Ecole
Harcèlement : «Comme j’étais mal, je voulais que les autres soient mal»
Adolescents inconscients de leurs actes, sadiques ou dans l’inversion des rôles… En cette journée nationale contre le harcèlement scolaire, d’anciens agresseurs reviennent sur leurs dérives.
Pourquoi certains élèves font-ils du mal aux autres ?
Sont-ils conscients de leurs actes et les regrettent-ils plus tard ? A
l’occasion de la deuxième journée nationale contre le harcèlement
scolaire, qui a lieu ce jeudi, Libération donne la parole aux
harceleurs. Louise, Kévin et Julien racontent chacun ce qu’ils ont fait
subir à leurs victimes, de la petite humiliation aux coups.
Louise a 42 ans aujourd’hui. Au téléphone, elle retrouve la voix et les expressions de la jeune «caïd» qu’elle était. Elle a décidé de tout raconter : les insultes, les coups et le racket. Oui, elle a harcelé de nombreux élèves mais ne se souvient que de quelques épisodes marquants. Comme à 15 ans, lorsqu’elle étudie dans un collège à Trappes, dans les Yvelines : «Il se passe un truc en cours, je ne sais plus quoi, cette fille a dû rappeler au prof qu’on avait interro ou quelque chose de ce genre. Je lui dis de "fermer sa gueule". Elle n’écoute pas alors je m’énerve et je lui dis que je vais la taper à la sortie. Honnêtement, je n’en ai plus envie mais j’ai pas le choix : si je me dégonfle devant une première de la classe, c’est mort pour moi, donc j’attends, prête à lui faire manger le trottoir.» Mais c’est le proviseur qui sort. Louise est exclue du collège. Deux ans plus tard, elle tombe par hasard sur cette élève à la piscine et lui balance que, cette fois, plus personne ne pourra la protéger à la sortie. «J’ai appris qu’elle avait attendu la fermeture de la piscine en larmes et qu’elle avait fait appeler les flics. Ça m’a fait rire mais c’est bizarre, je ne me rendais pas compte que je lui faisais du mal pour autant», analyse Louise avec le recul.
Si les harceleurs ne ressentent aucune empathie envers leurs victimes, certains, et c’est une minorité selon les psychologues, prennent véritablement du plaisir à faire souffrir. «Les adultes pervers l’étaient aussi plus jeunes. Certains individus jouissent de faire du mal aux autres, explique Xavier Pommereau, psychiatre et chef du pôle aquitain de l’adolescent au CHU de Bordeaux. Cela commence la plupart du temps avec les animaux. Un enfant qui enlève les ailes d’une mouche deux ou trois fois, ce n’est pas bien grave. Celui qui veut vraiment faire du mal s’en prend par exemple au chat en cachette. Très souvent, cela annonce des attitudes perverses à l’égard des personnes. Ce sont les cas les plus durs à traiter en psychiatrie.» Les autres «prennent parfois conscience de ce qu’ils ont fait quand ils passent en conseil de discipline», pointe Valérie Piau, avocate en droit de l’éducation (1). Mais c’est «beaucoup plus difficile» lorsqu’ils ont le sentiment de servir de bouc émissaire. L’avocate a par exemple un jour défendu un collégien qui avait créé un groupe de discussion entre plusieurs amis sur l’application WhatsApp et dans lequel une jeune fille avait été insultée pendant une semaine. «Tous les autres se sont déchargés sur lui et il s’est retrouvé seul en conseil de discipline. C’est très mauvais pédagogiquement parce que l’enfant a dans ce cas du mal à reconnaître sa responsabilité.» Valérie Piau rencontre souvent ce cas de figure dans certains établissements huppés désireux de ne pas salir leur réputation tout en donnant l’impression «d’avoir fait le ménage». Parfois, le déclic de ses jeunes clients se fait devant l’uniforme, en étant convoqué par la police, plus que devant le conseil de discipline. Pour Louise, cela a pris des années : «Un jour, mes filles sont revenues du collège où elles avaient parlé de ce problème. Elles m’ont dit : "Tu te rends compte, il y a des gens qui font ça." Je leur ai tout raconté. Ce sont elles qui m’ont fait regretter. Je les élève aujourd’hui en faisant tout pour qu’elles ne soient jamais du côté de ceux qui font du mal.»
«Le harcèlement scolaire est en général un ensemble de microviolences, explique Eric Debarbieux, professeur à l’université Paris-Est Créteil et président de l’Observatoire européen de la violence à l’école. Il s’agit de violence verbale, physique ou encore symbolique [comme un élève mis à l’écart, ndlr]. Une par une, ces violences peuvent paraître banales mais lorsqu’elles se répètent et se combinent, cela devient du harcèlement.»
C’est justement parce qu’il avait le sentiment que c’était plutôt «bon enfant» que Julien (2), 26 ans, n’a pas réalisé sur le moment avoir fait souffrir un autre élève quand il était en seconde. Scolarisé dans un lycée parisien réputé, il fait partie d’un groupe de sept copains. A l’occasion d’un voyage scolaire, les amis se voient imposer quatre lycéens avec qui ils doivent partager leurs activités. «L’un d’eux a insisté pour s’intégrer, de façon très maladroite. Il n’était pas bien dans sa peau, il essayait de se faire des potes mais il était vraiment lourd.» Le harcèlement va durer toute la semaine. «On se moquait de son physique ou on lui balançait des remarques comme "tu sers à rien", "ta gueule", "tu dis n’importe quoi".» L’un des garçons sort parfois son portable pour filmer la scène. Au retour, il en fait un petit montage et poste la vidéo sur YouTube. Toute la classe découvre les images, tout comme la mère de leur victime. Julien et ses copains sont exclus du lycée trois jours.
Pour la pédopsychiatre Nicole Catheline, le harcèlement scolaire est avant tout un phénomène de groupe : «Le harceleur est seul au départ puis il fédère très vite autour de lui des copains. Cette situation ne se maintient que parce que les autres le soutiennent ou l’encouragent, soulagés de ne pas être à la place de la victime. Ensuite, il y a une émulation à l’intérieur du groupe : c’est à celui qui trouvera l’action la plus "gore" pour se faire remarquer et trouver sa place.» L’agresseur est aussi entretenu dans sa mauvaise action par des spectateurs, «d’autres élèves qui rient : c’est son audimat». Tout cela lui donne un sentiment de puissance.
Louise n’avait pas peur des pions ni des professeurs. La seule personne qu’elle craignait, c’était son père. Aujourd’hui marseillaise, elle grandit dans une cité à Trappes. A 5 ans, un enfant la pousse dans le bac à sable. En pleurs, elle le rapporte à son père qui lui rétorque : «Si tu ne lui mets pas une rouste, c’est moi qui t’en mets une.» Ce jour-là, Louise «intègre le fait que c’est la jungle : soit on vous mange, soit vous mangez». Alors, elle attaque les autres, dès le CM2. Au collège, «c’était n’importe quoi. Il suffisait que quelqu’un ait quelque chose que je voulais pour que je dise "vas-y prête-moi ta veste sinon je t’éclate" et je la gardais». Louise est jalouse de tous ceux qui partent en vacances et ont de beaux vêtements : «Avec le recul, je me rends compte qu’ils ne vivaient pas forcément mieux que nous mais s’ils avaient des arbres dans leur quartier, pour nous leur vie était déjà mieux que la nôtre. Et puis c’était simple : comme j’étais mal, je voulais que les autres soient mal.»
Pour la pédopsychiatre Nicole Catheline, la majorité des harceleurs sont des enfants en souffrance qui réagissent à leur mal-être en s’en prenant à quelqu’un d’autre. Lorsqu’elle les reçoit, ils viennent d’ailleurs pour tout autre chose : de l’anxiété, des troubles du sommeil, un état dépressif ou un conflit avec leurs frères et sœurs. «Au cours des séances, ils avouent alors s’en prendre à des camarades. Parfois, cela peut être la conséquence d’une situation de vulnérabilité à un moment donné. Par exemple, lorsqu’en peu de temps un jeune vit un déménagement, la perte de son chien et la maladie d’un proche. Pour externaliser sa tension interne, il s’en prend à tout le monde. Si son comportement est repris par d’autres, on tombe très vite dans le harcèlement.» Ce n’est selon elle pas le milieu socio-culturel mais l’éducation qui semble déterminante. Trois cas de figures peuvent être particulièrement néfastes pour l’enfant : «Des parents trop anxieux qui ne lui apprennent pas à se positionner face à l’autre, une éducation trop laxiste qui l’empêche de savoir comment traiter avec la différence de l’autre ou une éducation trop rigide qui a développé la vision d’un monde en "noir et blanc" où seuls les plus forts gagnent», explique-t-elle. Les harceleurs sont généralement «fragiles narcissiquement et en perpétuelle interrogation sur leurs propres valeurs. Rabaisser les autres leur permet alors de s’élever». Ils ont aussi des points communs avec leurs victimes. «Harcelés et harceleurs ont chacun des fragilités mais ils réagissent différemment. Les premiers veulent plutôt passer inaperçus et ne pas se mêler aux autres, alors que les deuxièmes ont besoin d’un public.» L’inversion des rôles est donc fréquente, souligne la pédopsychiatre.
Louise a 42 ans aujourd’hui. Au téléphone, elle retrouve la voix et les expressions de la jeune «caïd» qu’elle était. Elle a décidé de tout raconter : les insultes, les coups et le racket. Oui, elle a harcelé de nombreux élèves mais ne se souvient que de quelques épisodes marquants. Comme à 15 ans, lorsqu’elle étudie dans un collège à Trappes, dans les Yvelines : «Il se passe un truc en cours, je ne sais plus quoi, cette fille a dû rappeler au prof qu’on avait interro ou quelque chose de ce genre. Je lui dis de "fermer sa gueule". Elle n’écoute pas alors je m’énerve et je lui dis que je vais la taper à la sortie. Honnêtement, je n’en ai plus envie mais j’ai pas le choix : si je me dégonfle devant une première de la classe, c’est mort pour moi, donc j’attends, prête à lui faire manger le trottoir.» Mais c’est le proviseur qui sort. Louise est exclue du collège. Deux ans plus tard, elle tombe par hasard sur cette élève à la piscine et lui balance que, cette fois, plus personne ne pourra la protéger à la sortie. «J’ai appris qu’elle avait attendu la fermeture de la piscine en larmes et qu’elle avait fait appeler les flics. Ça m’a fait rire mais c’est bizarre, je ne me rendais pas compte que je lui faisais du mal pour autant», analyse Louise avec le recul.
Déclic
Des jeunes qui peinent à se mettre à la place de l’autre, la pédopsychiatre Nicole Catheline en rencontre régulièrement dans son cabinet du centre hospitalier Henri-Laborit à Poitiers : «En séance, ils n’emploient jamais le mot harceler. Ils disent qu’ils "embêtent" quelqu’un ou qu’ils font "des blagues".»Si les harceleurs ne ressentent aucune empathie envers leurs victimes, certains, et c’est une minorité selon les psychologues, prennent véritablement du plaisir à faire souffrir. «Les adultes pervers l’étaient aussi plus jeunes. Certains individus jouissent de faire du mal aux autres, explique Xavier Pommereau, psychiatre et chef du pôle aquitain de l’adolescent au CHU de Bordeaux. Cela commence la plupart du temps avec les animaux. Un enfant qui enlève les ailes d’une mouche deux ou trois fois, ce n’est pas bien grave. Celui qui veut vraiment faire du mal s’en prend par exemple au chat en cachette. Très souvent, cela annonce des attitudes perverses à l’égard des personnes. Ce sont les cas les plus durs à traiter en psychiatrie.» Les autres «prennent parfois conscience de ce qu’ils ont fait quand ils passent en conseil de discipline», pointe Valérie Piau, avocate en droit de l’éducation (1). Mais c’est «beaucoup plus difficile» lorsqu’ils ont le sentiment de servir de bouc émissaire. L’avocate a par exemple un jour défendu un collégien qui avait créé un groupe de discussion entre plusieurs amis sur l’application WhatsApp et dans lequel une jeune fille avait été insultée pendant une semaine. «Tous les autres se sont déchargés sur lui et il s’est retrouvé seul en conseil de discipline. C’est très mauvais pédagogiquement parce que l’enfant a dans ce cas du mal à reconnaître sa responsabilité.» Valérie Piau rencontre souvent ce cas de figure dans certains établissements huppés désireux de ne pas salir leur réputation tout en donnant l’impression «d’avoir fait le ménage». Parfois, le déclic de ses jeunes clients se fait devant l’uniforme, en étant convoqué par la police, plus que devant le conseil de discipline. Pour Louise, cela a pris des années : «Un jour, mes filles sont revenues du collège où elles avaient parlé de ce problème. Elles m’ont dit : "Tu te rends compte, il y a des gens qui font ça." Je leur ai tout raconté. Ce sont elles qui m’ont fait regretter. Je les élève aujourd’hui en faisant tout pour qu’elles ne soient jamais du côté de ceux qui font du mal.»
«Le harcèlement scolaire est en général un ensemble de microviolences, explique Eric Debarbieux, professeur à l’université Paris-Est Créteil et président de l’Observatoire européen de la violence à l’école. Il s’agit de violence verbale, physique ou encore symbolique [comme un élève mis à l’écart, ndlr]. Une par une, ces violences peuvent paraître banales mais lorsqu’elles se répètent et se combinent, cela devient du harcèlement.»
C’est justement parce qu’il avait le sentiment que c’était plutôt «bon enfant» que Julien (2), 26 ans, n’a pas réalisé sur le moment avoir fait souffrir un autre élève quand il était en seconde. Scolarisé dans un lycée parisien réputé, il fait partie d’un groupe de sept copains. A l’occasion d’un voyage scolaire, les amis se voient imposer quatre lycéens avec qui ils doivent partager leurs activités. «L’un d’eux a insisté pour s’intégrer, de façon très maladroite. Il n’était pas bien dans sa peau, il essayait de se faire des potes mais il était vraiment lourd.» Le harcèlement va durer toute la semaine. «On se moquait de son physique ou on lui balançait des remarques comme "tu sers à rien", "ta gueule", "tu dis n’importe quoi".» L’un des garçons sort parfois son portable pour filmer la scène. Au retour, il en fait un petit montage et poste la vidéo sur YouTube. Toute la classe découvre les images, tout comme la mère de leur victime. Julien et ses copains sont exclus du lycée trois jours.
Pour la pédopsychiatre Nicole Catheline, le harcèlement scolaire est avant tout un phénomène de groupe : «Le harceleur est seul au départ puis il fédère très vite autour de lui des copains. Cette situation ne se maintient que parce que les autres le soutiennent ou l’encouragent, soulagés de ne pas être à la place de la victime. Ensuite, il y a une émulation à l’intérieur du groupe : c’est à celui qui trouvera l’action la plus "gore" pour se faire remarquer et trouver sa place.» L’agresseur est aussi entretenu dans sa mauvaise action par des spectateurs, «d’autres élèves qui rient : c’est son audimat». Tout cela lui donne un sentiment de puissance.
Louise n’avait pas peur des pions ni des professeurs. La seule personne qu’elle craignait, c’était son père. Aujourd’hui marseillaise, elle grandit dans une cité à Trappes. A 5 ans, un enfant la pousse dans le bac à sable. En pleurs, elle le rapporte à son père qui lui rétorque : «Si tu ne lui mets pas une rouste, c’est moi qui t’en mets une.» Ce jour-là, Louise «intègre le fait que c’est la jungle : soit on vous mange, soit vous mangez». Alors, elle attaque les autres, dès le CM2. Au collège, «c’était n’importe quoi. Il suffisait que quelqu’un ait quelque chose que je voulais pour que je dise "vas-y prête-moi ta veste sinon je t’éclate" et je la gardais». Louise est jalouse de tous ceux qui partent en vacances et ont de beaux vêtements : «Avec le recul, je me rends compte qu’ils ne vivaient pas forcément mieux que nous mais s’ils avaient des arbres dans leur quartier, pour nous leur vie était déjà mieux que la nôtre. Et puis c’était simple : comme j’étais mal, je voulais que les autres soient mal.»
Pour la pédopsychiatre Nicole Catheline, la majorité des harceleurs sont des enfants en souffrance qui réagissent à leur mal-être en s’en prenant à quelqu’un d’autre. Lorsqu’elle les reçoit, ils viennent d’ailleurs pour tout autre chose : de l’anxiété, des troubles du sommeil, un état dépressif ou un conflit avec leurs frères et sœurs. «Au cours des séances, ils avouent alors s’en prendre à des camarades. Parfois, cela peut être la conséquence d’une situation de vulnérabilité à un moment donné. Par exemple, lorsqu’en peu de temps un jeune vit un déménagement, la perte de son chien et la maladie d’un proche. Pour externaliser sa tension interne, il s’en prend à tout le monde. Si son comportement est repris par d’autres, on tombe très vite dans le harcèlement.» Ce n’est selon elle pas le milieu socio-culturel mais l’éducation qui semble déterminante. Trois cas de figures peuvent être particulièrement néfastes pour l’enfant : «Des parents trop anxieux qui ne lui apprennent pas à se positionner face à l’autre, une éducation trop laxiste qui l’empêche de savoir comment traiter avec la différence de l’autre ou une éducation trop rigide qui a développé la vision d’un monde en "noir et blanc" où seuls les plus forts gagnent», explique-t-elle. Les harceleurs sont généralement «fragiles narcissiquement et en perpétuelle interrogation sur leurs propres valeurs. Rabaisser les autres leur permet alors de s’élever». Ils ont aussi des points communs avec leurs victimes. «Harcelés et harceleurs ont chacun des fragilités mais ils réagissent différemment. Les premiers veulent plutôt passer inaperçus et ne pas se mêler aux autres, alors que les deuxièmes ont besoin d’un public.» L’inversion des rôles est donc fréquente, souligne la pédopsychiatre.
Croche-pattes
C’est ce qu’il s’est passé pour Kévin, 29 ans. A 10 ans, il entre en sixième avec un an d’avance. Dans sa classe, certains ont au contraire redoublé deux fois. Rondouillard et plus petit que les autres, il devient rapidement le souffre-douleur de cinq garçons qui entraînent la classe avec eux. On le traite d’intello, on lui tire la chaise, on lui fait des croche-pattes. Il décide de devenir un «élève moyen pour ne plus se faire remarquer». Ses notes baissent, ses parents s’en alarment, le collège prend les choses en main et les choses se règlent peu à peu. Mais en cinquième, tout recommence. «Un jour, un collégien m’a bousculé. Je suis tombé par terre et tout le monde a ri. Je me suis relevé et je lui ai mis mon poing dans la tronche. A partir de là, j’ai montré que je n’étais plus une victime», se souvient-il. Le petit Nantais se lie d’amitié avec des élèves «populaires» qui ont trouvé une autre proie. «J’ai suivi pour garder mon statut dans la bande. Je ne m’en rendais pas compte mais j’avais totalement intégré qu’il y avait des bourreaux et des victimes et qu’il fallait donc être du bon côté.» Conforté par un père qui ne voulait pas que son fils subisse ce qu’il avait lui-même vécu, l’adolescent reproduit ce qu’il avait subi jusqu’à l’année suivante, avant de s’affirmer et de se rendre compte qu’il n’avait «plus besoin de ça pour être accepté dans un groupe». Kévin est aujourd’hui professeur des écoles.
(1) Valérie Piau, auteur du Guide Piau, les droits des élèves et des parents d’élèves (L’Etudiant).
(2) Le prénom a été modifié.