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mardi 8 mars 2016

Guyane : Retour sur la soirée-débat autour de la prévention du suicide

Retour sur la soirée-débat autour de la prévention du suicide en Guyane
source  29 février 2016 /gps.gf/*



Le 28 janvier dernier, dans les locaux de la GDI à Cayenne, s’est tenue une soirée débat organisée par le GGPS, dont le but était d’échanger autour de la prévention du suicide en Guyane. Michel Tousignant, professeur-chercheur au Québec sur les questions de suicide et d’euthanasie, nous a fait le plaisir de partager son expérience canadienne en matière de prévention du suicide.

La soirée a débuté par la présentation par le professeur Tousignant de quatre stratégies canadiennes de prévention du suicide qui ont permis de réduire significativement le nombre de suicide au Québec.

Au milieu des années 1990, le Québec possédait l’un des plus haut taux de suicide des pays de l’hémisphère Nord. De multiples efforts ont été mis en place pour se rapprocher des problèmes quotidiens des jeunes et les impliquer dans la lutte contre le suicide. Le premier programme présenté fait état d’une première étape qui a consisté à améliorer les connaissances autour du phénomène des tentatives comme des suicides. Celle-ci a permis dans un second temps, des interventions dans les écoles, une sensibilisation auprès des pédopsychiatres et des médias. Après de longues années de frustration, les efforts ont enfin porté leurs fruits. Ainsi, le taux de suicide chez les garçons de 15 à 19 ans a été réduit par trois en l’espace de quelques années.
Un autre succès est celui observé dans le village de Caupsapscal, dans le nord du Québec. Une douzaine d’adultes se sont enlevés la vie en l’espace de quelques mois. Les autorités de la santé publique et les initiatives citoyennes ont uni leurs idées pour améliorer la qualité de vie et venir en aide aux personnes souffrantes. Peu de temps après, la série de suicide s’est terminée.
Un autre programme a été mis sur pied dans les services policiers de la communauté urbaine de Montréal. Ici ce sont les policiers qui ont été mis à contribution comme bénévoles. Et le taux de suicide a diminué de 78% et il s’est stabilisé à ce niveau depuis.
Enfin, le village amérindien Attikamekw de Wemotaci a vécu également une période de désespoir avec de nombreux suicides se succédant. Le Conseil de bande ainsi que les services sociaux et éducatifs ont uni leurs efforts pour mettre sur pied de nombreux programmes conçus ou adaptés par des Amérindiens et Amérindiennes afin de répondre à des besoins pressants. Les familles endeuillées par suicide ont été accompagnées pour se relever de leur expérience. Les enfants des écoles ont été encouragés à verbaliser autour de leurs difficultés quotidiennes. Les personnes atteintes de trouble de consommation d’alcool et de drogue ont été aidées. Suite à cette stratégie collective, un terme a été mis à la série de suicide.

En conclusion, il faut souligner l’importance de s’approcher des gens en souffrance, de ne pas craindre de parler du suicide et d’impliquer des membres de la communauté pour prendre en charge et diriger ces projets. Est-ce possible de prévenir le suicide ? Peut-on améliorer la situation dans les communautés autochtones ? Doit-on attendre de bien comprendre les causes avant de passer à l’action ? Ces questions fondamentales ne doivent pas constituer de freins à l’élaboration de programme de prévention du suicide qui d’ailleurs ont démontré leur efficacité en terme de stratégies. La prévention du suicide est une entreprise pleine de défis mais elle est en mesure de produire des résultats concrets et encourageants pour l’avenir.

Suite à cette présentation, des échanges riches et variés s’en sont suivis. Tous ceux ayant pris la parole s’accordent à dire dans la continuité de l’intervention, qu’il est indispensable d’impliquer les publics concernés par les programmes de prévention du suicide. Non seulement d’en être les bénéficiaires, ils doivent également en être les décideurs sinon les acteurs de l’amélioration de leur santé mentale. Certains ont pointé des similitudes entre ce qu’ont traversé « les peuples premiers » et ce que traverse actuellement les Amérindiens de Guyane. Toutefois, le débat s’est élargi sur le mal être chez les jeunes particulièrement, sans spécificité d’origine culturelle. La question du métissage et des problématiques identitaires ont été abordées. La fragilité du tissu social en Guyane a également été soulevée. Présent chez toutes les communautés de Guyane, la problématique du suicide est donc générale.
Néanmoins, chacun s’accorde à dire que sa prévention doit intégrer la dimension culturelle, dans sa spiritualité, ses représentations et ses fonctionnements communautaires.

C’est dans cette optique que le GGPS souhaite organiser une conférence sur 2 jours en fin d’année 2016. Notre objectif est de questionner le suicide et ses représentations chez différents peuples présents en Guyane afin que chacun, professionnel ou non, membre d’une communauté ou non, puisse s’interroger sur ses propres interventions et actions dans leur adéquation et leur pertinence.

Un grand merci à tous les participants ainsi qu’à nos partenaires : ARS, CHAR, GDI, CRF, CTG, APROSEP, CeRMEPI, ADER.
Le Groupe Guyanais de Prévention du Suicide (GGPS) est une association spécialisée dans la formation à la Prévention du suicide pour les professionnels et bénévoles, elle vise plus précisément l’évaluation et l’intervention auprès d’une personne en crise suicidaire.
Les formations proposées sont une déclinaison du programme national fondé par les professeurs Monique SEGUIN (Montréal) et Jean-Louis TERRA (Lyon). Les membres formateurs du GGPS sont tous formateurs à l’échelon national auprès du Pr TERRA.

Article rédigé par GGPS
Chez APROSEP, 81 Rue Christophe COLOMB, 97300 Cayenne
Contact : ggps973@gmail.com

Télécharger le compte-rendu de Soirée débat GGPS 2016 au format pdf (151k)


* http://gps.gf/blog/retour-sur-la-soiree-debat-autour-de-la-prevention-du-suicide-en-guyane/