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jeudi 5 mars 2020

ETUDE RECHERCHE Le décès par suicide des personnes souffrant de troubles mentaux

L2 Le décès par suicide des personnes souffrant de troubles mentaux
Revue d'Épidémiologie et de Santé Publique
Volume 68, Supplement 1, March 2020, Pages S31-S32
L2 Le décès par suicide des personnes souffrant de troubles mentaux 
L.Plancke a C.Coton b A.Amariei a T.Danel ac C.-L.Charrel ad 
a Fédération régionale de recherche en psychiatrie et santé mentale Hauts-de-France, Lille, France
b
École des hautes études en santé publique (M2), Rennes, France
c
CHU de Lille, Lille, France
d
Établissement public de santé mentale Lille-Métropole, Lille, France
Available online 27 February 2020.
Introduction
Le suicide est très fréquent chez les personnes souffrant de troubles mentaux et ne diminue pas, alors qu’il baisse en population générale, notamment dans le Nord-Pas-de-Calais, départements qui restent cependant plus touchés qu’en moyenne nationale par le suicide. En l’absence d’étude récente en France, nous avons mesuré la probabilité de décéder de suicide chez des patients qui avaient été hospitalisés en psychiatrie et de le comparer à celui observé en population générale.
Méthodes
Le statut vital de patients majeurs hospitalisés dans les services de psychiatrie de neuf établissements du Nord-Pas-de-Calais en 2008–2009 a été recherché dans les bases de décès du CepiDc, au 31/12/2013. Ont été calculés les probabilités de suicide (méthode de Kaplan–Meier) et des Indices comparatifs de mortalité (ICM) par rapport à la population du territoire d’étude.
Résultats
Sur les 13 979 patients de l’étude (7416 hommes et 6563 femmes ; âge moyen 43,6 ± 1,6), 286 étaient décédés par suicide 4,9 années en moyenne après leur date d’inclusion, sur un total de 1454 décès. La probabilité cumulée de suicide à un an était de 0,78 %, à deux ans de 1,28 % et à six ans de 2,46 %. La valeur de l’ICM était de 1492 pour l’ensemble des patients, deux fois plus élevée chez les femmes (2494) que chez les hommes (1220), décroissait avec l’avancée en âge (de 2078 chez les 18–34 ans à 1278 chez les 75 ans ou plus). Les ICM les plus élevés étaient enregistrés chez les patients présentant des troubles anxieux (1821) et des troubles dépressifs (1787) ; pour les addictions (1366) et les troubles psychotiques (1209), les ICM étaient légèrement moins élevés.
Discussion/Conclusion
Notre étude confirme la considérable surmortalité suicidaire de patients ayant été hospitalisés en psychiatrie qui constituent cependant une minorité des personnes prises en charge, connaissant les troubles les plus graves. Cet excès de mortalité plaide pour des programmes spécifiques de prévention des conduites suicidaires chez ces patients.