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jeudi 13 juillet 2017

ETUDE RECHERCHE SUEDE Y a-t-il des biomarqueurs pour les idées suicidaires ?

Y a-t-il des biomarqueurs pour les idées suicidaires ? Publié le 11/07/2017 www.jim.fr*
Selon l’OMS, « plus de 800 000 » décès par suicide surviennent chaque année dans le monde, en particulier chez des personnes âgées, mais peu d’informations sont encore disponibles sur le contexte neurobiologique du comportement suicidaire dans cette population.
Réalisée en Suède à partir des données issues d’une enquête prospective (portant sur 1 462 femmes et commencée en 1968), une étude réalisée à Göteborg (Suède) évalue la possibilité de disposer d’outils « quantitatifs et plus objectifs, tels que certains biomarqueurs » pour déceler et suivre l’évolution d’idées suicidaires.
Âgées de 62 à 84 ans (âge moyen : 72,5 ans ± 3,3 ans), les participantes ont été examinées par un psychiatre et les 88 retenues effectivement pour cette étude ont accepté de subir une ponction lombaire permettant de doser des biomarqueurs présumés dans le liquide céphalo-rachidien (LCR) : YKL-40 (chitinase-3-like protein 1)[1], GAP-43 (grow-associated protein-43)[2], et protéine basique de la myéline (MBP)[3]. Deux diagnostics de démence ayant été portés, il reste en définitive 86 participantes, car les auteurs ont écarté les sujets avec démence pour réduire le risque de biais de sélection.

Des taux plus élevés de YKL-40 et de GAP-43 dans le LCR
Huit de ces 86 femmes (9,3 %) ont exprimé avoir eu des idées suicidaires dans le mois précédent leur inclusion dans l’étude. Chez ces femmes avec idées suicidaires, on constate, comparativement aux autres participantes, des niveaux « significativement plus élevés » de YKL-40 et de GAP-43 dans le LCR. Ces associations persistent après modélisation statistique (modèles de régression ajustés pour un contexte éventuel de tabagisme, pour l’Indice de Masse Corporelle, et pour l’âge). On constate par ailleurs que les niveaux des biomarqueurs considérés ne présentent aucune différence en fonction du contexte thymique (présence ou absence de dépression) et que « des niveaux élevés de GAP-43dans le LCR sont associés à un sentiment d’inutilité », une « forte relation » étant observée dans le modèle ajusté (odds ratio = 5,95 ; intervalle de confiance à 95 % [1, 52–23,20] ; p = 0,01).
 Malgré ses limites (car elle ne concerne que des femmes âgées et que son extrapolation pour d’autres populations est ainsi incertaine), cette étude suggère la possibilité de rechercher dans le LCR d’éventuels biomarqueurs, objectivement associés à des idées suicidaires, et traduisant vraisemblablement des anomalies sous-jacentes du fonctionnement neuronal (ou/et des cellules gliales) ou/et d’ordre inflammatoire.
[1] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/9686683
[2] https://en.wikipedia.org/wiki/Gap-43_protein
[3] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/6177033
Dr Alain Cohen