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vendredi 20 décembre 2019

Prévention du suicide en Flandre: la coupe budgétaire de trop

Prévention du suicide en Flandre: la coupe budgétaire de trop

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 Le nouvel exécutif flamand l’avait annoncé depuis son lancement : le gouvernement Jambon sera un gouvernement d’économies. Aucun secteur n’est a priori épargné, et pourtant, les coupes prévues au sein des organismes de prévention de santé en ont étonné plus d’un.

La surprise a suscité une vague d’indignation : le secteur de la prévention en matière de santé va être privé de 2,3 millions d’euros. Différents organismes liés aux autorités flamandes vont devoir fonctionner avec 6% de subsides en moins. Parmi eux on retrouve notamment Sensoa, actif dans la prévention de la santé sexuelle, l’Institut flamand pour une vie saine, le Centre d’expertise pour l’alcool et les stupéfiants, ou encore le célèbre Institut de médecine tropicale à Anvers.

Chacun de ces organismes va devoir annuellement se passer de plusieurs centaines de milliers d’euros. Le ministre flamand du Bien-être, le CD & V Wouter Beke s’est toutefois voulu rassurant : 9 millions et demi d’euros seront investis dans de nouveaux projets. Mais pour les acteurs de terrain, la pilule est très dure à avaler. Beaucoup trouvent la démarche illogique : raboter d’un côté, pour investir de l’autre, d’autant que les organisations concernées ont globalement prouvé leur efficacité, malgré un manque de financement déjà criant, et du personnel qui travaille souvent bénévolement.

La surprise ressentie par le secteur est due au fait que ces mesures n’avaient pas été précisées par Wouter Beke lors de la présentation de son programme. Le ministre avait alors déclaré que ses priorités iraient notamment à la prévention du cancer, des maladies sexuellement transmissibles, des problèmes d’addiction ou d’alimentation. Des secteurs qui sont tous directement affectés par ces économies.
La coupe de trop

La prévention du suicide est, elle aussi, concernée par les économies budgétaires. Et c’est sans doute la mesure qui a le plus suscité de critiques. La Flandre est en effet une région où le taux de suicide est particulièrement élevé. Chaque jour, en moyenne 27 Flamands font une tentative de suicide. Environ trois mettent effectivement fin à leur vie. Des chiffres alarmants, qui concernent surtout des jeunes, et qui font de la Flandre l’une des moins bonnes élèves en Europe.

Au vu du tollé qu’a suscité l’annonce, Wouter Beke s’est empressé de grappiller 5000 euros dans le budget des vaccins pour épargner la ligne téléphonique de prévention du suicide. Ce sauvetage in extremis n’a toutefois pas suffi à calmer les esprits, d’autant qu’il ne concerne pas le Centre d’expertise sur la prévention du suicide qui devra, lui, se passer de près de 55.000 euros par an. Beaucoup se demandent dès lors comment le ministre compte faire pour atteindre l’objectif de son plan de prévention qui vise à terme le " zéro suicide ".
Perte de crédibilité ?

Les premiers pas de l’ex-président du CD & V au sein d’un gouvernement flamand ne commencent pas fort. Mardi, les médias ne se sont pas privés de critiquer Wouter Beke et son parti. Il faut dire que les soins de santé sont un domaine clé pour les chrétiens-démocrates. Dès le début de la législature, les ténors du CD & V avaient répété que la santé mentale des jeunes tenait une place importante dans leur programme.

Il y a trois semaines, plusieurs d’entre eux, dont Hilde Crevits et Wouter Beke, avaient défilé avec un nez rouge, symbole d’une action médiatique de bienfaisance en faveur du bien-être physique et mental des jeunes. Aujourd’hui, de nombreux éditorialistes estiment que le rouge conviendrait davantage à celui de la honte, et rappellent qu’à cause du rabotage annoncé, un programme scolaire dédié à la santé mentale et planifié pour 2020 doit être supprimé.
Vers de nouvelles manifs ?

Après les manifestations des milieux culturels, associatif et médiatique ces dernières semaines, on peut sans doute s’attendre à des actions similaires du secteur de la prévention de la santé, même si rien n’a encore été établi.

Si des manifestations devaient avoir lieu, elles risqueraient d’avoir plus d’écho au sein de la société car, comme le souligne l’éditorialiste du Belang van Limburg, les citoyens se sentent davantage concernés par ces coupes et s’identifient plus facilement à ceux qui ont besoin d’aide. En pleine semaine du Warmste Week, l’équivalent flamand de Viva for Life, la "Semaine la plus chaude" pourrait prendre des allures de semaine la plus froide. Pas sûr qu’un chèque du ministre Wouter Beke y changera quelque chose.

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