2008, alors ramené à seulement quatre cas.

Gérald Darmanin a aussi annoncé l'arrivée de vingt psychologues supplémentaires au sein du service de soutien psychologique opérationnel (SSPO), portant leurs effectifs à 120 pour les 145.000 policiers de France.

- "Ça déborde" -

La création de cette structure en 1996 a souvent été associée au nombre record de suicides (70) enregistrés dans la police cette année-là. Elle l'a en fait été après les attentats parisiens de 1995 pour traiter les syndromes de stress post-traumatiques dans les forces de l'ordre.

Le SSPO a mené près de 40.000 entretiens en 2021 auprès de plus de 10.000 policiers, une hausse de 45% depuis cinq ans, selon les chiffres communiqués à l'AFP par sa cheffe, Catherine Pinson.

"C'est le signe que le regard vis-à-vis des psychologues dans l'institution a changé. Un jeune policier aujourd'hui ira plus facilement demander de l'aide", estime Mme Pinson.

En poste depuis 2015, sa tâche principale, résume-t-elle, consiste à "permettre au policier de sortir du +blindage+ qu'il s'est construit, utile pour travailler dans un contexte de violences mais qui peut se retourner contre lui, et surtout ne doit pas l'empêcher de demander de l'aide".

"On démarre sa carrière avec un sac à dos vide. Et au fur et à mesure, on met des petits cailloux dedans, jusqu'à ce que ça déborde", image Grégory Joron, secrétaire général du syndicat Unité SGP FO.

Il met aussi en cause "le management, pas assez horizontal" et une action guidée par l'impératif de "mettre un maximum de personnes sur le terrain" au détriment de "la culture de groupe, des moments partagés, des débriefings".


Illustration(s) :

DENIS CHARLET
Confrontée à une vague de suicides, la police cherche à anticiper les passages à l'acte en développant son réseau de "Sentinelles"

 

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« On porte encore l’uniforme comme une carapace » : des policiers veulent « libérer la parole » sur les cas de suicides
Juliette Bénézit
Le Monde (site web)
societe, vendredi 4 février 2022

Face au nombre de suicides dans la police, qui a connu un pic en janvier, des associations se sont constituées pour prévenir le phénomène et aider les collègues en difficulté.

Il était policier, comme elle. Le 24 mars 2018, le mari de Vanessa [qui n’a souhaité donner que son prénom] a mis fin à ses jours au domicile familial, avec son arme de service. Sa vie et celle de ses deux petites filles, alors âgées de 5 et 8 ans, a basculé en un instant. Au choc de l’événement ont succédé une douleur profonde et un sentiment de culpabilité qui s’enracine, qui ronge. « Je n’ai pas vu qu’il n’allait pas bien », dit Vanessa pudiquement. Depuis quatre ans, la policière se démène pour « redonner un équilibre à [ses] filles ». A la maison, on parle de ce papa qui « manque beaucoup ».

« C’était un père et un mari exemplaire. La seule chose que je lui reprochais, c’est qu’il ne disait rien quand ça n’allait pas et c’est ce qui l’a tué. »

Le week-end dernier, Vanessa a emmené ses filles au ski pour la première fois. Mais, « vu l’actualité », elle a eu du mal à lever la tête de son téléphone. Sur le seul mois de janvier, 12 policiers se sont donné la mort. Sombre bilan. Ils étaient 35 sur l’ensemble de l’année 2021. Derrière son écran, la fonctionnaire scrutait notamment les messages postés sur le groupe Facebook tenu par l’association dont elle est trésorière, PEP’S-SOS Policiers en détresse, une structure de prévention du suicide créée en 2018. Vanessa est l’une des administratrices de cet espace virtuel de « libération de la parole » sur le mal-être des policiers. Aider les collègues pour tenter de guérir : « On a tellement souffert, si on peut l’éviter à d’autres… », confie-t-elle.

Le nombre de suicides dans la police est supérieur de 36 % à 41 % à celui constaté dans l’ensemble de la population active

De façon publique ou anonyme, les policiers qui le souhaitent peuvent exprimer leurs doutes au sein du groupe, demander un conseil et, s’il le faut, passer un appel à l’aide. « On prend aussi les devants : on identifie ceux qui n’ont pas l’air d’aller bien, on prend contact avec eux », explique Christophe Girard, porte-parole de cette association qui compte 26 « aidants ». Ces policiers bénévoles sont devenus les oreilles attentives d’une institution meurtrie : depuis plusieurs années, le nombre de suicides dans la police est supérieur de 36 à 41 % à celui constaté dans l’ensemble de la population active française.

Dispositif « Sentinelles »

Vendredi 4 février, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a reçu les syndicats et les associations de prévention pour évoquer le sujet. Dès le 21 janvier, Frédéric Veaux, le directeur général de la police nationale, a annoncé le renforcement du dispositif « Sentinelles », prévoyant la formation de près de 2 000 policiers dont la mission est de repérer et d’orienter leurs collègues fragilisés vers des structures appropriées.

A la fin de janvier, le ministre de l’intérieur a, quant à lui, annoncé le renforcement du service de soutien psychologique opérationnel (SSPO), avec le recrutement de 20 psychologues supplémentaires, portant leur nombre à 120 pour un total de 146 000 agents. Ces mesures viennent s’ajouter à celles mises en place depuis plusieurs années, comme la création d’un numéro vert anonyme, gratuit et confidentiel (0805 230 405), la signature de partenariats avec les professionnels de santé ou encore le développement d’une e-formation.

Depuis 2018, à l’instar de PEP’S, d’autres jeunes associations principalement composées de policiers bénévoles, comme Alerte police en souffrance (APS) ou Assopol, ont pris les devants sur le sujet. Avec les moyens du bord : pour entrer en contact ou assurer le suivi d’un collègue, les discussions se font sur les réseaux sociaux, par messages privés, par e-mail ou sur les lignes téléphoniques personnelles de chacun, souvent jusque tard dans la nuit ou très tôt le matin. Selon la situation, parfois, un coup de fil suffira. En cas de crise suicidaire, il faudra déclencher une intervention en urgence. L’accompagnement pourra alors durer plusieurs mois, voire plusieurs années.

Lien de confiance « entre policiers qui parlent à des policiers »

« On n’est pas thérapeutes », répètent néanmoins tous les bénévoles interrogés. Pour qu’une libération de la parole soit amorcée, l’enjeu est d’instaurer un lien de confiance « entre policiers qui parlent à des policiers » : « On a souvent vécu des expériences similaires », explique Cyril Cros, cofondateur d’AssoPol. C’est tout le principe de la « pair-aidance ».

Lui-même a « failli avoir un geste malheureux », il y a quelques années. « Je ne parlais pas de ma situation, livre ce père de deux enfants, affecté à la direction départementale de la sécurité publique de Gironde. J’ai été hospitalisé et personne n’a rien vu venir. Quand je suis sorti, je suis revenu dans mon service et deux jours après, une collègue mettait fin à ses jours. » « J’ai perdu plus de copains qui se sont suicidés que lors d’interventions difficiles, alors que j’ai fait vingt-trois ans en BAC », rapporte Christophe Girard, aujourd’hui enquêteur à la brigade des stupéfiants :

« Quand vous passez la nuit à patrouiller avec quelqu’un, que vous pensez que tout va bien, et que deux jours plus tard, il met fin à ses jours, vous vous posez des questions. Et puis, à un moment donné, il y a la tentative de trop. Il fallait faire quelque chose. »

« Voir la violence, physique ou sociale, au quotidien, on n’en sort pas indemne »

Si les causes du mal-être dans les rangs de la police nationale sont toujours « multifactorielles », les associations identifient des récurrences, comme le stress post-traumatique par accumulation et le manque de préparation des effectifs aux effets de l’exposition à des événements traumatiques. « Un policier commence sa carrière avec un sac à dos qui va se remplir au fur et à mesure des choses qu’il voit sur le terrain, d’intervention en intervention, rapporte Grégory Joron, porte-parole du syndicat SGP-Police FO. Mettre un fœtus issu d’un viol sous scellé, ramasser les parties du corps de quelqu’un qui s’est jeté sous un train, voir la violence, physique ou sociale, au quotidien, on n’en sort pas indemne, explique Vincent (le prénom a été modifié), un policier qui s’est spécialisé sur la question des suicides. La culture du débriefing est trop absente. »

Lui se souvient d’une bagarre générale à laquelle il avait assisté et qui avait fait plusieurs blessés graves. Impossible de dormir pendant trois jours. Cyril Cros cite, quant à lui, l’exemple d’un collègue qui l’a contacté par téléphone, au petit matin. Pendant sa vacation de nuit, il avait été appelé sur un accident mortel et devait contacter la famille des victimes. « Ça faisait écho à un accident qu’il avait eu avec ses enfants et qu’il n’avait pas évacué, explique Cyril. On a discuté ensemble, il va prendre rendez-vous avec un psychologue avec qui on travaille. »

« Libérer la parole, c’est prévenir le suicide », résume Vincent. L’enjeu est de taille dans une institution où il ne fait pas bon avoir des états d’âme. « Quand je suis rentrée dans la police il y a quinze ans, on me disait “tes soucis, tu les laisses chez toi”, se souvient Vanessa. En parlant, il y a la peur d’être jugé, d’être mis à l’écart par les collègues du service, qu’on dise “celui-là, il ne tient pas le coup”. Il faut casser ces barrières. » « On porte encore l’uniforme comme une carapace », explique Vincent. L’agent parle aussi d’une « culture “viriliste” » dans la police :

« Il y a le mythe selon lequel un homme fort n’exprime pas ses émotions, sa tristesse… Pourtant, dire que ça ne va pas n’est pas un aveu de faiblesse, au contraire. »

« Méfiance vis-à-vis de la hiérarchie »

L’autre crainte est celle du désarmement. Tout un symbole. « Ça veut dire ne plus aller sur le terrain, ne plus pouvoir aider les collègues sur la voie publique », explique Cyril Cros. Alors, même si les professionnels du SSPO, rattaché à la direction générale de la police nationale, ont reçu près de 10 000 agents en 2020, un certain nombre de policiers redoutent de prendre contact avec eux, de peur que leurs supérieurs ne soient mis au courant de leurs difficultés. « Il y a une méfiance, voire une défiance vis-à-vis de la hiérarchie », rapporte Vincent. D’après les associations, le harcèlement et l’organisation du travail sont l’une des principales causes de mal-être dans les rangs.

Depuis leur création, les associations de policiers bénévoles se sont professionnalisées et ont tissé des liens étroits avec des psychologues, psychiatres, infirmières et cliniques spécialisées. Récemment, les équipes de PEP’S ont été formées à la méthode d’intervention israélienne dite « 6C », qui permet d’apporter les soins de « premiers secours psychologiques » à une personne en détresse. Elles plaident pour la diffusion du dispositif en France. En mai 2021, PEP’S et APS ont signé un protocole avec la direction générale de la police nationale visant à favoriser une collaboration efficace sur le sujet. Elles demandent désormais l’organisation d’un grand diagnostic sur les causes du suicide chez les policiers.

Au quotidien, Vanessa a souvent du mal à décrocher de l’association. « On est tout le temps sur notre téléphone, sauf quand on est au travail, en intervention, résume-t-elle. Parfois mes filles me font la remarque quand ça n’arrête pas de sonner. Je leur ai expliqué ce que je faisais. »

Pour tous ces policiers bénévoles, l’investissement physique et psychologique est colossal. Des formes de supervision collective et individuelle ont été mises en place. « Ce qu’on dit aux collègues, on se l’applique à nous-mêmes, rapporte Christophe Girard. Au moins une fois par semaine, je vais voir une psychologue. Et parfois, je l’appelle trois fois dans la semaine ! » Les histoires des uns et des autres peuvent se croiser, raviver des moments difficiles, alors il faut « évacuer ». Comme fil rouge de son engagement, Vanessa, elle, garde en tête les mots d’un policier qui n’allait pas bien et qui a fini par lui dire : « Grâce à toi, mon fils aura un papa pour grandir. » Cet article est paru dans Le Monde (site web)

 

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Suicides dans la police: le plan contre la «série noire»

Par Christophe Cornevin
Publié 30/01/22 https://www.lefigaro.fr*

Lorsque ce contexte se conjugue avec des rythmes de travail décalés, le contact quotidien avec la souffrance et la détresse humaine, ainsi qu’avec des problèmes de santé ou familiaux, le stress peut tourner au désespoir. 144322332/franz massard - Fotolia

DÉCRYPTAGE - L’institution va déployer 2000 «sentinelles» dans les services, où douze fonctionnaires se sont donné la mort en janvier, selon nos informations.


Si la grogne policière qui s’est exprimée dans les rues s’est éteinte, l’institution encaisse les coups et parfois les bleus à l’âme. Pris pour cibles et rudoyés dans les cités où les voyous tendent des guets-apens avec la volonté de sanctuariser leurs trafics, choqués il y a deux ans par la violence de simples citoyens ayant revêtu leurs gilets jaunes, pointés du doigt hier pour racisme et aujourd’hui en première ligne pour les contrôles de passes sanitaires, les effectifs sont en proie à une société de plus en plus rugueuse.

Lorsque ce contexte se conjugue avec des rythmes de travail décalés, le contact quotidien avec la souffrance et la détresse humaine, ainsi qu’avec des problèmes de santé ou familiaux, le stress peut tourner au désespoir. [..]. Une vraie série noire, si l’on considère que 35 suicides ont été recensés l’année dernière et 32 en 2020.

Au sein de la maison police, où l’alerte est prise très au sérieux, tout est fait pour endiguer ce début d’épidémie et ne pas renouer avec le pic de 2019, annus horribilis où 59 fonctionnaires avaient commis l’irréparable. Dès le 21 janvier, le directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux, a réuni et écouté les responsables syndicaux, ceux des associations, mutuelles et autres fondations impliquées dans la prise en charge des policiers en souffrance. Il en est sorti un plan de bataille dont Le Figaro dévoile le détail. Sur le front de la détection, il a décidé d’étendre sans délai à 2000 le nombre des «sentinelles» dans les services. «Il s’agit de policiers volontaires, allant du gardien de la paix jusqu’au commissaire, qui veillent sur leurs pairs en mettant en place un système de repérage au sein même des services, explique-t-on à la DGPN. Formés pour détecter d’éventuelles difficultés personnelles, financières ou familiales, ils ont vocation non pas à régler le problème mais à guider leur collègue vers une assistante sociale, un médecin, un psychologue, un médiateur ou encore un chef de service». Nourri du modèle de la police de Montréal, ce dispositif a été expérimenté depuis 2021, avec une quarantaine de «sentinelles», pionnières dans les commissariats de Chartres, Dreux, Valenciennes ou Cergy ainsi qu’à la police aux frontières de Lille ou encore dans des centres de rétention administrative de Lesquins ou Metz.

«Même s’il n’y a pas de solution miracle, l’idée est de déployer le plus d’outils et de capteurs possibles pour venir en aide aux 146.000 hommes et femmes qui travaillent dans nos rangs», estime-t-on au plus haut sommet de la police. Dans cet esprit, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a de son côté annoncé devant le Sénat, jeudi dernier, la création de 20 nouveaux postes au service de soutien psychologique opérationnel de la police (SSPO). Selon nos informations, cette structure, créée en 1996 et portée à 120 psychologues cliniciens, a organisé l’année dernière pas moins 39.000 entretiens avec des policiers, même si nombre d’entre eux rechignent à confier leur mal-être en interne.
Syndromes de stress post-traumatique

En 2019, Christophe Castaner, alors ministre de l’Intérieur, avait décidé d’élargir le cercle des «écoutants» en faisant appel à un réseau externe à la police. Une nouveauté. À l’adresse des policiers qui éprouvaient une forme de «honte» ou avaient «peur d’être pointés du doigt», la société Pros-Consulte, qui a fait ses preuves auprès de 400 entreprises employant 3 millions de personnes, a alors ouvert une plateforme fonctionnant 24 heures/24, week-ends compris.

Pour resserrer encore les liens, l’administration a signé deux conventions respectives avec les associations «Alerte police en souffrance» et «Peps SOS policiers en détresse» qui sont à la pointe de la prévention. «Cela fait vingt-cinq ans qu’il y a urgence à agir car nous sommes à une moyenne de 45 suicides par an, assure Yohann Dechaine, président de Peps. À force d’accumuler des interventions violentes où nous voyons des cadavres d’enfants, des femmes battues et toute la misère du monde, il est difficile de ressortir indemnes d’un tel métier.» Pour lutter contre les syndromes de stress post-traumatique, c’est-à-dire là où se trouve le vrai problème, ce policier dans les Yvelines suggère de s’inspirer notamment du protocole israélien «6-C», mis en place par des neuroscientifiques pour mieux prendre en compte la charge émotionnelle des agents en opération. Ce dernier préconise en outre de déployer, comme au Canada, des psychologues de proximité au sein même des services, sachant qu’il y a près de 600 commissariats en France.

Pour compléter l’arsenal des mesures, Frédéric Veaux va renforcer les moyens de la médecine de prévention et relancer la pratique du sport dans les rangs, chaque policier étant censé en faire deux heures par semaine. En interne, des consignes sont martelées pour développer un «exercice bienveillant du pouvoir hiérarchique» et éviter que des agents se sentent déconsidérés, voire lâchés dans la tempête. «Si on essaie d’apporter une réponse globale, nous restons humbles face à la multiplicité des raisons intimes qui mènent à l’irréparable», lâche-t-on à la DGPN. Dimanche 23 janvier, la mort de Pierre L., gardien de la paix qui s’est suicidé avec son arme de service, a bouleversé toute la profession. Major de promotion affecté dans les quartiers nord de Marseille, il n’était âgé que de 22 ans. 



43 suicides par an ces quinze dernières années
NOMBRE DE SUICIDES DE POLICIERS PAR AN 

Sources : Alternative police, CFDT, AFP
https://www.lefigaro.fr/actualite-france/suicides-dans-la-police-le-plan-contre-la-serie-noire-20220130
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"Nous, on n'a pas le droit de dire que cela ne va pas": le témoignage d'une policière qui a échappé au suicide

Entre trente et quarante policiers se suicident chaque année en France. . [..]. . À une époque pas si lointaine, Fanny aurait pu se rajouter à cette liste macabre. Aujourd'hui, c'est elle qui répond au téléphone quand ses confrères sont en détresse.

Pierre Peyret Publié le 29/01/2022 https://www.nicematin.com*
"Je n'imaginais pas un tel mal-être dans la profession". Photo Jean Marc Vincenti

Aujourd'hui, c'est elle qui répond au téléphone. Modératrice pour l'association PEPS-SOS Policiers en détresse, Fanny (*), 46 ans, se mobilise quand ses confrères policiers ne vont pas bien.

Depuis bientôt trois ans, cette association aide, écoute et oriente les policiers ou leur famille qui en ont besoin. L'an dernier, ces fonctionnaires de police bénévoles, dont elle fait partie, ont répondu à plus de 6.000 appels. "Je n'imaginais pas un tel mal-être dans la profession", assure-t-elle. 

Le sien l'a pourtant conduit à plusieurs tentatives de suicide ces dernières années. La police, c'était sa vocation. "Dès toute petite, je savais que je voulais faire ce métier". Si elle a épousé la fonction un peu tard, elle a vite été amenée à travailler dans plusieurs commissariats, toujours en région parisienne. Avant de gravir les échelons, sur le terrain, pour devenir officier de police judiciaire.

"J'avais déjà eu quelques alertes", concède-t-elle. "Des traumatismes personnels auxquels se sont rajoutés des traumatismes professionnels, avec des interventions qui m'ont marquée." Rien de comparable et notable avec ce qu'elle va vivre par la suite quand elle intègre, en 2015, un service spécialisé.


"J'ai commencé à plonger dans l'alcool"

Là, une intervention, sur laquelle elle ne souhaite pas s'étendre, va la marquer durablement. "Je ne m'en suis pas rendue compte de suite mais j'ai buggé. Je n'ai aucun souvenir du jour de l'intervention. Un black-out complet." C'est à compter de ce jour qu'elle a commencé à plonger dans l'alcool. "C'est venu progressivement. C'était ma manière de décompresser." Sans forcément en prendre conscience.

Puis un soir d'avril 2016, les médicaments viennent se rajouter à l'alcool. "C'était ma première tentative de suicide, mais c'était surtout un appel au secours". Un appel qui restera lettre morte. Elle encaisse. Garde tout pour elle. "Tout cela n'a pas eu de répercussion sur mon travail. De toute façon, pendant deux ans, je n'ai pas arrêté de travailler". 

Quand on est policier, on doit garder la tête haute. On est là pour aider les gens. Vous savez, on intervient quand cela ne va pas pour les citoyens. Nous, on n'a pas le droit de dire que cela ne va pas".

En 2018, elle demande une nouvelle mutation. Elle intègre la police judiciaire parisienne: "la plus grosse erreur de ma vie". Les souvenirs des interventions passées ressurgissent et la menace terroriste permanente lui "font péter les plombs". Nouvelle tentative de suicide. Elle s'en sort.

Nous sommes en 2019 et, sans trop se rappeler comment – " au détour d'une page Facebook" –, elle tombe sur PEPS-SOS Policiers en détresse et ses bénévoles. 

"Ils n'aiment pas que je dise cela, mais ils m'ont sauvée"

"Ils n'aiment pas que je dise cela, mais ils m'ont sauvée. Je me suis sauvée aussi, car j'ai travaillé sur moi-même pour m'en sortir". Une hospitalisation en clinique, une cure de sevrage et un suivi psychologique et psychiatrique font que, semaine après semaine, l'heure de la reprise se rapproche.

 C'est pour cela qu'elle tient aujourd'hui à être aidante à son tour. Pour les fonctionnaires, il existe pourtant le service de soutien psychologique opérationnel, le SSPO. "Ils font un travail énorme mais ils ne sont pas assez nombreux. Ce n'est pas qu'ils ne veulent pas, mais ils ne peuvent pas". 

"Aujourd'hui, ce qui m'impressionne, c'est le nombre de collègues qui me disent vouloir démissionner, alors qu'ils sont rentrés par vocation". Comme elle.

*Le prénom a été modifié

https://www.nicematin.com/faits-de-societe/nous-on-na-pas-le-droit-de-dire-que-cela-ne-va-pas-le-temoignage-dune-policiere-qui-a-echappe-au-suicide-742605

 

 

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Police « On ne peut pas sortir indemne de ce métier… » Quelles solutions pour endiguer la vague de suicides de policiers ?


Thibaut Chevillard
Publié le 28/01/22 https://www.20minutes.fr*
Depuis le début de l’année, des policiers et des gendarme ont mis fin à leurs jours. En moyenne, il est recensé entre 30 et 40 suicides par an.
Les ministres de l’Intérieur successifs ont tour à tour pris des mesures pour tenter d’endiguer le phénomène. Sans réussir véritablement à y parvenir.
Christophe Girard, vice-président de l’association Pep’s, explique que « la cause principale du mal-être des policiers est un syndrome de stress post-traumatique » lié aux interventions difficiles et au rythme de travail éprouvant des agents.
Grégory Joron, secrétaire général du syndicat Unité SGP Police-FO, plaide pour la mise en place d’une « culture de la prévention » afin de déceler au plus tôt les agents en mal-être.

Un début d’année particulièrement noir pour la police. . [..]. « Les mois de janvier ont toujours été compliqués. Mais là, on est sur le double de la moyenne habituelle. C’est super inquiétant », explique à 20 Minutes Grégory Joron, secrétaire général du syndicat Unité SGP Police-FO. En moyenne, entre 30 et 40 suicides sont recensés chaque année. L’année 2019 avait marqué un record avec 50 suicides dans la police. « On est sur la même base niveau chiffres », s’alarme le syndicaliste.

Comment expliquer cette vague de suicides au sein de cette institution ? « En 2021, nous avons reçu 6.000 appels de collègues », nous explique Christophe Girard, vice-président de l’association Pep’s, une association d’entraide entre policiers. « La cause principale du mal-être des policiers, poursuit-il, c’est un syndrome de stress post-traumatique, que cela soit par accumulation ou identification. Les policiers voient le côté le plus noir de la société, le plus violent, tout au long de leur carrière. On ne peut pas sortir indemne de ce métier, il a un véritable impact sur les humains que nous sommes. » Grégory Joron pointe pour sa part le rythme de travail des agents – les fameux « cycles horaires » – et le management « très brutal, archaïque, vertical » dans la police.
39 % des agents en détresse psychique

Selon le baromètre de la Mutuelle des forces de sécurité (MGP), publié en juin 2021, 24 % des 6.000 policiers interrogés ont reconnu avoir eu des pensées suicidaires ou entendu leurs collègues évoquer des pensées suicidaires au cours des douze derniers mois. Par ailleurs, 39 % des agents seraient en détresse psychique selon cette étude. Au cours des 25 dernières années, plus de 1.100 policiers se sont suicidés, soit 44 suicides par an en moyenne. Le taux de suicide au sein de la profession est supérieur de près de 50 % à celui de la population française.

Les dispositifs pour venir en aide aux policiers qui se sentent mal sont pourtant déjà nombreux. En 2019, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a mis en place un numéro unique d’appel permettant aux fonctionnaires d’avoir un accès anonyme, confidentiel et gratuit à des psychologues. Son prédécesseur, Gérard Collomb, avait présenté une salve de mesures destinées à stopper cette sinistre épidémie qui frappe également les gendarmes. Avant lui, Bernard Cazeneuve avait également tenté de saisir le sujet à bras-le-corps en lançant, en 2014, un plan comprenant 23 mesures.
Pas assez de psychologues

« Mais on est davantage dans la réaction alors qu’il faudrait mettre en place une culture de la prévention », remarque Grégory Joron. Et ce dernier de souligner : « Il y a 70 médecins de prévention pour toute la police nationale, 100 psychologues opérationnels pour 155.000 agents. Alors qu’il faudrait rendre, selon moi, systématique et obligatoire un rendez-vous avec un psychologue pour faire le point avec l’agent, et potentiellement détecter les personnels en souffrance. Mais nous sommes à des années-lumière de pouvoir le faire. »

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé devant le Sénat le recrutement d'« une vingtaine de psychologues dans les endroits les plus difficiles de la police nationale » pour prévenir les suicides parmi les policiers. « Au total, il y en aura donc 122. On est très loin du compte pour avoir une culture de la prévention », note Grégory Joron.
Sensibiliser les apprentis policiers

Le directeur général de la police, Frédéric Veaux, a annoncé, le 21 janvier dernier, le renforcement du dispositif « Sentinelles », lancé en 2021. Une quarantaine d’agents ont déjà été formés à repérer et orienter leurs collègues en situation de détresse. L’objectif, en 2022, est d’en former 2.000 de plus. Les responsables de l’association Pep’s lui ont présenté « le protocole Six’C ». Il s’agit d’un « protocole de premier secours psychologique d’urgence qui permet de nous préparer à une intervention, de faire attention aux uns et aux autres au cours de celle-ci, puis de faire un débriefing de manière spécifique », indique Christophe Girard. Ce protocole, dit-il, « va être expertisé par des médecins du ministère de l’Intérieur ». « S’ils sont d’accord, tous les policiers seront formés. »

Les membres de cette association, composée de 26 bénévoles, souhaitent également « pouvoir intervenir en écoles de police ». L’objectif, fait valoir son vice-président, est de « sensibiliser les élèves au fait que ce métier n’est pas anodin et qu’il est important de se réserver un espace de parole tout au long de sa carrière, de prendre soin de soi et de veiller sur ses collègues ».

 https://www.20minutes.fr/societe/3225539-20220128-police-peut-sortir-indemne-metier-solutions-endiguer-vague-suicides-policiers

 
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Prévention des suicides dans la police : Gérald Darmanin annonce le recrutement d'une vingtaine de psychologues
Par Le Figaro avec AFP
Publié 27/01/2022
Depuis le début de l'année, neuf policiers et un gendarme ont mis fin à leurs jours. SARAH MEYSSONNIER / REUTERS

Gérald Darmanin a annoncé mercredi 26 janvier devant le Sénat le recrutement d'«une vingtaine de psychologues dans les endroits les plus difficiles de la police nationale» pour prévenir les suicides parmi les policiers.

. [..].  En moyenne, il est recensé entre 30 et 40 suicides par an. L'année 2019 avait marqué un record avec 50 suicides dans la police. C'est cette année-là que le ministre de l'Intérieur d'alors Christophe Castaner avait mis en place différents dispositifs dont la mise en place d'un numéro unique d'appel permettant aux fonctionnaires d'avoir un accès anonyme, confidentiel et gratuit à des psychologues.
L'arme de service en cause

Mercredi, lors des questions au gouvernement au Sénat, Gérald Darmanin a annoncé avoir décidé de faire évaluer ces dispositifs par «une société de conseil extérieure». Le ministre de l'Intérieur a relevé que «l'essentiel des suicides» avait «un lien direct avec la vie personnelle et non pas professionnelle de ces personnes», tout en soulignant que cette précision ne visait pas à «les minimiser.

«Le fait que ces policiers et gendarmes ont une arme de service malheureusement contribue au passage à l'acte plus que dans d'autres administrations», a-t-il dit. Pour autant, a-t-il ajouté, «l'administration ne se sent pas dédouanée des drames que nous connaissons».

Gérald Darmanin a rappelé que la semaine dernière le patron de la police nationale Frédéric Veaux avait reçu l'ensemble des syndicats spécifiquement sur cette problématique. Ils ont décidé «à l'unanimité» de «recruter une vingtaine de psychologues dans les endroits les plus difficiles de la police nationale». Il a été décidé également de «coordonner davantage les moyens budgétaires et humains» à la prévention, a dit le ministre.
 
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Comment la police tente de trouver des solutions face aux suicides dans ses rangs

Le Monde (site web)
societe, jeudi 27 janvier 2022

Antoine Albertini
Malgré l’existence de dispositifs de prévention, le phénomène, de moins en moins tabou, peine à être endigué.

Dimanche 23 janvier au soir, Pierre, 22 ans, participait à une opération antidrogue à la cité du Plan d’Aou, à Marseille. A la fin de son service, ce gardien de la paix affecté à la brigade spécialisée de terrain (BST) de la division Nord est rentré chez lui et a mis fin à ses jours à l’aide de son arme de service. Originaire de l’est de la France, le jeune homme, dont le père est également policier, était champion d’arts martiaux mixtes, sorti major de sa promotion à l’école des gardiens de la paix, « très bien noté, apprécié, dans un service qui tournait bien, avec une bonne ambiance », dit l’un de ses collègues marseillais. Il est le neuvième fonctionnaire de police à s’être donné la mort depuis le 1er janvier, soit un mort tous les deux jours et demi. Macabre record.

Lille, Strasbourg, Besançon, Châlon-sur-Saône (Saône-et-Loire), Noisiel (Seine-et-Marne) : cette vague de suicides suscite l’inquiétude dans les rangs d’une institution en crise. « Il a choisi de nous quitter ce matin nous laissant là, dans la douleur et l’incompréhension. Il va terriblement nous manquer », pouvait-on lire sur le compte Twitter de la police nationale du Bas-Rhin après le décès d’un brigadier-chef de 43 ans, le 18 janvier. Un tel message, diffusé publiquement, démontre que le sujet n’est plus tabou dans une institution qui a longtemps expliqué par des « difficultés d’ordre personnel » les causes – toujours plurielles – d’un suicide.

Désormais, la police reconnaît l’existence de difficultés susceptibles d’être liées aux conditions d’exercice d’un métier encore mal payé – du moins en ce qui concerne les policiers de la « base » –, qui implique rythmes de vie décalés, fréquentation assidue de la violence et, parfois, management toxique.

Profusion de dispositifs

L’association Pep’s, composée de 26 bénévoles, tous policiers, qui assurent une permanence téléphonique vingt-quatre heures sur vingt-quatre, plaide pour un diagnostic d’ampleur sur les raisons des suicides, qui fait encore défaut, mais estime que le stress post-traumatique serait en cause dans une large majorité de cas. « Sur les 6 000 appels que nous recevons en moyenne chaque année, il s’agit d’une constante : on retrouve toujours des policiers confrontés à une répétition d’interventions éprouvantes », assure Christophe Girard, porte-parole de l’association. « Lorsque le vase déborde », le passage à l’acte peut survenir « en quelques minutes ».

Or une « culture du débriefing » à la suite d’opérations particulièrement marquantes, comme la découverte de cadavres dégradés ou les atteintes aux enfants, serait susceptible d’atténuer le choc psychologique en permettant une libération de la parole. Mais elle peine encore à émerger au sein de la police.

Cellule alerte prévention suicide, numéro vert anonyme et gratuit, prise en charge par le service de soutien psychologique opérationnel de la police (36 544 « entretiens de soutien » réalisés au profit de 9 593 agents en 2020), ligne directe mise en place sous l’égide du ministère de l’intérieur, partenariats avec les professionnels de santé, médiateur national, e-formations du plan de mobilisation contre les suicides : malgré une profusion de dispositifs, le nombre de suicides reste supérieur, selon les estimations, de 36 % à 41 % à celui constaté dans l’ensemble de la population active française. Depuis 2014, 43 cas sont enregistrés chaque année en moyenne, et une pointe de 59 cas a été recensée en 2019, en pleine crise des « gilets jaunes ».

« Le système mis en œuvre par l’administration est réactif plutôt que préventif, observe Grégory Joron, secrétaire national du syndicat Unité SGP Police-FO. Or la détection précoce d’un sentiment de malaise est essentielle. La police souffre encore d’un manque de bienveillance et d’écoute, de rapports trop rugueux. Et l’administration prend rarement en compte les cas de management toxique avérés. »

D’après des chiffres présentés à l’occasion d’une réunion extraordinaire du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de la police consacrée aux suicides et convoquée jeudi 20 janvier, le réseau de médecine préventive ne compte que 70 postes de médecin équivalent temps plein, 24 infirmières et 12 personnels administratifs pour 155 000 fonctionnaires. Quant aux psychologues employés par l’administration, nombre de policiers les considèrent comme étant trop proches de la hiérarchie et redoutent, après un passage « chez le psy », le désarmement, qui les signalerait, comme le souligne l’un d’eux, « au mieux comme des fragiles, au pire comme des cas sociaux ».

Persistance d’un profond mal-être

Au mois de juin 2021, le baromètre établi auprès de 6 000 agents par la Mutuelle générale de la police (MGP) témoignait de la persistance d’un profond mal-être : 24 % de fonctionnaires de police interrogés disaient avoir envisagé de se suicider ou entendu leurs collègues évoquer cette perspective au cours des douze derniers mois, et 40 % d’entre eux confessaient un état de « détresse psychologique ».

« Il faut, dit Benoît Briatte, président de la MGP, commencer par améliorer l’effet de groupe : la prise en charge collective par des collègues dès les premiers signes de malaise. » Secrétaire national de l’UNSA-Police, Thierry Clair reconnaît aussi la nécessité de cette « solidarité de groupe » mais estime indispensable qu’une « situation d’isolement soit évitée en impliquant tous les acteurs de la chaîne et en assurant un recours plus fréquent aux cellules de veille » locales, sortes d’émanations des CHSCT. « Lorsque les dysfonctionnements à l’origine d’une situation de malaise sont clairement identifiés, poursuit M. Clair, ces réunions doivent être suivies d’effets concrets. »

Le 21 janvier, le directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux, a annoncé le renforcement du dispositif « Sentinelles » inspiré des exemples canadien et australien, qui prévoit la formation de 1 900 policiers pour repérer leurs collègues fragilisés et les orienter vers des structures adéquates.

Les représentants de Pep’s, eux, souhaiteraient que soit testé le protocole Six’C, une méthode d’« intervention psychologique de premier secours » mise en au point en Israël, à laquelle 18 de ses bénévoles ont été formés. Cette technique, présentée comme révolutionnaire, connaît un début de diffusion auprès des services de secours en France, après avoir été adoptée sous le nom d’Icover par l’armée de terre américaine. Cet article est paru dans Le Monde (site web)
 
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 Prévention des suicides dans la police : une vingtaine de psychologues recrutés

Afp | Publié le 26/01/2022
 
Gérald Darmanin a annoncé mercredi devant le Sénat le recrutement d’« une vingtaine de psychologues dans les endroits les plus difficiles de la police nationale » pour prévenir les suicides parmi les policiers.
Entre 30 et 40 suicides par an

En moyenne, il est recensé entre 30 et 40 suicides par an. L’année 2019 avait marqué un record avec 50 suicides dans la police.

C’est cette année-là que le ministre de l’Intérieur d’alors Christophe Castaner avait mis en place différents dispositifs dont la mise en place d’un numéro unique d’appel permettant aux fonctionnaires d’avoir un accès anonyme, confidentiel et gratuit à des psychologues.

Mercredi, lors des questions au gouvernement au Sénat, Gérald Darmanin a annoncé avoir décidé de faire évaluer ces dispositifs par « une société de conseil extérieure ».

Le ministre de l’Intérieur a relevé que « l’essentiel des suicides » avaient « un lien direct avec la vie personnelle et non pas professionnelle de ces personnes », tout en soulignant que cette précision ne visait pas à « les minimiser ». « Le fait que ces policiers et gendarmes ont une arme de service malheureusement contribue au passage à l’acte plus que dans d’autres administrations », a-t-il dit. Pour autant, a-t-il ajouté, « l’administration ne se sent pas dédouanée des drames que nous connaissons ».

Avoir des pensées suicidaires n’est pas anodin. Des professionnels sont à votre écoute dans les hôpitaux ou dans les centres médico-psychologiques. N’hésitez pas à contacter votre médecin traitant, à composer le 15 ou appeler une ligne d’écoute comme Suicide écoute (01 45 39 40 00) ou SOS amitié (09 72 39 40 50). Ou le Fil santé jeunes, un numéro anonyme et gratuit, au 0800 235 236, de 9 h à 23 h chaque jour.  https://www.lavoixdunord.fr/1132560/article/2022-01-26/prevention-des-suicides-dans-la-police-une-vingtaine-de-psychologues-recrutes
 
 

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Suicides des policiers : syndicats et associations déplorent un manque d’écoute

. [..]. , le directeur général de la police, Frédéric Veaux, reçoit syndicats et associations jeudi et vendredi. Les associations dénoncent un mal-être grandissant et un manque d’écoute au sein de la police nationale.

Nils Sabin,
le 21/01/2022
https://www.la-croix.com*
« Nous sommes de plus en plus sollicités, pour ne pas dire submergés. » Stéphanie Eynard est secrétaire de l’Association police en souffrance (APS), et elle dénonce « un mal-être grandissant dans la police », alors que sept policiers se sont donné la mort depuis le début du mois de janvier.

Un chiffre frappant, qui semble indiquer une nette augmentation lorsqu’on le compare à la totalité des passages à l’acte les années précédentes : 32 en 2020, 59 en 2019 et 35 en 2018. Et qui a conduit le directeur général de la police, Frédéric Veaux, à organiser une rencontre avec les syndicats de police et les associations d’aide aux policiers jeudi 20 et vendredi 21 janvier.
Ce qui compte vraiment dans l'actualité

 Le problème n’est pas nouveau. En 2018, déjà, un plan de mobilisation contre les suicides dans la police était lancé après des concertations. Celui-ci fixait trois axes : « Mieux répondre à l’urgence », « Prévenir plus efficacement les situations de fragilité » et « Améliorer le quotidien du travail ». Il y a eu aussi, en 2019, le lancement d’un numéro Vert puis d’un dispositif d’écoute psychologique. Puis, en 2020, le lancement du réseau « sentinelles », des policiers chargés de repérer leurs collègues qui ne vont pas bien.

« Mais ça ne suffit pas, commente Stéphanie Eynard, il faudrait beaucoup plus de suivi, d’écoute. Par exemple, sur tout le département (de la Loire),nous n’avons qu’un seul psychologue police. » Le manque d’écoute est aussi pointé par Thierry Clair, secrétaire général du syndicat Unsa police. « C’est un métier stressant, avec de fortes émotions tout au long de la carrière, et il y a parfois un manque d’écoute au sein du service, que ce soit sur des demandes de mutation ou de stage, ou alors à la suite de missions traumatisantes », explique-t-il.
Déni, culpabilité et démotivation

Cette insuffisance de moyens est d’autant plus préjudiciable que les policiers peinent à se confier. « Il y a aussi une forme de déni, ou en tout cas un refus de se faire aider car ça revient à admettre ses problèmes », ajoute Cyril Cros, policier et cofondateur d’Assopol, une association d’aide aux policiers en détresse psychologique qui reçoit autour de 200 sollicitations par mois. « Donc, on essaie surtout de redonner confiance en l’aide psychologique. » En cause, la peur des policiers d’être désarmés, selon les associations.

À ces phénomènes de déni, s’ajoute le poids des passages à l’acte au sein de la police. « Pour ceux qui vont mal, entendre qu’un policier s’est suicidé, ça peut faire remonter des idées noires », souligne aussi Stéphanie Eynard. Un « phénomène de contagion » qui serait favorisé par l’esprit de corps au sein de la police, selon Éliane Theillaumas, fondatrice, en 1996, du Service de soutien psychologique de la police nationale (SSPO). Thierry Clair met en avant, lui, le « sentiment de culpabilité » des policiers lorsqu’un de leurs collègues s’est suicidé.
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Pour Éliane Theillaumas, c’est surtout la motivation même du policier qui est mal appréciée sur la durée : « On part du principe qu’elle est la même chez le policier de 40 ans, après quinze ou vingt ans de carrière, que chez celui qui vient juste d’entrer dans les rangs. Ce n’est pas normal, il faudrait que ce soit réévalué à différents moments de la carrière. »

https://www.la-croix.com/France/Suicides-policiers-syndicats-associations-deplorent-manque-decoute-2022-01-21-1201196032
 
 
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«Comment lutter efficacement contre le suicide dans les rangs de la Police ?»
Par Agathe Lecoulant
Publié 21/01/2022
Sept policiers se sont suicidés depuis le début de l'année. Francois Bouchon / Le Figaro

FIGAROVOX/ENTRETIEN - En réaction à la vague de suicides dans la police, le directeur général de la Police nationale a réuni ce 20 janvier 2022 des syndicats et des associations. Linda Kebbab regrette que la hiérarchie soit déconnectée de la réalité et n'applique pas de mesures efficaces.

Linda Kebbab est déléguée nationale de l'Unité SGP Police-FO. Elle a publié en 2020 aux éditions Stock Gardienne de la paix et de la révolte.

FIGAROVOX.- Depuis le début de l'année sept policiers se sont donné la mort. Comment expliquez-vous ce chiffre dramatique ?

Linda KEBBAB. - Un suicide est un événement difficile à appréhender et ne peut être expliqué par une seule raison isolée. Néanmoins, s’agissant de suicides dans un métier où l'esprit de corps est extrêmement fort, l'aspect professionnel ne peut être totalement écarté. Contrairement à ce que certaines enquêtes IGPN ou autorités policières peuvent annoncer sans nuance après un suicide. En effet, par l'effet des rythmes de travail ou par le renfermement sur soi face à la défiance d'une partie de l'opinion française, beaucoup policiers sont coupés du reste de la société.

S'ajoutent les difficultés de libérer la parole dans un métier qui a longtemps véhiculé l'image d'un virilisme silencieux ; mais aussi une certaine omerta qui règne dans de nombreux services dans lesquels l'ambiance peut être exécrable sans que personne n'y mette fin courageusement. Tout cela peut avoir l'effet d'une bombe.

Le malaise est grandissant dans nos rangs, en témoignent les associations des policiers de lutte contre le suicide ou le service de soutien psychologique opérationnel (SSPO) en place dans l'institution et de plus en plus sollicités voire submergés d'appels.

Un rapport sénatorial de 2018 indique que le taux de suicide oscille «autour de 14 suicides pour 100 000 habitants pour l'ensemble de la population, ce taux s'élève en moyenne, sur les dix dernières années, à 25 pour la gendarmerie nationale et à 29 pour la police nationale» . Pourquoi les policiers sont-ils plus exposés au suicide que dans d'autres métiers ? Quelles sont les causes structurelles ?

Le rapport pointait également un profond mal être psychologique pouvant être rapporté aux «difficultés liées à la nature même du métier», notamment la confrontation permanente à la violence et la misère humaine, sans sas de décompression faute de volonté politique et administrative, et la vétusté de notre environnement travail. De plus, les policiers sont en quête permanente de sens sur leur action pour guider leur engagement, n'ayant pas le sentiment d'être reconnus ni par ni par le pouvoir, ni par les médias, ni par leur hiérarchie. Cette dernière, au contraire, au lieu de créer un effet de solidarité contribue à l'individualité et donc la solitude. Par exemple la prime aux résultats exceptionnels, ou mal nommée familièrement «au mérite» qui devrait être rebaptisée «prime de la discorde» est un véritable outil de démantèlement volontaire de la cohésion et de l'épanouissement du groupe. Isolant les policiers des seuls avec qui ils passent le plus clair de leur temps et partagent des missions difficiles : leurs propres collègues. 

Cet isolement n'est pas corrigé par les responsables au contraire. Par exemple, les récentes déclarations insensées du ministre de l'intérieur et du président de la République parlent de mettre un terme au seul cycle de travail, appelé «vacation forte», le plus à même de resocialiser le policier en dehors des personnes de son métier. Pour une simple question d'économie de bout de chandelle en effectifs… Le «quoiqu'il en coûte» ne vaut pas pour la vie des policiers…

Le 20 janvier 2022, Frédéric Veaux, le directeur général de la police a reçu des syndicats et des associations. Qu'attendiez-vous de cette rencontre ? Quelles en sont vos conclusions ?

Le besoin pour les policiers de recourir au Service de Soutien psychologique opérationnel (SSPO) dépend moins des événements traumatiques majeurs comme les attentats que de la montée de la violence et de la nécessité de présence importante au service. Or, plus cette charge repose sur les policiers et moins ils bénéficient de temps de répit moral ou psychologique. Un aspect qui semble échappé au directeur général de la Police nationale dont le discours à l'occasion du CHSCT le jeudi 20 janvier semblait déconnecté de la réalité, notamment lorsqu'il a évoqué les temps de sport obligatoire alors que beaucoup de ses propres chefs de service les refusent aux effectifs.

Ce fut pour notre organisation syndicale l'occasion de rappeler que nous ne pourrons indéfiniment pas nous contenter de réunions, commissions et autres délégations non suivies d'effets ni d'être des lanceurs d'alerte ignorés en permanence.Linda Kebbab

Malheureusement et sans surprise, ce CHSCT extraordinaire n'a ni été l'occasion d'annonces concrètes et pragmatiques ni celles de l'ouverture vers nos revendications. C'était l'occasion de reconnaître l'échec de la libération de la parole, voire la chasse contre ceux qui s'exprimeraient sur le mal-être surtout s'il est professionnel.

Ce fut pour notre organisation syndicale l'occasion de rappeler que nous ne pourrons indéfiniment pas nous contenter de réunions, commissions et autres délégations non suivies d'effets ni d'être des lanceurs d'alerte ignorés en permanence. Ce fut aussi l'occasion de rappeler que la lutte contre le suicide ne pourra se faire qu'avec la bonne volonté de tous ceux qui, dans les différentes strates hiérarchiques et à tous les niveaux de la police nationale, détiennent entre leurs mains la carrière et la vie des agents, avec des abus que nous dénonçons.

Quelles sont, selon vous, les solutions pour répondre à cette urgence ?

Il faut impérativement redimensionner les services du SSPO. 9000 policiers font appel à eux chaque année mais le nombre de personnels dédiés à cette mission est insuffisant. Actuellement 90, il faudra banaliser le recours au SSPO, et instaurer le débriefing psychologique surtout lors de missions confrontant nos collègues à de la souffrance sociale (violences intra-familiales, suicides, accidents mortels de la circulation…) durant lesquels les effets d'identification aux pairs sont courants.

Comment nos technocrates ont pu imaginer un seul instant qu'une matière aussi humaine [la formation interne à la prévention contre le suicide] pouvait être dispensée par un PowerPoint seul devant son écran ?Linda Kebbab

Mettre fin au simple e-learning pour la formation interne à la prévention contre le suicide des policiers. Comment nos technocrates ont pu imaginer un seul instant qu'une matière aussi humaine pouvait être dispensée par un PowerPoint seul devant son écran ?

Augmenter le nombre des policiers sentinelles, ces agents chargés de détecter des collègues en souffrance et d'alerter. La formation de ces sentinelles ne doit être dispensée que par des professionnels issus du milieu médical. Notre administration envisage de préempter cette formation et la confier à des policiers dont la psychiatrie n'est pas le métier, aussi bons formateurs ou pédagogues soient-ils. Contrôle administratif, économie budgétaire, ou volonté de maintenir le discours et l'omerta systémique ? C'est tout ce dispositif novateur, et qui a fait ses preuves à l'étranger car totalement séparé du service, qui est mis en péril . Au contraire, il faut décentraliser la procédure d'alerte, créer un réseau parallèle en dehors de la hiérarchie. Tout l'inverse de ce vers quoi la DGPN s'embarque.

Nos alertes restent au mieux lettre morte et les policiers qui témoignent sont ignorés, au pire ces derniers sont sanctionnés.Linda Kebbab

Contrôler et imposer une procédure coercitive lorsque les instances paritaires mettent en évidence une situation de management toxique. Actuellement ni les délégations d'enquête ni les CHSCT ne sont suivis d'effet même lorsque ces dernières tirent la sonnette d'alarme. Nos alertes restent au mieux lettre morte et les policiers qui témoignent sont ignorés, au pire ces derniers sont sanctionnés. Et les auteurs dans la hiérarchie sont intouchables.  
 

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La vague de suicides qui frappe la police fait réagir les pontes de l'institution
21.01.2022 https://fr.sputniknews.com*

La vague de suicides touchant les rangs de la police nationale depuis le début de l’année fait réagir son directeur qui prévoit ce 21 janvier une rencontre avec des associations d’écoute de policiers en détresse. Auprès de BFM TV, elles indiquent attendre un "acte, plutôt que des promesses".
. [..].  Cette vague funèbre a poussé le directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux, à organiser des réunions avec des organisations syndicales le 20 janvier et avec plusieurs associations qui viennent en aide aux policiers en détresse ce 21 janvier. Le plan de lutte de 2018 ne suffisant visiblement pas, de nouvelles mesures concrètes sont attendues.

"Ce qu'on attend, c'est un acte, plutôt que des promesses", indique à BFM TV Christophe Girard, vice-président de l'association PEPS-SOS Policiers en détresse, qui prendra part à la réunion. "On a identifié le problème, apporté des solutions. On verra si elles sont écoutées."

Créée en 2019, son association dénombre 26 forces de l'ordre formées pour pouvoir répondre aux appels de collègues en détresse psychologique qui s’élèvent à environ 500 par mois. Christophe Girard souligne l’importance de "taper fort, à tous les étages" ce fléau lié à une accumulation de traumatismes au cours d'une carrière qui "arrive souvent par vagues" et qui, selon lui, fait 45 morts par an en moyenne.

"Dans les métiers de secours, comme dans les forces de l'ordre, on est confrontés à tout ce qu'il existe de plus bas dans la nature humaine. Des violences conjugales, des décès d'enfants que l'on doit annoncer aux familles, des morts violentes, des agressions...", explique Cyril Cros, cofondateur d'Assopol, association qui aide les forces de l'ordre en détresse psychologique.

Pour contrer ces expériences traumatisantes capables d’entraîner un sentiment de mal-être, il propose notamment d’installer un psychologue dans tous les services de police ou d’instaurer des visites annuelles de contrôle. "Si demain on arrête de faire ce que l'on fait, on sera les premiers contents", conclut Cyril Cros.

Des statistiques qui inquiètent
Ces 25 dernières années, plus de 1.100 policiers se sont suicidés, soit 50% de plus que dans le reste de la population, selon un baromètre de la Mutuelle des forces de sécurité (MGP) réalisé auprès de 6.000 policiers et publié le 7 juin par Franceinfo et Le Monde. En 2021, au moins 31 suicides de policiers ont été dénombrés.

De plus, ce baromètre indique que 24% d'entre eux "ont eu ou entendu des collègues évoquer des pensées suicidaires" au cours des 12 derniers mois, et que 39% des policiers indiquent être "en détresse psychologique".

Des dispositifs dédiés aux policiers mis en place
Un certain nombre de dispositifs sont déployés par le ministère de l'Intérieur pour faire face à ces drames et soutenir les agents. Depuis 1996, les policiers peuvent bénéficier du service de soutien psychologique opérationnel (SSPO).
Les chiffres alarmants en 2018 ont poussé le ministère de l'Intérieur à présenter en mai de cette année-là son nouveau plan de prévention contre les suicides.
Ce "programme de mobilisation" visant à "amplifier les efforts afin d'améliorer la détection des personnels en difficulté dans un environnement professionnel qui expose par nature aux passages à l'acte" prévoyait notamment de renforcer le repérage des "agents traversant une crise suicidaire", de "soutenir plus efficacement les agents qui ont tenté de se suicider" et de créer un guichet unique d’accompagnement destinés aux agents fragilisés.
En septembre 2019, Christophe Castaner, alors ministre de l’Intérieur, avait annoncé la mise en place d'un nouveau numéro vert "anonyme, confidentiel et gratuit, 24h/24 et 7 jours sur 7".
En août 2020, une plateforme d'écoute pour les policiers et gendarmes "victimes d'attaque" a été lancée. Selon les chiffres d’Europe 1 publiés le 24 novembre dernier, 750 agents en ont bénéficié depuis, soit une moyenne de 50 policiers par mois.

https://fr.sputniknews.com/20220121/la-vague-de-suicides-qui-frappe-la-police-fait-reagir-les-pontes-de-linstitution-1054528824.html 

 

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Suicides de policiers : face au mal-être, "il y a des mesures préventives, mais c'est insuffisant"


Jeudi 20 janvier 2022 Par Emeline Ferry, France Bleu Berry
Indre

Les syndicats de police sont reçus, ce jeudi 20 janvier, par le directeur général de la police pour parler du mal-être présent dans la profession.. [..]. . Des drames qui révèlent un profond mal-être dans la profession. Épuisement, manque d'écoute, effectifs réduits... Les raisons sont nombreuses. Le directeur général de la police reçoit, ce jeudi 20 janvier, les syndicats de police pour en parler. Vendredi, ce sera au tour des associations qui viennent en aide aux policiers d'être reçues.

"Aujourd'hui, la situation de la police n'a pas tellement évolué, même s'il y a eu des renforts d'effectifs, regrette Thierry Pain, secrétaire national délégué pour la région Centre-Val de Loire du syndicat Unité SGP Police FO. On subit la crise du Covid. La charge de travail reste la même, mais les effectifs sont en diminution".

Il reste encore 10, 15 ou 20% de mauvais chefs

Invité de France Bleu Berry ce jeudi, il évoque "le sentiment d'impuissance face aux violences urbaines, à la charge et au traitement des dossiers, et tout ce qui va avec", mais aussi parfois "la mauvaise volonté de l'administration de mettre en place un cycle de roulement pour les agents". Cela entraîne "une mauvaise ambiance" et beaucoup de fatigue au sein des effectifs.

"La hiérarchie a su évoluer, reconnait Thierry Pain. Même s'il reste encore 10, 15 ou bien 20% de mauvais chefs". Pour éviter de nouveaux suicides, le représentant syndical compte sur les mesures mises en place par l'administration. "Pas mal de mesures de prévention et de surveillance entre collègues, explique-t-il. Il y a eu des formations pour déceler les signes d'alerte. Je pense que de nombreux cas ont été sauvés grâce à ce dispositif. Mais c'est encore insuffisant".

ÉCOUTEZ - Thierry Pain, représentant d'Unité SGP Police FO pour la région Centre-Val-de-Loire
https://www.francebleu.fr/infos/societe/suicides-de-policiers-face-au-mal-etre-il-y-a-des-mesures-preventives-mais-c-est-insuffisant-1642669980

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Suicide dans la police à Lille : "On a un problème pour repérer les collègues qui vont mal"

Jeudi 20 janvier 2022 à 21:06 - Par Mélanie Kuszelewicz, France Bleu Nord 

. [..]. Jeudi, le ministère de l'Intérieur qui a organisé une réunion avec syndicats de police pour parler du mal-être dans la profession. © Radio France - Rémi Brancato

. [..]. . Une situation qui a alerté le ministère de l'Intérieur qui a organisé une réunion avec syndicats de police. Jeudi 20 janvier à Paris le directeur pour parler du mal-être dans la profession.
"C'est le même constat depuis des années"

Le syndicat Unité SGP Police, majoritaire dans le Nord était présent à la réunion. "Ce qui est ressorti de cette réunion c'est un constat. Et c'est le même depuis des années. On a un problème pour repérer les collègues qui vont mal", martèle Benoit Aristidou, délégué SGP Police pour la zone Nord. "On a aussi un sérieux problème pour remettre l'humain au centre des préoccupations de la police nationale", ajoute-t-il.

Plusieurs pistes ont été envisagées au cours de la rencontre notamment la mise en place d'une "vigie", un personnel référent au sein des commissariats à qui les agents pourraient se confier. "Mais c'est vraiment difficile à mettre en place", commente le délégué syndical. "Il n'y a que les collègues dans un même groupe qui arrivent à bien se connaître et c'est là qu'on a des alertes. Mais mettre une seule personne dans un commissariat de 400 à 500 personnes ça va être extrêmement compliqué", réagit Benoit Aristidou.

Une nouvelle réunion est prévue vendredi 21 janvier avec les associations qui viennent en aide aux policiers comme Peps-SOS-Policier en détresse et l'Anas, un organisme qui prend en charge les policiers atteints de dépression ou d'addictions. à lire aussi Lille : au cœur du 3114, le numéro de prévention du suicide qui "sauve des vies"

Si vous avez des idées suicidaires, en parler peut tout changer. Appelez le 3114, écoute professionnelle et confidentielle, 24h/24 et 7j/7. Appel gratuit. 

https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/suicide-dans-la-police-a-lille-1642687836

 

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Suicides des policiers : le directeur de la police reçoit des syndicats et des associations jeudi et vendredi
Extraits article de https://www.francetvinfo.fr/* du 18/01/2022

Frédéric Veaux, le directeur général de la police reçoit syndicats et associations jeudi et vendredi après-midi après plusieurs suicides dans les rangs de la police depuis le début de l’année 2022, selon les informations de franceinfo mardi 18 janvier.

Le directeur général de la police recevra donc jeudi après-midi les organisations syndicales et vendredi après-midi les différentes associations qui viennent en aide aux policiers.

Selon Linda Kebbab, déléguée nationale Unité SGP FO., la police nationale "ignore toujours nos propositions pour aider nos collègues à sortir de l’entonnoir de la douleur psychique". Pour elle, "les facteurs de souffrance sont ignorés même et surtout quand ils sont professionnels. Les lanceurs d’alerte et les policiers harcelés victimes de l’omerta systémique sont sanctionnés", regrette-t-elle.

"Les procédures sont longues et fastidieuses pour faire reconnaître les déviances d'un système dont les outils d'alerte, de prévention, sont trop faibles", renchérit Grégory Joron, secrétaire général Unité SGP POLICE, "Ni fatalité,ni résignation. L'humain doit être au cœur du débat", insiste-t-il sur son compte Twitter.


Si vous avez besoin d'aide, si vous êtes inquiet ou si vous êtes confronté au suicide d'un membre de votre entourage, vous pouvez joindre le 3114 24h/24 et 7 jours/7. La ligne Suicide écoute est également joignable au 01 45 39 40 00. D'autres informations sont également disponibles sur le site du ministère des Solidarités et de la Santé.

https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/police/info-franceinfo-suicides-des-policiers-le-directeur-de-la-police-recoit-des-syndicats-et-des-associations-jeudi-et-vendredi_4921575.html