La crise économique de 2008 a-t-elle eu un impact sur la santé
des européens ? C’est la question soulevée par une étude publiée
récemment dans le British Medical Journal (BMJ). La Grèce
a été le premier pays à devoir accepter un plan de sauvetage
proposé par le Fond Monétaire International, l’Union Européenne et
la Banque Centrale Européenne. L’Irlande, le Portugal et Chypre ont
suivi quelques mois plus tard. Ces plans de sauvetage étaient
assortis de l’exigence de procéder à des ajustements structurels et
autres mesures d’austérité et plusieurs pays se sont ainsi trouvés
dans l’obligation de réduire leur budget de santé.
De nombreux travaux se sont déjà intéressés à cette question, mais se concentraient sur 1 ou 2 pays ou sur un domaine particulier de la santé. L’étude publiée par le BMJ est une méta-analyse de 41 études publiées entre janvier 2008 et décembre 2015. Les auteurs notent d’entrée que la majorité de court pour évaluer des effets à long terme, d’autres n’ayant pas ajusté les résultats sur les tendances observées au cours des années ayant précédé la crise, etc.
Les hommes, particulièrement ceux en âge de travailler et les hommes au chômage, sont les plus touchés. Plus généralement, la détérioration des conditions économiques a affecté la santé mentale des européens, là aussi particulièrement celle des hommes. C’est le cas notamment en Italie, en Grèce, en Espagne et en France.
En revanche, la mortalité toutes causes ne semble pas avoir été impactée par la crise économique. Après la crise, la baisse de la mortalité a en effet continué sur le même rythme que celui qui était constaté avant celle-ci, même dans les pays les plus affectés. Certains auteurs affirment que la réduction des heures travaillées et un style de vie plus sain pendant la crise pourraient compenser les effets de celle-ci.
Les auteurs de cette étude déplorent les risques élevés de biais des études disponibles. D’autres travaux sont encore nécessaires pour évaluer plus précisément les effets de la crise économique sur la santé des européens, travaux qui pourraient tenter d’identifier les mécanismes susceptibles d’atténuer les effets délétères de la crise.
Dr Roseline Péluchon* http://www.jim.fr/medecin/actualites/medicale/e-docs/augmentation_du_taux_de_suicides_en_europe_lors_de_la_crise_economique_de_2008_160948/document_actu_med.phtml
De nombreux travaux se sont déjà intéressés à cette question, mais se concentraient sur 1 ou 2 pays ou sur un domaine particulier de la santé. L’étude publiée par le BMJ est une méta-analyse de 41 études publiées entre janvier 2008 et décembre 2015. Les auteurs notent d’entrée que la majorité de court pour évaluer des effets à long terme, d’autres n’ayant pas ajusté les résultats sur les tendances observées au cours des années ayant précédé la crise, etc.
Les hommes particulièrement touchés
Il ressort toutefois de l’analyse une forte présomption de l’influence de la crise sur l’augmentation du taux de suicide. Malgré des différences selon les pays, cette augmentation apparaît significative notamment en Grèce, en Espagne, en Irlande ou encore en Angleterre.Les hommes, particulièrement ceux en âge de travailler et les hommes au chômage, sont les plus touchés. Plus généralement, la détérioration des conditions économiques a affecté la santé mentale des européens, là aussi particulièrement celle des hommes. C’est le cas notamment en Italie, en Grèce, en Espagne et en France.
En revanche, la mortalité toutes causes ne semble pas avoir été impactée par la crise économique. Après la crise, la baisse de la mortalité a en effet continué sur le même rythme que celui qui était constaté avant celle-ci, même dans les pays les plus affectés. Certains auteurs affirment que la réduction des heures travaillées et un style de vie plus sain pendant la crise pourraient compenser les effets de celle-ci.
Pas d’impact sur la mortalité mais qu’en est-il des autres indicateurs de santé ?
En ce qui concerne les enquêtes menées auprès des européens sur l’idée qu’ils ont de leur propre santé, les données sont trop contradictoires pour pouvoir en retirer une conclusion. Quant aux autres données de santé, qu’il s’agisse de l’incidence de la tuberculose, de l’incidence des naissances de nouveau-nés hypotrophes, du diabète ou encore des problèmes respiratoires, l’hétérogénéité des résultats ne permet pas de conclure à une dégradation de ces indicateurs pendant la crise.Les auteurs de cette étude déplorent les risques élevés de biais des études disponibles. D’autres travaux sont encore nécessaires pour évaluer plus précisément les effets de la crise économique sur la santé des européens, travaux qui pourraient tenter d’identifier les mécanismes susceptibles d’atténuer les effets délétères de la crise.
Dr Roseline Péluchon* http://www.jim.fr/medecin/actualites/medicale/e-docs/augmentation_du_taux_de_suicides_en_europe_lors_de_la_crise_economique_de_2008_160948/document_actu_med.phtml
Références
Parmar D, Stavropoulou C, Ioannidis JP : Health outcomes during the 2008 financial crisis in Europe: systematic literature review. BMJ 2016; 354: i4588http://www.bmj.com/content/354/bmj.i4588
Divya Parmar, lecturer 1, Charitini Stavropoulou, senior lecturer 1, John P A Ioannidis, professor2
1School of Health Sciences, City University London, London EC1V 0HB, UK
2School of Medicine, Stanford University, Stanford, CA, USA
Correspondence to: C Stavropoulou C.Stavropoulou@city.ac.uk
Accepted 20 July 2016
Abstract
Objective To
systematically identify, critically appraise, and synthesise empirical
studies about the impact of the 2008 financial crisis in Europe on
health outcomes.
Design Systematic literature review.
Data sources Structural searches of key databases, healthcare journals, and organisation based websites.
Review methods Empirical
studies reporting on the impact of the financial crisis on health
outcomes in Europe, published from January 2008 to December 2015, were
included. All selected studies were assessed for risk of bias. Owing to
the heterogeneity of studies in terms of study design and analysis and
the use of overlapping datasets across studies, studies were analysed
thematically per outcome, and the evidence was synthesised on different
health outcomes without formal meta-analysis.
Results 41
studies met the inclusion criteria, and focused on suicide, mental
health, self rated health, mortality, and other health outcomes. Of
those studies, 30 (73%) were deemed to be at high risk of bias, nine
(22%) at moderate risk of bias, and only two (5%) at low risk of bias,
limiting the conclusions that can be drawn. Although there were
differences across countries and groups, there was some indication that
suicides increased and mental health deteriorated during the crisis. The
crisis did not seem to reverse the trend of decreasing overall
mortality. Evidence on self rated health and other indicators was mixed.
Conclusions Most
published studies on the impact of financial crisis on health in Europe
had a substantial risk of bias; therefore, results need to be
cautiously interpreted. Overall, the financial crisis in Europe seemed
to have had heterogeneous effects on health outcomes, with the evidence
being most consistent for suicides and mental health. There is a need
for better empirical studies, especially those focused on identifying
mechanisms that can mitigate the adverse effects of the crisis.