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mardi 24 février 2015

RECHERCHE ESPAGNE Recommandations pour réduire le risque suicidaire dans la schizophrénie

Recommandations pour réduire le risque suicidaire dans la schizophrénie Publié le 24/02/2015 http://www.jim.fr/e-docs/recommandations_pour_reduire_le_risque_suicidaire_dans_la_schizophrenie_150620/document_actu_med.phtml


Les auteurs d’une étude (réalisée en Espagne) sur les facteurs de risque suicidaire dans la schizophrénie rappellent que « 2 à 12 % de l’ensemble des suicides » sont attribuables à cette psychose. Pour contrer ce risque d’évolution fatale, il faut donc identifier les facteurs de risque de suicide chez les personnes avec un diagnostic de schizophrénie et élaborer des stratégies pour réduire l’incidence du suicide chez ces patients. Analysant la littérature médicale sur ce thème, les auteurs constatent que plusieurs facteurs de risque suicidaire se dégagent chez les schizophrènes, principalement liés à la symptomatologie affective, à des antécédents suicidaires et au nombre d’hospitalisations en psychiatrie. D’autres facteurs se rapportent à un âge plus jeune, au caractère récent du début de la maladie ou/et de la dernière sortie de l’hôpital psychiatrique, à l’appartenance du sujet au sexe masculin, à la présence concomitante d’une toxicomanie. Les auteurs proposent une liste de 14 recommandations destinées à réduire ce risque de suicide chez les schizophrènes :

1) Les schizophrènes hospitalisés doivent être « étroitement surveillés » s’ils présentent des antécédents dépressifs (et a fortiori de tentative de suicide) ou/et un nombre élevé d’hospitalisations en psychiatrie.
2) Un passage à l’acte suicidaire demeurant possible en milieu hospitalier, une évaluation immédiate et soigneuse du risque de suicide doit être effectuée chez tous les patients, dès leur admission.
3) Quand les patients sont traités de manière ambulatoire, une surveillance étroite s’impose, surtout dans le sillage d’une hospitalisation (car cette période après la sortie se révèle statistiquement la plus risquée).
4) L’évaluation du risque pour le patient doit intégrer aussi les antécédents éventuels de suicide dans sa famille (susceptibles de majorer ce risque).
5) Les schizophrènes les plus jeunes et ceux en début de maladie doivent être surveillés plus étroitement, vu le risque de suicide plus élevé chez ces patients.
6) La présence d’une toxicomanie associée à la schizophrénie doit être systématiquement recherchée.
7) Des troubles de l’humeur associés à la psychose doivent être soigneusement évalués (thématique dépressive ou de désespoir).
8) Lors de l’entretien clinique, il faudrait « interroger directement le patient » sur la présence éventuelle d’idées suicidaires [1].
9) L’observance du traitement doit être vérifiée lors de chaque entretien avec le patient.
10) Un contexte éventuel de réactions impulsives doit être évalué.
11) Les services accueillant ces patients doivent disposer de « tous les moyens » susceptibles de contribuer à prévenir un passage à l’acte suicidaire en milieu hospitalier : surveillance, lien avec les services d’urgence et de réanimation…
12) Les personnes vivant auprès d’un schizophrène devraient être informées sur la conduite à tenir pour prévenir un suicide possible (signes évocateurs, services à contacter…), surtout si le patient a déjà exprimé des idées suicidaires.
13) En cas de tentative de suicide dans les antécédents, l’anamnèse devrait être soigneusement examinée (en s’informant auprès du patient et de ses proches) afin d’évaluer les circonstances liées à cette tentative antérieure.
14) Il ne faudrait pas hésiter à « hospitaliser les schizophrènes, lors d’un épisode aigu où ils expriment des idées suicidaires. »

Même si ces recommandations pratiques n’ont pas prétention à l’exhaustivité, l’incidence du suicide chez les patients schizophrènes devrait vraisemblablement être réduite, grâce à leur application.

[1] Ce point paraît toutefois contestable, vu le risque d’induire ou d’amplifier ainsi des idées suicidaires, et une investigation moins directe semble plus prudente.

Dr Alain Cohen


Références
Popovic D et coll. : Risk factors for suicide in schizophrenia: systematic review and clinical
recommendations. Acta Psychiatr Scand., 2014: 130: 418–426. December 2014
http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/acps.12332/abstract

Acta Psychiatrica Scandinavica Vol 130 Issue 6 Abstract Clinical Overview Risk factors for suicide in schizophrenia: systematic review and clinical recommendations
D. Popovic1,  A. Benabarre1,  J. M. Crespo2,  J. M. Goikolea1,  A. González-Pinto3,  L. Gutiérrez-Rojas4,  J. M. Montes5 and E. Vieta1,*
1 Bipolar Disorders Program, Hospital Clínic, IDIBAPS, CIBERSAM, University of Barcelona, Barcelona, Catalonia, Spain
2 Department of Psychiatry, Bellvitge Biomedical Research Institute (IDIBELL), CIBERSAM, University Hospital of Bellvitge, Barcelona, Spain
3 Department of Psychiatry, CIBERSAM, Kronikgune, EHU, Hospital Universitario de Alava, Vitoria, Spain 
4 Psychiatry Service, San Cecilio University Hospital, Granada, Spain
5 Department of Psychiatry, Centro de Investigacin Biomedica de Salud Mental, CIBERSAM, Hospital Universitario del Sureste, Madrid, Spain
* Eduard Vieta, Department of Psychiatry and Psychology, Hospital Clínic, 170 Villarroel st., 08036 Barcelona, Catalonia, Spain.
E-mail: evieta@clinic.ub.es

Objective
To identify risk factors associated with suicide of patients with schizophrenia and provide clinical recommendations, which integrate research findings into a consensus based on clinical experience and evidence.
Method A task force formed of experts and clinicians iteratively developed consensus through serial revisions using the Delphi method. Initial survey items were based on systematic literature review published up to June 2013.
Results Various risk factors were reported to be implicated in suicide in schizophrenia. Our findings indicate that suicide risk in schizophrenia is mainly related to affective symptoms, history of a suicide attempt and number of psychiatric admissions. Other risk factors identified are given by younger age, closeness to illness onset, older age at illness onset, male sex, substance abuse and period during or following psychiatric discharge. Integrating the evidence and the experience of the task force members, a consensus was reached on 14 clinical recommendations.
Conclusion Identification of risk factors for suicide in individuals diagnosed with schizophrenia is imperative to improve clinical management and develop strategies to reduce the incidence of suicide in this population. This study provides the critical overview of available data and clinical recommendations on recognition and management of the above-mentioned risk factors.