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vendredi 22 décembre 2017

Quimper : le tribunal de commerce s’engage pour prévenir le suicide des patrons (29)

Quimper : le tribunal de commerce s’engage pour prévenir le suicide des patrons
La souffrance psychologique n'épargne pas les patrons. Surtout lorsque leur entreprise est en difficulté. Le tribunal de commerce de Quimper met en place un dispositif d'alerte.
Publié le 20 Déc 17 actu.fr/bretagne/*
 
Après Rennes, Vannes et Lorient, le tribunal de commerce de Quimper est à l’initiative de la création de l’association Apesa 29 Sud, présidée par le juge Benoît Bataille (2 en partant de la droite). (©Côté Quimper)

« Pas plus tard que ce matin, une dirigeante d’entreprise s’est effondrée dans mon bureau. » Ce genre de situation n’est pas un cas isolé au tribunal de commerce de Quimper, observe son président Patrick Dieumegard.

Le juge Benoît Bataille poursuit : « Dans le huis clos des audiences de procédures collectives (où sont prononcés les redressements et liquidations judiciaires, NDLR), environ un tiers des entrepreneurs concernés manifestent de la détresse. »

Cette souffrance peut dans certains cas déboucher sur un suicide, indique Jean-Luc Douillard, psychologue à l’hôpital de Saintes en Charente-Maritime. En 2013, le spécialiste a été à l’initiative de la création d’un dispositif d’alerte pour prévenir le risque suicidaire des chefs d’entreprise.


Il fonctionne grâce à un réseau de sentinelles formées pour identifier ce qu’est la souffrance aiguë. Cela peut être des conseillers d’entreprise dans les chambres consulaires, des juges du tribunal de commerce, des experts-comptables…

Fin novembre, Jean-Luc Douillard était l’invité de la chaîne de télévision Public Sénat où il a expliqué son action :
Prise en charge par des psychologues

Face à une situation de détresse, ces professionnels remplissent une fiche de signalement sur internet. Leur traitement est assuré par des psychologues. Ces derniers rappellent ensuite le dirigeant d’entreprise et vont lui proposer un suivi en trois ou cinq consultations.

« Dans un dossier de redressement ou de liquidation, nous avons constaté qu’il manquait aux chefs d’entreprise un interlocuteur à qui confier son mal-être. Confrontés à des difficultés, les juges consulaires peuvent aussi apporter une réponse et orienter vers des professionnels de santé compétents », reprend Jean-Luc Douillard.

Ce dispositif est porté par l’association nationale Apesa. Il est désormais en place dans 45 tribunaux de commerce dont ceux de Rennes, Vannes et Lorient en Bretagne.


Il s’agit d’une démarche volontaire. Actuellement, le projet est en cours dans 45 autres juridictions sur un total de 134 en France.
Appel aux dons

Le 19 décembre 2017, le psychologue était à Quimper pour la formation d’une trentaine de sentinelles. Localement, l’association Apesa 29 Sud a été créée. Elle est présidée par le juge consulaire Benoît Bataille.


Nous devons à présent trouver des fonds pour rémunérer les psychologues du pays de Quimper qui interviendront. Nous estimons qu’il faut entre 10 000 et 15 000 euros. C’est pourquoi, nous lançons un appel aux dons aux ressortissants de la chambre de commerce et de la chambre de métiers et de l’artisanat.

Depuis 2013, Jean-Luc Douillard parle d’une douzaine de cas traités par juridiction. De son côté, Patrick Dieumegard rappelle aussi l’existence de la cellule de prévention au tribunal de commerce de Quimper. Elle fonctionne depuis 2006. « Cette année, nous avons assuré une cinquantaine de rendez-vous. La plupart ont été sollicités par le chef d’entreprise. Et le taux de réussite des procédures est de l’ordre de 70 %. »

En 2017, le président de la juridiction quimpéroise table sur quelque 250 redressements et liquidations judiciaires.

https://actu.fr/bretagne/quimper_29232/quimper-tribunal-commerce-sengage-prevenir-suicide-patrons_14608787.html