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jeudi 2 février 2017

ILE DE LA REUNION le projet Zécrisbus

"Il faut développer la politique de prévention des suicides"
jponinballom
Jeudi 2 février 2017 actus.clicanoo.re
3 questions à… Danon Lutchmee. L’anthropologue, formatrice et directrice de l’Association Prévention Suicide, présente ce soir une conférence sur la prévention du suicide à Saint-Pierre.
Officiellement, il y a eu 95 suicides en 2016. C'est plus que les morts sur les routes. Et pourtant, on voit plus de messages pour la sécurité routière… Estimez-vous que les pouvoirs publics oublient les personnes suicidaires dans leur campagne de prévention ?
Les campagnes de prévention du suicide sont en effet moins importantes que celles de la sécurité routière. On en est toujours à environ une centaine  de suicides par an à La Réunion et pourtant, les aides et subventions pour la prévention n'ont pas beaucoup augmenté. L'État, comme d'ailleurs les citoyens, n’est pas toujours à l'aise pour parler de cette problématique car le sujet reste encore trop tabou. Si on augmente les moyens, je suis convaincue que les chiffres baisseraient. Déjà, à APS, nous voyons tout ce qu'on pourrait faire comme prévention mais, faute de moyens, on n'ose pas entreprendre de nouveau projet.
On voit environ 10 millions d'euros pour toute la crise requin alors que, pour la prévention du suicide, ce sont de maigres finances qui sont allouées. J'espère que dans le prochain plan régional de prévention, on développera une nouvelle politique de prévention du suicide à La Réunion.
Que faudrait-il mettre en place concrètement ?


Concrètement, il serait urgent de former davantage les familles sur la connaissance de cette problématique, leur expliquer les causes du mal-être et de la souffrance des personnes -en partie liée à notre environnement familial et social. On doit également leur montrer les conséquences du mal-être qui pousse au suicide, leur apprendre à repérer les signes précurseurs chez les personnes vulnérables. Et à aller vers les personnes en difficulté car elles ne viennent pas spontanément demander de l'aide par honte ou par crainte du regard des autres.
Vous travaillez sur le projet Zécrisbus. En quoi cela va consister ?
Depuis la dernière journée nationale de prévention du suicide en février 2016, et forte de notre expérience d'écoute sur notre numéro vert (0262 35 69 38), il était important d'élaborer ce projet de Zécrisbus. Le Zécrisbus est un bureau mobile qui sillonnerait les Hauts de notre île pour se rapprocher des personnes vulnérables et qui ont des difficultés à gérer leurs situations de vie. APS souhaite proposer à ce public de rédiger leurs documents administratifs ou leur donner des renseignements sur les possibilités d'insertion sociale et professionnelle. Zécrisbus ne sera qu'un premier maillon dans la chaîne des aides possibles. Deux personnes (un écrivain social et une chargée sociale) accueilleront les personnes dans le Zécrisbus pour rédiger et échanger avec elles. Le Zécrisbus fera connaître son passage par le biais des associations et des collectivités. Nous pensons atteindre 2 000 à 3 000 personnes dans l'année. Pour l'instant, nous avons déjà le soutien financier du Crédit Agricole, le soutien logistique de la Case Zouzou et nous attendons d'autres soutiens. C'est un projet qui ne peut se faire qu'avec notre réseau de partenaires et le soutien de tous.
 

Entretien : J.P-B.
Conférence-débat "Relier, communiquer et prendre soin pour prévenir le suicide à la Réunion" ce 2 février à 18 heures à l’amphi IFS au CHU de Saint-Pierre.

http://actus.clicanoo.re/article/soci%C3%A9t%C3%A9/1426953-il-faut-d%C3%A9velopper-la-politique-de-pr%C3%A9vention-des-suicides