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lundi 19 février 2018

RECHERCHE ETUDE Troubles psychiques liés au travail : une évaluation issue du Nord-Pas-de-Calais

Troubles psychiques liés au travail : une évaluation issue du Nord-Pas-de-Calais
Caroline Guignot
Univadis *
Résumés Cliniques  7 févr. 2018

À retenir

Selon l’enquête Héraclès, environ un quart des adultes consultant leur médecin généraliste dans le Nord-Pas-de-Calais présenteraient une souffrance en lien avec le travail, qu’elle soit ressentie par le patient, diagnostiquée par le médecin ou objectivée par le test MINI.

Pourquoi est-ce important ?

La souffrance psychique liée au travail est un problème de santé publique qui croît avec les modifications du marché du travail et des méthodes de management. L’ampleur des troubles psychiatriques liés à l’activité professionnelle doit être mieux connue afin de pouvoir les prévenir ou les prendre en charge. Il existe pour l’heure peu de données sur la fréquence des principaux troubles psychiatriques liés au travail rencontrés en médecine générale, que ce soit en France ou en Europe, alors que le médecin traitant joue un rôle clé dans le repérage et l’orientation de ces personnes. Dans ce contexte, l’enquête Héraclès apporte une première image -régionale – de la problématique. Elle montre son importance en médecine générale.


Principaux résultats
Au total, 2.027 patients recrutés par 121 médecins généralistes du Nord-Pas-de-Calais ont été retenus pour les analyses (53,7% de femmes ; âge moyen : 42,3 ans ; 38,7% sans études supérieures).
La prévalence des troubles psychiques était de 39,6% selon le test MINI, dont 64,1% évalués comme étant liés au travail, majoritairement chez les femmes (26,7% vs 24,3%).
Parmi les troubles évalués, l’anxiété généralisée concernait 18,2% des patients, les épisodes dépressifs majeurs 13,9% d’entre eux, puis les risques suicidaires (5,5% des patients).
La prévalence des troubles psychiques diagnostiqués par le médecin ou celle de la souffrance psychique ressentie par les patients étaient respectivement de 33,9% et 34,8%. Ils étaient considérés comme en lien avec le travail pour 76,1% et 69,5% des cas respectivement.
L’analyse multivariée a montré que le risque de troubles liés au travail mis en évidence par le test MINI était associé à l’avancée en âge (>55 ans vs 18-24 ans), aux antécédents psychiatriques et au motif de consultation (psychologique vs somatique). Il était aussi associé au fait que le généraliste soit de sexe féminin ou collabore avec des spécialistes en santé mentale. De la même façon, le risque de troubles liés au travail et diagnostiqués par le médecin généraliste était associé à l’avancée en âge, au motif de consultation et au résultat du test MINI.

Méthodologie
Héraclès est une étude épidémiologique transversale conduite auprès de médecins généralistes volontaires qui devaient inclure de façon aléatoire jusqu’à 24 patients de 18-65 ans ayant en activité professionnelle (au moins 6 mois dans l’année en cours) et venant consulter pour tout type de motif.
Le généraliste évaluait la souffrance psychique du patient selon son propre diagnostic, selon le ressenti du patient et selon le résultat au test MINI (Mini-International Neuropsychiatric Interview) et évaluait la possible relation avec le travail à partir de un interrogatoire défini et à partir du ressenti du patient.

Limitations
L’étude ne peut être généralisée à la France du fait des spécificités démographiques, économiques et médicales du territoire Nord-Pas-de-Calais. Elle a été conduite auprès de généralistes volontaires qui, comme les patients, ont estimé le lien avec le travail de façon subjective. Cette estimation reste néanmoins le reflet d’une pratique clinique.
https://www.univadis.fr/viewarticle/troubles-psychiques-lies-au-travail-une-evaluation-issue-du-nord-pas-de-calais-583704

Références
Rivière M et al. Prevalence of work-related common psychiatric disorders in primary care: The French Héraclès study. Psychiatry Res. 2018 Jan;259:579-586. doi: 10.1016/j.psychres.2017.09.008. Epub 2017 Sep
Author  M.Rivièread. Planckeb A.Leroyerc T.Blanchona T.Prazuckad H.Prouvoste B.Sobczakf C.De Pauw gL.Ferreira Carreirac  Y.ToullicP.Lerougeh M.Melchiori N.Younèsjk
a Sorbonne Universités, UPMC Univ Paris 06, INSERM, Institut Pierre Louis d'épidémiologie et de Santé Publique (IPLESP UMRS 1136), F75013 Paris, France
b Fédération régionale de recherche en santé mentale (F2RSM), Nord - Pas-de-Calais, Lille, France
c Université Lille Nord de France, Lille, France
d Department of Infectious Diseases, Centre Hospitalier Régional, Orléans, France
e French Institute for Public Health Surveillance (InVS), Saint-Maurice, France
f Direccte Nord – Pas-de-Calais, Lille, France
g URPS médecins libéraux, Lille, France
h University Department of General Practice, Université Lille 2, Lille, France
i Sorbonne University, UPMC Univ Paris 06, UMR_S 1136, Pierre Louis Institute of Epidemiology and Public Health, Social Epidemiology Research Team, F75013 Paris, France
j EA 40-47 University of Versailles Saint-Quentin, Versailles, France
k Academic Unit of psychiatry for adults, Versailles Hospital, Versailles, France
Received 19 September 2016, Revised 25 July 2017, Accepted 6 September 2017, Available online 8 September 2017.
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0165178116315992 


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