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mardi 13 août 2019

CANADA Un virage à 180 degrés » dans la culture de la santé mentale chez les policiers

Un virage à 180 degrés » dans la culture de la santé mentale chez les policiers
10 août 2019 Tommy Brochu
La Tribune latribune.ca *

Pour le capitaine Paul Leduc, il est important de parler de santé mentale chez les policiers. « J’ai des amis qui se sont enlevé la vie », confie l’homme qui sert dans la Sûreté du Québec depuis 25 ans. Heureusement, les temps ont changé. Aujourd’hui, les agents de la paix sont plus ouverts pour discuter de ce sujet, autrefois tabou.

« Il y a un monde de différences, analyse le cadre de la SQ. Quand j’ai commencé dans la police, on n’était pas où nous sommes aujourd’hui. On n’admettait pas qu’on avait de la difficulté à vivre avec une situation. La première fois que j’ai vu un enfant décédé, c’était un meurtre. J’étais le premier policier à arriver sur place. Je vous avoue, j’ai rêvé à cet enfant durant des mois. Je n’en ai pas parlé et je ne sentais pas qu’il y avait de l’ouverture à ce que j’en parle. Il y avait une culture. J’étais 6 pieds 3 et je pesais 250 livres, alors moi, montrer mes émotions, c’était contre-culture. Ça m’a toujours fait beaucoup de peine de voir des crimes contre des enfants ou des collisions impliquant des enfants. »

« Aujourd’hui, on parle de ça à l’École nationale de police et aux cégeps, la culture a viré de bord, assure M. Leduc. C’est tellement important de parler des troubles psychologiques [...] Je le vois, il y a de jeunes policiers qui travaillent pour moi et ils trouvent ça drôle d’entendre les gens qui disent que la police ne pleure pas. J’ai vu un virage à 180 degrés dans la culture. On le voit aussi dans la société », commente le policier, se rappelant que peu d’outils étaient disponibles lorsqu’il est entré dans la police il y a un quart de siècle.

Comme gestionnaire, le capitaine Leduc conseille à ses employés d’appeler au programme d’aide s’ils sont en détresse. « C’est disponible, gratuit et surtout confidentiel. On s’assure de mettre l’emphase là-dessus. Je l’ai souvent fait. Parfois ce sont de petites crises, parfois ce sont des plus grosses. Ça fait du bien de parler à quelqu’un d’autre que son patron ou ses collègues. Ce sont des professionnels », analyse-t-il.

« On réfère aussi à La Vigile. J’ai déjà eu des policiers qui sont arrivés dans mon bureau en disant “patron, je dois t’avouer, je consomme de la cocaïne et je bois de l’alcool tous les jours en dehors du travail. J’ai besoin d’aide”. La première démarche que tu fais comme employeur, même si tu sais que c’est une substance illégale, ce n’est pas d’enquêter. Je ne commencerai pas par le mettre en état d’arrestation! Je vais commencer par lui dire d’appeler à La Vigile », assure M. Leduc.

Des outils

Aujourd’hui, il y a beaucoup d’outils pour les policiers qui vivent des situations de détresse psychologique. « La Sûreté du Québec a mis en place un réseau de sentinelles afin de favoriser le dépistage et l’intervention auprès de ses membres. Le 31 mai dernier, l’ensemble du projet a été présenté au congrès du syndicat. Le recrutement des sentinelles s’est commencé le 29 mai et se poursuit jusqu’au 30 août 2019. La semaine prochaine, on va faire un rappel à tous nos employés », explique le capitaine.

Beaucoup de travail est fait en prévention et à la suite d’un suicide. « Quand il y a un suicide, toute une équipe de prévention communique avec les gestionnaires et les employés proches. Ils les réfèrent à des ressources internes et externes. Il y a une intervention du programme d’aide aux employés qui se présentent dans les locaux où travaillait la victime. On est là et c’est la même chose pour les événements traumatisants. On accompagne de plus en plus. Il y a beaucoup d’informations sur notre intranet », dit M. Leduc.

« La direction des ressources humaines a un programme de soutien et d’accompagnement aux policiers en détresse, continue-t-il. Il y a une écoute téléphonique, on peut faire des rencontres personnalisées avec des psychologues. Lorsqu’ils reviennent au travail après un congé de maladie, on s’assure avec un programme d’aide au retour au travail de placer la personne dans des situations gagnantes pour assurer l’accompagnement de la personne et du gestionnaire, pour qu’il pose les bons gestes. Il y a aussi de la diffusion d’outils et de fiches de sensibilisation et de prévention de la part de la direction des ressources humaines », affirme-t-il, ajoutant que plusieurs ressources externes sont également disponibles. Quelques formations destinées aux employés sont également en développement.
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