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jeudi 16 novembre 2017

Seine-et-Marne – L’Apesa 77 veut briser le tabou du suicide des chefs d’entreprise

Seine-et-Marne – L’Apesa 77 veut briser le tabou du suicide des chefs d’entreprise
Depuis six mois, la Seine-et-Marne dispose d'une structure qui accompagne les chefs d'entreprises pour éviter tout geste désespéré après une issue judiciaire. Bilan.
Publié le 14 Nov 17 actu.fr/ile-de-france*


Une oreille attentive pour éviter un drame. Depuis six mois, voici ce que propose l’Apesa 77 (Aide psychologique pour les entrepreneurs en souffrance aiguë) une association nationale qui dispose désormais d’une antenne en Seine-et-Marne, dans les tribunaux de commerce de Melun et Meaux. Mercredi 8 novembre, le Département via sa branche Seine-et-Marne Développement a apporté une contribution de 5 000 € pour participer aux missions de cette association.

« C’est un dispositif qui a été créé en 2012 en Charente-Maritime et qui part d’un constat réalisé dans tous les tribunaux de commerces, rappelle Jean Huault, le président de l’Apesa 77 et vice-président du tribunal de commerce de Melun. Le tribunal peut prononcer des décisions extrêmes comme une liquidation judiciaire mais il n’y avait pas de réponse pour le chef d’entreprise, souvent au bout du rouleau après une telle décision. »

Concrètement, il s’agit d’un dispositif qui ambitionne de prévenir une issue fatale après une décision judiciaire par exemple : le suicide du chef d’entreprise. Parmi les profils les plus fragiles : les patrons de TPE, de PME mais aussi des artisans ou encore des auto-entrepreneurs. « Des personnes qui travaillent seules et ne voient pas d’issues en cas d’arrêt d’activité », poursuit-il.
Déjà 45 alertes

En seulement six mois d’existence, 45 fiches d’alerte ont été réalisées pour des chefs d’entreprise de Seine-et-Marne. À partir du lancement de la procédure, l’association propose des séances gratuites au chef d’entreprise auprès d’un(e) des 43 psychologues affiliés à l’association. « La décision judiciaire est une chose mais l’accompagnement après en est une autre, insiste Jean Gaillard, le président du tribunal de commerce de Melun. C’est une prise de conscience de difficultés que la justice ne peut pas gérer. »

Pour le département, une soixantaine de sentinelles – réparties entre les deux tribunaux de commerce de Melun et Meaux – ont été formées pour détecter les fragilités. Magistrats, administrateurs judiciaires et mandataires peuvent ainsi déclencher le dispositif. Une fois la fiche d’alerte réalisée, elle est envoyée à Nantes. Un psychologue réalise alors un diagnostic par téléphone afin de déterminer le nombre de séances et redirige la personne vers un thérapeute seine-et-marnais.

« Comme dans le monde de l’agriculture, la problématique du suicide pour des difficultés économiques est réelle, même si elle ne semble pas pensable, souligne Olivier Morin, président par intérim de Seine-et-Marne Développement. Nous avons souhaité accompagner cette initiative car il y a parfois des difficultés passagères mais aussi des souffrances profondes. » Grâce aux 5 000 €, l’Apesa pourra financer une vingtaine de rendez-vous de chefs d’entreprise avec des psychologues.

En Seine-et-Marne, 1000 liquidations judiciaires ont été prononcées en 2016 et deux suicides de chefs d’entreprise ont par ailleurs été signalés dans le Département. Mais d’autres issues violentes sont aussi constatées comme l’assassinat présumé d’un employé, la semaine dernière à La Chapelle-Gauthier. Là encore des difficultés économiques pourraient être à l’origine du drame.

Renseignements – 01 64 79 84 00 ou apesa.sm@orange.fr ou www.apesa-france.com Seine-et-Marne Développement a donné un chèque de 5000 euros pour aider l’association Apesa 77 (Aide psychologique pour les entrepreneurs en souffrance aiguë) dans ses actions (©La Rép 77)

https://actu.fr/ile-de-france/melun_77288/seine-marne-lapesa-77-veut-briser-tabou-suicide-chefs-dentreprise_13398636.html