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lundi 30 mars 2015

COMMUNIQUE DE PRESSE : APPEL A LA PRUDENCE ET APPEL A UN TRAITEMENT MEDIATIQUE RESPONSABLE


Information aux membres du GEPS
 
source : http://papageno-suicide.com/2015/03/28/crash-avion/

Le Groupement d’études et de prévention du suicide (GEPS), acteur du Programme Papageno en France*, s’associe à la douleur des familles des victimes qui ont perdu la vie dans le crash de l’Airbus A320 ce 24 mars 2015.
À ce jour, les éléments de l’enquête concourent à imputer l’accident dramatique à un geste volontaire de la part du co-pilote. Bien que les motivations de cet acte restent largement inconnues et fassent l’objet de nombreuses spéculations, l’hypothèse d’une intention suicidaire demeure la piste privilégiée à cette heure.
Dans ce moment particulièrement sensible, nous invitons les membres du GEPS qui pourraient être sollicités par les journalistes à la plus grande prudence quant aux mots qui seront employés pour décrire les faits et les motivations présumées de ce geste fatal.
Dans le cas du suicide, le langage ainsi que sa répétition ont des conséquences qu’il convient de prendre en compte.
En effet, deux phénomènes antagonistes maintenant bien connus en témoignent :
  • L’effet Werther, ou effet de contagion, est le phénomène par lequel la médiatisation inappropriée d’un événement suicidaire (répétition excessive, présentation du suicide comme lié à une cause unique ou comme moyen de résoudre des problèmes personnels, utilisation d’un vocabulaire sensationnaliste…) est susceptible d’inciter au passage à l’acte, par « imitation », chez des personnes vulnérables.
  • Au contraire, l’effet Papageno prédit que certaines précautions simples dans la façon de relayer un suicide (présenter des voies de recours, faire preuve d’égards vis à vis de la mémoire du défunt et de sa famille…) permettent un effet protecteur vis à vis du risque suicidaire en population générale.
Cette invitation à la prudence n’entrave en rien le devoir d’information qu’ont les journalistes envers la population ni la liberté qu’ils ont à le faire. Elle recommande simplement une justesse de langage et quelques précautions propres à limiter les potentielles conséquences négatives de la couverture médiatique de ce fait exceptionnel.
Ces recommandations, au nombre de 11, sont disponibles sur le site : http://papageno-suicide.com
Au moment de traiter du suicide, les recommandations de l’OMS encouragent notamment à ce que :
  • l’on comprenne que les parcours qui mènent à une crise suicidaire sont singuliers et complexes. Au delà du facteur déclencheur, il existe des facteurs de risque qui sont profondément ancrés dans la vie de la personne.
  • soit employé un vocabulaire approprié évitant toute sensationnalisation, banalisation ou normalisation des idées ou des gestes suicidaires, ou d’en donner une vision libératoire ou romantique.
  • soit protégée l’intimité de la personne défunte et de ses proches, et respectée leur douleur. Les détails sur la méthode employée, le lieu ou les photographies seront donc à éviter.
  • soit rappelé qu’il est possible de repérer des signes avant coureurs aux comportements suicidaires, et de mobiliser des ressources pour leur trouver des alternatives.
  • les données soient tirées de sources fiables et les commentaires issus d’experts.

Pour le Programme Papageno
Pr Michel Walter
Président du GEPS
Le 27 mars 2015

* Programme Papageno : programme national de sensibilisation à un traitement médiatique responsable du suicide porté de façon tripartite par le GEPS, la Fédération régionale de recherche en psychiatrie et santé mentale (F2RSM) Nord – Pas-de-Calais et l’Association lilloise de l’internat et du post-internat en psychiatrie (Ali2p). Il est parrainé par Patrick Poivre d’Arvor et placé sous l’égide du Direction générale de la santé.