(24/09/2018) https://www.guide-familial.fr/*
Avec près d’un suicide tous les deux jours, soit une prévalence dépassant de 20 à 30 % celle de la population générale (1), le monde agricole reste le secteur professionnel le plus touché par ces décès. Contre ce fléau, la Mutualité sociale agricole (MSA) organise des accompagnements dans la durée, par les référents suicide de ses cellules pluridisciplinaires de prévention (CPP) présentes dans les 35 caisses régionales. Et depuis cette année, ces référents peuvent même être alertés directement par les écoutants professionnels du service « Agri’écoute » (09 69 39 29 19), fonctionnel depuis 2014 pour les personnes en détresse.
Alertes
Johanna Grandguillot, responsable adjointe du service social MSA Gironde, assistante sociale de formation, est l'un des deux référentes de la CPP de cette caisse régionale. Une fois alertée par Agri'écoute, mais aussi par l'élu d'un village ou encore un agent d'accueil de la caisse qui aura rencontré un agriculteur exprimant une volonté de passer à l'acte, elle contacte ce dernier dans les 24 heures. « Avant l'appel, j'aurai fait le point avec mes collègues, en particulier le médecin du travail, au cas où la personne serait connue de nos services. Pendant l'appel, pour évaluer la situation, je me réfère à la grille d'analyse RUD (risque, urgence, danger) », précise-t-elle. La référente a été formée à la prévention du suicide par le professeur Jean-Louis Terra, psychiatre, spécialiste du sujet, qui a également sensibilisé les agents d'accueil de la caisse au repérage des personnes à risques.
Solutions concrètes
« Pendant l'échange », poursuit Johanna Grandguillot, « je vais parler sans tabou du suicide tout en élaborant des solutions concrètes, à ma portée de travailleuse sociale. La personne s'estime dans l'impasse car elle ne peut pas payer ses impôts ? Je peux lui proposer de débloquer une aide sociale. En allant plus avant dans l'échange, je vais aussi essayer de la motiver pour aller vers le soin. Nous renvoyons vers des psychologues en libéral, un centre médico-psychologique ou encore suggérons de reprendre contact avec le médecin traitant. Là aussi, tenant compte des difficultés de mobilité en milieu rural, nous pouvons débloquer une aide afin de financer les transports vers le professionnel de soin ».
Après cet appel et l'établissement d'un plan d'action, Johanna Grandguillot prend régulièrement des nouvelles de l'agriculteur secouru « afin de le remobiliser et lui signifier mon intérêt, ce qui joue sur l'estime de soi, problématique au cœur de la grande détresse ».
Théâtre forum
La MSA indique qu'en 2016 (derniers chiffres connus), sur 1452 situations de « fragilité », 20 % correspondaient à un risque suicidaire. La mutualité, qui, s'essaye ainsi à l'aller-vers, entend agir aussi en prévention précoce. « Nous nous déplaçons dans les écoles de formation en agriculture, les jeunes représentant un public à risques. Nous lançons le débat sur le suicide au moyen du théâtre forum », précise Johanna Grandguillot.
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