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mardi 31 mars 2015

Rapport de l'InVS Gardiens de prison : une surmortalité par suicide

Rapport de l'InVS  Gardiens de prison : une surmortalité par suicide
par  Antoine Bonvoisin
Publié le 31 Mars 2015 http://www.pourquoidocteur.fr/Gardiens-de-prison---une-surmortalite-par-suicide--10238.html

Selon une étude de l'Institut de veille sanitaire, les hommes travaillant en milieu carcéral sont plus touchés par les suicides de 21 % par rapport à la population française.

Une étude de l’Institut de veille sanitaire (InVS) sur la mortalité des agents pénitentiaires, montre que les suicides sont plus fréquents de 21 % chez les hommes par rapport à la population générale. Les personnes occupants les postes de surveillants ou d’adjoints techniques sont particulièrement concernés.
Cette étude, la première du genre en France sur le sujet, a été réalisée sur les données des agents pénitentiaires en poste entre 1990 et 2008. Ce résultat corrobore les observations de la littérature. Les surveillants pénitentiaires sont exposés à des contraintes psychosociales, telles que des violences, l’insécurité, le stress, pouvant déclencher des comportements suicidaires.
Le personnel de l’administration pénitentiaire est, par ailleurs, plus touché par les cas de dépression et de troubles de l’anxiété, facteurs de risques du suicide.

L’étude ne permet pas, en revanche, de relier les cas de suicides à des situations particulières, que ce soit en termes de type d’établissement ou de taux d’occupation carcérale. Au contraire, et de façon paradoxale, les résultats de l’étude montrent que les suicides diminuent avec le taux d’occupation carcérale. Un facteur pourtant considéré comme anxiogène.
Ce constat pourrait s’expliquer par des conditions de travail particulières en réponse à la surpopulation en prison, comme le nombre d’agents ou les fréquences de roulement des équipes.Cela illustre par ailleurs les lacunes des données utilisées, qui regroupent des informations générales ne permettant pas une analyse fine. L’étude doit donc être considérée avec précautions.

Globalement, en dehors de l’excès de suicides chez les hommes, il n’existe pas de différences concernant les causes de mortalité du personnel carcéral par rapport à la population générale.
Les tumeurs malignes représentent la première cause de mortalité, devant les morts violentes (accidents, suicides...) et les maladies cardiovasculaires. Ces résultats ne révèlent pas de surmortalité des agents pénitentiaires par rapport à la population française.

Étude citée
Description de la mortalité des agents et ex-agents de l’administration pénitentiaire
Analyse de la mortalité par cause entre 1990 et 2008
Auteur(s) : Marchand JL, Dourlat T, Moisan F.
Editeur(s) : Institut de veille sanitaire
ISSN : 1956-5488
ISBN : 979-10-289-0051-9
ISBN NET : 979-10-289-0052-6
Citation suggérée : Marchand JL, Dourlat T, Moisan F. Description de la mortalité des agents et ex-agents de l’administration pénitentiaire. Analyse de la mortalité par cause entre 1990 et 2008. Saint-Maurice: Institut de veille sanitaire ; 2015. 62 p. Publication disponible au format papier
Version française
English version
RÉSUMÉ :
Le fait de travailler en prison représente pour la majorité des agents de l’administration pénitentiaire (AP) un environnement de travail particulier, ces derniers étant exposés à des nuisances professionnelles multiples et spécifiques, inhérentes à leurs missions (stress, sentiment d’insécurité, etc.). Dans cette étude de cohorte, l’Institut de veille sanitaire a analysé les causes de décès des personnes ayant été en activité à l’AP entre 1990 et 2008. La mortalité – toutes causes et par cause – de plus de 40 000 agents et ex-agents a été comparée à celle de la population générale française sur la même période à l'aide de ratios standardisés de mortalité (SMR). Les 1 754 décès observés représentent une sous-mortalité toutes causes classiquement observée dans les cohortes de travailleurs. Un excès de suicide statistiquement significatif est observé chez les hommes (+21 %). Cette observation est faite entre 1990 et 2008, sans aggravation ou atténuation récente. L’excès concerne spécifiquement les métiers de surveillant pénitentiaire et d’adjoint technique. Aucune association positive n’a été observée entre les indicateurs professionnels étudiés (type d’établissement, taux d’occupation carcérale) et le risque de suicide. Cet excès de suicide est cohérent avec les données de la littérature et la nature du travail de surveillant pénitentiaire. Les données disponibles ne permettent pas d’évaluer si l’origine de l’excès observé est principalement lié à des facteurs professionnels ou personnels. Quoi qu’il en soit, les résultats renforcent l’intérêt de continuer les mesures de prévention sur le suicide à l’AP, de poursuivre la mise en place d’un système de surveillance sanitaire, et de favoriser la mise en place d’études étiologiques. Ce travail montre l’intérêt pour une institution de disposer d’un système de surveillance épidémiologique de l’état sanitaire de l’ensemble de ses agents qui lui permet de disposer de données quantifiées et objectives, afin notamment d’orienter et de suivre la mise en place de mesures de prévention.
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