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jeudi 14 décembre 2017

MISE A JOUR / REACTIONS Québec La RAMQ couvrira dorénavant le recours aux services des psychologues

La RAMQ couvrira dorénavant le recours aux services des psychologues

Agence QMI   | Publié le 3 décembre 2017
tvanouvelles.ca*

Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a annoncé dimanche la mise sur pied d'un programme public de psychothérapie au coût de 35 millions $.


Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a annoncé dimanche la mise sur pied d'un programme public de psychothérapie au coût de 35 millions $.

Selon le ministère, ce programme permettra d'offrir des soins en services mentaux à environ 3 % de la population, ce qui représentera environ 600 000 rendez-vous annuels.

«C'est un grand jour! On fait, aujourd'hui, une annonce qui va faire avancer le système de santé et des services sociaux au Québec», s'est réjoui le ministre Barrette lors d'une conférence de presse.

Le ministre de la Santé Gaétan Barrette a annoncé dimanche la création d’un premier programme public de psychothérapie, en investissant 35 millions $.

Concrètement, le programme «permettra maintenant d'avoir une couverture publique des soins prodigués par des psychologues pour les gens souffrant de troubles mentaux courants», a expliqué le Dr Barrette, en mentionnant notamment les troubles anxieux et dépressifs.


Les personnes atteintes de troubles mentaux pourront donc, dorénavant, se faire rembourser des services obtenus via le Régime d'assurance-maladie du Québec (RAMQ).

Ce tout premier programme québécois de services publics en psychothérapie est inspiré d'un programme similaire actuellement en place en Grande-Bretagne depuis une dizaine d'années.

«Les troubles mentaux affectent la vie de milliers de Québécoises et de Québécois. Avec cette nouvelle approche moderne et structurée, nous leur offrirons des services supplémentaires inspirés des meilleures pratiques», a expliqué le Dr Barrette dans un communiqué en disant vouloir «améliorer la qualité de vie» des personnes aux prises avec des troubles mentaux.
Un programme acclamé

L'homme d'affaires Alexandre Taillefer s'est réjoui de l'annonce. «On espère que ça va permettre de réduire le suicide», a confié, ému, celui qui apparaît dans le documentaire «Bye» dans lequel il cherche à comprendre ce qui a poussé son fils au suicide il y a deux ans.

Les psychologues se sont aussi enthousiasmés. «On sait très bien que la santé mentale est le parent pauvre, actuellement, de l'offre de service au Québec. Donc, pour nous, c'est une très bonne nouvelle!», a souligné la présidente de l'Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec, Guylaine Ouimette.

Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a annoncé dimanche la mise sur pied d'un programme public de psychothérapie au coût de 35 millions $.

Ce programme s'inscrit dans le Plan d'action en santé mentale 2015-2020 du gouvernement libéral, qui est doté d'un budget de 70 millions $. «Nous avons déjà dépassé ce montant-là», a souligné le ministre de la Santé lors de son point de presse.

Le ministère de la Santé avait auparavant investi 26,5 millions $ en services de proximité pour les personnes atteintes de troubles mentaux et 30,7 millions $ dans le maintien à domicile de ces malades. Quinze millions de dollars ont aussi été investis dans les services de psychologie pour les jeunes en difficulté.

Signe que les élections approchent, le ministre Barrette a profité de l'occasion pour s'attaquer à la Coalition avenir Québec en accusant la formation politique de ne pas s'intéresser aux problématiques de pauvreté et de santé mentale.

- Avec la collaboration de Cassandre Forcier-Martin

http://www.tvanouvelles.ca/2017/12/03/quebec-cree-un-1er-programme-public-de-psychotherapie 


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Entrevue à Dumont Populaire
Qui pourra profiter de visites chez le psy payées par la RAMQ?
TVA Nouvelles
| Publié le 4 décembre 2017 tvanouvelles.ca/*

Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a annoncé dimanche la mise sur pied d'un programme public de psychothérapie au coût de 35 millions $.

Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a annoncé dimanche la mise sur pied d'un programme public de psychothérapie au coût de 35 millions $. Selon le ministère, ce programme permettra d'offrir des soins en services mentaux à environ 3 % de la population, ce qui représentera environ 600 000 rendez-vous annuels.

 Ce programme, qui se rapproche du modèle anglais, a déjà fait ses preuves et permettra de réduire les iniquités, selon Christine Grou, présidente de l’Ordre des psychologues du Québec.

Toutefois, tout le monde ne pourra y avoir accès. Pour y accéder, un patient devra recevoir un diagnostic de trouble de santé mentale, qui inclut la dépression, notamment.

«Ce n’est pas la clientèle qui souffre de troubles mentaux graves, cette clientèle est déjà prise en charge par le milieu hospitalier, par les équipes externes», explique Mme Grou en entrevue avec Mario Dumont.

Le programme ne s’adresse pas non plus à ceux qui souffrent de détresse psychologique, ou à ceux qui vivent des problèmes conjugaux.

«Selon ma compréhension, dans une logique de couverture gouvernementale, on parle de ce qui est médicalement requis. Ça passe par l’établissement d’un trouble mental, d’un diagnostic. On espère que ça ne passera pas exclusivement par le diagnostic d’un médecin, qui sont déjà engorgés. Cette évaluation peut se faire par les psychologues», assure la présidente de l’Ordre.

Évidemment, ce sont les gens qui ne possèdent pas d’assurances privées couvrant ces traitements, qui auront droit aux thérapies.

Les citoyens qui sont aux prises avec un épisode dépressif, ou un trouble d’anxiété, par exemple, pourront bénéficier du nouveau programme.

«Inadmissible»
Christine Grou note toutefois qu’il est «inadmissible» qu’au Québec, on couvre (en termes d’assurances) la maladie en fonction de la façon dont elle survient.

Un accidenté de la route qui fait une dépression en raison de son accident sera couvert par la SAAQ. Si ce trouble apparaît en raison d’un accident de travail, le travailleur sera dédommagé par la CSST.

«Si vous perdez un enfant en raison d’une maladie grave, que vous faites une dépression, vous n’êtes pas couvert», précise Mme Grou.

Avec cette nouvelle initiative, ce vide sera comblé, et plus de personnes pourront espérer avoir un suivi.

La psychothérapie pourra être offerte par plusieurs spécialistes, dans la mesure où ceux-ci sont titulaires d’un permis de pratique délivré par l’Ordre des psychologues.

Les infirmières, travailleurs sociaux, ergothérapeutes, psychorééducateurs, sexologues, criminologues et conseillers en orientation pourraient donc offrir de la psychothérapie.

Les médecins de famille également.

http://www.tvanouvelles.ca/2017/12/04/qui-pourra-profiter-de-visites-chez-le-psy-payees-par-la-ramq

 1er post : 04/12/2017
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COMPLÉMENT RÉACTIONS

Les promesses trompeuses de l’accès à la psychothérapie
13 décembre 2017 | Charles Roy - Président, Association des psychologues du Québec | Santé
http://www.ledevoir.com/societe/sante/515292/les-promesses-trompeuses-de-l-acces-a-la-psychotherapie

 
Prétendre lancer un programme d’accès à la psychothérapie relève de promesses trompeuses quand nous savons que, dans sa forme actuelle, l’accessibilité ne sera pas au rendez-vous et que l’acte qui sera prodigué ne sera pas vraiment de la psychothérapie, estime l'auteur. 
La sortie récente du ministre Barrette nous a désagréablement surpris. Non pas dans son intention, mais dans son contenu. Il est pourtant hautement souhaitable qu’un programme d’accès à la psychothérapie soit offert à la population, comme le préconisait le commissaire à la santé et au bien-être déjà en 2012.
Cependant, le service qui est actuellement présenté à la population est extrêmement décevant, voire trompeur. On laisse croire qu’un nouveau service miracle de six rencontres viendra dorénavant définir ce qu’est la psychothérapie. Pire, au vu des données annoncées par le ministre, ce n’est que 145,83 $ qui sera alloué annuellement à chaque personne, pour un total de 2,5 rencontres, soit à peine le temps de présenter la situation à traiter.
  Encore une fois, la santé mentale se retrouve le parent pauvre de la santé. Pourquoi lésiner sur le budget alors que la démonstration a été faite dans d’autres pays que l’accès à la psychothérapie est économiquement rentable pour la société, dégageant au moins 100 % de profit pour chaque dollar investi ?   Ce ne sont pas seulement les montants alloués qui ne tiennent pas la route, l’accès au programme est lui aussi discutable. La population ne pourra pas décider elle-même de consulter ; elle devra tenter de trouver un médecin et obtenir de lui qu’il la dirige vers un psychothérapeute. Nous assistons encore une fois non seulement à une récupération par l’ordre médical de pouvoirs professionnels, mais aussi à une médicalisation à outrance de la pratique psychothérapique. L’accès au programme par médecin interposé fait fi de l’expertise des psychologues qui leur a été conférée par la loi 21. Pourquoi ceux-ci devraient-ils faire un détour par le médecin pour pouvoir traiter des personnes alors qu’ils sont mieux formés à l’exercice de la psychothérapie ? C’est un inutile ajout de coûts qui, en plus, limite l’accès au programme, compte tenu de la grande difficulté pour la population d’avoir accès à un médecin.
  Nous déplorons également la dénaturation de l’acte professionnel de la psychothérapie, car l’idéologie du traitement en minimise la complexité. Le modèle anglais impose des protocoles formatés et abrégés qui réduisent le travail des psychologues à celui de techniciens en santé mentale. Selon certains psychologues britanniques déjà impliqués dans le programme, une telle approche conduit à la perversion des soins par le déni des réalités de la souffrance émotionnelle et de la vulnérabilité des personnes, tout en tournant le dos à la complexité requise pour faire face aux personnes en détresse. Le modèle automatisé de l’acte psychothérapeutique prive les psychologues de l’exercice de leur jugement clinique ; ceux-ci devront même être « reformatés » pour être accrédités à exécuter le programme national, alors qu’ils sont pourtant détenteurs d’une formation doctorale.   Diversité des approches
  Le modèle choisi préconise également le monopole d’une approche au détriment de la riche diversité des approches de la psychothérapie pourtant reconnues tout aussi efficaces. Nous ne décrions pas la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), nous critiquons le fait qu’elle est présentée comme une panacée laissant entendre qu’elle est la seule à être appuyée par des données probantes.   Les psychologues exerçant au sein du programme britannique craignent également que la mécanisation de la psychothérapie ne prédispose à l’épuisement professionnel. Une crainte qui s’ajoute à celle que nous pouvons certainement éprouver au vu des impacts actuels des pressions du système de santé. Les médecins eux-mêmes ne semblent pas heureux sous la définition automatisée de leur travail, coincés dans une pratique basée non plus sur la qualité, mais sur des statistiques et des pénalités. Le Programme d’aide aux médecins a enregistré l’an dernier une augmentation de 40 % de nouveaux cas. Et le journal Le Soleil relatait récemment une hausse des congés de maladie prolongés chez d’autres catégories d’employés du réseau : en 2015-2016, 455 millions de dollars ont été versés en assurance salaire.
  Nous souhaitons un engagement sérieux du gouvernement dans ce programme public, donnant accès à de vrais services de psychothérapie et pour une durée raisonnable, en respectant l’expertise de ses artisans, en grande partie des psychologues. Et en leur permettant de prodiguer les services dont les personnes ont besoin, une clientèle vulnérable qui n’est pas aussi facile à traiter qu’on veut bien nous le faire croire.   Nous recommandons de profiter des signaux d’alerte découlant à la fois de l’expérience britannique et des pressions actuelles du réseau pour prévenir l’épuisement chez les professionnels qui seront impliqués dans ce programme.
  Ainsi, prétendre lancer un programme d’accès à la psychothérapie relève de promesses trompeuses quand nous savons que, dans sa forme actuelle, l’accessibilité ne sera pas au rendez-vous et que l’acte qui sera prodigué ne sera pas vraiment de la psychothérapie.   Comme nous sommes les premiers concernés par l’implantation de ce programme public, nous exigeons d’être au coeur de cette initiative. Il s’agit là d’une condition essentielle au succès d’une telle entreprise.

http://www.ledevoir.com/societe/sante/515292/les-promesses-trompeuses-de-l-acces-a-la-psychotherapie