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mardi 20 avril 2021

ETUDE RECHERCHE CANADA Le processus de l’évaluation du risque suicidaire auprès des moins de 12 ans: recommandations pour de meilleures pratiques infirmières

Le processus de l’évaluation du risque suicidaire auprès des moins de 12 ans: recommandations pour de meilleures pratiques infirmières

Nathalie Maltais, inf., Ph.D., professeure1, Christine Genest, inf., Ph.D., professeure agrégée 2, Caroline Larue, inf., Ph.D., professeure titulaire2
1Université du Québec à Rimouski
2 Université de Montréal
Volume 12, Numéro4, Avril2021

Contexte Pour les cliniciens travaillant auprès des jeunes de moins de 12 ans, il est souvent impensable que ceux-ci puissent souffrir au point de vouloir s’enlever la vie (1). Pourtant en 2014, aux États-Unis, le suicide était la 10e cause de mortalité chez les enfants âgés de 5 à 11 ans (2). De plus, une étude américaine (3) portant sur les raisons de consultation à l’urgence stipule que les consultations pour idées ou tentatives de suicide ont doublé entre 2008 et 2015 chez les enfants de 5 à 17 ans. Au Canada, cette tendance serait semblable (4). L’évaluation de ce risque dès l’enfance est d’ailleurs importante puisque la présence d’antécédents d’idées ou de gestes suicidaires est un facteur de risque critique du suicide (5). Ainsi, un enfant qui aurait des idées ou des gestes suicidaires serait plus à risque d’avoir de telles idées ou de faire une tentative de suicide à l’adolescence ou à l’âge adulte. Lire la suite https://qualaxia.org/wp-content/uploads/2021/03/quintessence-vol-12-no-4.pdf

 

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Comprendre le sens de la détresse des enfants à risque suicidaire pour mieux assurer leur sécurité Par Michel Thisdel https://uqar.ca/*

Le suicide est un phénomène qui touche toutes les tranches d’âge. Sa prévention demeure une activité importante pour la pratique infirmière. Spécialiste en santé mentale et en prévention du suicide chez les jeunes, la professeure en sciences de la santé au campus de Lévis à l’UQAR, Nathalie Maltais offrira le 15 avril prochain un webinaire sur cet enjeu social. Intitulé « Comprendre le sens de la détresse des enfants à risque suicidaire pour mieux assurer leur sécurité », sa présentation s’adressera aux intervenants terrain, aux parents et à la communauté scientifique.

Pour la chercheuse, il y a peu d’information sur le processus d’évaluation du risque suicidaire auprès des enfants de moins de 12 ans. « En matière de compréhension de ce processus par les infirmières, il y a tout un aspect que l’on n’aborde pas souvent. Ce sont les caractéristiques personnelles de l’évaluateur, surtout avec les enfants, liées à ses propres croyances, ses valeurs personnelles et culturelles. Parfois, l’organisation et l’environnement de travail font en sorte que les comportements suicidaires des enfants ne sont pas toujours détectés. On s’est rendu compte dans la recherche que c’est un sujet très douloureux, abordé de façon plus ou moins claire, et que les caractéristiques de l’enfant rentrent également en ligne de compte », explique-t-elle.

Se concentrant sur l’intervention infirmière en pédopsychiatrie, madame Maltais a réalisé une recension des écrits à propos de la détresse des enfants pouvant mener à des comportements suicidaires. « Heureusement, il n’y a pas beaucoup de suicides à cet âge-là, mais plutôt des idées et des comportements. Donc, il faut prévenir et assurer leur sécurité. En raison de la rareté du suicide à cet âge, les statistiques liées à l’âge pour les comptabiliser sont plus larges, par exemple de 10 à 25 ans. L’amélioration de nos façons de comptabiliser les idées et les comportements qui eux sont plus nombreux que les décès par suicide serait souhaitable pour la recherche », soutient la professeure en science de la santé.

Ayant consacré sa thèse doctorale sur le sujet, la professeure Maltais indique « que l’une des meilleures façons d’intervenir à temps, c’est de développer nos compétences pour bien repérer les personnes à risque. S’attarder à comprendre le sens de la détresse de l’enfant pour assurer sa sécurité et celle de sa famille, qui peut être un facteur de protection ou, dans certains cas, de risque. »

Formulant des recommandations pour de meilleures pratiques infirmières, elle prône d’offrir des formations de type RCR, renouvelables aux quatre ans, liées à la prévention du suicide, axé actuellement sur l’adulte, spécifiquement pour l’enfant afin de mieux soutenir le personnel infirmier. « L’idée est de les prendre plus tôt en prévention pour leur donner des stratégies de gestion des émotions et des stratégies de communication, deux facteurs de protection importants », soutient-elle.

Professionnelle de la santé depuis 30 ans, Nathalie Maltais travaille également avec Christine Genest et Jessica Rassy à l’implantation d’un plan de sécurité dans les urgences. « Dans les formations, on apprend à connaître le plan de sécurité sur le suicide inventé par Stanley & Brown.  Ces psychologues proposent six étapes auprès des jeunes. » Reconnaître les signes cognitifs, comportementaux et émotifs qui amènent à vivre cette détresse. Identifier des moyens que l’enfant peut utiliser pour contrer ces effets, en faisant une sieste, du yoga, aller en bibliothèque ou dans un parc en raquettes. Avoir en tête des choses à faire avec des personnes qu’ils aiment. Ou encore, établir les numéros de téléphone, appeler quelqu’un qui aime (avec des applications). Enfin, éloigner les moyens, tels que faire le ménage régulièrement de la pharmacie à la maison.

À la suite de ses travaux sur le processus de l’évaluation du risque suicidaire selon une perspective infirmière, elle se penchera lors d’une prochaine recherche sur la perception des parents, leurs besoins en la matière. Nathalie Maltais est également membre chercheuse du Centre de recherche et d’intervention sur le suicide, enjeux éthiques et pratiques de fin de vie (CRISE).

https://uqar.ca/nouvelles/uqar-info/3643-comprendre-le-sens-de-la-detresse-des-enfants-a-risque-suicidaire-pour-mieux-assurer-leur-securite 

voir le webinaire https://crise.ca/webinaires/comprendre-le-sens-de-la-detresse-des-enfants-a-risque-suicidaire-pour-mieux-assurer-leur-securite-2/