Publié le 04/04/2019 .lanouvellerepublique.fr/
En scannant les QR codes (ici en médaillon), les victimes de violences conjugales peuvent répondre à un questionnaire anonyme sur la dépression et les envies suicidaires. © Photo NR
Violences conjugales : rendre visible le risque de suicide © Photo NR
Des QR codes s’affichent dans les rues de Poitiers. L’action d’un collectif féministe vise à recueillir la parole des victimes grâce à un questionnaire.
Aime moi. » Ce message énigmatique placé au centre d’un QR code est apparu depuis quelques semaines dans des rues de Poitiers, comme dans plusieurs villes de France. Collé à même les murs, ce carré blanc et noir laisse penser à une performance artistique de street artistes.
“ Elle attend le coup fatidique ” En suivant la piste du QR code (*), « Aime moi » sonne désormais comme un cri du cœur, un appel au secours des femmes et des hommes victimes de violences conjugales. Il mène à un questionnaire anonyme visant à « récolter des données sur les répercussions psychologiques à la suite des violences conjugales » : dépression, cauchemars et envies suicidaires. Ces collages sont l’œuvre du collectif Citoyenne féministe.
« Un féminicide a eu lieu tous les trois jours en 2018. Depuis janvier, 37 femmes sont décédées, c’est une femme toutes les 48 heures. Les statistiques n’affichent absolument pas le nombre de femmes qui se suicident à la suite de violences conjugales », dénonce Sofia, une militante féministe. Préférant garder l’anonymat, elle invite chacun et chacune à imprimer et à coller ce code dans l’espace public pour sensibiliser et interpeller.
Présent dans toute la France, le collectif a recueilli presque 300 réponses sur les 1.000 espérées. « Cette action a commencé le 14 juillet, une fête sexiste par essence. C’est un contexte fort. Il y a une hausse des violences pendant la Saint-Valentin. Il y a un mois, j’ai moi-même collé des stickers à Poitiers », dit la Toulousaine. Le relais dans la ville est assuré : « Ça continue de faire des petits », assure-t-elle.
“ Un vrai manque du côté du gouvernement ” Les histoires de ces femmes sont poignantes : « Je suis en contact avec une femme qui attend d’être “ suicidée ” par son mari. Elle attend le coup fatidique, parce qu’il n’y a pas d’autre échappatoire. Il y a un vrai manque du côté du gouvernement. On aimerait, à l’image de ce qui a été fait par Simone Veil pour l’IVG, que les violences conjugales soient prises en charge : avec un accompagnement, un hébergement pour les victimes… »
Par ce questionnaire, le collectif veut interpeller le gouvernement sur la nécessité de faire voter une loi pour agir efficacement contre les féminicides. Et de rappeler : « Ce ne sont pas des crimes passionnels. C’est bien un meurtre d’une femme parce qu’elle est une femme. »
(*) Pour cela, il suffit de scanner le QR code à l’aide d’une application dédiée disponible sur la majorité des téléphones portables.
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