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jeudi 21 mars 2019

Sarthe La difficile prévention du suicide

Sarthe La difficile prévention du suicide
20.03.2019  sur https://www.lemainelibre.fr*
« Je n’aurais jamais pensé que mon mari se suiciderait », confie Amandine. Photo ML - Hervé PETITBON
« Je n’aurais jamais pensé que mon mari se suiciderait », confie Amandine. Photo ML - Hervé PETITBON
Amandine vient de passer « une première année fatigante. Pleine d'incertitudes, de peurs, de questions. Mon mari s'est suicidé il y a un an. C'est très éprouvant, très difficile. »
La jeune femme de 36 ans et son mari avaient été accompagnés par L'Arc-en-ciel (association qui accompagne les familles touchées par la maladie ou le deuil) pendant la maladie de leur bébé et après sa mort, à l'âge de neuf mois, en 2014. « Mon mari était suivi par un psychiatre et par un addictologue. Il s'était mis à prendre de la cocaïne et de l'héroïne pour avoir le sentiment de revivre Sauf qu'il s'est détruit. Il ne savait plus se sortir de tout ça », raconte cette mère de deux enfants.
« Il avait avalé des médicaments deux fois, se souvient-elle. Mais pour moi, c'était des appels au secours, pour me montrer qu'il n'allait pas bien. Je n'aurais jamais pensé qu'il irait jusqu'au bout. »
La Sarthe a le taux de mortalité par suicide le plus élevé de la région ; il est deux fois plus haut que le niveau national.
« Il faut faire attention, le suicide peut toucher tout le monde : toutes les classes sociales, tous les âges, toutes les situations familiales, alerte Amandine. Mon mari aimait trop la vie pour se foutre en l'air. Il avait son entreprise, plein d'amis. On s'aimait, on était ensemble depuis 20 ans, on avait des enfants, des projets, tout pour nous. C'est tellement difficile de prévenir le suicide »

À qui s'adresser ?

L'arc-en-ciel
Cette association basée au Mans accompagne les familles. Tél. 09 53 69 91 96 ou 06 84 88 17 55. Mail : asso.larcenciel@free.fr

L'équipe mobile de prévention du suicide
Rattachée à l'établissement public de santé mentale d'Allonnes, elle prend en charge les personnes suicidaires mais aussi celles qui ont perdu un proche par suicide. Tél. 02 43 78 85 25.

Apesa 72
Cette association d'Aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance aiguë est basée au tribunal de commerce du Mans. Tél. 02 43 14 18 50.

Paroles Arc-en-Ciel
Ce lieu d'écoute gratuite et anonyme de l'association Homogène est dédié aux personnes homosexuelles, bisexuelles, transsexuelles ou intersexes. Il est ouvert le jeudi, de 17 h 30 à 19 h 30 (sans rendez-vous) au centre LGBT, 26, avenue du général de Gaulle, au Mans. Tél. 09 51 44 66 00. Mail : homogene72.asso.lgbt@gmail.com. Site : homogene.net

L'Escale
Ce lieu d'accueil et d'écoute est ouvert le lundi, mercredi, jeudi et vendredi, de 14 h 30 à 17 h 30, au 78, boulevard Pasteur, à Allonnes. Tél. 02 43 80 49 33. Mail : escale@ville-allonnes.fr

Les voisineurs
Ces bénévoles rendent visite gratuitement aux personnes qui le souhaitent. Tél. 02 43 39 75 12. Site : www.famillesrurales.org/sarthe

SOS Amitié
L'association écoute et chatte avec tous ceux qui ont besoin d'aide, anonymement. Tél. 02 43 84 84 84. Site : www.sos-amitie.com, puis cliquer sur « Messagerie ».

Solidarité Paysans
Cette association accompagne les agriculteurs en difficulté. Tél. 02 43 14 20 32. Mail : sarthe@solidaritepaysans.org


* https://www.lemainelibre.fr/actualite/sarthe-la-difficile-prevention-du-suicide-22-02-2019-240115

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mercredi 20 mars 2019 362 mots, p. Grand Mans_2
« Savoir repérer le degré d'urgence »
Dr Michel Nguyen et trois autres professionnels de l'établissement public de santé mentale (EPSM) d'Allonnes ont rencontré les proches de 47 des 146 personnes qui se sont suicidées en Sarthe entre septembre 2015 et août 2016.
« Le Maine Libre » : Pourquoi la Sarthe a-t-elle le taux de mortalité par suicide le plus élevé de la région (il est deux fois plus haut que le niveau national) ?
Dr Nguyen, psychiatre : « On dénombre chaque année 120 à 150 suicides dans le département. Notre étude vise à comprendre, pour savoir ce qu'on peut proposer en termes de prévention. Elle montre que ces décès ne sont pas répartis de façon homogène sur le département. Par exemple, cette mortalité est plus importante à Saint-Calais, une zone marquée par la pauvreté, la précarité, des accès aux soins et des réseaux de communication moyens, où le tissu professionnel est moins dense.
Les personnes qui se sont suicidées présentaient souvent des troubles dépressifs associés à l'alcool. L'étude décrit également des personnes assez réticentes aux soins. »
Quels enseignements avez-vous tirés de cette étude ?
« Il faut un meilleur maillage avec les équipes d'urgence et de psychiatrie pour que personne ne soit oublié. Nous devons aussi aller au-devant des personnes qui ont déjà tenté de se suicider. Il nous faut continuer à former les professionnels de santé (médecins généralistes, équipes de psychiatrie, urgentistes...) au repérage de la crise suicidaire. Il s'agit du moment où une personne ne voit plus de solution autre que la mort devant les problèmes qu'elle rencontre. L'objectif est de savoir repérer le degré d'urgence, le niveau d'intervention à adopter et d'aider la personne à trouver une autre solution. »
Vous proposez des actions concrètes.
« Par exemple, avoir un numéro unique d'appel, accessible tout le temps, pour les familles ou les personnes elles-mêmes. Sinon, on ne sait pas qui contacter. L'EPSM est candidat pour mettre en place en 2020 le dispositif VigilanS. Il s'agit d'appeler (avec leur accord) les personnes qui ont fait une tentative de suicide. Le maintien du lien social est un des facteurs de prévention de la récidive. »