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vendredi 27 octobre 2017

MISE A JOUR ETUDE RECHERCHE EPIDEMIOLOGIE Le Recueil d’information médicalisé en psychiatrie (RIM-P) : un outil nécessaire pour la surveillance des hospitalisations suite à une tentative de suicide

Le Recueil d’information médicalisé en psychiatrie (RIM-P) : un outil nécessaire pour la surveillance des hospitalisations suite à une tentative de suicide
C. Chan Chee, , L.-M. Paget
Département des non transmissibles et des traumatismes, Santé publique France, 12, rue du Val-d’Osne, 94415 Saint-Maurice, France

Received 28 April 2016, Accepted 10 May 2017, Available online 6 September 2017
dans Revue d'Épidémiologie et de Santé Publique Available online 6 September 2017
In Press, Corrected Proof — Note to users

Résumé
Position du problème

La surveillance épidémiologique des tentatives de suicide est primordiale pour le suivi des indicateurs lors de l’évaluation des actions de prévention mises en place. Dans le cadre de cette surveillance, l’analyse des données d’hospitalisation pour tentative de suicide est particulièrement utile.
Matériel et méthodes

Pour la première fois, les données nationales du « Programme de médicalisation des systèmes d’information en médecine, chirurgie, obstétrique » (PMSI-MCO) et du Recueil d’information médicalisé en psychiatrie (RIM-P) ont été analysées conjointement. Toutes les personnes âgées de 10 ans et plus hospitalisées en 2012 en France métropolitaine dans les services de médecine, chirurgie ou psychiatrie suite à une tentative de suicide ont été incluses.
Résultats

En 2012, 89 072 patients (62 % de femmes et 38 % d’hommes) ont totalisé 134 051 séjours hospitaliers suite à une tentative de suicide, dont 93,4 % (n = 83 196) ont séjourné en médecine ou chirurgie et 32,1 % (n = 28 594) en psychiatrie (uniquement ou après un séjour en médecine ou chirurgie). Toutefois, parmi les patients transférés en psychiatrie après une hospitalisation en médecine ou en chirurgie pour tentative de suicide, 82,4 % n’avaient pas de code de tentative de suicide noté au décours de leur hospitalisation en psychiatrie. Un ou plusieurs diagnostics psychiatriques étaient notés chez 75 % des personnes hospitalisées pour tentative de suicide. Chez les hommes comme chez les femmes, les diagnostics les plus fréquents étaient les troubles de l’humeur (46 %), en particulier la dépression (42 % ; 44 % chez les femmes et 38 % chez les hommes). Un diagnostic de troubles mentaux liés à l’utilisation d’alcool était noté chez plus d’un quart des patients, plus souvent chez les hommes (37 %) que chez les femmes (21 %). Certains diagnostics n’étaient pratiquement jamais portés en médecine ou chirurgie, tels que les troubles anxieux et les troubles de la personnalité et du comportement.
Conclusion

L’amélioration de la surveillance épidémiologique des tentatives de suicide nécessite un codage systématique des hospitalisations en psychiatrie aussi bien qu’en médecine et chirurgie. L’apport des données en psychiatrie réside dans une identification plus précise des comorbidités psychiatriques associées aux tentatives de suicide. La présence fréquente des pathologies mentales lors des tentatives de suicide doit inciter les cliniciens à rechercher systématiquement ces symptômes dès que possible après l’arrivée du patient.
http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0398762017304510 

1er post : 7 sept 2017

Article sur le sujet :

LES DONNÉES DE SANTÉ UTILES POUR MIEUX SURVEILLER LES TENTATIVES DE SUICIDE

PARIS, 3 octobre 2017 (APMnews) - Le couplage des données du recueil d'information médicalisé en psychiatrie (RIM-P) et de celles du programme de médicalisation des systèmes d'information en médecine, chirurgie, obstétrique (PMSI-MCO) permet une meilleure surveillance des tentatives de suicide en France, ce qui demande également un enregistrement exhaustif des hospitalisations, montre une étude.
La tentative de suicide (TS) est un facteur pronostique fort de suicide, avec un risque 60 fois plus élevé de décéder par suicide dans les cinq ans par rapport aux personnes qui n'ont pas d'antécédents de TS. La surveillance épidémiologique des TS permet d'apprécier l'intérêt des actions de prévention, rappellent Christine Chan Chee et Louis-Marie Paget de Santé publique France dans la Revue d'épidémiologie et de santé publique.
Dans le cadre de cette surveillance, l'analyse des données d'hospitalisation est particulièrement utile. Mais jusqu'à présent, seules les données du PMSI-MCO avaient été analysées pour les hospitalisations pour TS. Pour la première fois, l'analyse conjointe des deux a été réalisée sur les données de 2012.
Au total, les chercheurs ont identifié 89.072 patients de 10 ans et plus, totalisant 134.051 séjours hospitaliers à la suite d'une TS en France métropolitaine, soit 1,5 séjour en moyenne par patient. Le taux global d'hospitalisation pour TS était de 15,8 pour 10.000 personnes.
Ils étaient 56,6% à avoir été pris en charge uniquement en MCO, 6,6% uniquement en psychiatrie et 36,8% ont été hospitalisés en MCO pour une TS et ont eu au moins un séjour en psychiatrie pour TS aussi ou pour d'autres motifs. Finalement, parmi tous les patients, 93,4% ont eu un séjour en MCO et 32,1% en psychiatrie (uniquement ou après passage en MCO).
Parmi ce dernier groupe de 32.768 patients, environ deux tiers ont séjourné en psychiatrie après avoir été transférés de MCO où ils étaient hospitalisés pour TS et pour 82,4% d'entre eux (17.539 patients), la TS n'avait pas été codée dans le RIM-P.
En recoupant avec les données du RIM-P, il apparaît qu'au total en 2012, 28.594 patients étaient hospitalisés en psychiatrie à la suite d'une TS mais que moins de 4 patients surs 10 avaient un code correspondant.
Les données montrent que parmi les personnes hospitalisées après une TS, les femmes sont plus nombreuses (62% vs 38%). La prévalence des hospitalisations pour TS est plus élevée chez les femmes pour toutes les classes d'âge sauf chez les 85 ans et plus et très proche de celle des hommes chez les 25-34 ans.
La prévalence la plus élevée chez les femmes est observée à l'adolescence (15-19 ans), avec 38,2 cas pour 10.000, puis un second pic (28,4 pour 10.000) est observé chez les 45-49 ans. Chez les hommes, le taux d'hospitalisation augmente jusqu'à la tranche des 40-44 ans (20,2 pour 10.000) puis descend jusqu'à 80 ans et augmente à nouveau pour dépasser légèrement le taux des femmes à 85 ans.
Des variations apparaissent selon les régions, avec les taux les plus bas en Alsace (5,2 cas pour 1.000 chez les hommes et 6,9 pour les femmes) et les plus hauts en Picardie (respectivement 25,1 et 35,3).
L'analyse des données renseigne également sur les modes opératoires, avec l'auto-intoxication médicamenteuse en tête à la fois chez les hommes (73,3%) et les femmes (86%).
=3Un sous-diagnostic des comorbidités psychiatriques en MCO
Un ou plusieurs diagnostics psychiatriques ont été notés chez les trois quarts des personnes hospitalisées pour TS (78% des hommes et 73% des femmes). Il s'agissait le plus souvent de troubles de l'humeur (46%) et de troubles dépressifs (42%). Des troubles mentaux et du comportement liés à l'utilisation d'alcool sont notés chez 37% des hommes (vs 21% des femmes).
Par ailleurs, les chercheurs ont analysé spécifiquement les diagnostics psychiatriques des 32.768 patients qui avaient été hospitalisés à la fois en MCO et en psychiatrie pour vérifier la cohérence dans les diagnostics. La meilleure cohérence était observée pour les troubles de l'humeur et ceux liés à l'utilisation de l'alcool.
Mais certains troubles psychiatriques, tels que les réactions à un facteur de stress, les troubles de la personnalité, les troubles névrotiques, n'étaient quasiment codés qu'en psychiatrie.
Les données en MCO montrent que le nombre de patients hospitalisés pour TS en France métropolitaine a baissé par rapport aux années antérieures, avec environ 83.000 patients contre 90.000 patients par an. Une hausse avait été observée entre 2007 et 2010 et ces données de 2012 tendent à confirmer une diminution amorcée en 2011, notent les chercheurs.
Cette tendance pourrait s'expliquer notamment par un moins bon codage des TS hospitalisées dans les bases médico-administratives ou à un moindre recours à l'hospitalisation des TS en lien avec une diminution des TS justifiant une hospitalisation, commentent-ils.
Les données du RIM-P suggèrent que le nombre de patients hospitalisés en psychiatrie pour TS est globalement stable. Mais "parmi les patients transférés immédiatement en psychiatrie après un séjour en MCO pour TS, 80% n'avaient pas de code de TS en psychiatrie alors que le motif d'hospitalisation était un passage à l'acte suicidaire".
"L'absence de codage de la TS dans les services de psychiatrie serait due au fait que la TS est considérée comme symptomatique de la pathologie psychiatrique sous-jacente et non comme une pathologie qui doit être codée dans le RIM-P, et à une méconnaissance des codes X60 à X84 associées à la TS", pointent les chercheurs.
Ils pensent également que ce "sous-codage" des TS doit aussi exister pour les patients admis directement en psychiatrie sans hospitalisation préalable en MCO. Selon les données du réseau de l'Organisation de la surveillance coordonnée des urgences (Oscour), environ 12% des passages aux urgences pour TS sont admis directement en psychiatrie, soit environ 24.000 patients, ce qui est "très loin" des 5.876 patients retrouvés dans le RIM-P.
=3Améliorer aussi le codage dans le RIM-P
"Ces différentes estimations montrent le poids des hospitalisations en psychiatrie pour TS et la nécessité d'améliorer le codage des TS dans le RIM-P afin d'être plus proche de la réalité de l'ensemble des hospitalisations pour TS, qui avoisinerait vraisemblablement les 110.000 patients hospitalisés suite à une TS quel que soit le type d'établissement", concluent les chercheurs.
Ils ajoutent que le RIM-P dans la surveillance des TS apporte des informations précieuses sur les comorbidités psychiatriques, d'autant que certains diagnostics ne sont jamais portés en MCO.
Le déficit de codage des diagnostics psychiatriques dans le PMSI-MCO pourrait s'expliquer par un contact limité entre le psychiatre de liaison et le patient. "Or, certains diagnostics nécessitent plusieurs échanges".
"Afin d'améliorer la surveillance épidémiologique des TS et tendre vers un enregistrement exhaustif des cas hospitalisés, il semble indispensable que les TS soient codées systématiquement dans le RIM-P aussi bien que dans le PMSI-MCO", concluent les chercheurs.
Les données d'Oscour semblent aussi importantes pour étudier ce qui se passe en amont de l'hospitalisation.
La présence fréquente des pathologies mentales lors des TS doit inciter les cliniciens à rechercher systématiquement des symptômes psychiatriques et plaide pour la place de la psychiatrie de liaison dans les services d'urgence, poursuivent les chercheurs.
Au-delà de l'aspect méthodologique, les résultats de ce travail invitent à poursuivre la recherche sur le suicide et à la mise en place d'actions de prévention, ajoutent-ils.
(Revue d'épidémiologie et de santé publique, vol.65, n°5, p349-359)
ld/ab/APMnews
Source ; http://www.sfmu.org/fr/actualites/actualites-de-l-urgences/id-60429-les-donnees-de-sante-utiles-pour-mieux-surveiller-les-tentatives-de-suicide