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samedi 4 avril 2020

ETUDE RECHERCHE SUISSE ASSIP: thérapie courte pour la prévention des récidives après tentative de suicide

Formation postgraduée et continue du point de vue de la relève
ASSIP: nouveau concept de thérapie chez les patients suicidaires
DOI: https://doi.org/10.4414/phc-f.2020.10201
Date de publication: 01.04.2020
Prim Hosp Care Med Int Gen. 2020;20(04):139-140
Céline Faeh
Masterstudentin Humanmedizin Universität Bern

Les approches thérapeutiques courantes après une tentative de suicide sont bien connues, mais le taux de récidive est extrêmement élevé. Un nouveau programme d’intervention courte s’attaque à cette problématique. «Avec une réduction des tentatives de suicide de 80%, les thérapeutes formés tentent d’aider les patients concernés», tel est l’un des messages clés de l’exposé tenu par le Prof. Katja Cattapan, directrice médicale adjointe et médecin-chef au Sanatorium Kilchberg, à l’occasion du congrès d’automne de la SSMIG en Suisse orientale. Ci-après, nous présentons les principaux points de cet exposé.
Introduction
Les tentatives de suicide sont devenues un motif de consultation très fréquent. Ce n’est pas un hasard. De nombreuses maladies psychiatriques, telles que les ­dépressions, les troubles de la personnalité ou les ­psychoses, sont associées à un risque de tentative de suicide et de suicide. Les patients ayant déjà fait une tentative de suicide sont particulièrement à risque. Afin de réduire ce risque accru, un traitement spécifique a été développé par une équipe de chercheurs bernois.
ASSIP
La thérapie courte pour la prévention des récidives après tentative de suicide «Attempted Suicide Short InterventionProgram» (ASSIP) a pour objectif de réduire le risque de récidive chez les patients ayant déjà fait des tentatives de suicide. Dans le cadre de cette thérapie, le thérapeute formé à l’approche ASSIP mène un entretien avec le patient dans un contexte défini, et l’entretien est filmé. Lors d’une deuxième séance, cet enregistrement vidéo est analysé ensemble par le thérapeute et le patient. Lors d’une troisième séance, le thérapeute et le patient tentent ensemble de déterminer les schémas et processus qui précèdent une crise suicidaire et d’élaborer des mesures comportementales préventives. A ce moment-là, ces mesures sont consignées par écrit pour le patient. Ensuite, si le patient le souhaite, un contact personnalisé par lettre est maintenu sur une période de deux ans.
Le risque de récidive est réduit de 80%
Cependant, de tels groupes d’intervention n’existent pas uniquement au Sanatorium Kilchberg. De nouvelles offres sont aussi sans cesse proposées à Soleure (clinique psychiatrique), Berne (services psychiatriques universitaires et clinique privée Wyss) et Zurich (services psychiatriques universitaires, clinique universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent et mise en place en cours à la clinique privée Clienia Schlössli). «Une étude de 2016 [1] a même montré qu’une intervention ASSIP réduisait le risque de récidive de tentative de suicide de 80%», selon le Prof. Cattapan.
Une intervention à domicile est possible
Tous les patients ne sont pas favorables à une intervention en clinique psychiatrique. Beaucoup se sentent mieux à la maison dans leur environnement personnel et préfèrent dès lors être pris en charge dans ce cadre. Cela ne pose pas de problème. Le traitement à domicile est déjà possible dans de nombreuses villes de Suisse pour les patients qui souhaitent en bénéficier après une tentative de suicide. Un traitement aigu à domicile est déjà proposé à Lausanne, Zurich, Lucerne, dans le Tessin et en Argovie. «Toutefois, les auteurs de l’étude ont également montré les limites du traitement à domicile», a expliqué le Prof. Cattapan. «Lors d’une intervention à domicile, les proches sont souvent fortement impliqués. Qui plus est, moins d’offres spéciales sont possibles à domicile. S’y ajoute le fait qu’un traitement à domicile peut être perçu comme intrusif par les patients». Par ailleurs, le financement des offres de ­traitement à domicile n’est pas encore réglementé de façon uniforme par rapport aux formes de traitement stationnaires. Le traitement à domicile présente toutefois de nombreux aspects positifs. La focalisation sur le milieu social et la collaboration avec les proches ­occupent clairement l’avant-plan dans cette méthode. Le traitement à domicile est également approprié pour les patients qui ont du mal à vivre en communauté dans un service hospitalier.
Test ABCB1 – un traitement plus efficace de la dépression en tant qu’étape vers la médecine personnalisée
Les antidépresseurs peuvent permettre de remettre de l’ordre dans la vie d’un patient. Mais quel est le médicament approprié pour mon patient? Un nouveau procédé diagnostique de génétique moléculaire promet une réponse à cette question. Tous les patients ne réagissent pas de la même manière à un antidépresseur, ce qui est entre autres dû au gène ABCB1, qui code pour la molécule gardienne glycoprotéine P (P-gp) localisée dans la barrière hémato-encéphalique. Son génotype détermine si un antidépresseur peut ou non franchir la barrière hémato-encéphalique, car ces médicaments sont des substrats de la glycoprotéine P. Le nouveau test sanguin ABCB1 renseigne quant au médicament approprié et au dosage approprié [2]. Cela est avant tout utile pour les médicaments listés dans l’encadré 1. Les environs 248 francs que coûte le test ne sont pas pris en charge de façon standard par la caisse-maladie, car les études disponibles sont encore confuses. Outre la molécule gardienne, il existe de nombreux autres facteurs qui influencent considérablement l’action des antidépresseurs. D’après les études actuellement disponibles, la détermination de la concentration de médicament dans le sang fournit davantage de renseignements cliniques que le test ABCB1.
Encadré 1: Pour quels médicaments un test génétique peut-il être utile?
Test génétique indiqué pour les substrats de la glycoprotéine P:
Paroxétine, citalopram, escitalopram, venlafaxine, amitriptyline, N-oxyde d’amitriptyline, nortriptyline, trimipramine, sertraline, vortioxétine, lévomilnacipran, vilazodone, hypericum (millepertuis)
Test génétique non indiqué pour les non-substrats de la glycoprotéine P:
Fluoxétine, mirtazapine, agomélatine, bupropion
Ainsi, il est toujours conseillé de se demander si un tel test génétique, un traitement à domicile ou une intervention ASSIP est profitable ou non chez un patient donné. C’est uniquement de cette manière qu’il est possible, dans la médecine actuelle, de trouver une approche individuelle adaptée à nos patients, qui nous rapproche un peu plus de la médecine personnalisée.

https://primary-hospital-care.ch/fr/article/doi/phc-f.2020.10201