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vendredi 11 décembre 2020

MàJ CANADA QUEBEC Une bande dessinée pour «montrer ce qui n’est pas montrable» "Vous avez détruit la beauté du monde. Le suicide scénarisé au Québec depuis 1763"

L’histoire du suicide dans les enquêtes du coroner au Québec
9 décembre 2020 secondes3600

Nous nous entretenons ce soir avec Isabelle Perreault, professeure agrégée du département de criminologie de l’Université d’Ottawa, et autrice de plusieurs articles sur l’histoire du suicide au Québec. En contraste avec les approches médicales qui occupent une large part de ce champ de recherche, Isabelle Perreault propose plutôt une lecture sociohistorique des pratiques suicidaires, mettant en évidence toute leur complexité.

Nous sommes conscients que ce sujet est délicat, sensible, et qu’il puisse susciter le malaise chez de nombreuses personnes. Nous serons ainsi très prudents et respectueux dans les propos que nous tiendrons ce soir. À toute personne aux prises de près ou de loin avec des difficultés liées au suicide, sachez que vous n’êtes pas seul, et que des ressources sont disponibles pour vous offrir du soutient. Vous pouvez notamment communiquer avec l’Association Québécoise de prévention du suicide (AQPS) au 1866 APPELLE.

Suivez le lien suivant pour écouter l’émission : http://cdn.chyz.ca/wp-content/uploads/2020/12/06143012/2020-12-06_3600-secondes-dhistoire-rediffusion_chyz943_oQNaK.mp3

Bonne écoute!

Photo : Page couverture de la bande dessinée réalisée par Isabelle Perreault, André Cellard, Patrice Corriveau et Christian Quesnel. « Vous avez détruit la beauté du monde. Le suicide scénarisé au Québec depuis 1763 ». Publié aux Éditions Moelle Graphique en novembre 2020.

Source https://3600secondesdhistoire.wordpress.com/2020/12/09/lhistoire-du-suicide-dans-les-enquetes-du-coroner-au-quebec/

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1er post 28/08/2020 : 

Une bande dessinée pour «montrer ce qui n’est pas montrable»

Catherine Morasse 28 août 2020
Le Droit *

Montrer «ce qui n’est pas montrable». Aborder avec lyrisme et beauté un ultime tabou. C’est le mot d’ordre qu’ont adopté trois chercheurs de l’Université d’Ottawa et le bédéiste Christian Quesnel, qui ont publié cette semaine Vous avez détruit la beauté du monde, un récit graphique poignant sur l’histoire du suicide au Québec.

Montrer «ce qui n’est pas montrable». Aborder avec lyrisme et beauté un ultime tabou. C’est le mot d’ordre qu’ont adopté trois chercheurs de l’Université d’Ottawa et le bédéiste Christian Quesnel, qui ont publié cette semaine Vous avez détruit la beauté du monde, un récit graphique poignant sur l’histoire du suicide au Québec.

Vous avez détruit la beauté du monde (éditions Moelle graphik), d’Isabelle Perreault, André Cellard, Patrice Corriveau et Christian Quesnel est paru en librairies le 26 août.

En 1904, près de 60 ans avant que le suicide soit décriminalisé, les autorités ont eu à se prononcer sur les causes et conséquences du décès d’une certaine «mademoiselle Marie», une Franco-Ontarienne décédée le 30 août de la même année.


Vous avez détruit la beauté du monde est paru en librairies le 26 août.
Courtoisie

Marie, minutieusement, avait tout planifié: ses lettres post mortem, la location de sa chambre d’hôtel, la prise en charge de ses effets personnels et le rapatriement de son corps jusqu’à Prescott. Les aquarelles de Christian Quesnel la montrent, désespérée, la langue colorée par le vert de Paris qu’elle venait d’ingérer. L’enquête a sorti son secret de sa tombe: à une époque où devenir mère en étant célibataire était synonyme d’une mise à mort sociale, la demoiselle était enceinte.

L’histoire de Marie fait partie des dossiers d’une base de données construite par l’équipe de recherche Sociologie historique du suicide au Québec (SHSQ) de l’Université d’Ottawa, dans laquelle sont enregistrés l’essentiel des suicides, prouvés ou soupçonnés, au Québec depuis 1763. La banque en recense près de 20 000.

« Peu importe la situation où s’est rendue la personne, il faut vraiment, vraiment ouvrir la discussion. »
— Christian Quesnel

Les cas illustrés dans Vous avez détruit la beauté du monde ont été tirés de cette banque au fil des deux années qu’il a fallu pour réaliser le projet. Alors que l’intérêt de la base de données se situe dans les possibilités d’analyse quantitative et qualitative, celui de la bande dessinée est d’illustrer «les derniers moments que ces personnes ont vécus avant de s’enlever la vie», explique la professeure en criminologie Isabelle Perreault.

Dans la banque de données, les images sont la plupart du temps des photos crues, cliniques, qui n’ont rien à voir avec la signification du geste et la dernière impression que cherchait à laisser la personne. «Avec la BD, on pouvait montrer ce qui n’était pas montrable et évoquer ce qui n’était pas évocable, résume Christian Quesnel. J’ai soupesé chaque image. Je ne voulais pas montrer ces scènes de façon trop onirique ou trop belle.[…] Pour certaines choses, il fallait les montrer de côté, de façon un peu rebutante mais sans dégoûter les gens. C’était un fil mince sur lequel j’ai marché tout le long.»

Malgré la lourdeur du sujet, l’artiste n’hésite pas à qualifier ce livre de «projet Cendrillon» dans lequel il n’a eu à s’occuper ni de l’administration ni du financement: de la création pure, bonifiée par des rencontres «chaleureuses» avec les auteurs et par beaucoup de rires en guise de soupape. «Je fais actuellement un doctorat et j’utilise beaucoup la théorie de la BD. Mon écriture a vraiment été une mise en scène, une façon de positionner les choses qui n’étaient pas nécessairement dans le scénario.» On peut longtemps admirer les détails, comme celui d’un oiseau qui sert de fil conducteur pour traverser les époques de case en case dans un court passage. «Ce sont des éléments un peu plus oniriques pour donner de l’espace dans la construction de l’histoire.»

Le livre est dédicacé à toutes les personnes qui se sont enlevé la vie et à tous les suicides anonymes de la banque de données. «On connaît tous, ou on a tous un proche qui s’est enlevé la vie ou qui a songé sérieusement à le faire, conclut Isabelle Perreault. Peu importe la situation où s’est rendue la personne, il faut vraiment, vraiment ouvrir la discussion. Je crois que le tabou du suicide provient du fait que c’était encore très sévèrement puni jusqu’à il n’y a pas si longtemps. Il y a encore des stigmates selon lesquels c’est un péché, un crime. Et je crois qu’on n’en parle pas assez.»

Le lancement virtuel de Vous avez détruit la beauté du monde aura lieu le 8 septembre en direct de la page Facebook du Centre interdisciplinaire de recherche sur la citoyenneté et les minorités.
https://www.facebook.com/pg/Circem-146417475498031/about/
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Le bédéiste Christian Quesnel dans son atelier à Saint-André-Avellin

Le bedeiste Christian Quesnel dans son atelier à Saint-André Avellin Patrick Woo

Vous ou vos proches avez besoin d’aide ? N’hésitez pas à appeler au 1-866-APPELLE (277-3553), ou encore Tel-Aide Outaouais (819-775-3223) à Gatineau et 613-741-6433 à Ottawa). Du côté d’Ottawa, vous pouvez aussi appeler la ligne de crise en santé mentale d’Ottawa en composant le 613-722-6914. Vous pouvez également consulter le site commentparlerdusuicide.com

https://www.ledroit.com/arts/une-bande-dessinee-pour-montrer-ce-qui-nest-pas-montrable-97efe3cdc175ce1cab0492d1e64e2579