Revue de la littérature Peut-on faire du journaliste un acteur de la prévention du suicide ?
Can we consider the journalist an actor in suicide prevention?
C.-E. Notredame a, , , N. Pauwels b, G. Vaiva a, b, T. Danel b, c, M. Walterd
L'Encéphale Volume 42, Issue 5, October 2016, Pages 448–452
a Pôle de psychiatrie et médecine pénitentiaire, hôpital Fontan, CHRU de Lille, rue André Verhaeghe, 59037 Lille cedex, France
b CHU Lille, Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie, F-59000, France
c Centre de soins et d’accompagnement et de prévention en addictologie, centre hospitalier régional universitaire de Lille, 59000 Lille, France
d Pôle de psychiatrie, centre hospitalier régional universitaire de Brest à Bohars, 29820 Bohars, FranceReceived 18 May 2015, Accepted 9 December 2015, Available online 3 June 2016
http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2015.12.024
Résumé
Le suicide est un fait de société dont les journalistes se saisissent fréquemment. Or, depuis une cinquantaine d’années, de nombreuses recherches dédiées au traitement médiatique du suicide montrent qu’il n’est pas anodin de communiquer sur le sujet. Par deux effets opposés, le travail journalistique est susceptible d’avoir un impact significatif en termes de santé publique. L’effet Werther est l’effet par lequel la couverture médiatique d’un fait suicidaire risque d’induire une augmentation de la morbi-mortalité par un phénomène d’imitation chez les personnes vulnérables. Au contraire, l’effet Papageno, de mise en évidence plus récente, qualifie le potentiel préventif des médias eu égard au suicide. Forts de ce constat, de nombreux organismes nationaux et internationaux ont édité et diffusé des recommandations à destination des professionnels des média afin de promouvoir un traitement médiatique plus responsable du suicide. En espérant réduire l’EW et favoriser l’EP, ces recommandations tendent à faire revêtir au journaliste un rôle d’acteur de santé publique. Cet article vise ainsi à étudier la mesure dans laquelle il est possible de faire reposer une action de prévention sur les professionnels des médias. En s’appuyant sur une synthèse critique des connaissances actuelles, il montre les enjeux, les opportunités, les limites et les contraintes de ce qui ne peut s’envisager que comme un travail de collaboration entre ces professionnels et les acteurs de la prévention du suicide.
http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013700616300811