Pages

samedi 24 novembre 2018

HAS Evénements indésirables graves associés aux soins : la déclaration individuelle pour un bénéfice collectif

Evénements indésirables graves associés aux soins : la déclaration individuelle pour un bénéfice collectif November 23, 2018 | Communiqué de presse https://www.has-sante.fr*
Haute Autorité de Santé

Les soins sont une activité technique et humaine complexe à laquelle est associé un risque important, parfois lourd de conséquences pour le patient. Connaitre et analyser les causes à l’origine d’un évènement indésirable est dès lors indispensable afin d’éviter qu’il ne se reproduise. C’est la raison pour laquelle chaque professionnel a l’obligation de déclarer la survenue d’un événement indésirable grave associés aux soins (EIGS). La HAS publie son premier rapport annuel sur les événements qui lui sont transmis. Ce rapport comporte des recommandations pour améliorer le fonctionnement du dispositif de déclaration et pour réduire certains risques.

Tout patient ou résident est dans une attente de qualité et de sécurité des soins lors de sa prise en charge. Cette exigence légitime est en phase avec les motivations profondes des professionnels. Or les risques inhérents à l’activité de soins peuvent conduire à la survenue d’événements indésirables graves associés aux soins (EIGS), c’est-à-dire entraînant un déficit fonctionnel permanent pour le patient, la mise en jeu de son pronostic vital ou son décès. La déclaration par les professionnels de ces EIGS est essentielle : analyser les causes, comprendre l’enchainement de ce qui a conduit à la situation, permet de rechercher et de mettre en œuvre des actions concrètes pour éviter au maximum que cela ne se reproduise.

Cette déclaration, obligatoire pour tout professionnel, s’effectue depuis mars 2017 sur le portail de signalement des événements sanitaires indésirables (signalement-sante.gouv.fr)[1]. Les déclarations complètes sont anonymisées et transmises par les agences régionales de santé (ARS) à la HAS qui a pour mission de publier un rapport annuel assorti de recommandations.

Elle publie ce jour son rapport qui fait le constat du démarrage effectif du dispositif de déclarations : 1 870 EIGS ont été déclarés de mars à décembre 2017, ce qui témoigne d’un bon début de mobilisation – à amplifier – des professionnels et des organisations sanitaires et médico-sociales.

Des recommandations pour agir sur les risques…

Sur les 1 870 déclarations initiales d’EIGS par les professionnels, 288 déclarations complètes et anonymisées ont été transmises par les ARS à la HAS qui les a analysées. Ces 288 EIGS ont été déclarés principalement par les établissements de santé (80%), puis par les structures médico-sociales (17%) et enfin par la ville (3%). Les EIGS entrainant des décès ont été les plus déclarés (44%), suivis des EIGS dont les conséquences sont la mise en jeu du pronostic vital (37%) et la survenue d’un probable déficit fonctionnel permanent (19%).
Pour cette première année d’analyse, la HAS dispose de trop peu de déclarations pour en tirer des enseignements et des conclusions généralisables. Toutefois, le travail effectué a permis de mettre en évidence des risques plus fréquemment déclarés :
  • 28 cas d’erreurs médicamenteuses, 36 événements générés par un geste opératoire ou technique, 51 cas de suicide, 43 cas de défaillances de diagnostic et 41 cas de chute. Ces risques sont déjà identifiés par les professionnels et les établissements, et pour la plupart, des recommandations de bonne pratique ainsi que des plans d’action ont déjà été élaborés. La HAS rappelle l’importance de ces travaux et invite les professionnels à s’en saisir davantage pour réinterroger leurs pratiques.
  • La HAS identifie un autre risque, moins connu en France : des départs de feu lors de l’utilisation d’un bistouri électrique au bloc opératoire. Pour l’éviter, la HAS publie une fiche décrivant concrètement les précautions et les solutions à mettre en place au sein des blocs opératoires.
  • Un autre point d’amélioration a été retenu par la HAS : il s’agit de l’information délivrée aux patients et à leurs proches en cas d’EIGS. L’analyse de la HAS montre en effet que dans près d’un cas sur deux (hors décès), le patient ou ses proches n’ont pas été informés de la survenue du problème. Or ce temps d’échange entre le soignant et le patient doit être systématique car, dans ces situations difficiles, il permet de prendre en compte les besoins et les attentes des personnes qui ont subi l’événement.
Lire la suite https://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_2885660/en/evenements-indesirables-graves-associes-aux-soins-la-declaration-individuelle-pour-un-benefice-collectif


Extraits rapport : Retour d’expérience sur les événements indésirables graves associés à des soins (EIGS) – Rapport annuel d’activité 2017
Contexte le suicide représente 18% (51) des EIGS

"Suicide du patient
- Dans les suicides de patients déclarés, plus de 50 % surviennent dans un contexte de prise en charge psychiatrique du patient. Dans une moindre mesure, les suicides survenus en EHPAD révèlent également une comorbidité psychiatrique du patient.
Ces données concordent avec une étude de l’Observatoire national du suicide qui fait ressortir le constat, issu d’une revue de la littérature, que les facteurs psychiatriques apparaissent comme les premiers facteurs de risque pour les décès par suicide et les tentatives de suicide (23).
- 30 % des situations de suicide déclarées concernent des patients âgés entre 70 et 100 ans.
Des données HAS montrent que 28 % des suicides en France sont le fait de personnes âgées de 65 ans et plus et que près de 90 % de ces suicides sont en lien avec un trouble psychiatrique, essentiellement la dépression (24)
. Chez les personnes âgées, à partir de 65 ans, le taux de suicide augmente régulièrement avec l’avancée en âge et c’est dans la tranche des plus de 85 ans que le taux de suicide est le plus élevé (25).
- Les suicides en court séjour MCO (médecine, chirurgie, obstétrique) montrent, dans la moitié
des cas, une difficulté dans l’évaluation et la protection du risque suicidaire chez des patients
psychiatriques pris en charge dans des services de soins généraux.