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mardi 28 avril 2015

AUTOUR DE LA QUESTION... Etudes médicales Promouvoir la santé sexuelle

Études médicales Promouvoir la santé sexuelle
Le Quotidien du Médecin

Etudes médicales Promouvoir la santé sexuelle
Une consultation de sexologie intégrée dans le parcours de soins IST
La fédération française de sexologie et de santé sexuelle milite en faveur de l'intégration d'une consultation spécifique de sexologie dans le parcours de soins.« Pour le médecin le thème de la santé sexuelle est encore difficile en France, un sujet tabou, dont les patients ne parlent pas facilement et dont les médecins eux-mêmes ne parlent pas facilement, parce qu'ils ne sont pas formés ou pratiquement pas », lance le Pr Pierre Costa, urologue-sexologue au CHU de Nîmes et président de la fédération française de sexologie et santé sexuelle, lors de la journée de lutte contre les infections sexuellement transmissibles (IST) et promotion de la santé sexuellePourtant la « majorité » des personnes quel que soit l'âge, reconnaît avoir un trouble sexuel. Les questions autour de la santé sexuelle sont abordées avec trois volets : éducatif, santé et social « Est-ce acceptable aujourd'hui que l'apprentissage de la sexualité pour nos jeunes se fasse par la pornographie ? Quel est le retentissement d'un trouble sexuel sur un couple ? », explique le Pr Costa. La fédération française de sexologie et de santé sexuelle souhaiterait qu'une consultation spécifique de sexologie soit intégrée dans le parcours de soins. Une prise en charge organisée et rapide des troubles sexuels auprès d'un médecin-sexologue, après avis du médecin généraliste. « Lorsqu'un patient se présente avec un trouble sexuel, la possibilité de rencontrer un professionnel formé doit être planifiée », poursuit le Pr Costa.
Le médecin - sexologue, une spécialité non reconnue
Lors de la formation initiale, les futurs médecins suivent quelques heures sur la sexualité humaine, par exemple à Montpellier, c'est 4 heures. Les médecins désirant se spécialiser doivent se former après leur étude. « Lorsqu'il y a une révolution thérapeutique comme le viagra, beaucoup de médecins se sont informés mais peu se sont formés », explique le Pr Costa. Des diplômes d'université (DU) de 3 ans existent et sont reconnus par le conseil national de l'ordre, mais pourtant il n'y a pas plus de 600 médecins-sexologues qui exercent en France. « Le problème c'est que la sexologie n'est pas reconnue par la caisse primaire d'assurance-maladie comme la gynécologie ou l'urologie, c'est donc un diplôme qui vient se greffer sur une compétence de départ. Le médecin généraliste n'a pas le droit de prendre une consultation de spécialiste », poursuit-il. Cette non-reconnaissance influence également les jeunes médecins, la spécialité n'est pas attractive et crée des disparités régionales dans la distribution des médecins sexologue sur le territoire français.« Nous avons écrit à la ministre Marisol Touraine pour lui demander de mettre sur pied un groupe de travail comportant les ministères concernés, santé, éducation, enseignement supérieur avec des représentants de la caisse d'assurance-maladie et du conseil de l'ordre pour faire évoluer le parcours de soins », indique-t-il. La situation est aujourd'hui entre les mains de la DGOS. Entre-temps la fédération de sexologie française et de santé sexuelle a écrit à la CNAM pour proposer un projet pilote pour que le patient présentant un trouble sexuel soit referré à un médecin impliqué dans la thématique.
Parler du trouble sexuel
Les bénéfices à traiter une personne que l'on dépiste sont multiples. Il a été noté lors de la session que les personnes ayant un trouble sexuel sont plus susceptibles d'arrêter leur médicament : antihypertenseur, antidiabétiques (y compris insuline), hypolipémiant, antidépresseurs, antipsychotiques et ne le communiquent pas à leur médecin. « Des personnes qui développeront des complications », souligne le Pr Costa. Le trouble sexuel peut également être un des facteurs précipitant une addiction ou une dépression. « De façon plus grave, le trouble sexuel est un facteur retrouvé aujourd'hui dans les suicides est notamment chez l'adolescent », indique-t-il. Enfin un trouble sexuel n'est pas toujours simplement un symptôme, il peut être un indicateur d'une maladie sous-jacente, plus grave, non diagnostiqué. Cela concerne 30 % des individus présentant un trouble sexuel. Ainsi une dysfonction érectile peut être le premier symptôme d'un diabète ou d'une sténose coronarienne.© 2015 Le Quotidien du Médecin